
a q u e r e a u .
( Art de pêcher & de faler le )
L e maquereau eft un poiffon de mer fans
écailles ; il a le corps rond , charnu, épais , &
terminé en pointe. Sa queue eft profondément
fourchue. La chair en eft graffe, de bon g oû t, &
prefque fans arête : c’eft ce qui le fait rechercher.
Les maquereaux font de paffage comme les
ha rengs, & vont par grandes bandes. Ils fraient
en fé v rie r , & dèpofent leurs ceufs au commencement
de juin.
O n trouve beaucoup de maquereaux en divers
endroits de la mer O c é a n e , particulièrement vers
les côtes de France & d’Angleterre. Ils entrent
dans la Manche au mois d’a v ril, temps où Ion en
commence la pêche .qui fe continue ju fqu au mois |
de ju ille t, à mefure qu’ils s’avancent vers le pas
de Calais.
La pêche du maquereau exige une manoeuvre
toute différente de celle du hareng. Les filets en
font différemment établis. Leur tête fe tient tou-
jour à fleur d’e a u , & ne coule point bas comme
celle des feine.s, Ces filets font longs de près de
trois mille braffes , & faits avec un fil fort léger.
Ils font ordinairement garnis par le bas de vieilles
fe in e s , n’ont dans toute leur longueur que feize
quarts de futaille pour les fou ten ir, & dérivent
Comme les autres filets.
O n ne pêche le maquereau que la nuit ; plus
elle eft obfcure, mieux la pêche réuflit, parce que
le maquereau s’élevant à fleur d’e a u , apperçoit le
filet quand il fait c la ir , & s’échappe par deffus.
Les bâtimens qu’on emploie à cette p ê ch e , n’ont
que dix à douze hommes d’ équipage. Après avoir
choifi un lieu commode & à l’ab ri, & fur-tout un
temps calme-, parce que les gros vents y font contraires
quelque abri q u i l y ait a la c o te , les pécheurs
jettent à cinquante ou foixante braffes de
la plus baffe m e r , une ancre ou une groffe pierre
percée , du poids de quelques quintaux , fur laquelle
ils attachent un cordage long de plufieurs
braffes.
.C’eft fur cette co rd e, qu’on nomme va & vient
£ caufe de fa manoeuvre , que le filet eft enfilé
par la t ê t e , afin que le pêcheu r, qui eft placé fur
jine pointe de roche r, puiffe le vifiter plus facilemen
t, en hâlant à lui cette côrde quand il le juge
à propos.
Il connoît, par l ’agitation des morceaux de liège
qui font au deffus & par leur enfoncement dans
l’ea u , lorfque le poiffon eft pris dans le filet ; &
a lo r s , au moyen d’un cordage qui eft paffé dans
une poulie de re to u r , qui fumage à fleur d’eau
& qui eft attachée à l’an c re , il fait paffer le filet
à fes pieds pour en retirer le poiffon.
A v e c la même corde il remet en place fes filets,
qui font quelquefois au nombre de vingt à côté
les uns des autres, & q u i, dans ce c a s , n’ont que
quinze à vingt braffes de longueur, fur une braffe
& demie de chute.
A mefure que la pêche fe fa it , on fale les maquereaux
en pile dans d’autres bateaux, où on leur
remplit le ventre de fel & où on les arrange par
couches, en obfervant de femer légèrement du fel
entre chaque lit de poiffon.
Les marchands qui les reçoivent au Havre-de-
Grace & à D iep p e , les mettent dans des barils avec
de la faumure, & les font porter dans les diverfes
provinces de France , où ils font surs d’en avoir
le débit.
Les raves, rognes ou ceufs qu’on a ôtés du ventre
des maquereaux avant de les fa le r , font un objet
çonfidérable de commerce pour la grande confom-
mation qui s’en fait fur les côtes de Bretagne pendant
fa pêche de 1^ fardine , à laquelle ces ceufs
fervent d’appât.
Les Normands Calent les maquereaux autrement
que les Bretons ; ils les mettent aufiitôt après la
p ê ch e , dans des cuves pleines d’eau douce & de
f e l, les laiffenttremper affez de temps pour qui»
prennent le fel qui eft nécèffaire à leur c o n fe c tion
, & les rangent enfuite dans des barrils.
L’ordonnance des gabelles , du mois de mars
1680 , prefcrit , par rapport à la falaifon de ce
poiffon , la quantité de fel qu’on doit employer
pour chaque millier, fait défenfe de délivrer du fel
pour cette falaifon qu’après le retour de la pêche,
ordonne que les maquereaux demeureront douze
jours entiers dans la cuve , qu’ils ne pourront être
caqués qu’en préfence d’un commis de la ferme,
& qu’on ne pourra mettre à. chaque bout des bar*
rils qu’une livre & demie de fel.
L’ordonnance d e là m arine, du mois d’août i 68i>
veut que ces pêcheurs foient tenus de montrer u
feu par trois différentes fo is , dans le temps qui
mettent leurs filets à la mer ; leur défend de
nuire les uns aux autres en s’approchant de trop
p rè s , & de quitter leur rang pour fe placer a i.
leurs, lorfque les pêcheurs de la flotte ont mis leurs
filets en mer.
Au lieu de choifir une nuit obfcure pour la
pêche du maquereau, les habitans de l’île de T é -
nériffe s’arment de flambeaux, & fe difperfent avec
leurs canots dans toute la rade à une lieue à la
ronde.
Lorfqu’ils font dans les endroits qui leur paroif-
fent les plus poiffonneux, ils s’arrêtent en tenant
leurs flambeaux au deffus de l’e a u , de façon que
la lumière ne les èbleuiffe pas. D è s que le ma-
querau accourt à cette lumière, ils jettent leur filet
qui eft fans doute une efpèce d’épe rvier, le vident
au flitôt, & continuent ainfi jufqu’à ce qu’ils aient
fait leur provifion.
Les maquereaux p a ien t , pour droit d’entrée ÿ
vingt-quatre livres par left ou douze b arils, conformément
à l’arrêt du confeil du 4 o âo b re 16 91.
Les droits de fortie fe paient fur le pied de cinq
fols par baril.