
L’emporte-pièce eit un fer à découpe'r, lequel
eft rond, eniorte que ion empreinte eit en cercle;
on le préfente fur la table par le trou rond, qui
eft à l’extrémité des S ou des C des patrons des
violons ou des violes , pl. X V I I I , fig. 16 & iy ,
que l’on place fur la table de l’inftrument, enforte
que l’ouverture du patron réponde vis - à - vis le
lieu où doivent être les euies ; on appuie l'emporte
pièce fur la table par cette ouverture, &
on tourne cet outil que l’on tient par la poignée
C D ,/ ; / . X IX , fig. 4$ & 46, jufqu’à ce que l’on
ait percé le trou & emporté la pièce.
Après que les ronds font percés & que 1\S ou
le C eft tracé fur la table , on prend une petite
feie ou équoine, avec laquelle on fait une fente
qui communique depuis l’un des trous jufqu’à l’autre
, en fuivant le contour de l’S Ou du C : on
élargit enfuite cette fente avec de petits couteaux,
pl. X V I I I , fig. 2 ç , jufqu’à ce qu’on ait atteint le
trait q.ui termine le contour de l’S.
Lorfque les ouies font percées & reparées, on
trace tout autour à quelques infirumens un double
filet, qui font deux traits éloignés l’un de l’autre
d’environ une demi - ligne , . lefquels bordent ces
ouvertures.
L’outil avec lequel on trace ces filets , que l’on
■ remplit enfuite de noir, & qu’on appelle tire-filet,
eft repré fenté dans la planche X IX du Luthier ,
y s§ | .
Fig. 4j. a , eft le fer qui a deux pointes pour
tracer les deux traits, b , le guide qui fuit le contour
intérieur des S , pendant que les deux pointes
tracent les filets. C D , font deux vis , dont la
première c retient le guide b ; & la fécondé D ,
le burin à deux pointes a dans la boîte E.
Cette boîte eft emmanchée au moyen de la
frette G au manche F , par lequel on retient cet
infiniment.
Les faéteurs fe fervent aufii d ’un autre tire-filet,
repréfenté, fig. 44, pour, tracer les filets qui en- ,
tourent tout Pinftrument, & qui fuivent la même
direction que les édifiés.
A & B , eft la tige de cet outil qui eft de fer;
la tige eft percée d’un trou carré par lequel pafie
.le burin D E , qui a une ou plufieurs pointes ,
félon le nombre -de filets dont on veut entourer
Tinftrument. Le burin eft arrêté dans fon trou par
la vis C. La pièce en équerre g F G fert de guide,
& dont on fixe la branche G à telle diftance que
l’on veut de la pointe E du burin, au moyen des
yis g F.
On fe fert de cet outil comme du tïufquin ,
dpnt il eft une efpèce.
Après que la table eft préparée, comme il a été
dit ci-devant, & avant de tracer tout autour les
filets , on la colle fur les édifies vis-à-vis de la
fauffe table, avec laquelle, au moyen de la colle,
elle ne doit plus faire, qu’un même corps ; ç’eft
pourquoi les édifies, doivent s’appliquer exaélement
fur le côté intérieur de cette table, qui doit
être aufli collée fur les taffeaux.
On tient cette table fur lès édifies par le moyen
des happes & des preffes, comme on a fait la
première, jufqu’à ce que la colle foit féchée ; on
polit enfuite le corps d e l’inftrumsnt, tant fur les
tables que fur les édifies, avec les ratiffoirs ou
grattoirs , & avec de la peau de chien de mer.
Quand tout le corps du violon eft ainfi achevé,
on colle le manche par fon talon fur le taffeau
d’en haut, fur lequel il doit être fermement attaché.
Sur le tafieau inférieur , on colle un bouton d’ivoire
ou d’ébène , après y avoir percé un trou
pour faire entrer la queue de ce bouton , qui fert
d’attache au tirant h auquel les cordes font attachées,
fig. 7 , pl. X III des Infirumens de Mufique.
Par deffus le manche on colle la touche B k ,
même figure 7 , qui eft d’ébène ou de quelqu’autre
bois dur noirci, laquelle doit êtré un peu plus
longue que la moitié de l’intervalle B D , compris
entre le fillet B & le chevalet D.
Cette touche ne doit point toucher fur le corps
de l’inftrument dans la partie a k , mais elle doit
en être éloignée d’environ un tiers de .pouce, &
être un peu convexe par deffus & un peu concave
par deffous, feulement dans la partie qui
répond vis-à-vis du. corps , & plate par deffous
dans la partie a B , où elle eft appliquée & collée
fur le manche.
La partie A B du manche qui s’incline un peu
en arrière , &. qu’on appelle fommier, eft traverfée
de quatre chevilles 1 2 3 4.
Ces chevilles ont un trou dans la partie qui
traverfe le fommier ; on fait paffer la corde dans
ce trou pour qu’elle puiffe tenir en s’enveloppant
autour de la cheville, lorfqu’on la tourne pour
tendre la corde qui eft attachée par l’autre extrémité
au tirant h , par le moyen d’un anneau ou
anfe qui pafie par un des trous de cette pièce ,
laquelle on tend fur le chevalet D & le fillet B.
Ces deux pièces ont de petites entailles pour
loger les cordes q u i, fans cette précaution, ne
pourroient pas refter deffus.
Le chevalet eft un morceau de bois plat qui a
deux pieds , lefquels portent fur la table , *& dont
l ’autre côté eft -une portion de cercle : le milieu
eft découpé à jour, félon le deflin qu’il, plaît à
ceux qui les font.
Il faut que fa hauteur foit d’environ une ligne
plus élevée que la touche, lorfqu’elle eft collée
fur le manche.
Le chevalet fert à porter les cordes} de l’inftru-
ment.
Sous le pied droit du chevalet, on pofe entre
les deux tables un petit fupport mince, que l’cn
appelle Yame.
Cette ame force un peu les deux tables de s’éloigner
en voûte ; & c’eft prefque de cette opération
que dépend la beauté du fon, parce que
Taine communique les vibrations d’une table à
l’autre.
Le violon eft monté de quatre cordes de boyau,
dont la plus menue, qui eft tendue parla cheville
1 , s’appelle chanterelle ou e f i mi; la féconde tendue
par la cheville 2 , s’appelle a mi la ; & la
troifième, s’appelle d la re; la quatrième, qui eft
la plus groffe de toutes, g re f o l , ou la bajfe , à
caufe de la gravité de fes tons. Ces deux dernières
cordes,- qui font tendues par les chevilles 3,4,
font filées d’argent ou de cuivre.
Ce qu’on appelle cordes filées , ce font des
cordes de boyau qui font entourées, dans toute
leur longueur, d’un fil d’argent ou de cuivre argenté
fort menu, qui va en tournant tout du long,
enforte que la corde en eft toute couverte.
Pour revêtir ainfi les cordes d’un fil d’argent
ou de cuivre, les faâeurs fe fervent d’un rouet
L K , fig. 33 , pl. X IX du Luthier.
Par le moyen de ce rouet, ils font tourner fur
elle - même la corde A B , attachée d’un bout à
l ’émerillon,- lequel eft lui-même attaché à un bout
de ficelle qui pafie par deffus la poulie B, attachée
à la muraille, & au bout duquel eft attaché le
poids D ; l’autre extrémité de la corde prend dans
un crochet A , dont la tige traverfe une poulie
fur laquelle pafie la corde fans fin A P L Q , laquelle
pafie aufli fur la roue P L K , que l’on
tourne avec fa manivelle L , par le moyen de laquelle
on fait tourner la poulie A , qui tranfinet
fonrniouvement à la corde A C .
Préfentement, fi on attache un fil d’argent avec ■
la corde à l’émerillon C , il s’enveloppera autour
de^ cette corde, à mefure qu’elle tournera fur elle-
même , comme on conçoit qu’il ' s’enveloppe/oit
autour d’un cylindre.
On conduit le-fil tout du long de la corde ,
avec une éponge humide que l’on tient de la main
gauche E , afin qu’il ne redouble,pas plufieurs fois
fur lui-même. La main droite F fert à conduire le fil
qu’on fait paffer dans l’anneau , que l ’on forme I
avec le doigt index & le pouce.
G , eft la bobine autour de laquelle le fil d’argent
eft enveloppé ; elle peut tourner librement
autour de la cheville fixée dans le montant A du
rcuet, dont elle eft traverfée.
H , eft une boîte dans laquelle font les diffé-
rens affortimens de fil d’argent, de cuivre, ou de
cordes de boyau fur lefqueiles il faut opérer.
Le refte de la machine eft facile à entendre;
c eft un banc bordé de règles de bois pour retenir
ce que l’ori met deffus , dans.lequel font plantées
les jumelles N , qui tiennent la roue en cet état,
& le montant A qui porte la poulie, à la tige de
laquelle la corde -eft attachée. Ces trois pièces ,
les deux jumelles N & le montant A , font arrêtées
par deffous l’établi par le moyen de trois clés qui
les traverfent.
L archet avec lequel 011 fait parler les cordes
de cet infiniment, eft compofé d’une baguette A C ,
fig- & j pl. X I I I des Infirumens de Mufique.
Elle eft courbée un peu en A , pour éloigner
les crins du corps de ld baguette, qni eft de quelque
bois dur, ordinairement de bois de la Chine ,
quoique tout autre qui a la force néceffaire foit
egalement propre a cet ufage ; d’un faifeeau de
crins A B , compofé de 80 ou 100 crins de chev
a l , tous également tendus & attachés dans la
mortaife du bec A , par le moyen d’un petit coin,
qui ne laiffe point lortir l’extrémité des crins qui
font liés enfemble avec de la foie : ces crins font
attachés dans une femblable mortaife, qui eft au
bas c de la baguette de l’archèt.
La pièce de bois B , qu’on appelle la haujfe :
parce qu elle tient les crins éloignés de la baguette
ou fût de l’archet, communique par le moyen
d un tenon taraudé , qui pafie par une mortaife ,
a la vis dont la pièce d’ivoire' D eft la tête, laquelle
entre 4 ou 5 pouces dans la tige* de l’archet
: on fe fert de cette vis pour faire avancer
la hauffe B vers A ou vers D , pour détendre ou
pour tendre les crins de l’archet.
Il y a à Paris des ouvriers qui font des chevalets
, d’autres des archets, & fémblables petits
ouvrages acceffoires , que le fa&eur fait choifir &
placer convenablement.
On donne au violon un vernis pour garantir
le bois de l’humidité & de la pouflière. Il fèroit
a fouhaiter qu’on fît encore ufage en France du
vernis a 1 huile, ainfi que les fameux faéfceurs de
violons Boquet & Pierray l’ont fait jadis, & comme
le font encore tous les habiles luthiers d’Italie,
au lieu du vernis à l’efprit-de-vin qu’on emploie
aujourd hui, parce qu’il sèche plus promptement.
La façon de placer le manche en talut & de
le faire pencher imperceptiblement en arrière ,
donne non-feulement beaucoup d’aifance. à jouer
cet infiniment, mais aufli elle augmente le vo*
lume du fon, fur-tout dans les baffes, parce que
les cordes étant plus élevées, vibrent avec plus
de force & de promptitude.
Les violons qui ont le plus de réputation, font
ceux de Jacob Sttiner, q u i, au milieu du fiècle
paffé, vivoit dans un petit bourg du Tirol nommé
Abfam , près d’Infpruch, capitale de ce pays. Ce
célèbre artifte qui a travaillé pendant plus de 70
ans avec une quanrté d’ouvriers qu’il avoit dreffés,
finiffoit tout les violons de fa propre main, 8c
il en a fait un nombre prodigieux, étant parvenu
à l’âge de près de cent ans.
Les violons originaux de ce fameux artifte d
c’eft-à-dire , ceux auxquels aucun fafteur moderne
n’a touché en dedans, font très-rares & très-recherchés.
Les violons de Crémone font aufli très-renommés.
Il y en a de deux fortes ; favoir, ceux qui
ont été travaillés par les Amati, & ceux qui font
de la main de Stradinarius.
Entre les premiers ont excellé; x°. André Amati