
Au fommier fupérieur de l’arbre du centre, ou
plutôt fur fon eflîeu, eft appliquée une manivelle
d’un rayon quelconque.
Les arbres particuliers des moulins à broyer &
à mercure , lefquels font-parallèles à l’arbre du
centre, font exhauffés à la même hauteur & ont
une platine ou un plancher commun, dans lequel
ils font fixés par un trou qui leur laiffe la liberté
de tourner librement.
Ces trente fix arbres particuliers portent auffi
chacun une manivelle, de même rayon que celle
qui eft appliquée fur l’effieu de l’arbre du centre.
Il s’agit maintenant d’expliquer comment, par
le moyen de ces trcnte-fix manivelles, celle du
centre, qui fait la trente-feptième, ayant efîen-
tiellement un même rayon, communique le mouvement
circulaire à toutes les autres. Une feule
pièce produit cet effet.
Cette pièce qui eft en cuivre jaune ou en laiton
, dans le modèle en petit dont il a été quef-
tion, eft elle-même un hexagone qu’on peut appeler
le ckajjîs de la machine, parce qu’il eft à jou r ,
ayant un centre & une circonférence pleine ,
réunis par fix rayons. Exaâement au centre de ce
châlfis, eft un trou dans lequel entre jufte & libre
le manche de la manivelle, portée par l’effieu de
l’arbre du centre.
Sur la .circonférence du châflis font autant de
trous qu’il y a de moulins à mercure, c’eft-à-dire
trente ; mais comme ces trente moulins ne font
pas dans un cercle, qu’au contraire ils font cinq
à cinq fur des lignes droites répétées fix fois , ce
qui forme l'hexagone; il s’enfuit que les trentetrous
deftinés à recevoir les trente manches des manivelles
d.es trente moulins à mercure, ne font pas
également éloignés du centre du polygone.
Ils s’en éloignent comme les angles du polygone
s’en éloignent eux-mêmes ; mais le moyen infaillible
de placer convenablement tous les trous du
_cbâflis , c’eft de féparer la platine qui reçoit &
.fixe les arbres ; ce qui eft facile : car on conçoit
que cette platine .doit être foutenue par un certain
nombre de colonnes , par exemple , fix aux
fix angles d,e l'hexagone, à peu près comme la platine
fupérieure d’une montre eft foutenue par fes
quatre piliers.
Çette platine étant ainfi féparée, & fuppofant
tous fes trous pofés de manière que chaque arbre
foir bien perpendiculaire dans leur cage commune,
il n’y a alors qu’à appliquer le châflis fur cette
platine avant qu’il y ait aucun trou de percé , &
marquer fur ce châflis, au travers des trous de la
platine, autant de points qu’il y a de trous dans
la platine ou de moulins à faire tourner ; mais
ppur le faire avec fuee.ès, il faut prendre la précaution
de marquer ces trous avec un infiniment
qui remplifle ceux de la platine fans jeu, & fans
-leur caufer de dommage. ;
Tous les trous étant.marqués, c’eft-à-dire, dans
cet exemple - c i, celui du centre, les fix qui répondent
aux fix moulins à broyer, & qui peuvent
être confidérés comme étant un cercle infcrit dans
le polygone, & les trente qui répondent aux trente
moulins à mercure , on les percera pour y faire
entrer les manches des trente-fept manivelles, avec
la précaution de biffer le manche de celle du
centre un peu plus-fort, puifqu’il éprouve feul
trente-fept fois plus de réfiftance que chacun des
autres en particulier , communiquant le mouvement
à tout.
En cet éta t, fi l’on remet la platine en place
& qu’on ra’pporte fur chaque effieu la manivelle
qui doit y être ajuftée en carré , qu’enfuite- on
applique le châflis de manière que ces trente-fept
trous foient remplis par les trente - fept manches
des trente-fept manivelles, il eft certain qu’en fai-
.fiant faire à l ’arbre du centre une révolution, cette
révolution en fera faire une à chaque moulin,
tant à broyer qu’à mercure, & cela dans le même
fens & avec des viteffes égales; c’eft-à-dire, parcourant
des efpaces égaux dans des temps égaux,
. contre l’opinion de quelques mécaniciens qui ne
font pas géomètres, mais de l’avis de M. de Par-
deux qui a démontré cette vérité par le fecours
de la géométrie.
On conçoit que ce châflis n’étant retenu fur les
trente-fept manivelles que par fon propre poids,
il pourroit arriyer que dans l’a&ion quelqu’effort
tendit à l’élever, ce qui occafionnêroit le déman*
chement de quelques manches de manivelles; mais
on prévient cet inconvénient en oppofant à ce
châflis trois ou fix points , qui ne lui lai fient la
liberté que de fe mouvoir horizontalement-, & qui
lui ôtent celle de s’élever.
Il nous refte deux mots à dire fur la diftribution
des eaux, fi néceffaire à l’opération des lavures.
Nous avons parlé plus haut de la pompe & du
réfervoir : ce réfervoir eft élevé au deflus des
moulins, étant appliqué fur le plancher fupérieur
de la machine, celui-là même qui fert de platine
à tous les arbres. La pompe l’entretient continuellement
plein d’eau , & ces eaux font diftribuées
par le moyen de fix tuyaux de métal, dont chacun
répond au milieu des fix côtés de l’hexagone.
Ces fix tuyaux font garnis, à leur extrémité»
d’un fécond tuyau pofé dans la direction des côtés
du polygone; ce qui forme un T.
A ce fécond tuyau ©n en applique trois de cuir,
armés, à leur extrémité , d’un robinet qu’on lâche
, quand la néceffité le requiert, dans les mou*
lins à broyer & à mercure au moyen de leur mobilité
, comme on le fait dans l’ufage des pompes
à feu. ' : ; r - V ’ . Nous croyons qu’il manqueroit quelque choie
à la defcription de cette machine utile & inge‘
nieufe, fi nous gardions le filenee fur fon afped,
relativement à 1a. partie qui rentre dans l’art de
l’architeéture.
Le modèle en petit, préfenté & expliqué ait roi
par l’auteur, & fournis au jugement de l’Académie
royale de Sciences, eft d’une figure agréable &
d’une exécution fupérieure.
Il y a trois planchers de même grandeur &
de même’ forme, ayant chacun fix cotés égaux :
fa hauteur eft de dix-huit pouces & fon diamètre
de quatorze.
Le premier de ces planchers eft foutenu par fix
pieds tournés en forme de boule, d’environ deux
p0Uces & demi de diamètre. C’eft fous ce premier
plancher que l’on a pratiqué le cylindre à bafcule
ou cylindre de renvoi.
Sur le deflus, c’eft-à-dire, entre le premier &
le fécond plancher qui eft foutenu par fix colonnes
à cinq pouces d’élévation , on y voit les douze
mortiers, la batterie des douze marteaux, le cy lindre
qui les fait agir, le bras du levier qui .communique
le mouvement au cylindre de renvoi ,
la moitié de la pompe, l’effet de fon mouvement ,
la moitié de la roue plane qui fait tourner le cylindre
à marteau, la moitié de la roue de champ
qui lui eft jointe, le foufflet & le fourneau deftiné
à fondre le produit d’une lavure.
Sur le fécond plancher, c’eft-à-dire , entre le
fécond & le troifième plancher qui eft également
: foutenu par fix colonnes tournées avec propreté,
à fix pouces d’élévation , on y voit dans chacun
des intervalles des fix colonnes, cinq baflines fixées
fur ce plancher , & dans lefquelles tourne une
eroifée dont l’arbre porte fur une efpèce de cra-
paudine attachée au centre des baflines , s’élève
! & paffe au travers du plancher fupérieur, pour
recevoir la manivelle dont nous avons parlé.
Ce font ces baflines réunies avec leurs croifées
[ en mouvement, que j’ai jufqu’ici nommées moulins
à mercure, à caufe que c’eft-là proprement que fe
fait, par le moyen du mercure & du mouvement
I de la eroifée & de l’eau, la féparation des mé-
[taux d’avec les cendres qui les contiennent. On
t ÿ voit les fix baflins deftinés à broyer la matière
Ides lavures, avant d’être apportée dans les moulins
à mercure dont on vient de parler.
I Elles font d’un volume un peu plus confidérabl.e
! que les premières, & le broiement fe fait par le
I moyen d’un cylindre qui tourne fur lui - même
I dans chacune de ces baflines, indépendamment
■ de fon mouvement horizontal.
I manivelle , qui repréfente la roue à eau. Cet arbre.
I qui eft horizontal, eft placé dans l’épaifleur même
I de ce fécond plancher, dans lequel on a pratiqué
I une. entaiHe- On y voit par conféquent l’autre
I moitié des deux roues jointes enfemble , & portées
I par cet arbre. On y voit l’arbre du centre portani
I la lanterne qui eft. menée par la roue de champ ;
I & c’eft aufli dans cet intervalle que fe biffe voit
I I autre moitié de la pompe qui fournit le réfer-
, ^ q»i eft attachée fous le troifième planchei
I et qui paroît dans la même cage, ainfi que tou;
|les tuyaux. . ■. ... ■
j Sur le troifième plancher eft logé ce que l’auteur
appelle la cadrature, qui eft compofè, comme
nous l’avons dit, de trente-fept effieux limés par
leurs bouts faillans en carrés , des trente-fept manivelles
appliquées fur les trente-fept effieux du
châflis , & de fix pans à fes fix angles pour l’empêcher
de s’élever.
Cette partie eft, fans contredit, la plus curieufe
& celle qui a le plus coûté à l’imagination de
l ’inventeur. Le deflus eft recouvert d’un couvercle
de menuiferie , orné de fix pommelles & d’une-
feptième à fon centre, qui domine fur les fix des
fix angles.
Toutes les parties, tant de métal que de bois,
font ornées de moulures polies, & d*une exécution
qui fait autant d’honneur à la main-d’oeuvrd-
de l’auteur , que la compofition en fait à fon génie.
Lavure des fondeurs en cuivre, bronze, &c.
Les fondeurs en cuivre retirent, par line fimplê'
lavure, le métal des cendrures , allézures & fcîures
qui font tombées dans la pouffière des fonderies
& ateliers où ils travaillent. ( Articles de l'ancienne
Encyclopédie. )
E x p l i c a t i o n d 'u n e m a ch in e a u x la v u r e s d e c en d r e s
d'Orfèvrerie, repréjentée tome I I I des gravures.
Cette Planche repréfente une vue perfpeéiive
d’une machine aux lavures.
Le deflus fert à faire les lavures, & le deflous
à piler les cendres.'
A , le fourneau.
B , le foufflet.
C , l’arbre de la machine mue par le courant
d’une rivière.
D , le fupport de l’arbre.
E , la roue.
F F j les rouleaux.
G G G ,-les bafcules des pilons.
H H H , les fupports des bafcules.
I I I , les pilons.
K K K , les mortiers.
L , la manivelle.
M , la tringle.
N , la bafoule de la pompe.
O , l’arbre de. la bafcule.
O , 0 , le fupport de l’arbre.
P , la bafcule du foufflet.
Q , la tringle du pifton de la pompe.
R , la pompe.
S , le tuyau de conduite.
T , . la lanterne.
V , le pivot de la lanterne.
U , l’arbre de la lanterne.
X X , le premier plancher portant tous les baquets
aux lavures.
Y Y , le fécond plancher portant le renvoi du
mouvement.
a y a y a y baquets aux lavures.