
d’où fuintent des eaux plus ou moins fétides -, &
qui font accompagnées fouvent d’enflure & d’une
inflammation plus ou moins forte. Q u e lq u e s -u n s
les confondent avec ce que nous nommons mules
traverjlhes ; mais l’erreur eft d’autant plus excufa-
b l e , que les unes & les autres ne diffèrent que par
la fituation ; car lès dernières s’annoncent par les
mêmes lignes dans le pli de l’articulation du paturon
a vec le boulet. L ’onguent pompholix fuccé-
dant aux remèdes intérieurs , eft un deflicatif des
plus convenables & des plus eftîfcaces.
L a crapaudine humorale naît le plus fouvent de
caufe interne, & elle eft infiniment plus dange-
reufe que cette forte d’ulcère que nous appelons
du même n om , & qui ne provient que d u n e atteinte
que le cheval fè donne lui-mérite à l ’extrémité
du paturon fur le milieu de cette p a rtie, en
paffageant & en chevalant : cette atteinte fe traite
de la même manière que les plaies. Q u ant à la
crapaudine dont il eft queftion , elle eft fituée
comme l’autre fur le devant du paturon, direéle-
inênt àü defïùs de la couronné, : d’abord on ap-
perçoit fut cette partie une éfpèce de gale d’environ
un pouce de diarriètre, le poil tom b e , & la
matière qui en découle eft extrêmement puante ;
elle eft même quelquefois fi côrrofive & tellement
â c r e , qu’elle fépare l’ongle & qu’elle provoque la
chute du fabot. O n conçoit par Conféquent combien
il importe d’y remédier promptement, & d’en
arrêter les progrès ; ce que l’on rie peut faire qu’au
moyen des médicamens ordonnés pour les eaux.
Elle produit encore des foies ou pieds de boeuf.
Eparvin.
Uéparvin eft une tumeur qui affefte les jarrets,
& qui ne doit être regardée que comme un gonflement
de l’éminence ofleufe qui eft à la partie
latérale interne & fupérieure de l’os du canon : les
anciens ont donné à cette éminence le nom à'épar-
vin ou d'épervin ; & c’eft en conféquence de cette
dénomination que l’on a appellé ainfi la tumeur
dont il s’agit, & fur laquelle je ne peux me difpenfer
de m’étendre dans cet article. .
Prefque tous les auteurs ont diftingué trois fortes
à?éparvins ; Yépàrvin fec, Yépàrvin de boeuf, & Yèpdr-
vin calleux
Par Yépàrvin fec \\s ont prétendu déftgnerune maladie
qui corififte dans une flexion convulfive &
précipitée de la jambe qui en eft attaquée lorfqiie 1 animal marche. C e mouvement irrégulier que nous
exprimorts, d’un commun a c co rd , par le terme
karper, eft très-vîfible dès les premiers pas que fait
le c h e v a l, & continue jufqu’à ce qu’il foit échauffé ;
après quoi on ne l’apperçoit plus : fi néanmoins là
maladie eft à un certain période , l’animal harpe
toujours. U n cheval crochu avec ce défaut doit être
abfolument rejeté : ceux dans les deux jambes def-
quels il fe rencontre, n’ont pas été rebutés & prof-
crits des manèges, quand ils ont eu dès qualités
d’ailleurs ; parce qu’au moyen de ces deux prétendus
éparvins , leurs courbettes ont paru plus t-rides, ^
leurs battues plus fonoreS. O n doit encore obferver
que ce mal ne fufcite aucune claudication ; & s’il
arrive que l ’animal boite au bout d’un certain temps,
c’eft en conféquence de quelque autre maladie qui
furvient au ja r re t, fatigué par la continuité de l’action
forcée qui réfulte de la flexion convulfive dont
j’ai parlé.
O n ne doit chercher la raifon de cette flexion que
dans les mufcles mêmes qùi fervent à ce mouve- j
men t, c’eft-à-dire dans les mufcles fléchiffeurs i
ou dans les nerfs qui y aboutiffent ; car les nerfs i
font lés rênes par le moyen defquelles les corps
font m u s , tournés & agités en divers fens, & ce
ti’ eft qu’à eux que les parties doivent véritablement
leur aélion & leur jeu. C ’eft aufli dans leur tenfion
irrégulière, & dans la circulation précipitée des ef-
prits animaux, que nous découvrons le principe &
la fource des convulftons & des moüvemens con-
vulfifs : mais alors ces moüvemens fe remarquent
indiftinâement dans plufieurs parties, & ont lieu de
différentes manières & en toutes fortes de temps;
tandis qu’ic ï ils fe manifeftentconftamment, & toujours
dans les feuls mufcles fléchiffeurs *de la jambe,
& qu’ils ne font fenfibles qu’autant que l’animal
chemine. O r pour déterminer quelque chofe dans I
une matière aufli abftraite & aufli embarraffante,je
dirai que cette maladie a rrivera, lorfqu’en confé* I
quence d’un exercice violent & réitéré , ces-mufcles
, & même le tiffu des-fibres nerveufes qui eft
font p artie, auront fouffertune diftention telle qu’il I
en résultera une douleur plus ou moins vive, au I
moindre m ouvement de conÊra&ion qu’ils feront fol-
licites de faire ; & c’eft précifémerrt cette douleur I
que l’animal reffent dans le momen t, qui l’oblige à
hâter, à précipiter fon mouvement, à harper:que
fi la maladie n’eft pas parvenue à un degré considérable
, cette fenfation douloureufe n’exiftera que
pendant les premiers m oüvemens, c’eft-à-dire dans
les premiers inftans où ces m ufcles entreront en con-
traftion ; après lefquels e lle ceffera , & l’aftion de
la partie s’opérera dans l’ordre naturel, comme fi
l’on pouvoît dire que les fibres fouffrantes s’accoutument
& fe font à ce mouvement. Nous avons un I
exemple de cet'te diminution & de cétte ceffation de
ferifibilité & de douleur dans certains chevaux qui
boitent de l’épaule, & qui font droits après un certain
temps de tra v a il, c’eft-à^dire Ibtfque cette par-
; fié eft échauffée.
Il eft donc de toute impoffibrlité d’aftigner raifon?
nablement à cette maladie utre place dans le jarret
bu dans les parties qui l’environnent. i° . Son fiege
n’eft point apparent, & elle ne s’annonce par aucun
fîgne extérieur. a°. J’ai v u trois chevaux harper du
de vant, âu moment où ils flèchiffoient le genou. 3 •
Dans ces cas l’animal boiteroit infailliblement,
retarderoit fon aftion , loin de la hâter.
Q u e le jeu d’une articulation quelconque ioiten
effet traverfé par quelque obftade d’où puiffe te-
MAR
fulter une impreflion douloureufe ; qu’il y ait dans
le jarret une courbe accrue à un certain point ;
qu’un offelet ou boulet gêne & contraigne les tendons
dans leur paffage , le ch ev a l, pour échapper à
la douleur, & pour diminuer la longueur du moment
où il la reffent, ne précipitera point fon mouvement
; ou s’il le p réc ipite, ce ne fera qu’en fe
fe rejettant promptement fur la partie qui n’eft
point affeftée, pour foulager celle qui fou ffre, &
non en hâtant & en forçant l’a&ion à laquelle il
étoit déterminé.
C’eft aufli ce qui me confirme dans l’idée que je
me fuis formée des caufes de la flexion convulfive
dont il eft queftion. Le premier moment de la con-
traftion des mufcles eft l’inftant de la dou leur, & la
preuve en eft palpable, fi l’on fait attention qu’avant
l’influx des efprits animaux qui produifent la cou-
traftion , les fibres dans une fituation ordinaire
n’ètoient point agitée s, & l’animal ne fouffroit
point : or fi le premier moment de la contraction eft
celui de la douleur, il faut donc conclure que le fiège
du mal eft dans la partie qui fe contracte, c’elt-à-dire
dans la portion charnue des mufcles, & non dans
les tendons qui font Amplement tirés par le moyen de
la contraction, ainfi que les autres parties auxquelles
ces mufcles ont leurs attaches ; & conféquemment
cette flexion co n vu lfiv e , ce mouvement irrégulier
& extraordinaire ne peut être imputé à un v ice dans
les jarrets.
Les deux-autres efpèces d'éparvins peuvent v é r itablement
affeCter cette p a rtie, mais les idées que
l’on en a conçues jufqu’ici ne font pas exactement
diflinCtes.
Le premier eft appellé eparvin de boeuf, parce què
les boeufs d’un certain âg e, & après un certain temps
[ de travail, y font extrêmement fujets. Dans ces
animaux, félon la diffeCtion que j’en ai faite moi-
! meme, on apperçoit une tumeur humorale d ’un v o lume
extraordinaire , fituée à la partie latérale in-
j terne du ja rret, & qui occupe prefque toute cette
portion : elle eft produite par des humeurs lympha-
I tiques, arrêtées dans les ligamens de l’articulation ,
& notamment dans le ligament capfulaire.
( Cette humeur molle dans fon origine , mais
i sendurciffant par fon fé jo u r , devient plâtreufe;
p manière que la tumeur qu’elle forme eft extrêmement
dure.
fl s agiroit donc de favoir fi dans le cheval c ’çft
cette même tumeur que l’on appelle eparvin : pour
Çet effet confidérons-en la fituation , le volume &
a COnfiftance, foit dans fon principe, foit dans fes
.progrès, '
. yuant à fa fituation ,.elle occupe , ainfi que je
i • ens le remarquer , toute la partie latérale
j y ^ d u jarret : fon volume eft donc plus con-
fié-r >e ^ans ùoeuf que dans le c h e v a l, & fon
£.e -n Pas pi'écifénient le même, puifque nous
ne Ul,en. alfignons d’autre dans celui-ci que l?éminçe
qui eft à la partie latérale interne & fupérieure
du canon..
M A R
Q u ant à fa confiftance, j ’avoue ingénuement que
jamais l’éparvin ne m’a paru mol dans fon commencement
& lors de fa naiffance : ainfi fans prétendre
nier la pofiibilité de l’exiftençe de eette tumeur humorale
dans le jarret du c h e v a l, fi elle s’y rencontre
, je l’envifagerai comme une tumeur d’une
nature qui n’a rien de particulier, & qui peut arriver
indiftinClement à d ’autres parties.
Je nommerai par conféquent feulement eparvin la
tumeur ou le gonflement de l’éminence ofleufe même
dont j ’ai parlé ; & dans le cas où le jarret fera
affeâé d’une tumeur pareille à celle qui fe montre
quelquefois fur le jarret du boe u f , je la confidérerai
comme une maladie tbtalement différente de l’éparvin
, foit qu’elle foit m o lle , foit qu’elle foit endurcie;
parce que ce qui caraftérife l’éparvin e ft fa fituation
, & que dans la maladie que je reconnois pour
te lle , je ne vois de gonflement qu’à la portion de l ’os
du can on , que l’on a nommé ainfi ; & c’eft un mal
dont le f ié g e , ainfi que celui de la courbe , eft dans
l’es même.
La courbe n’eft en effet autre chofe qu’une tumeur
ou un gonflement du tibia : elle eft fituée fupérieu-
ment à l’épa rvin , à la partie interne inférieure de
cet os, c’eft-à-dire, qu’elle en occupe le condyle de
ce même côté , & elle en fuit la fo rm e , puifqu’elle
eft oblongue & plus étroite à fa partie fupérieure &
à fon origine qu’à fa partie inférieure.
Le gonflement, en augmentant, ne peut que gêner
l’articulation ; ce qui produit infenfiblement & peu-
à-peu la difficulté du mouvement : il contraint aufli
les tendons & les ligamens qui l’environnent ; ce qui,
outre la difficulté du mouvement, excitera & occa-
fionnerala douleur. Au fli voyonS-nous que l’animal
qui eft attaqué de cette maladie boite plus ou moins
félon les degrés & les progrès du mal : fa jambe eft
ro id e , la flexion du jarret n’eft point facile , & il
•fouffre de manière enfin qu’elle eft prefque entièrei-
ment interrompue; cette indifpofition dégénère alors
en fauffe anchylofe.
I l faut encore obferver qu’elle paroît fouvent accompagnée
d’un gonflement au pli du jarret, à l ’endroit
où furviennent les varices ; mais, en premier
lieu , ce gonflemen^g|ut n’être qu’une tenfion plus
grande de la peau ; ternion qui réfulte de l’élévation
formée par la courbe ou par la tumeur de l’os : en
fécond lieu , il peut être une fuite du gênement de la
circulation.
Le'véritable éparvin & la courbe ont un même
principe, les çaufes en font communément externes,
& peuvent en être internes : quelquefois les unes
& les autres fe réunifient.
Les premières feront des coups,.un travail violent
& forcé ; & les fécondés feront produites parle vice
de la maffe.
Les coups donneront lieu à ces tumeurs ou à ces
gonflemens , parce qu’ils occafionneront une dép re f
fion , qui fera fum e de l’extravafion des fucs & de
la perte.d e la folidité des fibres offeufes : ces fucs
. répandus , non ? feulement la partie déprimée fe
Y y y ij