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Tablature du Serpent,
X I V.
J N S T R U M E N S D E P E R C U S S I O N .
A l t o - b à s s o .
C ’eft une efpèce d’inftrument de percuffion a
corde , décrit par Garlin, comme il fuit.
L’alto-baffo- étoit une caiffe quarrée d’environ
une brade & vuidê, fur laquelle étoient tendues
quelques cordes accordées entr’elles à l’o â a v e , à
la quinte ou à la quarte.
Le muficien frappoit toutes les cordes à la fois
avec une petite baguette, fuivant la mefure d un
air qu’il jouoit de l’autre main fur une flûte.
Remarquez que quand les cordes étoient accordées
à l’o â a v e , il pouvoit y en avoir ^ plus de
deux; mais quand elles étoient accordées à la
quinte ou à la quarte, il ne pouvoit y en avoir
qu’une, à caufe des diffonnances qui en feroient
réfultées s’il y en avoit eu davantage.
Obfervez encore que l’air de flûte devoit être
une efpèce de mufette, ayant toujours la même
note pour baffe.
Le tympanon moderne eft fait à peu près comme
le pfaltérion moderne, excepté qu’au lieu d’en tirer
le fon avec les doigts ou les petites plumes, on
bat les cordes avec de petites baguettes recourbées
par le bout.
Sonnantes.
Inftrument de percuflioh fort peu ufité ; il con-
fifte en douze timbres dé métal de grandeur &
de calibres différens, qui rendent des fons pro-
greflâfs & variés. Chacun de ces timbres eft élevé
& fixé par une tige de fer fur une planche épaiffe.
Ils font rangés trois à trois dans le travers, ou
quatre à quatre dans la longueur de la planche.
Les plus gros timbres font à gauche, & forment
les baffes. On en tire des fons brillans, en les
frappant avec deux baguettes qui font terminées
par un bouton. On peut jouer des airs fur cet
inftrument. Voyeç fi g. 29 , pl, I l des infiniment de
mufique , tome 3 des gravures.
Trombe.
Sorte d’inftrument de percuffion ; la trombe eft
une caiffe de bois quarrée, longue de fept quarts
d’aune environ, large ,d’une demi-aune, & po-
fée fur quatre piés. . .
Au milieu de la tablé de cet inftrument eft un
• trou rond d’environ un quart d’aune de diamètre;
à un des longs côtés de cette caiffe eft attachée
la groffe corde de la contre-baffe, qui fonne le
fol à l’uniffon de 16 piés; cette corde traverfe la
trombe, paffe fur un chevalet plus haut & plus
fort que celui d’un violoncelle , & tient de l’autre
côté à une cheville. Le chevalet n’eftpas au milieu
de rinftrument, mais il eft avancé vers la droite,
enforte que l’efpace gauche foit le plus grand.
On accorde une trombe en u t, & l’autre en/o/,
comme les timbales , & on frappe les cordes avec
des baguettes garnies de gros fil au bout. La
trombe a le fon d’une timbale couverte.
Tambour.
Nous avons déjà eu occafion de parler du. tambour
en décrivant l ’art du Boijfellier, qui fait de
ces fortes d’inftrumens.
Le tambour militaire peut être conftruit en
laiton ou en bois; on le fait ordinairement de
chêne , & plus communément il eft compofé d’une
planche de bois dé noyer épaiffe de deux lignes,
& large de treize à quatorze pouces, tournée en
• figure cylindrique. Cette planche fe nomme le
fût ou corps de la caifle. Pour contenir ce fût dans
fa figure cylindrique, on le garnit en dedans de
deux cercles larges d’un pouce, qu’on appelle
contre-forces.
On couvre les extrémités du corps de la caiffe
de deux peaux de veau que-bon roule, étant bien
| mouillées, fur deux petits cercles larges de fi*
J lignes. La peau de deffus ou de ia batterie doit
être plus épaiffe & roulée plus ferme que la peau
inférieure ou du timbre.
On fait tenir ces peaux par deux grands cercles
de bois de dix-huit .-à dix-neuf lignes de large, &
percés de douze trous chacun, pour pafler un
cordage de fix toifes de long, qui fert a bander
ou à lâcher les peaux par le moyen de morceaux.
| de bufle longs de fix pouces, & larges d’un
[pouce & demi, qu’on nomme tirants, dans lef-
Iquels on paffe ce cordage-
| Les cercles qui tiennent ou ferrent les peaux fur
la caiffe s’appellent vergettes.
Pour rendre le fon de la caiffe plus harmo-
Inieux, on fait au grand cercle du timbre deux
[petits trous percés vis-à-vis l’un de l’autre, dans
llefquels on paffe une corde à boyau que l’on
appelle timbre ; elle tient par en bas à un bouton
I attaché au corps de la caiffe', & en deffus à une
f efpèce de piton à vis paffé dans un écrou que l’on
[•tourne pour bander ou lâcher le timbre.
> Quand l’homme qui bat le tambour a fa caiffe
[au cou prêt à battre, cet accord fe trouve fous
! fa main gauche.
| Les hommes qni battent le tambour, après avoir
[ ferré les cordes de leurs caiffes, accordent leur
* timbre de façon qu’il ne rend qu’une vibration par
[ chaque coup de baguette.
| La caiffe doit être portée un peu de biais, de
forte que le gros touche le joint de la hanche
gauche, & pardevant le bord aboutit aux boutons
|de l’habit, deux pouces au deffus du ceinturon,
i De-cette manière le tambour a là cuiffe libre pour
marcher, & le bras gauche n’eft point gêné pour
battre.
i II faut tenir la baguette droite, ferrée à pleine
main , c’eft-à-dire tous les doigts fermés.
La baguette gauche doit être tenue du pouce
& des deux premiers doigts qui l’embraffent quoique
la baguette foit ferrée, afin de la pouvoir
mieux enlever.
h On fent que les baguettes doivent être pro-
[ portionnées à la groffeur du tambour.
. Les tambours ont attention , en battant, de faire
[ tomber les deux boutons des baguettes au milieu
| de la peau de la caiffe. I II faut que leurs bras fe remuent avec aifance ,
i fans affeâer de faire de trop grands mou vemens,
I & que leurs poignets tournent également avec li-
■ berté.
I Les différentes batteries du tambour font :
I i°. La générale.
K 20. L’affemblée.
r 30. L’appel.
K 4°. Le drapeau.
I 50. La marche.
■ 6°. La charge.
| ' 70. La retraite.
B 8°. La prière.
b . 9°. La fafeine ou la breloque.
I io°. Le ban.
1 1°. L’ordre.
12°. L’enterrement.
La hauteur & la largeur des tambours doivent
avoir certaines proportions pour faire les accords
qu’on fouhaite. Si l’on veut que quatre tambours
tonnent ut, mi, f o l , ut, ii faut que leurs hauteurs
foient entr’elles comme les nombres 4 , 5, 6, 8.
L faut une oreille exercée à la mufique pour
accorder des tambours entr’eux. Il en faut aufli
pour battre de mefure, & une grande légèreté.
& fermeté de main pour battre des mefures com-
pofées & des mouvemens vifs.
C’eft la force des coups plus ou moins violens
qui doit féparer les mefures & diftinguer les temps.
Il faut que les intervalles des coups répondent à
la durée'des notes de l’air.
Foyer fig. i5 , pl. I l des infirumens de mufique ,
tome 3 des gravures.
Tambours des Nègres.
Les nations nègres ont aufli des tambours qui
font ordinairement des troncs d’arbres creufés, &
couverts du côté de l’ouverture d’une peau de
chèvre ou de brebis bien tendue.
Quelquefois les nègres n e. fe fervent que de
leurs doigts pour faire réfonner leurs tambours,
mais le plus fouvent ils emploient deux bâtons à
tête ronde, de groffeur inégale, & d’un bois fort
dur & fort pelant.
Ces tambours diffèrent en longueur & en diamètre
, pour mettre de .la variété dans les tons.
Quelques peuples nègres ne fe fervent que d’une
baguette qu’ils tiennent de la main droite -, tandis
qu’ils frappent aufli le tambour du poing gauche,
ou Amplement des doigts de cette main.
Le tambour du royaume de Juida approche
affez des nôtres, car la peau qui couvre le feul
côté ouvert, eft liée avec une corde .d’ofier qu’on
peut tendre par le moyen de petites chevilles de
bois : il eft encore entouré d’une pièce de coton
ou d’autre étoffe, comme nos tymbales, & on le
porte au cola l’aide d’une écharpe.
Le roi de Juida fe fert dans fa mufique d’une
forte de tymbale qui n’eft qu’un tambour , comme
celui dont on vient de parler, mais beaucoup plus
grand, & qui eft fufpendu au plancher. Chaque
tymbalier n’a qu’un inftrument.
Les femmes .de Juida ont aufli une forte de
tambour qui leur eft particulière ; c’eft un pot de
terre rond, d’un pié de diamètre , avec une ouverture
de moindre largeur, laquelle eft bordée
d’un cercle de la hauteur d’un pouce. Cette ouverture
eft couverte d’un parchemin, ou d’une peau
bien préparée. Celle qui joue de cet inftrument
s’accroupit à terre vis-à-vis, & frappe le pot de
la main droite avec une baguette, tandis que de
la main gauche elle frappe le parchemin avec les
doigts.
Les nègres de la Côte d’O r ont un tambour