
dans, afin que lorfque l’on ferre les deux poignées
l’une vers l’autre, le fer ne puiffe échapper.
Après que les deux moitiés de la poignée font
faites, on colle un morceau de peau qui joint les
deux parties enfemble, afin de ne les point dépareiller.
Lorfque les fers font neufs , on les lime avec
line lime douce, & on les frotte avec du fel ammoniac;
ce qu’on appelle les immer, parce que,
fans cette préparation, ils ne prendroient pas la
foudure qui en fur la tuile.
Pour fe fervir de ces fers, après les avoir fait
chauffer, non jufqu’à ce qu’ils foient rouges, on
les frotte fur la tuile où il y a de la foudure, que
la chaleur du fer fait fondre, & qui s’attache au
fer lorfqu’elle eft fort dure, comme l’encre à écrire
dans une plume. Ori la porte en cet état fur la
partie que l’on veut foudèr, où on l’applique en
paffant & repayant le fer chaud autant de fois
qu’il en eft befoin pour la faire prendre.
Pointe à gratter.
La pointe à gratter, dont les faéleurs d’orgue fe
fervent pour gratter les tuyaux & routes les pièces
d’étain & de plomb, qu’il faut fouder dans la partie
où la foudure doit être appliquée, eft une moitié
de çifeau que l’on emmanche. On tient cet outil
enforte que le manche paffe entre le petit doigt
& le doigt annulaire de la main droite ; le pouce
& le doigt indicateur de la même main , étant appliqués
lur le fer pour le tenir plus fermement,
Du blanc des FaHeurs d'orgue,
Le blanc, chez les fadeurs d’orgue , eft une
compofition dont ils fe fervent pour blanchir les
parties ■ qu’ils veulent fonder ; c’eft.un mélange de
colle, d’eau & de blanc d’Efpagne.
Pour faire le blanc propre à blanchir les fou-
dures , on met de l’eau dans une terrine, dans
laquelle on jette du blanc d’Efpagne réduit en
poudre.
On met enfuite la terrine fur le fe ti, qui ne
doit point échauffer la compofition jufqu’à la faire
bouillir ; ce qui la rendroit inutile. On verfe ensuite
dedans un peu de colle fondue , que l’on
mêle bien avec la compofition, qui fe trouve ainfi
achevée.
Pour en faire l’effai, on en met un peu fur une
bande d’étain poli; fi le blanc s’écaille, c’eft une
marque qu’il eft trop collé; s’il s’efface, on con-
noît qu’il n’a pas affez- dè colle. Il vaut mieux
mettre de la colle petit-à-petit, que d’en mettre
trop, parce qu’il faudroit remettre de l’eau & du
blanc, & faire rechauffer le mélange que l’on con-
noît être bon , lorfqu’en tortilla rit le morcèau d’étain
fur lequel on fait l’effai, il ne s’écaille ni ne
s’efface point.
«Autrement1, prenez du blanc d’Efpâgne réduit
en poudre dans une terrine de terré- vernmée ;
verlez deffus du vinaigre en quantité fuffifante pour
détremper le blanc , vous aurez une compofition
qui n’a point befoin d’épreuve.
Pour employer ce blanc, qui ne s’écaille ni ne
s’efface jamais , il faut en prendre avec un pinceau
, & paffer ce pinceau' fur les rives ou arêtes
des pièces que l’on veut fouder, enforte qu elles
en foient couvertes. On met une fécondé couche
fur l’étain, après que la première eft féchée ; en-
fuite on gratte, avec la pointe à gratter, le blanc
& même la furface des pièces à fouder , dans
tout l’efpace que l’on veut que la foudure oc-
cupe.
Après que les pièces font foudées , on fait
chauffer de l’eau dans un chauderon, dans laquelle
on trempe un linge, avec lequel on lave la foudure
& le blanc, que Pcm ôte par ce moyen. -■
Lorfque ce font des tuyaux d’etain que 1 on
foude, il faut qu’ils foiént blanchis en dedans >
pour empêcher la foudure d’y entrer, Lorfqu’on
veut ôter le blanc qui eft dedans les tuyaux ou
l’on ne peut pas fôurrer la main, on attache au
bout d’une baguette un linge , avec lequel o n
emporte le blanc que l’on veut ôter.
Fut ou buffet d’orgue.
Le fû t ou buffet d'orgue eft la menuiferie, autrement
appelée la caijfe ou carcaffe de l orgue ,
dans laquelle tous les mouvemens & les tuyaux
font renfermés,
Cette menuiferie eft ordinairement faite de bois
de Vofees ou de Hollande.
La face du fût d'orgue eft compofée de deux
fortes de parties ; favoir, les parties Taillantes ar-*
rondies, qu’on nomme tourelles ; & les plates-
faces , qui font les parties plates entre les tourelles.
Leur forme & leur grandeur font arbitraires.
En effet, elles font autant variées qu’il y a d’orgues
dans le monde. On obferve cependant que
le nombre des tourelles foit impair , & on en
place une dans le milieu & deux aux extrémités.
On enrichit ce buffet d’autant d’ornemens de
fculpture que l’on v e u t, comme , par exemple,
de figures, de termes , ou de cariatides, qui fou-*
tiennent les tourelles fur leurs épaules ou leur
tête; de différens groupes d’enfans placés au deffus
des tourelles , qui tiennent différens inftrumens
de mufique dont ils paroiffent jouer ; enfin, de
tous les différens ornemens que l’imagination peut
fournir, 6c qui font compatibles avec le lieu où
l’orgue doit être placé. , #
1\ y z un enfoncement dans le milieu de l’orgue
, à l’endroit où font les claviers ; & fur la
planche du fond de cet enfoncement, eft un pupitre
fur lequel l’organifte porte la mufique qu’il
veut exécuter. Aux deux côtés de cet enfoncement,
font les pomifiettes des bâtons carrés des
mouvemens, par le moyen defquels on ouvre 6c
on ferme les différens jeux dont l’orgue eft com- II pofé.
| Les places vides que la menuiferie laiffe, font
I occupées par les tuyaux de la montre, q u i, par
I cette raifon, -a été ainfi nommée, & par les tuyaux
■ du preftant, lorfque les tuyaux de la montre ne
fuffifent pas pour remplir la face du fût d'orgue.
Dans les grandes orgues d’églifes, il y a ordi-
[ nairement au devant du buffet dé l’orgue un autre
petit buffet ou petit orgue qu’on appelle pofitif,
pour le diftinguer de l’autre buffet, qu’on appelle
! grand orgue.
Ce pofitif eft ordinairement à trois tourelles,
& le grand orgue à cinq, fe.pt, neuf ou davan-
I tage, auquel cas le pofitif eft à cinq.
C ’eft entre ces deux buffets que fe place 'l’or-
â I ganifte. La fituation des orgues dans les églifes eft fur
iin lieu élevé , comme, par exemple, fur quelque
tribune1, au devant du baluftre de laquelle le pd-
I Jitif avance en faillie.
Derrière la face du buffet d’orgue font placés
| horizontalement deux fommiers , au deffus defquels
font placés les .faux fommiers, percés d’au- j tant de trous qu’il y en a dans lé fommier. Ces
| trous, au travers defquels paffent les tuyaux dont
t le pied répond fur le fommier, fervent à les main-
! tenir dans la fituation verticale qu’ils ont tous.
Les gravures ou conduits font horizontaux, &
leur dire&ion eft perpendiculaire à la face du fût
| j B d’orgue ; les regiftres croifent en angles droits les
gravures, & par conféquent font parallèles à la
face du buffet. Le nombre des.gravures eft égal
à celui des touches du clavier.
On faura aufli qu’il y a autant de fommiers
Qu’il y a de claviers ; par conféquent, fi un orgue
a deux, trois , quatre , cinq claviers, le nombre
des fommiers eft le même, & ils font placés dans
j le buffet, comme on le dira ci-après.
Frife du buffet d’orgue.
Cet ornement dans l’orgue eft quelquefois percé
a jour; il y en a au haut des tourelles pour re-
I tenir les tuyaux par le haut, & au haut des plates
I faces.
La frife eft aufli la plate-bande qui fert de focle
| aux tuÿaux , & vis-à-vis de laquelle les devans
de la laie des fommiers font placés. Cette plate-
S bande fe peut ôter quand on veut, pour ouvrir
I lés laies & travailler aux foupapes ; elles font re-
| tenues dans leur place avec -des vis en bois ou
I; des tourniquets , iemblables à ceux qui retiennent
L les devans de la laie.
Chape dan‘s Vorgue.
! G^aPe eft la table de bois de Hollande ou de
Vofges , dans les trous de laquelle les tuyaux font
I placés.
La chape de plein jeu eft une planche de bois
de Hollande , de deux pouces ou environ d’épaif-
feur, fur le champ de laquelle on perce des trous
qui tiennent lieu de gravure : ces trous ne doivent
point traverfer la planche dans toute fa largeur;
on doit laiffer environ un demi-pouce de
bois.
Si cependant on aime mieux percer les trous
de part en part, on fera obligé de les reboucher ;
ce qui fe fera avec une bande dé parchemin que
l’on collera fur le champ de la chape, après que
les trous ou gravures que l ’on perce avec une
tarrière, & que l’on brûle avec des broches de
fer ardentes , de groffeur convenable , ont été
percés.
On perce autant' de trous fur le plat de la
chape, qu’il doit y avoir de tuyaux fur chaque
touche ; ces trous doivent déboucher dans les gravures
: on les brûle aufli, & on les évafe par le
haut , afin qu’ils puiffent recevoir le pied des
tuyaux , que l’on fait tenir debout fur la chape
par le moyen d’un faux fommier.
Lorfque ces pièces font ainfi achevées & placées
en leur lieu , on met des porte-vents de
plomb, qui font des tuyaux cylindriques de groffeur
convenable ; ces porte-vents prennent d’un
bout dans un trou de la chape du fommier du
grand orgue, & vont aboutir de l’autre bout- à
une des gravures de la chape du plein jeu : ce
qui établit la communication.
Les porte-vents font arrêtés dans les trous, où
ils entrent , par le moyen de la filaffe , enfuite
de la colle - forte,- dont on entoure leurs extrémités.
Il fuit de cette conftruâion, que le regiftre du
fommier du grand orgue qui paffe fous les trous
où les porte-vents prennent, étant ouvert , que
fi l’on ouvre une foupape, le vent contenu dans
la laie entrera dans la gravure ; d’où il paffera par
les trous de la table du fommier & ceux du regiftre
& de la chape, dans le porte-vent de plomb ,
qui le. conduira dans la gravure correfpondante
de la chape du plein jeu ; ce qui fera parler tous
les tuyaux qui feront fur cette gravure.
Du pofitif
Le pofitif eft, comme on vient de le dire, dans
les grandes orgues d’églile , le petit orgue qui eft
au devant du grand.
Les jeux du pofitif font ceux qui fuivent la
montre, de huit pieds ou de quatre pieds ouverts :
ce. jeu eft d’étain ; le bourdon de quatre pieds
bouchés ; le preftant de quatre pieds ouverts ; la
doublette de deux pieds ouverts ; la flûte allemande
de deux pieds à cheminée ; la fourniture
à trois tuyaux fur chaque touche; la cymbale de
deux tuyaux fur chaque touche ; le nazard , le
çi omorne de quatre pieds, qui fonne l’umffon du
preftant; le larigot.