
totalité, pour que le fang commencé à fe mani-
fefter. Après avoir allongé le bout-des éponges du
fer d’un bon pouce, eu les rendant minces & un
peu pointues, on attache le fer avec tous fes clous,
fans les rogner, & on met une emmiellure dans
le pied. • •
Opération..
a0. Au moment de l’opération , on met le
cheval dans le travail, pourl’affujettir le plus qu’on
peut, tant pour fa confervation que pour la commodité
de l’opérateur. On met une plate-longe
au pied malade , pour l’attacher à la traverfe du
travail, fi c’eft un pied de derrière ; & à la main
de fer , fi c’efl; un pied de devant.
On ôte le fer ; on lie le paturon avec un cordon
de moyenne groffeur, pour arrêter l’effufion du
fang, crainte ae troubler l’attention de celui qui
opère. ' .
L ’on commence par détacher la foie du petit pied
avec la pointe du biftouri, tout autour de l’incifion
qu’on à faite la veille, en penchant cet înftru-
ment du côté du quartier du fabot, & en frappant
fur le dos de la lame avec le manche du brodioir:
on fe fert enfuite du l&ve-foie, qui fait ici l’office du
levier , on introduit le bout le plus mince fous la
foie du côté de-la pince , ce qui fait la réliftance.
Le bord du fabot fert de point d’appui, & la
main de l’opérateur, en appuyant fur l’autre bout
de l’infirument , en fait la puiffance.
Cette manoeuvre fait foulever la foie , ce qui
donne la facilité à un garçon maréchal de la
prendre avec des pinces qu’on nomme tricoifes :
il la tire fortement à lui en la foulevant, & l’arrache.
L’opérateur conduit fon opération à fa perfection
avec un biftouri appellé feuille de fauge ,
en détachant les lames de la corne qui font adhérantes
au fabot, & en extirpant les corps viciés
qui fe trouvent dans la fubftance du petit pied.
Enfuite on attache le fer avec tous fes clous, fans
les rogner, & on lâche le pied à terre ; on le délie
de la petite lig a tu re p o u r le laiffer faigner un
volume de fang à-peu-près égal à une faignée
du cou»
Panfement.
3°. On reprend le pied pour l’aflujettir de nouveau
au travail ; on lie le paturon avec la petite
ligature, pour la même raifon que nous avons
dite-cidefliis : on baffine la plaie avec un plumaf-
feau de filaffe trempé dans de l’eau-de-vie ou de
l’eau vulnéraire. L’appareil doit être tout prêt ; il
confifte en une quantité fuffifante de bourdonnets
& plumafieaux de filaffe de différentes longueur
& groffeur.
On choifit deux des bourdonnets mollement
roulés de la longueur à-peu-près du fer , & d’une
groffeur à pouvoir entrer fous les branches ; on
es introduits deffous avec une fpatule, & après
les avoir trempé dans de la térébenthine fine un
peu tiède.
On prend un troifième bourdonnet d’une longueur
& d’une groffeur à pouvoir remplir le vuide
qui fe trouve entre les deux autres; on en prend
un quatrième de la longueur de deux pouces,&
affez gros pour remplir la fente de la fourchette
& pour en conferver la figure naturelle ; on le
trempe , comme les trois autres , dans le même j
Uniment : & on les place tous de façon qu’ils com- I
priment également toute la plaie, 'afin que la ré- ;
génération de la corne fe faffe avec une jufte proportion
, conforme à celle de la nature.
On a trois édifies de bois , deux defquelles j
jointes enfemble , font la longueur, la largeur &
la rondeur de l’intérieur du pied ; on les met l’une
après l’autre fous le fe r , pour comprimer l ’appareil.
La troifième édifie , égale en longueur à la largeur
du fer, & épaiffe d’un bon pouce, doit être pofée
tranfverfalement fous les éponges , pour arrêter
les deux autres.
On rogne enfuite les clous, & on les rive en les
frappant légèrement, pour donner moins d ’ébranle- j
ment à la partie affligée. On prend après un cinquième
bourdonnet de la longueur de l’écliffe qui
fert de traverfe, qu’on trempe dans la même térébenthine
, & qu’on met transverfalement aux talons
fous les bouts des édifies.
On applique enfin aux deux talons, aux parties
latérales du fabot, de l’onguent de pied.étendu
fur delà filaffe : la groffeur d’un ceuffuffit pour le
tout. On entoure le pied d’une bande de toile de j
la largeur de quatre pouces , que l’on lie & que I
Ion arrête avec du ruban de fil.
Quatre heures après l’opération on fait une I
faignée au cou du cheval, & on la répète le lendemain
matin.
Au bout de fix jours en é té , Sç de fept en hyver, I
fi la maladie efffimple , &,plutôt, fi le cas l’exige,
on lève l’appareil, en ôtant la bande, les édifiés I
& les bourdonnets, que l’on fait reffervir en les I
trempant dans la -té r é b e n th in e & en obfervant les
mêmes précautions & la même méthode.
On continue ce panfement tous les fix ou fept
jours pendant trois femaines ou un mois , temps
à-peu-près néceffaire pour la guérifon, fi la maladie j
eftfimple; fi elle ne l’eft pas, on ne fauroitfixer
le terme. Dans tous les cas , il faut attendre que
le pied du cheval foit parfaitement raffermi avant
de le faire travailler.
Quelques critiques trouveront peut-être quon
peut deffoler un cheval fans tant de préparations,
comme les emmiellures & les lavemens qui Pre*
cèdent & fuivent l’opération ; mais les gens fe*1*
fés & experts jugeront de la conféquenc.e de ces
précautions dans une opération aufli douloureute-
Embryulkie.
Mot formé & dérivé du grec tp&çM embryon>
& de éA*«v, extrahere, tirer» .
Dionis a donné ce nom à rhiftérotçmie , vulgairement
appeïïée opération céfdrienne ; d’autres ont
prétendu qu’il fignifie l’extràôion d’un enfant dans
un accouchement contre nature.
Nous l’envifagerons ici dans le fens que lui a
prêté l’anatomifte & l’opérateur, fans perdre notre
temps à examiner le fond de la conteftation &
fans prétendre décider.
Il paroîrra fans doute fingulier que j’entreprenne
d’enrichir Phippiatrique d’une opération jufques
ici uniquement réfervée à la chirurgie. Si l’on compare
cependant les difficultés qu’elle préfente, &
les craintes qu’ellé infpire .naturellement aux praticiens
les plus hardis, lorfqu’il s’agit de la tenter
fur une femme , dans l’intention de fauver la mère
& l’enfant, où l’un ou l’autre , avec la facilité & !
l’affurance que le maréchal doit avoir en la pratiquant
fur la jument ; je fuis perfuadé qu’elle trouvera
parmi nous autant de partifans qu’elle a eu de
contradiéfenrs relativement à Fefpèce humaine. ' ' ;
Le cas dans lequel je la propofe n’eft pas pré-
cifément celui où le fétus a une peine infinie à fortir
par le vagin ; je la confeillérois principalement dans
la circonilance où la mère prête à mettre bas ,
feroit furprife par une maladié formidable & défef-
péree; alors il me feriible que fans attendre l’événement
funeffe dont nous portons un prognoftic
jufte & affuré, on pourront aifément fe dilpenfer
d’abandonner le poulain à fon fort.
Pour en faire l’extraâion , renverfez la jument
avec toutes les précautions poffibles ; on la couchera
fur le dos , & on l’affujettira de manière que ni
le maréchal ni fes aides puiffent en être bleffés.
Faites enfuite une incifion cruciale à '‘la partie
moyenne & inférieure de l’abdomen; cette incifion
fera d’environ un pied & demi, & fe terminera aux
os pubis.
Les gros inteftins fe préfenteront inconteitable-
ment, & les efforts occafionnés parles vives douleurs
auxquelles la jument fera en proie , lés poüf-
feront encore hors de la capacité. Faites-les donc
ecarter 3 Vous appercevrez bientôt l’utérus ; pratiquez
y une ouverture qui réponde à la première ;
mais ufez de beaucoup de circonfpe&ion pour ne
pas porter atteinte au poulain : ouvrez auflitôt
encore les membranes qui le renferment, les eaux
qu’elles contiennent s’épancheront, & vous reti-
terez fur le champ l’animal.
Cette operation nous impofe néceffairement
■ 1 obligation -d’en pratiquer une fécondé promptement
& fans différer; il s’agit de couper le cordon
qui le tient affujetti au placenta, & d’en faire la
%ature. Dès le premier infiant de fa naiffance,
l’homme paye une forte de tribut à la chirurgie,
par le befoin qu’il a de la main du chirurgien ; fans
cette feftion & fans cette ligature, il ne fubfifteroit
en effet que quelques momens.
La nature, dans les animaux,- a pourvu à cet
inconvénient en fuggérant à la femelle qui met bas,
I mftinâ de mâcher le cordon ombilical pour le
couper : elle ne fauroit y parvenir qu’après un cer
tain temps , attendu la confiftance membraneufe
de ce même cordon, & la force de fon tiffu ; & ce
n’eft que parce qu’il a: été extrêmement froiffé &
cornus, & que les parois des artères ombilicales
font affaiffées & prifes les unes dans les autres ; de
manière que leur cavité étant, pour ainfi dire effacée
, le fang ne peut plus fe frayer aucune iffue
en dehors lorfqtie la feftion a été faite.
Ici nous devons agir au défaut de, la mère qui
n’exiffe plus ; on fe munira d’une quantité fùffi-
fante de gros fil que l’on pliera en cinq ou fix doublés
de la longueur d’environ un pied , & que i’oîi
aura en foin d’arrêter aux deux extrémités par un
noeud à chacune d’elles.
Ce fil ainfi préparé , on liera le cordon à environ
qüatre ou cinq pouces du corps du poulain, de
façon qu’il ne foit ni trop ni trop peu ferré ; la ligature
maintenue par des doubles' noeuds répétés à
mefure des entortillemens , on coupera le cordon
trois pouces au deffous, & l’on obfervera que cette
feftion ne foit fume d’aucune effufion de fang : fi
l’on en apperçoit, on refferrera les fils , & les trois
pouces de longueur que l’on laiffe en-deçà, fervi-
rônt à placer une fécondé ligature, fi la première
éîoit abfolument infuffifante.
Du* réfte ce n’eft que par cette raifon que j’ai
fixé en* quelque forte les mefures ; car à quelque
diftance quefoientfaites & la ligature & la feéfion ,
la nature fur laquelle nous devons nous repofer du
foin d’achever & de perfe&ionner l’ouvrage , opère
toujours la féparation du côrdon'à fàforrie de'Panneau
ombilical, & au niveau du tégument ; cette
réparation a lieu en huit ou dix dix. jours plus ou
moins, & nous devons graiffer l’excédent du çotdon,
avec du beurre, du faindoux &C.
On conçoit au furplus, que le fuccès de l’em-
bryulkie dépend de notre attention à prévenir la
mort de la jument. Plus nous attendons plus lé
fétuseft débilité; & fi‘la mère eft mortel,ileft certain
que nous avons d’autant moins de temps à
perdre, que le poulain ne lui furvivroit que quelques
inftans. Il ne fera plus question enfin que de
procurer à l’enfant les moyens de s?alaiièr, & d’entretenir
une vie que le maréchal vient en quelque
façon de lui rendre.
, Empycme.
L’anatomie des animaux , trop négligée parm1
nous, a frayé le chemin de l’anatomie de l’homme*
La nature éclipfée, pour ainfi dire , dans des cadavres
, fe montre à découvert dans le vivant ;
& le fcalpel en des mains auffi intelligentes que
celles des Hérophile, des Pecquet, des Harvey ,
&c. a été un inftrument d’autant plus utile que
nous ne devons qu’aux comparaifons exactes qu’ils
ont faites & aux différences qu’ils ont obfervées ,
les grandes découvërtes dans lefquelles confiftent
aujourd’hui les principales ncheffes de la médecine
du corps humai a.