
C ’eft ce qui-s’expliquera aux articles particuliers
de ces jeux.
On nomme aufli pofitif, un petit orgue que
l’on peut tranfporter ai Céme nt, femblable en tout
à un orgue ordinaire, hors que les jeux les plus
graves ne peuvent y avoir lieu, à caufe de la
petiteffe de l’inftrument. Le foufflet de ce pofitif
eft devant, afin que le muficien puiffe lui-même
le faire aller avec le pied.
Des fommiers.
En général, tout fommier d’orgue eft la partie
de l’orgue fur laquelle les -tuyaux font ranges ,
& qui leur diftribue le vent. .
Un fommier eft compofé de plufieurs parties.
Pour faire un fommier, il faut prendre du bois
de Hollande ou de Vofges ( le plus fec eft le meille
u r ) , le refendre & le corroyer, c’eft-à-dire, le
blanchir avec le rabot. On le laiffe enfuite trois fe-
maines ou un mois dans quelque endroit, comme,
par exemple, un grenier expofe aux variétés de
la température de l’air , pour lui laiffer faire fon
effet. Voyez pl. V , VI & VU de l’Art du Luthier,
tpme 5 des gravures. . . ' >
Après que le bois eft parvenu à fon état de
repos, on le dreffe bien de tous côtes, & on en
fait un châffis, pl. VI , fig. 2 , A B , C D , dont
les côtés les plus larges s’appellent la largeur ou
la profondeur du châffis, & les côtés les plus étendus
, la longueur du meme châffis : ces derniers
côtés font entaillés à leur partie intérieure. Les
entaillés, aufli bien que les denticules h qui les
fêparent, fuivent le diapafon.
Après que les deux longs côtés du châflis, qui
eft affemblé à queue d’ aronde , ou à tenons &
niortaifes , font entaillés , on fait des barres G H ,
F E , aufli longues que la largeur du châflis, &
d’un écarriflage égal à celui de l’entaille qu elles
doivent remplir exaâement : pour faire tenir ces
barres dans leurs entailles, on les colle & on les
cloue avec dés clous d’épingles.
Les barres & les intervalles qu’elles laiflent
entre elles, qui s’appellent gravures, doivent fuivre
le diapafon ; les entailles, comme on a dit, ont
la même largeur que les barres qui doivent les
remplir exactement, & les denticules la meme largeur
que les gravures auxquelles elles correfpon--
Après que le châflis & les barres font affemblés,
on dreffe le defliis & le deflous, Sf. on applique
fur le defliis une table a b c d , figure 3 , même
pl. VI,
Cette table eft aufli faite de bois de hollande,
que f.on- colle & l’on cloue fur le châflis & les
barres.. ^ ,
Lorfque la table eft collée & feçhee, on retourne
le fommier, enforte que les gravures foient
.en defliis, & l’on verfe dedans un plein chaude-
ton de colle, pour enduire & fermer tous les
joints & pores des bois : on réitère jufqu’à trois
rois la même opération, obfervant que pour le
premier enduit la colle foit très-claire , pour le
fécond un peu plus forte, & pour le troifième affez
épaiffe.
Lorfque les enduits de colle forte font féchés^
on ajufte des morceaux de bois x , x , pl. VI ,
fig. 2 , épais feulement d’une ligne & demie ou
deux entre les barres H G , E F , du fommier :
ces morceaux dé bois qui font à l'affleurement des
barres, doivent être éloignés de la barre de devant
du châflis d’une diftance H x , F x , B x ,
moins grande de quatre lignes que les foupapes
U’ont de longueur.
Après que ces morceaux de bois font collés
on colle des bandes de vélin fur la partie du
châflis A B * « , fig. 2.
Ces bandes de vélin couvrent la barre antérieure
A B , les parties H * , F * , B * , des tra-
verfes H G , F E , & les épaulemens x x qui bornent
le plan des foupapes.
Lorfque les bandes dé vélin font collées &
féchées, on colle de la-peau de mouton fur toute
l’étendue * * D C ; ce qui achève, avec le parchemin
des foupapes, de couvrir tout le deflous du
fommier.
Pour faire étendre la peau & réchauffer la colle,1
on fe fert d’un linge trempé dans de l’eau bouil-l
lante, que l’on exprime avant de l’appliquer fut
la peau; ce qui donne le moyen de la pouvoir
étendre à fon gré. Voye£ la fig. 4 , N L M , pl. VI»
Pour faire les foupapes, on prend du bois de
Hollande très-fec, on le dreffe & on le dégauchit
de tous côtés ; les foupapes doivent avoir de longueur
quatre lignes de plus que l’ouverture k x £
fig. a, & aufli quatre lignes de plus de largeur que
la gravure fur laquelle elle doit être appliquée ;
on abat enfuite les faces latérales en talus ou en
glacis , enforte que les deux longues faces laté-;
raies D C , fig. 8 , & fon oppofée, ne foient éloi-‘
gnées que d’une ligne ou une ligne & demie dit
trait de fcie a 0 de la foupape : on donne à la face
E 0 D une inclinaifon femblable, & à fon oppofée
qui eft la queue, celle de quarante-cinq degrés ÿ
enfuite on met des anneaux de fil-de-fer fur la
partie de devant.
Ces anneaux doivent être placés à l’extrémité'
antérieure 0 du trait de fcie 0 a, même fig. 8 , &
la foupape eft achevée ; on colle enfuite deflous
un morceau de peau de mouton parle côte glabre ,
enforte que le côté du duvet foit tourné en dehors
; ce morceau de peau doit être d’un pouce
ou un pouce & demi plus long que la foupape ,
& excéder de cette quantité du côté de la queue ;
ces morceaux de peau que l’on colle fur les pièces
x x de la fig. 2 , fervent de charnière aux foupapes
, fur la queue ou face poftérieure defquelles
on colle un morceau de la même peau, qui couvre
cette face & la charnière C B , fig. 8.
Ce
Ce morceau empêche que la foupape ne fe
flêcolle de la peau qui couvre toute la face inférieure.
Avant d’appliquer les foupapes fur les places
qui leur conviennent, on perce & découpe avec
un couteau le vélin qui ferme les gravures en
ces endroits, ainfi qu’on peut voir aux ouvertures
a a a, même pl. V I , fig. 4.
Après que les foupapes font ainfi collées , on
met à chacun de leur côté une pointe de laiton
ou de fil-de-fer vers la partie antérieure : ces pointes
fervent à guider la foupape dans fes mouve-
mensr, enforte qu’elle retombe toujours fur l’ouverture
de la gravure.
Lorfque les foupapes font faites & montées fur
le fommier, on fait la boîte F E , fig, 4, 6 ,7 ,9 & 10,
appelée laie, qui les enferme, laquelle n’a que trois
côtés : le côté F , fig. 6 & 9 , eft une planche de
bois de chêne de trois ou quatre pouces de large,
& aufli longue que le fommier.
Cette barre eft appliquée & collée fur les pièces
x , fur une partie defquelles les peaux des foupapes
font aufli collées.
Le côté F , oppofé à cette barre, s’appelle devant
de laie ; il eft compofé de deux planches entaillées
à mi-bois dans tout leur circuit.
Cette entaille du drageoir eft faite avec un
guillaume, aufli bien que celles du châflis qui reçoit
ces deux, devans de laie : voye^ la fig. 6 qui
eft le profil, & les fig. 7 & 10.
Les devans de la laie font revêtus de peau collée
par fon côté glabre, fur toute la furface qui regarde
l’intérieur de la la ie , pour la fermer exactement.
Chaque pièce du devant a deux anneaux G G ,
fig. 7 , 10 & 14, qui fervent.à la pouvoir retirer,
quand on veut rétablir quelque foupape.
Les devans de la laie font retenus dans leur
cadre par des tourniquets de fer p p , fig. 7.
Le deflous de la laie , qui eft le côté oppofé
aux foupapes, eft affemblé à rainure & languettes,
avec le fond E de la laie, & à tenons & à mor-
taifes, avec les trois morceaux de bois E F S ,
qui forment avec le fommier les deux cadres entaillés
en drageoir dans tout leur pourtour, qui
reçoivent les deux devans de la laie.
A la partie intérieure du deffous.de la laie, eft
collée une' barre de bois, fig. 6, aufli longue que
l’intérieur de la laie : cette barre eft traverfée par
des traits de fcie mm, fig. 7 , parallèles & directement
placés vis-à-vis ceux des foupapes qui doivent
les regarder.; ces traits de fc ie , tant ceux
des foupapes que de la barre de bois m , qu’on
appelle guide , fervent à loger un reffort f i g e ,
fig. 6 & 9 . •
Ces refforts qui font de laiton le plus élaftique
que l’on puiffe trouver, ont la forme d’un U de
Hollande majufcule : les deux extrémités de ces
refforts font le crochet vers là partie extérieure ;
ces crochets entrent dans des trous ƒ e percés ,
Arts & Métiers. Tome IV• Partie /.
l’un dans le trait de fcie de la foupape, & l’autre
vis-à-vis dans le trait de fcie du guide.
Ces refforts auxquels le guide fert de point
d’appui , fervent à renvoyer la foupape vers le
fommier, & à l’y tenir appliquée ; entre le guide
m & le devant de la laie , il doit y avoir des trous
d c; ces trous fervent à paffer les bourfettes d e , qui
communiquent aux foupapes par le moyen des S ,
e f , qui tiennent par une de leurs extrémités aux
anneaux ƒ des foupapes , & par l’autre aux anneaux
fupérieurs é des bourfettes.
Les foupapes font tirées par les touches du
clavier, par le moyen des targettes qui vont des
bourfettes à l’abrégé , & de celles qui vont de
l’abrégé aux touches du clavier.
Un des bouts de la laie eft bouché, & l’autre
bout a une ouverture carrée E D , pl. VII, fig. 14 »
entaillée en drageoir, comme les cadres qui reçoivent
les devans de laie : cette ouverture fert
à recevoir le porte-vent qui vient des foufflets.
Le deffus de la table du fommier eft garni d’autant
de tringles H H , pl. VI, fig. 7 , & une de
plus qu’il doit y avoir de jeu fur le fommier. Ces
tringles qui font de feuillet, font collées & clouées
fur la table, & doivent croifer les gravures; on
les appelle regiftres dormans, à caufe des regiftres
qui font placés entré eux.
Les regiftres, ainfi nommés de regere, gouverner,
parce qu’en effet ils gouvernent le vent qui
anime l’orgue , font des règles M N , pl. V I I ,
fig ,10 & n , de bois de feuillet très-fec : ces règles
doivent occuper toute la largeur que laiflent entre
eux les regiftres dormans, entre deux defquels
elles doivent couler facilement ; on colle fous le
regiftre, de la peau de mouton par le côté glabre :
le duvet,doit être tourné du côte de la table du
fommier, fur laquelle le regiftre doit pofer.
Les faâeurs de Flandre ordinairement, ne mettent
point de peau fous les regiftres , mais ils
dreffent fi bien la table du fommier & le regiftre,
que l’air ne fauroit trouver entre deux aucun paf-
fage ; cependant , la méthode de les garnir de
peau eft préférable, car pour peu que le bois travaille
ou gauchiffe , le vent s’introduit d’une gravure
dans une autre; ce qui produit un corne-
ment infupportable.
Après que les regiftres font placés fur le fommier
entre les tringles H H , fig. 7 , appelés regiftres
dormans, on les égalife à la hauteur de ces
tringles, & on met des épaulemens : les épaulemens
N O , M O ,pl. V I I , fig. 11, font des morceaux
de bois aufli larges que le regiftre , que
l ’on colle fur les extrémités, qui doivent excéder
la longueur du fommier d’un demi-pied de chaque
côté : les épaulemens doivent laiffer entre eux
une longueur 0 0 , même fig. 11 5 égale à toute la
longueur du fommier, & à la moitié de la dif-
tanee qui fe trouve entre le milieu d’une gravure,
I & le milieu de celle qui eft à côté.
H