
remplies de carrières de marbre qu’aucune autre
des états vo ifin s , & qu’il y ait des marbres fran-
çois capables de le difputer en fineffe de grain ,
en dureté & en poli , aux plus beaux marbres
étrangers ; ce n’eft guère cependant que depuis la
furintendance des bâtimens de M. C o lb e r t , qu’on
s’eft appliqué férieufement à exploiter celles qui
étoient découvertes, & à en fouiller de nouvelles
qui n’ont point fait regretter les peines & les dé-
penfes qu’il en a coûté d’abord.
Les provinces de France où fe trouve le plus
grand nombre de carrières de marbre & où les
marbres font les plus beaux, fön t, comme on vient
de le v o ir , la Provence , le Languedoc, le Bour-
b onnois, & celles qui font voifines des Pyrénées.
La plupart de ces marbres prennent leur dénomination
; les u n s , du nom général de la province
d*où on les tire ; d’autres , des villages où font
fituées les carrières.
Travail du Marbre.
L e marbre étant arrivé à l’a telie r, on le fcie de
répaifleur que l’on defire.
La fcie des marbriers eft fans dents ; elle a une
monture femblable à celle des fcies à débiter des
menuiliers , mais proportionnée à la force de l’ouvrage'
& de» routil.
Il y en a que deux hommes ont affez de peine
à é le v e r , pour les mettre en place. La feuille de
ces fcies eft fort large & allez ferme pour fcier le
m a rb re , en l’ufant p e u -à -p e u par le moyen du
grès & de l’e a u , que le fcieur y met avec une
longue cuiller de fer.
I l arrive fouvent que les fciages font mal dégauchis
, c’eft-à-dire, que les paremens ou pièces
de marbre, ne font point parfaitement unis. C e
Vice eft occafionné quelquefois par l’irrégularité de
la fcie , & quelquefois, par les durillons qu’elle
rencontre dans le marbre qui la détournent de fa
bonne route.
Ce s durillons font dans le marbre , ce que les
noeuds font dans le bois.
Pour remédier aux défauts de la fcie & du marbre,
on e û obligé de tailler les paremens & de lès
frotter avec du grès ; ce qui occalionne des dé-
penfes affez confidérables.
L e marbre étant f c ié , on le travaille a vec divers
cifeaux deftinés à cet u fa g e , & on y forme avec
les mêmes outils les moulures & les différens
deffins que l’ouvrage exige ou que le goût de l’ouv
r ier peut lui fuggêrer.
O n eft parvenu à fculpter le marbre pour des
ouvrages très-délicats, à l’aide d’une liqueur a cide,
formée d’un mélange d’efprit de fel & de vinaigre
diftillé. A van t de faire mordre l’a c id e , on couvre
ce que l’on veut conferver en relief a v ec un vernis
de gomme lacque diffoute dans de l’efprit-de-vin,
ou Amplement de la cire d’Efpagne diffoute dans
l’acide même. L ’acide n’attaque point ce vernis»
Pour polir le marbre, on y paffe du grès en
poudre , humeété avec de l’eau , & on le frotte
avec une pierre auffi de grès , jufqu’à ce que les
ondes qui fe trouvent fur les paremens unis
comme fur les deflùs de table êc autres, foient
difparues.
Si ce font des moulures | on fe fert d’une pierre
de grès qui leur foit conforme , 8c on les frotte
de même jufqu’à ce qu’elles foient bien correftes
& que la taille en foit ufée.
Après cela , on fe fe r t , pour frotter le marbre,'
de la terre des plats dont la cuiffon a été manquée
au four des potiers de terre , & que les marbriers
appellent rabat.
Cette opération adoucit le marbre, & le dipofe
à recevoir un autre poli au moyen de l’eau & de
la pierre ponce , avec laquelle on le frotte jufqua
ce qu’il n’y paroiffe ni raies , ni ondes, ni aucun
autre défaut.
L e marbre étant bien u n i , on le frotte avec un
linge imbibé de boue d'émeril. C ’eft une efpèce de
potée qui fe trouve fur les roues ou meules fur lef-
quelles les lapidaires taillent leurs pierres. Le marbre
acquiert, par ce tra v a il, un fort beau poli ; mais
pour le rendre encore plus brillant , on le frotte
avec la potée d’étain, qui eft de l’étain calciné &
réduit en poudre grisâtre.
Les matières qu’on emploie pour polir le marbre
, doivent toujours être imbibées avec de l’eau.
Marbre poli, celui q u i, ayant été frotté avec le
grès ou la pierre de Gothlande, & avec 1 ç rabot y
qui eft un morceau de bois d u r , eft enfuite repaffé
a v ec la pierre p on c e , & poli à force de bras avec
un tampon de linge & de la potée d’émeril pour
les marbres de couleur, & de la potée d’étain pour
les marbres blancs.
Ce lle d’émeril les rougïffant, il eft mieux de le
fervir , ainfi qu’on le pratique en Italie , d ’un morceau
de plomb au lieu de linge , pour donner au
marbre un plus beau poli & d’une plus longue
durée ; mais il en coûte beaucoup plus de temps
& de peine.
Le marbre f a l e , terne ou taché , fe repolit de
la même manière ; les taches d’huile particulière'
ment fur le blanc , ne peuvent s’effacer , parce
qu’elles pénètrent.
Marbre fini, celui q u i, ayant reçu toutes les opérations
de la main-d’oe u v r e , eft prêt à être pofé
en place.
Des ouvrages de Marbrerie,
Les ouvrages de marbrerie fervoient autrefois
à revêtir non-leulement l’intérieur des temples, palais
, & autres grands édifices-, même quelquefois
l’extérieur. Qu oiqu e cette matière foit devenue
très-rare chez n o u s , on s’en fert encore dans 1 intérieur
des églifes , dans les veftibul’es , grandes
faites & fallons des palais , & autres maifons d’importance
, fur-tout dans des lieux humides, comme
grottes \ fontaines , laiteries \ appartemens des
bains, & c . ' r >
Tous ces ouvrages fe divifent en plufieurs ef-
pèces; les uns confiftent dans toutes fortes d’or-
nemens d’architeâure ; les autres dans des com-
partimens de p avés de marbre de différentes fortes ;
les premiers comme ayant rapport aux décorations
d’architeéture , nous les pafferons fous filence.
Les autres font de deux fortes ; la première,
appelée fimple, eft celle q u i , n’étant compofée que
de deux couleurs , ne forme aucune efpèce de
figure ; la fécondé, appelée figurée, eft celle q u i ,
étant compofée de marbres de plus de deux couleurs,
forment par-là différentes figures.
Explication des Planches de la Marbrerie, tome III
des gravures,
P L A N C H E P R E M I È R E .
La vignette de cette planche repréfente un atelier
de marbrerie, parfemé çà & là de blocs de marbre
de toute e fp è c e , au fond duquel eft une efpèce
de hangard où l’on travaille à couvert.
Dans cet atelier font plufieurs ouvriers occupés
à différentes ch ofes ; l’un à fcier des blocs a; un
autre à tailler un bloc de marbre, pour fervir de
tombeau b; & un autre c, appuyé contre le hangard.
Sur le devant font quelques chambranles, carreaux
& dalles de marbre.
Compartimens des pavés fimples.
I f fig- i pl-1 repréfente le plan d’un pavé comp
té de carreaux carrés blancs & n o ir s , ou de
deux autres couleurs, alternativement difpofés les
uns contre les autres en échiquier.
La 2 repréfente le même deflin , mais dif-
pofé en lofange.
La fig. J repréfente un femblable defiin de carreaux
carrés d’une même couleur , croifés & entrelacés
par d’autres noirs, ou d’une autre couleur.
. fig- 4 eft un compartiment de carreaux en
pointes de diamans noirs & blancs , ou de deux
autres couleurs différentes.
. fig- $ pi- II repréfente le plan d’un compartiment
de carreaux en lofanges, tranchés auffi de
deux couleurs.
La fig. 6 repréfente un autre compartiment de
barreaux triangulaires , auffi de deux couleurs dif-
erentes, difpofés en échiquier,
o fig 7 eft un deffin de carreaux carrés bordés
Z ^trelacés chacun de bâtons rompus ou plates-
andes d’un marbre d’un autre couleur.
La fig. 8 eft un autre deffin de carreaux o&o- "
g°nes, avec de petits carreaux carrés d’une autre
couleur , difpofés en échiquier.
* fig- 9 eft le plan d’un compartiment de marbre
agone, étoilé, auffi de deux couleurs*
La fig, 10 eft un autre plan de compartiment
d’étoiles confufes en marbre, q u i, quoique de trois
couleurs différentes , ne peut être admis dans la
fécondé efpèce.
Des compartimens de pavés figurés,
La fécondé forte appelée compartimens figurés, font
ceux q u i , dans la manière dont ils font deffinés,
forment des figures de toute efpèce , telles font
les fuivantes.
L a fig. n pl, III eft le plan d ’un pavé de marbre
de quatre couleurs d ifférentes, repréfentant des dez
A avec fonds B.
La fig. y eft le plan d’un autre pavé d e marbre
de trois couleurs différentes, repréfentant auffi dés
dez A , mais fans .fonds.
LQfig, 13 eft le plan d’un pa vé de marbre de trois
cou leurs, repréfentant des exagones étoilés avec
bordures A .
L a fig. 14 eft le plan d’un pavé de marbre de
trois cou leurs, compofés de ronds A , entrelacés
en B.
La fig. if eft le plan d’un autre pavé de marbre ,
auffi compofé de trois couleurs différentes, com-
pofé de ronds A , avec bordures B.
L a fig. 16 e ft un autre plan de pa vé de trois couleurs
, repréfentant des o liogones A , régulièrement
irréguliers , avec bordures B , en petits carrés C ,
difpofés en échiquier.
Les fig. 17 & 18 pl. IV font des foy ers de grandes
cheminées, dont le premier en marbre veiné eft:
diffribué par. bandes de panneaux A & demi-panneaux
B , en lofan ge, d’un marbre plus fon c é ; le
fécond bordé d’une plate - bande A , de marbre
b lan c , eft auffidiftribué de différens panneaux B ,
& d’une autre fo rm e , ornés d’étoiles par leur extrémité.
' L es fig. ip & 20 font auffi deux foyers de cheminées
plus petits que les précédens ; le premier en
marbre v e in é , bordé de plate-bande A , formant
des panneaux B , en pointe de diamant.
Les fig\ 21, 22 , 23 & 24, font des plates-bandes
dont les deffins font difpofés de manière à répondre
aux compartimens des arcs-doubleaux des
voûtes , fubdivifées chacune de panneaux carrés;,,
circulaires ou o v a le s , av ec cadres , entrelacés &
non entrelacés, en marbre afforti de différentes
couleurs.
Le fig. 2f pl. V, eft le plan d ’un pavé d’un marbre
propre à placer dans un fallon carré , & dont
le plafond terminé en vouffure s’arrondiroit vers
le m ilie u , pour former des arcs - doubleaux. C e
pavé eft fubdivifé de cadres & de panneau x, &
le milieu arrondi repréfente, par fes différens panneaux
, les arcs-doubleaux de la voûte.
La fig. 26 eft un plan, de pavé deftiné , comme le
précédent, à un fallon , mais dont le plafond s’éle-
veroit en forme de calotte.
La fig. 27 eft le plan d’un autre compartiment de