
On emploie encore pour ferrer les panneaux !
certains outils de bois nommés étreignoirs , lesquels
font compofés de deux fortes pièces nommées
jumelles, de quatre à cinq pieds de long fur
quatre à cinq pouces de large & deux pouces d’é-
paiffeur. A fix ou huit pouces des bouts de ces jumelles
eft percée une mortaife quarrée d’environ
un pouce & demi, laquelle eft au milieu de leur
largeur, & dans ces jumelles on fait paffer une tige
de huit à neuf pouces de long. On pratique deux
ou trois mortaifes femblables dans la partie fupè-
rieure des étreignoirs, & l’on y pafle une autre
tige de mêmes forme & longueur que la première.
, Quand on veut ferrer un panneau avec lés étreignoirs
, on le pafle entre les deux jumelles, & on
l’appuie fur la tige du bas; on approche les jumelles
fur lefquelles le panneau eft dreffé , on pafle
la tige de deflus dans la mortaife la plus proche du
panneau ; enfuite on fait paffer un coin de bois
que l’on enfonce avec le maillet entre la tige & le
panneau.
Il faut deux étreignoirs au moins pour ferrer un
panneau ; du refte l’ufage de ces outils eft très-bon,
parce qu’ils ménagent l’ouvrage.
Des outils pour les chantournemens, les moulures, &
de ceux propres à finir l’ouvrage.
O n a déjà vu que l’on fe fert de la fcie à tourner
pour chantourner les/traverfes ; enfuite on
atteint le trait, qu’on met d’équerre autant qu’il eft
poflible , avec le rabot cintré ; à fon défaut, on fe
fert du ciféau , de la râpe à bois & du racloir.
La râpe à bois eft une efpèce de lime dont les
dents font faillantes & piquées en forme d’un demi
cercle.
Il y a différentes efpèces de ces râpes à bois ;
favoir, les rudes , les douces, celles qui font plates
d’un côté & rondes de l’autre,d’autres qui font plates
des deux côtés ; il en eft encore de coudées, qui
fervent à finir le fond des gorges.
Les racloirs font des morceaux d’acier de deux
à trois pouces de long fur environ un pouce de
large : ils entrent en entaille dans un morceau.de
bois qui fert à les tenir. On affûte le fer de ces
outils à l’ordinaire puis avec la panne d’un mar- .
teau, on replie le fer en dedans à contre fens du
bifeau, en forte qu’en le paflant fur le bois, il enlève
des copeaux très-minces.
Après que les traverfes font chantournées, ôn les
raine avec les bouvets cintrés ou avec un bec-d’âne
de la groflfeur de la rainure.
Les outils pour les moulures font en très-grand
nombre, mais la manière de les faire & de s’en
fervir étant prefque toujours la même, il fuffit d’ob-
ferver qu’en général ces outils doivent avoir neuf
pouces de longueur fur trois pouces à trois pouces
& demi 3e largeur & une épaiffeur relative à leur
forme : les lumières de ces outils doivent avoir
cinquante degrés de pente, & être déverfès en
dehors pour faciliter la fortie des copeaux; enfin, I
leurs fers, ainfi que leurs coins , doivent entrer der-1
rière le conduit d’environ une ligne : il faut au fil que
les outils des moulures portent non-feulement fur I
la tringle qu’on met dans la rainure , mais encore I
fur le nu du champ, afin que l’ouvrage profile |
bien.
Quant aux outils qui ont deux fers, comme les
doucines à baguettes & les talons renverfés, on
ne les fait diftans l’un de l’autre que de l’épaiffeur I
de celui de deflus.
Les outils à dégagement font les boudins, les I
doucines à baguettes & les talons renverfés : à cet I
égard , on obferve que le dégagement de la baguette
eft fouvent très-mince & fujet à fe caflfer, ]
c’eft pourquoi ôn en rapporte un à bois de bout, |
qui eft de cormier, de buis > ou bien d’os ou d’i-1
voire, & même de cuivre.
La plupart des fers des outils de moulure fe trou-1
vant tout faits chez les marchands , on les affûte
d’abord fur le grais , enfuite fur l’affiloire ou pierre I
à affiler , efpèce de pierre grife parfemée de points I
brillans , qui fe tire de la province d’Anjou. I
Lorfque les moulures font pouffées , on les finit,
& fuivant l’expreffion d’ufage , on les relève, en
les dégageant & en arrondiifant les talons & les
baguettes.
Les outils propres à cet ufage font les mouchettes
à joues, les grains d’orges, les mouchettes de toute
groffeur, les becs de carie, les gorges fouillées.
Les mouchettes font des outils à fût qui fervent à
arrondir l’ouvrage, & dont le fer eft affûté en creux.
Les mouchettes à joues diffèrent- des autres mouchettes,
feulement parce qu’elles ont deux joues à
leur fût pour appuyer deflus & contre le bois qii’on
travaille.
Les becs de cane fervent à dégager le deffous des
talons ou des baguettes, lorfque les mouchettes
à joues n’y peuvent pas pénétrer : ils différent des
autres outils de moulures en ce qu’ils coupent horizontalement
, au lieu que les autres coupent d’aplomb.
La pointe des becs de cane étant très-mince, &
le bois de ieur fût ne pouvant guères fubfifter longtemps,
on a coutume de les fortifier par des femelles
de cuivre ou de fer.
Les gorges fouillées font des efpèces de becs de
cane qui ne different que pareeque leur extrémité
eft arrondie en forme de gorge , & qu’elle porte un
quarré. Les menuifiers font ordinairement le fer de
ces outils, parce qu’on en trouve rarement de tout
faits chez les marchands. On les emploie à fouiller
le deffous des talons pour élargir & terminer le fond
des gorges. , , ' . ■ . *
Le guillaume de côté eft Un outil dont le fer en
placé d’à-plomb , & qui coupe horizontalement:»
fert à élargir les rainures ou à redreffer celles qui font
mal faites.
Equarrir les panneaux , c’eft les mettre à la largeur
& à la longueur convenables ; on y pou"e
enfuite les petites bandes avec un outil nommé
gudlaume à plates-bandes : cet outil diffère des
autres guillaumes, parce qu’il a un conduit, & que
la pente de la lumière eft inclinée en dedans fur la
largeur du fer pour le rendre plus doux & plus
propre à couper le bois de bout & de rebours.
Cet outil a deux fers, l’un qui forme ce que
l’on appelle plate bande , l’autre le quarré , lefquels
font enfemble environ quatorze à feize lignes de
largeur : au-deffus, & vers le bout de ce guillaume,
il y a une encoche femblable à celle du feuilleret
d’établi, laquelle fert à appuyer la main de l’ou-
vriér.
Il y a auffi des guillaumes à plates-bandes cintrées,
tant fur le plan que fur l’élévation.
Lorfqu’on a pouffé le guillaume à plate bande
à la profondeur néceffaire, on répare le quarré avec
un guillaume ordinaire qu’on affûte quarrément ,
afin qu’ilmorde également des deux côtés.O11 borne
la hauteur du quarré avec un petit feuilleret dont
le conduit n’a de hauteur que celle du quarré.
Si le bois des plates-bandes eft trop de rebours,
on le reprend à fens contraire avec un guillaume à
- adoucir, lequel eft de huit à neuf pouces de long,
& qui a fes arrêtes arrondies.
Lorfque l’ouvrage eft à double parement, il faut
pouffer les plates bandes des deux côtés , en commençant
par le parement, & le mettant enfuite au
molet par derrière, c’eft-à-dire en faifant fes lan-
I guettes d’une épaiffeur égale à celle de la rainure :
on emploie pour cet effet un'morceau de bois de
trois à quatre pouces de long, où l’on fait une rai-
i nure dans laquelle on fait entrer la languette en
l’aminciffant avec le guillaume à plates-bandes.
Le feuilleret à mettre au molet, dont on fe fert
I pour les ouvrages à un feul parement, a neuf à dix
pouces de long : fon fer eft en pente en dedans ,
& afept lignes de largeur depuis le nu du conduit.
Après avoir pouffé les plates .- bandes autour
i des panneaux , on les replanit, ou l’on en ôte les
irrégularités avec un rabot à grand fer , enfuite
I avec des rabots plus doux.
Les panneaux étant finis , il faut ajfembler l’ouvrage
en préfentant & ajuftant chaque pièce à la
| place qui lui eft deftinée; mais il faut auparavant
j recaler les onglets avec le cifeau ou le guillaume.
Les cadres & les autres pièces qui font toutes
d’onglet , fe recalent avec la varloppe à onglet,
I laquelle ne diffère des rabots qu’en ce qu’elle eft
I plus longue, ayant douze à quatorze pouces de lon-
r gueur ; la pente de fa lumière eft aufli plus droite.
On fe {ert encore pour recaler d’un outil de bois
I que l’on nomme boîte à recaler, compofée de quatre
I morceaux de bois joints enfemble à angles droits
[ d’équerre. Un des bouts de cette boîte eft coupé
I d onglet. Pour en faire ufage , on arrête avec le valet
I le cadre qu’on veut recaler, de manière que le trait
I de larrafement affleure le dehors de la boîte ; &
I I on recale le bout du cadre qui excède cette dernière
I avec la varlope à angle.
L’ouvrage étant affemblé, on met les panneaux
à leur, place, afin de le cheviller & de le fixer.
S’il y a des traverfes cintrées, on les affeitibie
avant de les pouffer, puis on les profile par les bouts
avec une pointe à tracer ; on les défaffemble enfuite,
puis on les pouffe à la main.
Les outils propres à pouffer à la main font les
cifeaux , les fermoirs de toutes grandeurs , les fermoirs
à nez ronds, les gouges de toute efpèce, les
carrelets ou burins , les petites râpes , les feies à dégager
, tant droites que coudées , & la peau de
chien de mer.
Les fermoirs & les cifeaux dont il eft ici queftion,
ne diffèrent des autres connus qu’en ce qu’ils font
plus petits, quelques-uns n’ayant que deux lignes
de large.
Le fermoir à ne^ rond eft d’une forme biaife par
fon extrémité ; il eft très-commode pour ragréer les
moulures & pour fouiller & vider les angles.
Les gouges font des efpèces de fermoirs creux,
lefquels fervent à creufer & à arrondir les moulures;
il y a des gouges de toutes groffeurs, depuis une
ligne jufqu’à deux pouces de large ; il y en a de
coudées,. les unes en dedans , les autres en dehors ;
il y en a aufll de creufes & de plates, fuivant les
différens befoins.
Les carrelets ou burins font de petits fermoirs re-
ployés à angle droit 8c évidés dans le milieu : on
s’en fert pour couper & évider les filets.
Les feies à dégager font de petits outils de fer
garnis d’un manche dont l’extrémité eft reployée à
angle droit & garnie de dents ; il y en a de différentes
épaiffeurs ; il y en a aufli de coudées qui
font l’office du bec-d’âne dans les cintres.
Les feies à découper font de petits morceaux de fer
minces dentés par un bout, qui s’affemblent dans
la tige d’un trufquin ordinaire où elles font arrêtées
avec un coin ; ou elles s’affemblent dans une efpèce
de trufquin à verge dont la tête eft percée d’une
mortaife pour les recevoir. On peut avec cet outil
découper les parties circulaires & lever le devant
des filets & des baguettes , en y ajuftant un fer de
mouchette.
La peau de chien de mer, foit douce, foit rude,
fert à polir les moulures.
On emploie aufli pour pouffer les moulures cintrées
de petits outils nommés fabots, lefquels ne diffèrent
des autres outils de moulures que parce qu’ils
font cintrés & beaucoup plus courts, n’ayant qu’un
pouce de long de chaque côté du fer.
L’ouvrage étant prêt à cheviller, on le ferre avec
les fergens afin d’en faire approcher les joints ; en-
fuite on perce avec un villebrequin deux trous à
chaque tenon qui doivent être près de l’arrafement
aux traverfes du milieu ; & pour les traverfes des
bouts, le premier trou du côté de la moulure fe
perce proche de l’arrafement, & l’autre au milieu du
champ, pour que les deux trous ne rencontrent pas
le fil du bois, ce quil’expoferoirl1 fe fendre
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