
talon étant fort abattu , les lames pourroient intè-
reffer les parties molles ; & vous ferrerez extrêmement
court, afin que le talon porte toujours plus
bas. . . .
Si l’animal eft bouté, vous lui mettre^ en fuite
de la même parure un fer de mulet, relevant plus
ou moins en pince, pour l’àffeoir toujours davantage
fur les talons, pour contraindre la partie à
rentrer fur la ligne qu’elle a quittée dans ce cas,
& pour remettre-le cheval dans fa pofition naturelle.
\
Il eft cependant important d’obferver qu’une ex-
tenfiontrop fubite des tendons retirés, cauferoit des
douleurs inévitables à l’animal, & occafionneroit
infailliblement une claudication : aufli ne doit-on
l’affeoir ainfi qu’infenfiblement, par degrés , & en
facilitant le jeu de cette partie par des applications
d’herbes émollientes , telles que les feuilles de
mauve , guimauve -& de bouillon-blanc , que 1 on
fait bouillir jufqu’à ce qu’elles acquièrent une con-
fiftance pulpeufe. On les place fur la partie pofté-
rieure du canon depuis le genou jufqu’au boulet ;
on les y arrête par le moyen d’une ligature ou d’un
bandage , & on les humeéte plufieurs fois par jour
avec ce qui relie de la déco&ion de ces mêmes
plantes.
Ferrure des chevaux qui fe coupent & qui forgent.
Nous difons qu’un cheval s’entretaille ou fe coupe,
lorfqu’en cheminant il touche fans ceflè & à chaque
pas avec le pied qu’il meut, le boulet de la jambe
qui eft à terre ; de manière qu’à l’endroit frappé ,
le poil paroît totalement enlevé, & qu’il réfulte fou-
vent de ce heurt ou de ce frottement continuel, une
plaie plus ou moins profonde , que l’on apperçoit
. aifément à la partie latérale interne du boulet, &
d’autres fois derrière le boulet même, fur-tout lorf-
que l’animal a été vivement troté fur des cercles ou
à la longe.
Il s’entretaille plus communément des pieds de
derrière que de ceux de devant; fouvent il ne fe
. coupe que d’un-pied, quelquefois de deux, d’autres
fois encore de tous les quatre enfemble.
Quelle que foit la caufe du défaut dont il eft
qoeftion, on peut fe flatter de le détruire par la ;
voie de la ferrure, à moins que la foibleffe de l’animal
ne foit telle, qu’il foit abfolument à rejeter.
Ce n’eft pas que je prétende que la ferrure donne
de la force , change la conformation du cheval,
s’oppofe à fa laflitude , diminue fa pareffe , & lui
forme l’habitude, de cheminer; mais elle l’oblige1 &
le contraint à une fituation & à une a&ion, quii
éloigne le port de fon pied du boulet qui ferait;
atteint & heurté.
Les chevaux peuvent fe couper aux talons ou en
pince : dans le premier cas, fi après avoir abattu
le quartier de dehors jufqu’au v i f , &laiffé fubfifter
le quartier de dedans dans fon entier , vous n’avez
pu remplir votre objet, ajuftez un fer à la turque ,
c’efl-à-dire , un fer dont la branche dé dedans ait
le triple ou le quadruple d’épaiffeur de plus qUe
celle de dehors ; & n’étampez point à cette branche:
alors le quartier de dedans étant beaucoup relevé
& l ’animal repofant beaucoup plus fur celui de
dehors , ce qui change la fituation de fa jambe &
le port dé fon pied, il ne fe coupe plus.
J’ai au contraire éprouvé plufieurs fois auffi
qu’en mettant la branche à la turque eh dehors
& en fuivant une méthode diamétralement oppofée,
je parvenois au but auquel il ne m’avoit pas été I
■ poflible d’arriver par le fecours de la première.
Dans le fécond cas, c’çft-à-dire, dans celui o'ule I
cheval fe coupera en pigée , que votre fer à latur- I
que ne foit pas d’une égale épaiffeur dans toute le- I
tendue de la branche de dedans ; qu’il ait feulement
Une élévation , un croiffant & point de clous à l’en* I
droit où il fe coupera. Si vous en brochez à Côté du I
croiffant, rivez-les avec le feu ; brûlez l’ongle au I
deffous de la fortie des lames , pour y faire entrer I
les rivets : & comme le fer à la turque, dans toute I
l’étendue de la branche de dedans , n’ eft point arrêté
, mettez-y un pinçon capable de le maintenir I
en place.
Quant au cheval qui forge, oïl il forge fur les I
éponges , ou il forge fur la voûte.
Mettez à celui qui forge fur les éponges, un fer I
ordinaire dont les éponges ne déborderont point s I
& feront comme genetées ; abattez beaucoup les I
talons des pieds de devant; que ceux de derrière I
foient très-courts & très-relevés en pinces ; que I
leurs talons foient néanmoins abattus , dans la I
crainte que le cheval ne devienne rampin : & s’il I
forge à la voûte , ajuftez un fer anglois en devant, I
dont la voûte fera extrêmement étroite.
Parure des chevaux qui ont des feymes.
Parez le pied à l’ordinaire, abattez les talons ; I
& ajuftez un fer à lunette , ou un fer à derai-lu-
nette. Le quartier, à l’endroit où eft la feyme,ne
repofant point fur un corps dur, fera infiniment I
foulage, & lafeyme pourra fe reprendre plus ai- I
fément. Subftituez enfuite à ce fer à lunette ou a I
demi-lunette, un fer à pantoufle, à l’effet d’otjvnr
les talons qui n’auront pas été maintenus , les
éponges des premiers fers ayant été coupées jufqua
la première étampure.
Ferrure des chevaux qui ont des foies ou des pieh
de boeuf.
Mettez un fer ordinaire ; mais pour empêcher j
que la partie affe&ée porte & repofefur lerer, ;
pratiquez un fifflet ; entaillez l’ongle au bas de la
pince , au deffous de la fente & de la divifion»
& que votre fer ait deux pinçons répondant au
deux côtés, du fifflet, afin qu’il foit plus furemen
maintenu.
l Ferrure des chevaux qui ont des bleymes»
Découvrez, emparant, lableyme autant
eft pof&ble ; abattez le talon fain au niveau de
l’autre, pourvue le pied foit égal ; ferrez à demi-
lunette , pour que la bteyme non contrainte de
orter fur un corps dur, fe guériffe plus aifément,
& pour parer à l’encaftelure : ferrez enfuite à pantoufle
»
Ferrure des chevaux qui butent.
Les termes de buter & de broncher , font ceux
dont nous nous Servons pour exprimer en générai
l’aftion d’un cheval qui fait un faux pas : il bute,
jorfque ce faux pas eft occafionné par le heurt de
fes pieds contre un corps quelconque plus ou moins
haut, & qu’il auroit franchi, fi le mouvement de
fajambeeût été plus relevé f i l bronche, lorfque
le pied qu’il met à terre eft mal afluré & porte à
faux. 1 .
Ces deux vices fonteffentiels, fl les faux pas font
fouvent répétés ; car l’animal peut enfin tomber &
eftropier le cavalier , qui d’ailleurs doit être dans
une appréhenfion continuelle, & fans ceffe occupé
du foin de foutenir fon cheval. Ils proviennent ordinairement
d’une foibleffe naturelle ou d’une foibleffe
acquife , & quelquefois auffi de la foibleffe,
^ de l’allure de certains chevaux ; ou de leur pareffe.
J’ai remarqué que dans des chemins difficiles,
I l’animal fujetà broncher ou à buter, étoit plus ferme
: que fur un terrain bon & u n i, pourvu que celui
| qui le monte ne le preffe point & le foutienne, en
I lui laiffant néanmoins la liberté de choifir , pour
! ainfi. parler , fes pas. Sans doute que l’attention du
cheval, dans de pareilles circonftances , eft fixée
paf la crainte où il eft de buter , de broncher &
défaire une chiite.
Du refte, il eft rare que des chevaux chargés
| d épaules, abandonnés fur leur devant & non aflis,
i & qui ne font montre d’aucune liberté & d’aucune
foupleffe en maniant leurs membres , ne' butent
ou ne bronchent, puifqu’ils rafent néceffairement
I toujours le tapis.
On conçoit que des jambes fortement ufées,
i des épaules froides , chevillées , foibles, engourdies
& pareffeufes, ne pourront acquérir plus de
perfeâion dans leur jeu au moyen de la ferrure ;
j ®*IS on peut du moins par la parure & par l’a-
; jufture du fer, donner à leurs pieds .une forme telle,
qu elle diminuera la facilité qu’ils auroient à heurter,
& a rencontrer les obftacles qui fe trouvent fur leur
paflage. , -
Pour cet effet, abattez beaucoup le talon ; que le
, gutniffe fort en pince , & relève légèrement :
etampez-y gras , puifque le fer doit 'garnir, & ge-
; netoz un peu en talon, parce que n’ayant pas, étant
genete, le même point d’appui, l’animal fera forcé
l Porter beaucoup moins en pince , & l’extenfion
u tendon étant plus grande , le mouvement fera
beaucoup plus facile, .
Ferrure contre les clous de rue & contrôles chicots.
femble que le plus court moyen de défendre
Arts 6* Métiers. Tome IV. Partie II.
cette partie des accidens dont il s’agit, feroit d’employer
des fers couverts, tels que ceux que l’on
met aux pieds des mulets; mais la différence des
pieds du cheval & de ceux de ces animaux , ne permet
pas d’en ufer ainfi.
La force des pieds du devant du cheval réfide
dans la pince ; celle des pieds des mulets dans les
talons : or , les fers couverts demandent néceffai-
reinent que l’on pratique un fifflet pour l’écoulement
des eaux qui pénètrent entre l’ongle & le
fe r , & cette méthode eft abfolument impraticable
aux chevaux , par la raifon que. le fifflet fait en
pince affoibliroit cette partie qui eft la plus folide :
d’ailleurs le pied du cheval naturellement moins fec
& plus humide que celui du mulet, fe corromproit
dans les temps froids, & fe deffécheroit dans le
temps des chaleurs par la privation de l’air.
Le parti que [quelques-uns prennent à cet égard,
c’eft-à-dire, pour obvier aux inconvéniens des clous
de rue & des chicots , eft de ne jamais parer ni la
foie, ni la fourchette , à moins que la foie ne s’é-,
caille avec le temps ; car alors on enlève la portion
qui fe détache : on procède ainfi, fous prétexte que
la foie par fon épaiffeur , fera capable de réfifter à
la piqûre des corps Gfui pourroient pénétrer dans
le pied , & en empêchera i’introduétion. Mais d’une
autre part, cette manière de ferrure peut endommager
le pied, & y fufeiter d’autres maux plus
dangereux quelquefois que ceux dont on veut les
préferver.
Ferrure des chevaux fujets à fe déferrer.
Les chevaux fujets à fe déferrer , font ceux dont
les pieds font trop gras, trop grands ou trop larges ;
ceux qui forgent & ceux dont les pieds font dérobés
, c’eft-à-dire, dont l’ongle eft fi caffant, que
la lame la plus déliée y fait des brèches confidé-
rables près du fe r , & laiffe entrevoir des éclats
à l’endroit où les clous font rivés.
Les premiers exigent que le maréchal broche le
plus haut qu’il eft poflible , l’affllure étant exafte-
ment droite ; il eft conféquemment obligé malgré
lui de rifquer de ferrer ou d’enclouer.
Quant aux féconds, les fers doivent être ge-
netés, & la ferrure ne différera en rien de celle que
j’ai preferite pour les chevaux qui forgent. A l’égard
des derniers , on cherchera à contenir le fer par un
pinçon ; on l’étampera, & on le percera fans aucune
attention aux règles ordinaires , puifqu’il n’eft plus
de prife aux lieux où devroient être brochés les
clous.
Ferrure des mulets•
Rarement le pied de ces fortes d’animaux eft-il
encaftelé, vu la force dont font pourvus en eux
les talons. On doit en général en parer l’ongle ,
de façon qu’on refferre les talons , s’ils ne fe reffer-
rent pas d’eux-mêmes; mais en les abattant, il ne
faut néanmoins pas les affoiblir. Ajuftez-y un fer
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