
briques ; la première, qu’on appeloit didodoron , qui
avoit deux palmes en carré ; la fécondé, tetradoron,
qui en avoir quatre; & la troifième, pentadoron, qui '
en avoit cinq : ces deux dernières manières ont été
long-temps employées par les Grecs. On faifoit encore
à Rome des demi-briques & des quarts de briques
, pour placer dans les angles des murs & les
achever. La brique que l’on faifoit autrefois, au
rapport de Vitruve, à Calente en Efpagne , à Mar-
feille en France, & à Pitence en A fie , nageoit fur
l ’eau comme la pierre - ponce , parce que la terre
dont on la faifoit étoit très-fpongieufe, & que fes
pores externes étoient tellement ferrés lorfqu’elie
étoit sèche, que l’eau n’y pouvoit entrer, & par
conféquent la faifoit furnager.
La grandeur des briques dont on fe fert à Paris
& aux environs, eft ordinairement de huit pouces
de longueur, fur quatre de largeur & deux d’épaif-
feur , & fe vend depuis 50 jufqu’à 40 livres le
millier.
Il faut éviter de les faire d’une grandeur & d’une
épaiffeur trop confidérable, à moins qu’on ne leur
donne pour fécher un temps proportionné à leur
groffeur; parce que, fans cela, la chaleur du feu
s’y communique inégalement , & le coeur étant
moins atteint que la fuperficie, elles fe gercent &
fe fendent en cuifant.
La tuile pour les couvertures des bâtimens, le
carreau pour le fol des appartemens, les tuyaux de
grès pour la conduite des eaux, les boiffeaux pour
les chauffes d’aifance , & généralement toutes les
autres poteries de cette efpèce , fe font avec la
même terre, fe préparent & fe cuifent exactement
de la même manière. Ainfi, ce que nous avons dit
de la brique, peut nous inftruire pour tout ce que
l’on peut faire en pareille terre. Voye{ l'art du
Briquetier, tome I de ce Di&ionn. des Arts, pag. 301.
Du fable.
Le fable., du latin fabulum, eft une matière qui
diffère des pierres & des caillou? ; c’eft une efpèce
de grayier de différente groffeur, âpre, raboteux
& fonore. Il eft encore diaphane ou opaque, félon
fes différentes qualités, les fels dont il eft formé,
& les dïfférens terrains où il fe trouve.
Il y en a de quatre efpèces ; celui de terrain ou
de cave, celui de rivière, celui de ravin , & celui
de mer.
Le fable de cave eft ainfi appelé , parce qu’il fe
tire de la fouille des terr.es', lorfque l’on conftruit
des fondations de bâtimens. Sa couleur eft d’un
brun noir. Jean Martin , dans fa traduéïion de
Vitruve, l’appelle fable de fojfé. Philibert de Lorme
, l’appelle fable de terrain. Perrault n’a point voulu
lui donner ce nom, de peur qu’on ne l’eût confondu
avec terreux, qui eft le plus mauvais dont on puiffe
jamais fe fervir. Les ouvriers l’appellent fable de
cave, qui eft l'arena di cava des Italiens. Ce fable
eft très-bon lorfqu’il a été féché quelque temps à l’air.
Vitruve prétend qu’il eft meilleur pour les enduits
& crépis des murailles & des plafonds , lorfqu’og
l’emploie nouvellement tiré de la terre ; car fi on
le garde, le foleil & la lune l’altèrent, la pluie le
dinout, & le convertit en terre. Il ajoute encore
qu’il vaut beaucoup mieux pour la maçonnerie que
pour les enduits, parce qu’il eft fi gras & sèche
ü promptement, que le mortier fe gerce ; c’eft pourquoi
, dit Palladio , on l’empl<5ie préférablement
dans les murs & les voûtes continues.
Ce fable fe divife en deux efpèces ; l’une que l’on
nomme fable mâle, & l’autre fable femelle. Le premier
eft d’une couleur foncée & égale dans fon
même lit; l’autre eft plus pâle & inégale.
Le fable de rivière eft jaune, rouge ou blanc,'
& fe tire du fond des rivières ou des fleuves, avec
des dragues faites pour cet ufage ; ce qu’on appelle
draguer. Celui qui eft près du rivage eft plus aifè
à tirer, mais n’eft pas le meilleur, étant fujet à
être mêlé & couvert de vafe ; efpèce de limon qui
s’attache deffus dans le temps des grandes eaux &
des débordemèns. Alberti & Scâmozzi prétendent
qu’il eft très-bon lorfqu’-on a ôté cette fuperficie, qui
n’eft qu’une croûte de mauvaife terre.
Ce fable eft le plus eftimé pour faire de bon mortier
, ayant été battu par l’eau, & fe trouvant par-là
dégagé de toutes les parties terreftres dont il tire
fon origine : il eft facile de comprendre que plus il
eft graveleux, pourvu qu’il ne le foit pas trop, plus
il eft propre, par fes cavités & la vertu de la chaux,
à s’agraffer. dans la pierre, ou au moellon à qui
le mortier fert de liaifon. Mais fi, au contraire, on
ne choifit pas un fable dépouillé de toutes'fes parties
terreufes, qu’il foit plus doux & plus humide,
il eft capable par-là de diminuer & d’émouffer les
efprits de la chaux, & empêcher le mortier fait de
ce fable de s’incorporer aux pierres qu’il doit unir
enfemble , & rendre indiffolubles.
Le fable de rivière eft un gravier, qui, félon
Scâmozzi & Alberti, n’a que le deffus. de bon, le
deffous étant des petits cailloux trop gros pour pouvoir
s’incorporer avec la chaux & faire une bonne
liaifon. Cependant on ne laiffe pas de s’en fervir
dans la çonftru&ion des fondemens, gros murs, &c.
après avoir été paffé à la claie.
Le fable de mer eft une efpèce de fablon fiffj
que l’on prend fur les bords de la mer & aux environs
, & qui n’eft pas fi bon que les autres.
Ce fable joint à , la chaux, dit Vitruve, eft très-
v. long à fécher. Les murs qui en font faits ne peuvent
pas foutenir un grand poids, à moins qu°n
ne les bâtiffe à differentes reprifes. Il ne peut encore
fervir pour les enduits & crépis, parce qu»
fuinte toujours par le fel qui fe diflbut, & qui fi'1
tout fondre. Alberti prétend qu’au pays de Salerne,
le fable du rivage de la mer eft auiîi bon que celui
de cave, pourvu qu’il ne foit.point pris du cote
du midi. 1 . ., .
On trouve encore, dit M. Bélidor, une efpece
I de fablon excellent dans les marais, qui fe connaît
lorfqu’en marchant deffus , on s’apperçoit qu’il en
fort de l’eau; ce qui lui a fait donner le nom de
fable bouillant.
En général, le meilleur fable eft celui qui eft net
8c point terreux ; ce qui fe connoît de plufieurs
manières. La première, lorfqu’en le frottant dans les
mains, onfentune rudeffe qui fait du bruit, & qu’il
n’en refte aucune, partie terreufe dans les doigts. La
fécondé, lorfqu’après en avoir jeté un peu dans
un vafe plein d’eau claire & l’avoir brouillé, fi l’eau
en eft peu troublée, c’eft une marque de fa bonté.
On le connoît encore , lorfqu’après en avoir
étendu fur de l’étoffe blanche ou fur du linge , on
s’apperçoit qu’après l’avoir fecoué, il ne refte aucune
partie terreufe attachée deffus.
Du ciment.
Le ciment n’eft autre chofe , dit Vitruve, que
de la brique ou de la tuile concaffée ; mais cette
dernière eft plus dure & préférable. A fon défaut,
ôn fe fert de la première, qui, étant moins cuite ,
plus tendre & moins terreufe , eft beaucoup moins
capable de réfifter au fardeau.
Le ciment ayant retenu après fa cuiffon la cauf-
ticité des fels delà glaife, dont il tire fon origine,
eft bien plus propre à faire de bon mortier que le
fable. Sa durèté le rend auffi capable de réfifter
aux plus grands fardeaux, ayant reçu différentes
formes par fa pulvérifation.
La multiplicité dé fes angles fait qu’il peut mieux
s’encaftrer dans les inégalités des pierres qu’il doit
lier , étant joint avec la chaux dont il foutient
l’aftion par fes fels, & qui, l’ayant environné, lui
communique les fiens; de façon que les uns & les 1
autres s’animant par leur onchiofiîé mutuelle, s’in-
finuent dans les pores de la pierre, & s’y incorporent
fi intimement qu’ils coopèrent de concert à
recueillir, & à exciter les fels des différens minéraux
aucfiiels ils font joints : de manière qu’un mortier
fait de l’un & de l’autre , eft capable, même
dans l’eau, de rendre la conftru&ion immuable.
De la po^olane, & des différentes poudres qui fervent .
aux memes ufages.
La pozzolane, qui tire fon nom de la ville de
Pouzzoles, en Italie, fi fameufe par fes grottes &
,fes eaux minérales, fe trouve dans le territoire de ,
cette ville , au pays de Bayes , & aux environs du 1
Mont-Véfuve ; c’eft une efpèce de poudre rougeâtre
, admirable par fa vertu.
Lorfqu’on la mêle avec la chaux, elle joint fi
fortement les pierres enfemble, fait corps, & s’endurcit
tellement au fond même de la mer, qu’il eft
împoffible de les défunir.
Ceux-qui en ont cherché la raifon, dit Vitruve ,
°nt remarqué que dans ces montagnes & dans tous
ces environs, il s’y trouve une quantité de fontaines
bouillantes, qu’on a . crû ne pouvoir venir
que d un feu fouterrain, de foufrç, de bitume &
d’alun, & que la vapeur de ce feu traverfant les
veines de la terre, la rend non-feulement plus légère,
mais encore lui donne une . aridité capable
d’attirer l’humidité.
C ’eft pourquoi lorfque l’on joint, par le moyen
de l’eau, ces trois chofes qui font engendrées par
le feu, elles s’endurciffent fi promptement & font
un corps fi ferme, que rien ne peut le rompre ni
diffoudre.
La comparaifon qu’en donne M. Bélidor, eft que
la tuile étant une compofition de terre, qui n’a de
vertu pour agir avec la chaux, qu’après fa cuiffon
& après avoir été concaffée & réduite en poudre :
de même auffi la terre bitumineufe qui fe trouve
aux environs de Naples, étant brûlée par les feux
fouterrains, les petites parties qui en réfultent &
que l’on peut confidérer comme une cendre, com-
pofent la poudre de pozzolane, qui doit par conféquent
participer des propriétés du ciment. D’ailleurs
, la nature du terrain & les effets du feu ,
peuvent y avoir aufli beaucoup de part.
Vitruve remarque que, dans la Tofcane & fur le
territoire du Mont-Apennin , il n’y a prefque point
de fable de cave ; qu’en Achaïe, vers la mer Adriatique
, il ne s’en trouve point du tout ; & qu’en Afie
au-delà de la mer, ôn n’en a jamais entendu parler.
De forte que, dans les lieux où il y a des fontaines
bouillantes, il eft très-rare qu’il ne s’y faffe
de cette poudre, d’une manière ou d’une autre; car
dans les endroits où il n’y a que des montagnes &
des rochers, le feu ne laiffe pas que de les pénétrer ,
d’en confumer le plus tendre , & de n’y laiffer que
l’âpreté.
C ’eft pour cette raifon que la terre brûlée aux
environs de Naples, fe change en cette poudre.
Celle de Tofcane fe change en une autre à*peu
près femblable, que Vitruve appelle carbunculus,
& l’une & l’autre font excellentes pour la maçonnerie
; mais la première eft préférée pour les ouvrages
qui fe font dans l’eau ; & l’autre plus tendre
que le tuf, & plus dure que le fable ordinaire,
eft réfervée pour les édifices hors de l’eau.
On voit aux environs de Cologne, & près du
bas-Rhin, en Allemagne, une efpèce de poudre
grife, que l’on nomme terrajfe de Hollande, faite
d’une terre qui fe cuit comme le plâtre, que l’on
écrafe & que l’on réduit en poudre avec des meüïés
de moulin.
Il eft affez rare qu’elle foit pure & point falfi-
fiée; mais quand on en peut avoir, elle eft excellente
pour les ouvrages qui,font dans l’eau, réfifte
également à l’humidité, à la féchereffe, & à toutes
les rigueurs des différentes faifons : elle unit fi fortement
les pierres enfemble, qu’on l’emploie en
France & aux Pays-Bas , pour la conftruéKon des
édifices aquatiques, au défaut de pozzolane, par la
difficulté que l’on a d’en avoir à jufte prix.
On fe fert encore dans le même pays, ail lieu de
terraffe de Hollande, d’une poudre nommée cendrée