
livre un paflage à la flamme; le porte-flamme s’arrêtant
à ce point dans la détente des refforts , ainfi
que la tête de la vis qui lui affujettit la flamme.
Perfonne n’ignore la manière dont on fe fert de
la flamme françoife. Lorfque la pointe en eft p résen
té e fur la vein e que l’on fe propofe d’o u v r ir ,
un. coup fec du manche du brochoir donné fur la
tige à l’endroit où la flamme fort en forme de peloton
, la détermine & la chaffe dans le vaiffeau.
Mais l’incertitude fréquente de ce c o u p , la frayeur
qu’excite dans l’animal l’aétion du bras qui doit
frapper, le mouvement auquel il fe livre dès qu’il
l’apperçoit, mouvement qui s’oppofe à l’affujettiffe-
ment exaét de la v e in e , l’embarras enfin de l’opérateur
qui tente de la comprimer a vec les doigts
de la même main qui fe trouve faifie de l’inftrument,
tout m’engageroit à donner ^la préférence aux flammes
à reffort.
Celles dont on fait communément ufage en A llemagne
, ont néanmoins leurs inconvéniens. Premièrement,
outre qu’elles font pour l’ordinaire confinantes
fans foin , fans précaution, & avec la de rnière
ine xaôitu de, il eft difficile de juger exactement i
du point précis où la pointe de la flamme s’imprimera.
En fécond lieu , l’appui inévitable de la c loi- .
f o n , ou de l’e x trém ité de la boîte tenue dans un
fens vertical par le maréchal contre les parties Saillantes
du vaiffeau qu’on veu t percer, l’empêche Souvent
d’arriver à ceux qui font profonds.
Ajoutons que fa réaétion n’étant contrebalancée
que par le poids très-médiocre du total de cet instrument,
auquel la main ne peut rien ajou ter, de
quelque façon qu’elle le faififfe , il peut arriver
qu’un cuir d ’une dureté même non confidérable,
lui réfifte & s’oppofe à fon e f fe t , en renvoyant en
arriére la boîte. L a flamme nouvelle dont j’ai développé
la conftruétion, n’a été imaginée que pour
parer à tous ces défauts.
L ’opérateur la tient perpendiculairement à la
Surface du vaiffeau: ainfi, quelque caché qu’il foit,
la lancette l’atteint toujours : d’ailleurs le poids plus
confidérable de cette flamme , fa pofition dans la
ligne de direétion, la main & le bras du maréchal
fur cette même lig n e , rendent le point d’appui très-
fur -, & le recul très-peu fenfible : ce qui donne à cet
infiniment un avantage réel fur tous les autres.
D u refte , je ne fais fi celui dont Albucafis fait
men tion, & que les anciens nommoient fojforium,
n’étoit point une petite flammé Semblable à la flamme
françoife ; on s’en fervoit dans la phlébotomie des
hommes. Albucafis l’a prefcrit pour ouvrir la veine
frontale : elle pênêtroit dans îse vaiffeau au moyen
d’un coup léger que le chirurgien donnoit fur l’inf-
trument. O n peut même croire qu’on lapréféroit au
phlebotomus dans l’ouverture des vaiffeaux du bras.
Le terme de percuJJîoncpoiQ Rhafès & H a ly -A b b a s ,
ainfi que l’auteur dont il s’a g it, ont employé constamment
en parlant de la Saignée , peut étayer cette
conjecture. Conftantin l’Africain s’exprime encore
plus clairement à-cet égard : Ferire, venis feriendis ?
ne nervus pereutiatur , ne os percutias ; & Juvenal
lui-même Semble fai/e allufion à cette manière de
Saigner : mediam penundite venant.
En Allemagne , une flammette à reffort, dont la !
conftruétion ne diffère en aucune manière de celle
des-flammes qui font entre les mains des maréchaux
, eft préférée aux lancettes dont nos chirurgiens
fe fervent.
Couteau 'de chaleur. -
Les maréchaux appellent ainfi un morceau de
vieille faux avec lequel on abat la fueur des chev
au x , en le coulant doucement fur leur poil ; il
eft long à peu près d’un pied , large de trois à
quatre doigts , mince , & ne coupe que d’un côté.
Couteau de feu.
L e couteau de feu eft un infiniment dont les maréchaux
fe fervent pour donner le feu aux parties
des chevaux qui en ont befoin. il confifte en un
morceau de cuivre ou de fer long à peu près d’un
pied , qui par une de Ses extrémités eft applati &
forgé [en forme de couteau, ayant le côté du dos
épais d ’un demi-pouce, & l’autre côté cinq à fix
fois moins épais. Après l’avoir fait rougir dans la
forge , on l’applique par la partie la moins épaiffe
fur la peau du cheval fans pourtant la percer,
aux endroits qui en ont befoin.
Bouton de feu.
Le bouton de feu dont les maréchaux font pareillement
ufage , eft un morceau de fer terminé
en pointe & emmanché, que l’on fait rougir pour
en percer la peau du cheval dans certains cas.
Gouge.
Cifeau recourbé dans fa longueur & en forme
de gouttière, femi-cylindrique à fon extrémité, de
telle forte que fon tranchant préfenté perpendiculairement
fur un p lan , y trace une demi-circonférence
de cercle de quatre , cinq ou fix lignes de j
diamètre. Ce t inftrument qui doit être emmanche
commodément, n’ a qu’un bifeau , lequel fe trouve
en dehors ; fa longueur eft communément d'environ
fept à huit pouces. #
Il eft d’un ulage indifpenfable dans la chirurgie
vétérinaire , & fert principalement à pratiquer des
ouvertures à la fo ie , dans les cas où il eft effen*
tiel de s’ inftruire de l’état des parties que cette
portion de l’ongle dérobe à nos y e u x , & où il i®*
porte de donner iffue à des matières épanchées «
fuppurées , qui par leur féjour altéreroient & cor*
romproient inévitablement l’apon évrofe, les tendons
, & c . -
Il eft encore une autre efpèce de gouge, .1 ne diffère point de celles dont nombre d artifans
s’aident dans leur métier ; les maréchaux s en el
vent très-indifcrétement dans le leur. Ils ï’emplojen^
j lorfqu’il s’agit d’abattre & de détruire les mega
| lités des dents molaires , qui font telles dans e
»leux chevaux , qu’elles bleffent la langue -, & fou-
vent la face intérieure des joues ; & que ces mêmes
chevaux ne pouvant broyer parfaitement les
alimens, n’en tirent que le fu c , & font ce que nous
exprimons en difant quils font grenier ou magafin.
Ces ouvriers imprudens appuient d’une main
pour cet effet le tranchant de cet outil contre ces
afpérités , très mal-à-propos nommées fur dents par
tous les écrivains , & frappent de l’autre fur fon
manche à coups de marteau , aux rifques d’ébranler
la tête & la mâchoire de l’animal, de fufciter une
forte de commotion, & d’offenfer les parties pofté-
rieures de la bouche ; & même celles de l’arrière-
bouche , fi la gouge gliffoit & fe d é v o y o it , ou
fi la pointe de la dent cédoit trop aiféinent à l’action
qui doit en aflùrer la chute.
On a fiibftitué à cette pratique grofliére , & dont
on a reconnu les inconvéniens & les dangers , celle
de faire mâcher au cheval une lime d’a c ie r , que
quelques-uns appellent râpe, & d’autres carreau,
de manière que cette dernière gouge eft aujourd’hui
rejetée, & n’eft plus regardée comme nn inftru-
ment utile & néceffaire.
- Quelques-uns s’en fervent néanmoins encore
dans la fameufe opération du roftignol ou du fifflet.
Etampe.
Infiniment dont les maréchaux fe fervent pour
percer, c’eft-à-dire , pour étamper les fers qu’ils
forgent, & qu’il« fe propofent d’attacher aux pieds
des chevaux. Ce t inftrument n’ eft autre chofe qu’un
morceau de fer carré d’environ un pouce & d em i,
&d’un demi-pied de longueur, fortement acéré par
le bout, lequel eft formé en pyramide carrée , tronque
d’uri tiers , ayant pour bafe la m oitié de la longueur
qui lui refte.
On doit en acérer la tête , non-feulement pour
affurer la durée de cet o u t il, mais encore pour mettre
a profit toute la percuffion du marteau. Quand
la tête n’eft point acérée , une partie du coup fe
perd en l’é cachant, & l’ètampure en eft moins
»anche. Communément au tiers inférieur de fa
longueur eft un oeil dans lequel eft engagé un man-
j ® dont s’arme la main gauche du maréchal qui
flou etamper , tandis que de l’autre il eft o ccupé à
happer fur l’étampe avec le ferretier.
Fer relier. ~
Marteau dont le maréchal fe fert d ’une feule
toain, pour forger le fer qu’il tient de l ’autre main
avec la tenaille. Sa longueur n’excède pas cinq
pouces; il n’a ni panne ni oreille : fon oeil d’envi-
ron quinze lignes de longueur , fur douze de lar-
gour, eft percé précifément au haut du front.
Lotte face diminue de largeur également par l’un-
1 ^ tre de fes bords , d epuis fa fommité jufqu’à la
0uche , où elle fe-trouve réduite à moins de deux,
pouces dans les plus gros ferretiers. Il n’en eft pas
e meme des joue,s ; elles s’élargiffent à mefure
Hu elles en approchent, mais un peu plus du côté
du bout du manche que de l’ au tre , & leur largeur
en cet endroit eft portée jufqu’à trois pouces.
Quant aux angles , ils font fi fortement abattus ^
que la bouche eft circonfcrite par un oétogone très-
alongé ; elle eft de plus très-bombée , & convexe
par l’arrondiffement de tous ces an g le s , jufqu’au
point qu’il ne refte aucun méplat dans ,le milieu.
Sa longueur doit concourir avec celle du m an che,
de manière que fon grand axe prolongé idéalement*
remonteroit à environ deux pouces près de ce même
manche, dont la longueur totale n’en excède pas dix.
On donne à cette forte de marteau depuis qua tre,
jufqu’à huit ou neu f livres de poids , félon le v o lume
& la force des fers à forger.
Brochoir.
Les maréchaux fe fervent aufli du brochoir pour
ferrer les chevaux ; c’eft une forte de marteau qu’ils
portent attaché à leur ce in ture, & avec lequel ils
implantent les clous.
D E U X I È M E P A R T I E .
M a l a d i e s d u C h e v a l .
Le cheval eft fujet à un grand nombre de maladies
, dont les unes lui font communes avec
l’homme, & d’autres lui foiit particulières. Nous
dirons peu de chofe des premières, parce que le
traitement eft à peu près le même pour l’homme
& pour le cheval ; mais nous infifterons fur les
dernières.
Il faut diftinguer dans le cheval les maladies qui
font internes & celles qui font externes. Nous parlerons
d’abord de celles-ci, qui font peut-être les
plus ordinaires & les plus nombreufes, comme les
plus aifées à reconnoître, à failir & à traiter.
D es Maladies externes.
Inflammation.
Les caufes & les fymptômes de l’inflammation,
font les mêmes dans l’homme & dans le c h e v a l,
c’eft pourquoi nous n’en parlerons pas. Q u ant au
diagnoftic on reconnoît l’inflammation des parties
internes ou externes, par la douleur qui fe ma-
nifefte affez par les mouvemens & l’agitation du
ch e v al, par les mouvemens du coeu r; fou vent par
la fièvre , la toux & la difficulté de refpirer , fi
l’inflammation attaque le poumon.
Pour la cu re, il faut mettre le cheval à la diète
blanche, ne lui donner prefque point de foin , le
tenir au fon & à l’eau blanche , lui faire avaler des
décoétions de plantes adouciffantes , relâchantes &
rafraîchiffantes , comme les racines de mauve , de
guimau ve , chicorée fau v a g e , les feuilles de bouillon
b lan c, de brancurfine , de pariétaire, de la itue
, -de mercuriale , d’ofeille &c.
O n ne doit pas oublier les layeniens., où entrent