
L’île Louvîer , près l’Arfenal , a été eh tout
temps le Heu d’abordage des bois à bâtir.
Tous les marchands ont eu îe même droit d’y
defcendre : chacun prenoit la place qui lui con-
venoit, fans payer de droit, obfervant feulement
de ne pas occuper trop de terrain.
Les forains domiciliés tiennent en tout temps
leurs chantiers ouverts, pour le fervice du public.
Ils ne font fujets à aucune vifite de police.
Le forain non domicilié eft ©bligé de tenir port
pendant trois jours , afin de donner le temps au
bourgeois de le pourvoir.
Les charpentiers & les menuifiers ont la préférence
fur les regratiers , & peuvent même rompre
leurs marchés.
Le regratier peut faire exploiter pour fon compte,
mais il ne peut laiffer fon bois fur les ports ; il
faut qu’il le faffe entrer dans fes chantiers immédiatement
après l’achat.
Lé bois de chêne eft le meilleur de tous les
bois pour la charpente , à caufe qu’il ne pourrit
point facilement quand il eft employé fur terre &
dans l’eau , & qu’il eft plus fort que les autres
bois.
Le bois de châtaignier eft bon pour les mêmes
ouvrages, pourvu qu’il foit à couvert. La plupart
des anciens édifices ont leur charpente de ce bois.
Le bois d’aune ne pourrit point dans l’eau ; ce
qui fait qu’on en conftruit des tuyaux de pompes
& de conduites d’eau.
Les chênes , pour pouvoir en faire du bois propre
à l’ufage de la charpenterie, ne doivent point
être abattus avant foixante ans, & plus tard que
deux cents ans , parce qu’avant foixante ans ce
bois eft trop jeune , & qu’il dépérit palfé deux
cents ans.
On diftingue deux fortes de bois de charpente ,
le bois de brin & le bois de fciage.
Le bois de brin eft celui qui fe fait en ôtant les
quatre doffes & flache d’un arbre en l’écarriffant.
Le bois de fciage fe tire, par le fciage, ordinairement
des bois courts & trop gros, ou des pièces
moins faines.
Les charpentiers ne fe fervent des bois légers
ou des bois blancs, comme fapins, tilleuls, trembles
, &c. que dans les cloifons au défaut du
chêne.
Un cent de beis de charpente eft foixante-douze
pouces de longueur, fur fix pouces d’écarriffage.
Tout le bois de charpente fe réduit à cette mesure
; & une feule poutre eft comptée pour autant
d’autres qu’elle contient de fois cette mefure, foit
pour la vente, foit pour la voiture, foit pour le
toifé.
Le bois de charpente prend différentes dénominations
, félon fes qualités ; il s’appelle bois affaibli
, quand on a diminué confidérablement la
forme d’écarriffage, en le rendant difforme, courbe
ou rampant, pour laiffer des boffages aux poinçons
, ou des encorbellemens aux poteaux fous les
poutres qui portent dans les cloifons. Ce bois fe
toife dans le plus gros du boflage.
Bois bouge eft celui qui a du bombement ou qui
eft courbé en quelque endroit.
On nomme bois cantiban celui qui n’a du flache
que d’un côté. J
Sois déchiré ; celui qui revient de quelque otj.
vrage mis en pièces ,.pour raifon de vétufté ou
autre.
Sois déverfé ou gauchi ; lorfqu’après avoir été
travaillé 8c écarri , il n’a^ pas confervé la forme
qu’on lui a donnée, mais s’eft déjeté, courbé
incliné & déformé de quelque manière & par
quelque caufe que ce foit.
Bois d’échantillon ; quand les pièces de bois font
d’une groffeur & longueur déterminées.
Bois échauffé; lorfqu’il commence à fe gâter &
à pourrir, & qu’o.n lui remarque de petites taches
rouges & noires. Ce font ces fortes de bois que
quelques-uns appellent bois pouilleux.
Bois d’entrée ; s’il eft entre vert & fec.
Bbis d’écarriffage ; quand il eft propre à recevoir
la forme d’un parallélipipède. Il ne s’écarrit
point de bois au deffous de fix pouces de gros.
Sois flache ; quand il ne pourroit être bien écarri
fans beaucoup de déchet , & que les arêtes n’en
font point vives.
Bois giffant ; lorfqu’il eft coupé, abattu & couché
fur terre.
Bois lavé ; quand on lui a ôté les traits de feie
&. rencontre avec la befaiguë.
Bois mouline ; s’il eft pourri & rongé des vers.
Bois refait ; quand de gauche & flache qu’il étoit,
il eft écarri & redreffé au cordeau fur fes faces.
Bois rouge ; s’il s’échauffe & s’il eft fujet à
pourrir.
Bois roulé ; quand les cernes ou crues de chaque
année font féparées & ne font point de corps.
Ce bois n’eft bon qu’à brûler.
Bois flair. & net ,* lorfqu’il eft fans malandres
noeuds vicieux , gale , fiftule.
Bois tortu; quand il ne peut fervir qu’à faire des
courbes, & n’eft bon que pour la marine.
Bois tranché ; s’il a des noeuds vicieux ou fils
obliques qui coupent la pièce, & la rendent peu
propre à réfifter à la charge & à être refendu.
Bois vermoulu s’il eft piqué de vers.
Bois v i f ; lorfque les arêtes en font bien vives
& fans flache, & qu’il ne lui refte ni écorce,-w
aubier.
Bois de charronnage.
Les bois de charonnage font ceux qu’emploient
les charrons. Ces bois (ont le frêne, le charme»
le chêne, l’érable, & fur-tout l’orme qui eft le
plus généralement eftimé.
On diftingue dans les fortes, le bois en grume
& le bois de fciage.
Le bois en grume eft celui qui eft ea trônons
ou en billes \ qui n’eft ni écarri, ni débité avec la
feie, & qui a encore fon écorce , mais qu’on a
déjà coupé dans les longueurs propres aux ouvrages
que les charrons en veulent faire.
Le bois de fciage eft celui débité avec la feie ,
& réduit à des épaiffeurs convenables.
On compte aufli pour bois de charronnage de
jeunes frênes, qui ont depuis fix pouces jufqu’à
un pied d’écarriffage, & qui font un peu courbés
naturellement. Ces pièces de bois fervent pour les
brancards de carroffes ou de chaifes.
Bois de menuiferie.
' On entend par bois de fciage celui qui eft débité
en folivaux, & coupé en planches à l’ufage de la
menuiferie. On comprend fous ce nom tout le bois
qui a moins de fix pouces d’écarriffage, beaucoup
de bois tendres, fur-tout pour la boiferie, le parquetage,
les lambris & plafonds. On fait façonner
le bois de fciage, ou par des feieurs de long, ou
dans des moulins à feie.
Le bois de fciage s’appelle bois mi-plat, s’il eft
beaucoup .plus large qu’épais.
Les bois recherchés pour l’ufage de la menuiferie
font le fapin , le hêtre, l’érable , le poirier,
le pommier fauvage , le merifier , le cornouiller,
le tremble, le peuplier, le tilleul & autres.
Il y a aufli le bois mairain qu’on emploie en menuiferie
: c’eft le bois de chêne qui, n’étant pas
de qualité-propre à.être exploité en bois de marine
ou de charpente, eft fendu 8c préparé à l’é-
paiffeur d’environ un pouce , & depuis trois pieds
jufqu’à quatre pieds & demi de longueur, avec le
plus de largeur qu’il peut s’en trouver.
Lorfque ce bois de fente eft un bois de chêne
tendre & de droit fil, parfaitement fec , il eft d’un
meilleur fervice que le bois de fciage & fe déjette
beaucoup moins.
On choifit le bois de chêne qui n’ait aucun noeud,
pour en faire les ouvrages les plus propres 8c les
plus foignés.
Les bois de chêne, qu’on nomme bois gras ou
doux y eft celui qui eft moins poreux & fans f i l ,
& a moins de noeuds que le bois ferme. -
Les menuifiers s’en fervent pour faire des pan"
neaux & des affemblages qui ne fatiguent point >
mais il ne feroit pas bon pour les bâtis de porte ,
& pour tout ce qui peut fouffrir la moindre fatigue.
Les Hollandois tirent le bois de chêne du Nord
par la mer Baltique , & de Hamboug par la voie
oe l’Elbe ; ils en font venir aufli des montagnes
des Vofges en France; ils le façonnent & le vendent
enluite fous le nom de bois de Hollande. La
beauté dé ce bois confifte à être bien veiné.
Pour avoir du mairain dur, d’une belle couleur,
tjui ne foit pas fujet à la vermoulure , on le jette
dans 1 eau auffitôt après qu’il a été façonné ; mais
fi l’on deftine ce mairain à faire des futailles, il
faut choifir une eau nette & courante, car le bois
prendroit la faveur d’une eau croupie, & la corn-,
muniqueroit aux liqueurs qu’il renfermeroit.
On peut débiter, avec la feie, les bois de menuiferie
qui font de groffeur convenable. Il y a
en Hollande & en Allemagne des moulins à eau
qui font mouvoir à-la-fois une grande quantité de
feies, pour façonner, à peu de frais, toutes fortes
de planches. On-pourroit établir également en
France de ces moulins, pour exploiter les bois des
forêts qui font près des rivières.
On donne à ces planches la longueur, fuivant
l’ufage marchand, qui eft depuis fix & neuf pieds
jufqu’à douze, quinze 8c rarement dix - huit , à
moins que ce ne foit des fapins dont on peut faire
des planches qui ont jufqu’à trente pieds de longueur.
Tous les bois propres pour la menuiferie peuvent
fe flotter, à l’exception des bois blancs, comme
le tremble, le peuplier & le tilleul qui fe pourrif-
fent dans l’eau. Au contraire , le chêne, l’érable,
le poirier , le coudrier , le fapin , gagnent à être
flottés : l’eau en délaie la fè v e , les rend plus
tendres aux outils des ouvriers, leur donne une
plus belle couleur', 8c ils en font moins fujets a
fe dé jeter.
Echalats%
Suivant l’ordonnance du bureau de la ville ,
chapitre 18 , articles i , 2 , 3 & 4 , les échalats fer-
vaçt aux vignes doivent être au moins de quatre
pieds & demi de long, & chaque botte ou javelle
compofée de cinquante échalats.
Ceux fervant aux paliffades doivent avoir onze
pieds de long, & chaque botte doit être compofée
pareillement de cinquante échalats.
Ils ne peuvent être mis en vente fans avoir été
I vifités 8c appréciés.
Perches.
Les perches fervant aux treilles auront, favoir :
celles dont les bottes ne feront composées que de
quatre perches, dix pouces de tour depuis le gros
bout, fur la longueur de fix pieds de haut ; & celles
dont la botte fera compofée de fix pouces, auront
pareille groffeur de dix pouces jufqu’à trois pieds
8c demi de haut ; 8c les perches dont la botte fera
compofée de douze, auront au moins huit pouces-
au gros bout , & reviendront a deux pouces au
moins de groffeur par le haut ; celles dont il y en
aura vingt - fix à la botte , auront au moins fix
pouces au gros bout, & à l’extrémité au moins un
pouce ; & à l’égard des bottes de perches compofées
de 50 , elles auront au moins quatre pouces
par le • gros bout & un pouce a 1 extremité^, 8c
pourront y être mêlées treize perches de moindrç
groffeur pour fervir de lofange des jardins.
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