
On fe fevvira de ce cône pour faire un fécond modèle
exactement égal au premier. Il eft même bon
d’en faire une couple , dont les feéüons & les grandeurs
foient différentes ; mais on obfervera de tirer
deffus une ligne, qui tombe de leur fommet au
milieu de leur bafe, fur les deux traverfes oppo-
fées : vous tirerez des lignes pour en marquer le
milieu , & vous poferez vos modèles deffus de
manière que leurs axes foient perpendiculaires ,
qu’ils touchent les lignes tranfverfales , & qu’ils
foient parallèles*.
Vous affermirez ces modèles par le moyen de
deux fupports , qui doivent être affujettis avec de
petites vis.
Cela fait, vous vous fervirez d’un baflin fphé-
rique, pour donner à votre verre la figure la plus
approchante de la feélion que vous voulez qu’il ait,
lequel vous fervira comme d’efquiffe.
Vous arrêterez enfuite avec du ciment le verre
fur la poupée de même que fur l’arbre, de façon
q,u’il ne vacille point en tournant la roue.
Le verre ainfi placé, vous poferez la machine
dans la boîte, obfervant que les points verticaux
répondent exaélement en droite ligne au centre de
la furface de la courtille; ce que vous connoîtrez
par le moyen d’une foie ou d’un crin très-délié,
La machine étant pofée de niveau , il ne relie
plus qu’à donner au verre la feélion conique la plus
parfaite qu’il eft poflâble. Pour cet effet, vous prendrez
une plaque de fer bien unie, qui excède la
difiance qu’il y a entre les modèles.
Cette plaque étant pofée horizontalement, ne
touchera les modèles & le verre que dans un feul
point.
Ayant répandu deffus du fable mouillé, vous la
conduirez de la main gauche le long des bords des
modèles, pendant que vous tournerez la roue avec
la droite, continuant ainfi jufqu’à ce que vous
ayez donné au verre la figure qu’il doit avoir.
Vous commencerez par l’unir avec du fablon fin
ou de l’émeril, & vous achèverez de le polir avec
un morceau de bois de tilleul, fur lequel vous
aurez mis de la potée d’étain ou du tripoli.
Cette même machine peut fervir également à
tailler des verres concaves ou telle autre figure que
l’on voudra, en donnant aux modèles & à la plaque
une figure convenable.
V e rre a rd e n t.
C ’eft un verre convexe des deux côtés, qui a
la propriété de raffembler les rayons du foleil en
un petit efpace, qu’on nomme fo y e r .
La différence du verre ardent avec le miroir ardent
, c’eft que le premier brûle par réfraétion, &
le fécond par réflexion.
Si l’on expofe au foyer d’un tel verre différens
corps, & que ce verre ait une certaine grandeur,
Jes corps inflammables s’y embrâfent ; les autres
« y fondent, s’y calcinent ou s’y vitrifient; & ces
effets font d’autant plus promps & plus complets
que le verre ardent eft plus grand , qu’il a plus
de furface, & qu’en même temps il fait portion
d’une plus petite fphère.
Les deux plus grands verres ardens en verre
folide , ont été exécutés par M. Tfchirnhaufen
affocié étranger de l’Académie des Sciences de
Paris.
L’un de ces verres appartient à M. le comte
de la Tour d’Auvergne, & a 33 pouces de diamètre
& 7 pieds de foyer.
L’autre appartient à l’Académie des Sciences de
Paris; il a auffi 33 pouces de diamètre & 12 pieds
de foyer.
Mais le verre ardent .le plus beau , le plus fort,
& dont le foyer foit le plus aétif, eft celui conf-
truit par M. Bernières, contrôleur des ponts &
chauffées, aux frais de M. Trudaine, confeiller
d’état, & fous la direction de plufieurs commiffaires
nommés par l’Académie des Sciences.
Ce verre ardent ou cette grande lentille, eft
compofée de deux glaces courbées, faifant chacune
portion d’une fphère de huit pieds de rayon ; &
ces glaces étant réunies laiffent entre elles un vide
lenticulaire de quatre pieds de diamètre, & qui
a au centre fix pouces cinq lignes d’épaiffeur.
Les glaces , après avoir été travaillées, font encore
demeurées épaiffes chacune de huit lignes}
de forte que l’épaiffeur totale de ce verre ardent,
prife extérieurement & au centre , eft de 7 pouces
9 lignes. Cette lentille , qui peut contenir environ
140 pintes, mefure de Paris, a été d’abord remplie
d’efprit-de-vin , enfuite on lui a fubftitué l’huile
effentielle de térébenthine, liqueur q u i, avec les
avantages qu’a l’efprit-de-vin , a un pouvoir re*.
fringent beaucoup plus confidérable.
Cette prodigieufe lentille eft montée fur une
efpèce de chariot tournant, de façon qu’avec une
manivelle on peut lui faire fuivre les mouvemens
du foleil, fans que les obfervateurs aient à changer
de pofition.
Loupe.
C ’eft une lentille ou verre convexo * convexe
d’un foyer court, monté dans une châffe de corne,
d’écaille, de métal, &c. & qui fert à grolîir les
objets qu’on regarde au travers.
Une loupe groftît d’autant plus, que fon foyer
eft plus court, ou , ce qui eft la même chofe,
lorfque fes furfaces convexes font portion de plus
petites fphères.
Microfcope.
Cet inftrument d’optique fert à faire voir les
objets beaucoup plus gros qu’ils ne le font en efftt;
& par-là-, il rend fenfibles à la vue des objets qui
lui échapperoient par leur extrême petiteffe.
Il y a deux efpèces de microfcopes, ïefimpk w
le cpmpofé.
L U N
Le microfcope fimple eft formé d’une feule lentille
ou loupe très-convexe, montée fur un pied.
On place cette lentille tout proche de l’oeil ; elle
eft attachée au centre d’une plaque de métal, &
enchâffée dans une vis qui donne la facilité de la
changer.
Il y a des microfcropes fimples où l’on place
l’objet au haut de la v is , qu’on éloigne ou qu’on
approche du miroir à volonté. Et le microfcope
eft évidé & à jour dans une de fes faces, afin que
l’objet puiffe recevoir la lumière extérieure.
Dans d’autres microfcopes ,' le tuyau extérieur
n’eft point évidé ; mais la vis l’eft en dedans , &
au deffus de la vis on place un verre plan qui
tombe à peu près au foyer de la lentille ; alors
l’objet reçoit la lumière par deffous. La vis fert à
éloigner ou rapprocher l’objet des foyers, félon les
différentes vues.
L’objet, qu’on fuppofe très-petit, eft placé un
peu en-deçà du foyer de la lentille.
Les microfcopes fimples devroient être probablement
aufli anciens que le temps où l ’on a commencé
à s’appercevoir des effets des verres lenticulaires
; ce qui remonteroit à plus de 400 ans.
Cependant, les obfervations faites au microfcope ,
même fimple,. font beaucoup moins anciennes que
cette date, & ne remontent guère à plus de 150
ans.
Les microfcopes compofés font formés d’un verre
bbjeétif d’un foyer très-court, & d’un oculaire d’un
foyer plus long. Ainfi, le microfcope eft l’inverfe
du télefeope.
On place l’objet un peu au-delà du foyer du
verre. L’objet paroît renverfé dans le microfcope.
Au lieu d’un oculaire, on en met quelquefois plufieurs
, & ce font même les microfcopes les plus
[ en ufage.
On ne fait pas exaélement l’inventeur du microfcope
compofé. L’opinion commune l’attribue
|a Drebbel; mais Fontana fe l’attribue, ainfi que
j; ce^e des télefeopes à oculaires convexes.
Microfcope fotaire.
Ce microfcope dépend des rayons du foleil ; &
comme on ne peut en faire ufage que dans une
chambre obfcure, on le nomme quelquefois ml-
I crofeope de la chambre obfcure.
1 comP°fé d’un tuyau, d’un miroir , d’une
entille .convexe, & d’un microfcope fimple.
On place le tuyau du microfcope folaire dans
e trou d’un volet d’une chambre obfcure bien fer-
®ee 5 & °n fait tomber la lumière du foleil fur les
ferres du microfcope, par le moyen d’un miroir
place au dehors de la fenêtre.
Amfi, les rayons du foleil étant dirigés par le
1 lr° lr ^ travers le tuyau fur l’objet renfermé dans
’ Cet obîet v*ent & peindre diftinéle-
* ** grandement fur un écran couvert de papier
de hnge bien blanc, M
LUN 255
Plus on recule l’écran , plus l’objet s’agrandit ;
mais il devient alors d’autant moins diftinél.
L’écran propre à recevoir l’image des objets,
eft ordinairement d’une feuille de très-grand papier
étendue fur un châfîis , qui gliffe en haut ou
en bas , ou qui tourne comme on veut à droite
ou à gauche fur un pied de bois arrondi : on fait
aufli des écrans plus grands avec des feuilles du
même papier collées enfemble, que l’on roule &
déroule comme une grande carte. *
Ceux qui ne favent pas defliner, peuvent, par
cette invention , prendre la figure exaéte d’un
objet qu’ils veulent avoir.
Le microfcope folaire eft dû au génie du doéleur
Lieberkunh, pruflien, membre de la Société royale,
à laquelle il a communiqué, en 1748 ou environ,
les deux beaux microfcopes qu’il avoit inventés &
travaillés lui-même ; fa voir, le microfcope folaire,
& le microfcope pour les objets opaques. Enfuite
MM. Cuff & Adam , anglois, ont perfectionné ces
ouvrages.
Le microfcope folaire du doéleur de Lieberkunh
ii’avoit point de miroir , & par conféquent ne
pouvoit fervir que pendant quelques heures du
jour, lorfqu’on pouvoit placer le tube direélement
contre le foleil; mais l’application du miroir fournit
le moyen de faire réfléchir les rayons du foleil
dans le tube, quelle que foit fa hauteur ou fa fitua-
tion , pourvu qu’il donne fur la fenêtre.
Mais le microfcope folaire à cela d’incommode,
que l’image de l’objet ne fe peint point très-dif-
tinélement, & parc onféquent on ne peut point faire
des obfervations fort exaéles, à l’aide de ce microfcope.
Le célèbre Euler a entrepris de remédier
à ce défaut. Pour cela, il a fubftitué un miroir de
métal plan au miroir de verre , dont on faifoic
ufage auparavant ; parce qu’un miroir de verre ré-
fléchiffant les rayons par fes deux furfaces, fait que
les bords du fpeélre ne font jamais bien terminés ; au
lieu que le miroir de métal n’ayant qu’une furface,
termine plus exaétement les.bords des images.
Microfcope des objets opaques.
C ’eft encore au doéleur Lieberkunh, qu’on doit
l’invention de ce microfcope aufli utile que curieux.
Il remédie à l’inconvénient d’avoir le côté
obfcur d’un objet tourné du côté de l’oeil; ce qui
a été jufqu’ici une obftacle infurmontable , qui a
empêché de faire fur les objets opaques des obfervations
exaéles ; car, dans toutes les autres inventions
qui nous font connues, la proximité de
l’inftrument à l’objet, lorfqu’on emploie les lentilles
les plus fortes, produit inévitablement une
ombre fi grande, qu’on ne le voit que dans l’obf-
curité & fans prefque rien diftingtier ; & quoiqu’on
ait effayé différens moyens de diriger fur l’objet
la lumière du foleil ou d’une chandelle, par un
verre convexe placé à côté, les rayons qui tombent
ainfi fur l’objet, forment, avec fa furface, un angle
fi aigu, qu’ils ne fervent qu’à en donner une idée