
Le perçoir, forte de poinçon dont les layetiers
font ufage pour percer les bois tendres & minces,
eft un bout de lame d’épée à trois côtés, montée
dans un manche de bois. Il y a une autre efpèce
de poinçon , dont la lame eft plate & coupante
des deux côtés , & un peu arrondie par le bout.
On en fait ufage pour faire , dans les deffus de
boîtes , les ouvertures par lefquelles paffent les
pitons ou gâches des crochets.
Les layetiers ont encore des outils qui leur font
communs avec d’autres ouvriers, comme des ci-
failles ou grands cifeaux pour couper la tôle ,
des vrilles pour percer le bois , des cifeaux de
différentes formes & de différentes grandeurs pour
le couper, des compas de fer pour prendre leurs
mefures, des haches, des maillets, &c.
Ouvrages des Layetiers.
Les layetiers étoient en poffeffion ^fuivant leurs
anciens ftatuts, de faire les ouvrages qui y font
énoncés, favoir :
i°. Les huches de bois de hêtre.
2°. Les écrins & layettes, tant grandes que petites,
propres à mettre marchandifes.
3?. Les écrins à gorges , façon de bourgettes
couvertes de cuir , qu’on porte à l’arçon de la
Telle.
4°. Les ratières & fouricières de tout bois.
5°. Ecrins & corporaux.__
6°. Cages à écureuils & à roffignols.
7°. Les coffres de bois cloués.
8°. Les écrins & layettes à mettre balances &
trèbuchets, grands & petits.
9°. Ecrins & tabernacles à mettre images.
io°. Les écrins en façons de pupitres & êcri-
toires, couverts de cuir.
i i° . Toutes les boîtes de bois de hêtre.
i a0. Tous écrins en façon de coffre, avec pieds
& fans pieds.
130. Les tableaux à mettre images à moulures.
140. Les écrins à mettre manicordion & épi-
nettes.
ic ° . Les écrins nommés verriès.
16°. Les écrins à mettre du Tel.
170. Les tableaux de bois à moulures fervant
à mettre miroirs de criftallin de Venife, & miroirs
d’autres criftallins & fervant à mirer, que les doreurs
fur cuirs ont accoutumé de garnir , & autres
quels qu’ils foient.
180. Les layettes & boîtes façon d’ovale, de
tout bois & de toutes façons.
Mais la plupart de ces ouvrages n’étant plus
en ufage par le changement des modes, & plu-
fieurs ayant été pratiqués par des artifans de
quelques autres communautés , les layetiers fe
font principalement adonnés à faire 8c à vendre,
ceux dont nous allons donner la defcription.
On peut diftinguer en deux fortes les ouvrages
qu’ils tiennent dans leur boutique ou atelier. Les
uns font ceux qu’ils travaillent eux-mêmes* parce ,
qu’ils font d’tin ufage plus fréquent ou d’une fa;
brique plus facile; les autres font des marchandifes
foraines , ou qu’ils tirent des provinces où
on les conftruit en quantité 8c à plus bas prix
qu’ils ne pourroient le faire.
Ceux de la première forte font en général les
caiffes 8c caffettes de différentes grandeurs , les '
boîtes à perruques, celles qu’on nomme cartons
à gorges , les layettes de différentes façons, les
baraques ou armoires d’écoliers , les tablettes à
mettre des livres, les pupitres, les crachoirs, les
étuis à chapeaux 8c autres, les chaufferettes, les
chancelières, les cages à perroquets 8c à écureuils,
8c autres.
Les marchandifes foraines ou les ouvrages que
les layetiers tirent ordinairement de province ,
quoiqu’ils aient la liberté 8c l’adreffè de les faire,
mais qu’ils feroient prefque fans bénéfice, font
les boîtes en bois de goberges de toutes formes &
de toutes grandeurs ; les pièges propres à prendre
les rats , les fouris'8c autres animaux incommodes;
les boîtes de fapin rondes 8c ovales , collées ou
attachées avec des liens de fer.
Cajjette.
Pour conftruire une cajjette, l’ouvrier commencé
par couper une planche 8c la redrejfer , ce qui
lignifie qu’il la met à la hauteur convenable ; il
forme les deux côtés qu’il rend bien égaux, ob-
fervant de mettre en devant la planche la plus
faine pour recevoir la ferrure.
Il prépare de même les deux, bouts 8c les dif-
pofe bien carrément. Il iîionte -enfuite la cadette,
en réunifiant les quatre parties 8c les arrêtant avec
des clous ou pointes. Lorfqu’elle eft montée , il
la repaffe à l’équerre pour s’affurer de fe s juftes
proportions. Alors il fait le fond, êc le cloue fur
les côtés 8c fur les bouts. Après quoi il rafe la
caiffe dans tout fori pourtour, c’eft-à-dire , qu’il
unit tous les angles, 8c enlève avec un rabot la
vive arête des bords. ,
Après cette opération , il difpofe le couvercle,
obfervant, en le rognant, de laiffer par-tout une
demi - ligne de plus de largeur,. pour qu’il puiffe
fermer 8c ouvrir avec aifance.
Il faut en outre de- petites barres de bois, rabotées
proprement, rognées jufte à la longueur de
la boîte , 8c échancrées un peu par les. bords dans
l’endroit de la fermeture. On attache ces petites
tringles de bois le long du couvercle ,' avec des
pointes.
Dans cet état, la caffette peut être ferrée, fuit
en fil de fer, foit avec des couplets.
Les layetiers font eux - mêmes , comme nous
l’avons dit, les liens de f i l de fer, q u ’ ils 'ar ran gent
avec le plioir qui eft une pince ou tenaille.
S’ils veulent fe fervir de couplets , ils- les achètent
tout faits chez les marchands quincaillers.
On peut fortifier cette caffette , fi elle eft d’une
certaine grandeur , avec huit égrènes ou coins de
fer dont quatre au pourtour pour retenir l’écart
des bords 8c des côtés, 8c quatre autres en deffoiis
pour attacher le fond avec les côtés.
1 o n fait des caffettes de toutes grandeurs 8c plus
ou moins profondes, fuivant qu’on le defire ; mais
la conftruaion 8c la façon en font toujours à peu
près les mêmes.
Lorfque les caffettes font deflinées à fervir de
layettes, ou à renfermer le linge 8c les menues
hardes des enfans nouveau - nés , on difpofe une
double boîte de cinq à fix pouces de hauteur ,
qu’on nomme layette, 8c qu’on place fur des taf-
feaux dans la partie fupérieure de la caffette.
Cette fécondé boîte eft fans couvercle ; elle
eft divifée en plufieurs cafés de différentes grandeurs
, 8c peut s’enlever aifément par deux rubans
attachés à fes deux extrémités.
Boîtes de lit.
Les boîtes de lit font des caffettes deftinées à
renfermer des hardes d’hommes, 8c à être mifes
fous un lit. Ces boîtes ne peuvent guère avoir
moins de trois pieds cinq à fix pouces de longueur,
fur deux pieds cinq à fix pouces de largeur, 8c
fix à huit pouces de hauteur.
Le couvercle doit avoir des rebords affez larges
des trois côtés, 8c être garni intérieurement, ainfi
que la caffette , de papier ou de toile collés , afin
d’empêcher l’introduéUon de la pouflière. On met
ordinairement des roulettes en bois , en fer ou en
cuivre fous les boîtes de lit, pour donner la facilité
de les retirer 8c de les repouffer. Ces roulettes
fe placent vers les quatre angles de la boîte, 8c
on y met en outre deux poignées fur le devant j
ou au côté le plus long, pour retirer la boîte.
Boîte à perruque.
Cette boîte, deftinée à renfermer 8c à tranfporter
des perruques fans les déranger, eft conftruite en
bois léger d’environ dix-huit pouces de hauteur ,
fur douze de largeur 8c quinze de profondeur.
Elle s’ouvre en deffus à l’ordinaire, 8c pardevant
jufqu’à la moitié de fa largeur. On place dans fon
intérieur les perruques fur deux pieds ou tiges,
dont les deux bouts font affemblés dans deux
ronds d’environ trois pouces de diamètre. Un de
ces deux ronds eft attaché fur le fond de la boîte,
8c l’autre, un peu bombé en deffus , eft armé à
fon centre d’une pointe de fer qui entre dans la
perruque, pour l’empêcher de gliffer.
On fixe, à la partie ouvrante du devant de la
boîte, deux crochets qui entrent dans deux pitons
qui fortent du deffus de la boîte, pour fermer les
ouvertures en même temps.
* Cette boîte fe tranfporte facilement, au moyen
dune main de fer ou d’ un anneau placé fur le
deffus.
Boîte à gorge.
Elle eft ainfi nommée à caufe de fa fermeture
qui eft à feuillure, de manière que le pourtour du
couvercle affleure la boîte de tous les côtés. On
nomme suffi cette boîte carton.
Ea gorge de ces boîtes fe fait communément
avec le feuilleret ou rainoir.
Le deffus de ces fortes de boîtes eft ordinairement
bombé , 8c garni d’une main ou d’un anneau.
Il eft ferré avec des charnières de fil de fer ; 8c
la boîte fe ferme, foit avec un crochet, foit avec
une ferrure.
Ces boîtes , qu’on fait de toutes grandeurs 8c
d’un bois léger, fervent à ferrer quelques légers
- ajuftemens, 8c des coiffures de dames.
Boîte ou étui à chapeaux.
Ces boîtes , fuivant la forme des chapeaux
qu’elles renferment, doivent être ou triangulaires
ou rondes, 8c plus ou moins profondes. Elles font
conllruites en bois folide mais très - mince , 8c
fermées d’un couvercle à rebords, ferré avec des
charnières de fil de fer, 8c arrêté avec des crochets
ou avec une ferrure.
Armoire, dite baraque d’écoliers.
Cette petite armoire eft communément de bois
de chêne ou de hêtre; elle n’a guère que dix-huit
à vingt pouces de largeur, fur vingt-fept à trente
de hauteur 8c huit à dix de profondeur. Elle eft
garnie intérieurement de deux tablettes. Elle a
deux portes arrêtées fur les côtés avec des fils de
fer , 8c qui fe ferment l’une à gauche avec des
crochets attachés en deffous des tablettes,. 8c l’autre
à droite avec une ferrure. On perce deux trous
à la partie fupérieure derrière cette armoire, 8c
on y paffe des fils d’archal ou des cordes, pour
la fufpendre à la muraille. .
'Tablettes à livres.
Ces tablettes , d’un bois léger, font quelquefois
conftruitës au deffus d’une petite armoire , & plus
fouvent feules 8c à jour, étant attachées avec des
pointes entre deux montans. On doit mettre entre
l’une 8c l’autre tablette, la diftance de fept à huit
pouces , 8c à chaque tablette une petite tringle
pour retenir les livres dans le fond.
Pupitre cVécoliers.
Le deffus de ce pupitre en plan incliné , s’ouvre
jufqu’à la partie horizontale qui le termine, 8c
qu’on nomme porte-chandelier. Le deffus incliné
eft ferré à cette partie fupérieure qui eft dormante,
8c y eft arrêté par le moyen de fils de fer ; il
ferme fur le devant 8c en bas du pupitre , par
une ferrure à moraillon. On a pratiqué fur le devant
8c dans l'intérieur du pupitre , de petites
cafés pour y placer l’encre, la plume, la poudre,
le canif. Ces petites cafés font auffi quelquefois,