progrès de l’inflammation , la décoéhon blanche
de oydenham, c’eft-à-dire , la corne de cerf râpée
à la dofe de quatre onces, que l’on fera bouillir
dans environ trois pintes d’eau commune, pour
jeter cette même eau dans les décodions émollientes
dont j’ai parlé, produiront de grands chan-
gëmens. Les purgatifs convenables après l ’admi-
niftration de ces remèdes, & enfuite de leur efficacité
, pour évacuer entièrement les humeurs viciées ;
qui entretiennent la caufe du mal, feront un décoction
de fené à la dofe d’une once & demie,
dans laquelle on délaiera trois onces de caffe ou
trois onces d’éieétuaire de pfyllio, &c.
' Il importe au furplus que le maréchal foit très-
circonfpeét & ne fe hâte point d’arrêter trop tôt
le flux de ventre, qui fouvent n’efl qu’une fuite
des efforts de la nature , qui fe décharge elle-même
des matières qui lui font nuifibles, & qui dès-lors
eft très-falutaire à l’animal.
Flux d'urine.
Evacuation exceffive & fréquente de cette fé-
Tofité faline, qui, féparée de la maffe du fang dans
les reins, & conduite à la veffie par la voie des
uretères, s’échappe au dehors par le canal de l’urètre.
.Cette évacuation n’a lieu que oonféquem-
ment à la volonté de l’animal, & le flux n’eft en
aucune façon involontaire, comme dans l’incontinence
d’urine.
Dans le nombre infini de chevaux que j’ ai traités,
je n’en ai vu qu’un feul attaqué de cette maladie.
Elle me paroît d’autant plus rare dans l’animal qui
fait mon objet, que très-peu de nos écrivains en
font mention. Je ne m’arrêterai point à ce qu’ils
nous en ont dit ; car je ne m’occupe que du foin
de me préferver des erreurs répandues dans leurs
ouvrages, & je me contenterai d’inférer Amplement
ici l’obfervation que le cas dont j’ai été témoin m’a
fuggérée.
Un cheval ayant été tourmenté par des tranchées
violentes, accompagnées de rétention d’urine,
fut mis à un très-long ufage de diurétiques les plus
puiffans. Les remèdes les plus falutaires & les plus
efficaces, ne font, dans les mains ignorantes qui
ont la témérité & l’audace de les admimftrer, que
des fources de nouveaux défordres & de nouveaux
maux.
L’animal fut atteint d’un flux tel que celui qui,
relativement au corps humain, Conftitue la féconde
efpèce de diabètes. Ses urines auparavant troubles,
- épaiffes & femblables à celles que rendent les chevaux
fains, étoient. crues, limpides, aqueufes, &
li abondantes , qu’elles furpafloient en quantité
l’eau dont on l’abreuvoit ; & il ne fe faififfoit du
fourrage que dans le moment où il avoit bu.
Cette dernière circonftance fut la feule qui étonna
le maréchal auquel il étoit confié ; il fe félicitoit
d’ailleurs d’avoir follicité la forte évacuation dont
il ne prévoyoit pas le danger, & vantoit ingénu-;
ment fes fuccès.
Le propriétaire du cheval, allarmé de l’éloignement
que le cheval témoignoit pour tous les ali- I
mens qui lui étoient offerts , eut recours à moi.
Après quelques queltions faites de ma part au i
maréchal, je crus pouvoir décider que le défaut
apparent d’appétit n’avoit pour caufe qu’une grande
foif, & que l’écoulement exceffif de l’urine n’étoit
occafionné que par la dilatation & le relâchement
des canaux fécrétoires des reins , enfuite de la
force impulfive qui avoit déterminé les humeurs en
abondance dans ces conduits.
La maladie étoit récente , je ne la jugeai point
invincible. Je prefcrivis d’abord un régime rafraî-
chiffant, car j’imaginai qu?il étoit important de calmer
l’agitation que des diurétiques chauds , & du
genre des lithontriptiques, dévoient avoir fufcitée.
J’ordonnai qu’on tînt l’animal au fon , & qu’on
lui en donnât quatre fois par jour , arrofé d’une
décoéfion forte de nénuphar, de guimauve & de
grande confoude. Je prohibai une boiflon copieufe,
& je fis bouillir dans l’eau dont on l’abreuvoit,
une fuffifante quantité d’eau d’orge.
Ces remèdes incraflans opérèrent les effets que
je m’en étois promis ; l’animal fut moins altéré,!
il ne dédaignoit plus le fourrage, & fes urines com-
mençoient à diminuer & à fe charger. Alors je le I
mis à l’ufage des aftringens.
J’hume&ai le fon avec une décoftion de racines
de biflorte , de tormentille & de quinte-feuille ;
enfin , les accidens s’évanouiflant toujours, & le
cheval reprenant fans ceffe fes forces, on exigea
de lui un exercice, qui, excitant de légères fueurs,
le rappela entièrement à fon état naturel;
R e m è d e s .
Armand. .
C ’eft une efpèce de bouillie qu’on fait prendre à j
un cheval dégoûté & malade , pour lui donner de |
l’appétit & des forces : en voici la compofition. >
Prenez plein un plat de mie de pain blanc émiee
bien menu ; mouillez-la avec du verjus, y mettant
trois ou quatre pincées de fel ( au défaut de verjus
le vinaigre pourra fervir ) , & fuffifante quantité de
miel rofat ou violât, ou à leur défaut, du miel
commun : faites cuire cette pâte à petit: feu pendant
un quart-d’heure pour en ôter l’humidité fuperflue,
& ajoutez-y de la cannelle en poudre le poids de
deux écus , une douzaine & demie de clous de
girofle battus, une mufeade râpée, & demi-livre
de câffonnade : remettez le tout fur un petit feu, &
laiffez cuire à feu lent un demi-quart-d’heure , re*:
muant detems en tems avec unefpatule de bois,
pour bien mêler.le tout, & faire incorporer les
aromates avec le pain & le miel ; mais il faut peu
de feu > parce que la vertu des drogues s’exhale
promptement par le moindre excès de chaleur.
Il faut avoir un neff de boeuf, & mettre tremper
le gros bout dans l’eau pendant quatre ou cinq heures
; & après qu’il fera ramolli de la forte, le faire
ronger au cheval, qui l’applatira peu-à-peu : ou
bien vous l’applatirez avec un marteau , & y mettrez
enfuite gros comme une noix de Yarmand : vous
ouvrirez d’une main la bouche du cheval, lui
faifant tenir la langue par quelqu’un avec la .main ,
, & la tête auffi de peur qu’il ne la remue; & vous
i introduirez votre nerf ainfi chargé, le plus avant
qu’il fera poffible. Dès qu’il aura pénétré affez
avant dans la bouche, il faut lui lâcher la langue ,
& lui laiffer mâcher le nerf de boeuf & l’armand
I tout enfemble l’efpace d’un pater ; vous lui en
I remettrez enfuite jufqu’à cinq ou fix fois, & le
I bifferez manger au bout de trois heures, pour lui
I donner l’armand ; & continuerez de la forte de
I trois en trois heures.
I L’armand eft utile à tous les chevaux dégoûtés
I & malades, pourvu qu’ils n’aient point de fièvre. Il
I nourrit & fait revenir l’appétit, & ne manque ja-
I mais, lorfqu’on fourre tout doucement le nerf jûf-
I qu’au fond du gofier, de faire jetter au dehors
I quantité de flegmes amers & bilieux qui caufent
I le dégoût. Il faut qu’à chaque fois qu’on retire le
I nerf du gofier, le nettoyer & l’effuyer avec du K foin. (Solleyfel, Parfait Maréchal.)
I L’armand eft bon pour déboucher le gofier
Id’un cheval qui aurait avalé une plume ou telle
■ autre ordure femblable, enfonçant par plufieurs
■ fois le nerf chargé d’armand jufqu’au fond. On
I éprouvera que l’ufage de ce remède ne fait au-
I cune violence au cheval, & qu’il le nourrit & le
■ remet en appétit; mais fi le maréchal a la main
I rude, & que le nerf ne foit pas amolli, il peut cre-
I ver le gofier du cheval, & le faire mourir par la
I fuite : mais cela arrive fort rarement.
Autre Armand pour un cheval dégoûté.
I Prenez une livre de miel, & le faites un peu
Ichauffer;un demi-verre de vinaigre , & un peu de
■ farine de froment cuite au four : faites cuire dou-
I cernent le tout dans un pot devant le feu : ajoutez-y
lime canelle râpée, & pour deux liards de girofle
I battu. Quand le tout fera cuit, vous le ferez pren-
■ ore au chevalle mieux que vous le pourrez.
I Comme un cheval peut être dégoûté parce qu’il
Icft malade, & que fi on laifloit agir la nature il
■ »croit en danger de fe laifferexténuer faute de nour-
I on prend du gruau ou de l’orge mondé
|^u °n fait bouillir dans un pot fans beurre, puis
|0n le donne tiede au cheval ; ce qui fuffit pour le
jd°Ufen*r ^ans ^on ma*> ^ empêcher qu’il ne meure
Gargarifme.
Médicament liquide, & propre à humeâer les
parties de la bouche & de l’arriére-bouche de l’a'ni-
mal. C’eft une efpèce d’infufionou de décoéfion,
ou de fuc exprimé, ou de mixture moyenne, &c.
& il offre de véritables reiTources dans des cas d’inflammation
, deféchereffe, de tumeurs, d’ulcères,
d’aphtes dans l’une ou l’autre de ces cavités.
Son efficacité ne fauroit être rapportée ni à une
collution réelle, car nous ne connoiflbns aucun
moyen de forcer l’animal d’agiter fa liqueur dans
fa bouche, de manière que toutes les parties en
foient imbibées", détergées & pénétrées; ni au
féjour que le remède y fa it, car i.l nous eft im-
poffible de le contraindre à l’y retenir long-tems :
il . ne peut donc être falutaire que par l’attention
que l’on a d’en renouveller fouvent l’ufage.
L’impuiflance où nous ferions encore d’inviter
avec fuccès l’animal à prendre le fluide que nous
lui préfenterions, ne nous laiffe que la voie des
injeétions. Nouspouflbns le gargarifme avec une
feringue., dont l’extrémité de la canule ou du fy-
phon, qui préfente une forme ovalaire & légèrement
arrondie , eft percée de plufieurs trous
femblables à ceux dont font percés les arrofoirs *
& pour l’adreffer plus fûrement au lieu qu’il importe
de baigner, nous faifons ouvrir la bouche
du cheval par le fecours d’un pas d’âne ou autrement
, s’il s’agit néanmoins d’humeéter les parties
quelle renferme.
Lorfqu’il eft queftion de porter la liqueur dans
l’arrière-bouche & au-delà de la cloifon du palais ,
nous dirigeons notre inje&ion dans les nazeaux ,
à l’aide d’un fyphon percé d’une feule ouverture ÿ
& cette route l’y conduit dire&ement, parce qu’elle
enfile les arrière-narines. Cette pratique eft fans
doute préférable à celle d’introduire des médica-
mens jufque dans le fond du gofier par le moyeu
d’un nerf de boeuf, aux rifques d’eftropier l’animal,
& d’augmenter tous les accidens qu’un ignorant
s’efforce toujours vainement de combattre.
Au furplus, le choix des matières à injeéîer dépend
du genre de la maladie ; ainfi il eft des gar-
garifmes antifeptiques , antiphlogiftiques, réfolu-
tifs, rafraîchiffans , émolliens , déterfifs, confoli-
dans , &c. & l’on doit ne faire entrer dans leur
compofition aucune chofe qui , prife intérieurement
, pourroit nuire & préjudicier au cheval.
Onguent de pied.
Cet onguent eft fait avec du fuïf de mouron ^
du fain-doux, de la poix-réfine, de la cire jaune
de la térébenthine, de l’huile d’olive & du miel*.
On s’en fert pour hume&er la couronne du pied du.
cheval, ce qui entretient toujours la corne en boix
état»