
On a donné quatre pieds à la longueur de la
chaîne, parce qu’on peut l’appliquer, par ce moyen,
à toute autre mefure de bois, foit neuf, foit flotté,
ces mefures ou membrures devant porter quatre
pieds en cârré.
Toutes les bûches qui font au deflous de dix-
fept à dix-huit pouces de groffeur, doivent être
rejetées du moule & renvoyées au bois de corde ;
mais il y a encore tant d’inégalité entre les plus
groffes, que fouvent ce nombre ne refte pas complet.
Il y en a quelquefois de fi groffes, fur-tout
dans le bois qui vient de Montargis , que les qua-
rante-fept ou quarante-huit bûches rempliffent les
trois anneaux & font la voie.
Le bois d'Andelle, ainfi appelé de la rivière qui
le voiture , n’ayant que deux pieds quatre à fix
pouces de longueur; quand ils’ën rencontre d’affez
greffes bûches pour être de moule ou de compte,
on en donne quatre anneaux & feize bûches pour
la voie.
Andelle eft une rivière qui paffe par le Vexin
normand, & fe jette dans la Seine à quatre lieues au
deffus de Rouen. Lé bois qui vient par cette rivière
arrive à Paris au port Saint-Nicolas du Louvre ; il
eft prefque tout de hêtre, & quelquefois mêlé d’un
peu de charme très-droit & fans noeuds , d’autant
plus agréable qu’il s’allume facilement & fait un
feu clair.
Si le bois de quartier ou bois fendu , qu’on appelle
aufli bois de traverfe ou bois blanc, a dix-huit pouces
de tour , il fe mefure au moule , & fe me.t avec
le bois de compte ; s’il n’en a que dix-fept, il fe
mefure avec le bois de corde ,* ainfi nommé parce
qu’autrefois ôn fe fervoit d’une corde pour le me-
lurer.
Aujourd’hui les bûcherons, pour former la mefure
qu’on appelle une corde de bois , plantent à la
corde quatre pieux en forme d’un carré , dont le
côté à huit pieds de longueur & chaque pièce
quatre pieds de hauteur : c’eft-là leur mefure ou
corde, qui ‘contient, comme on v o it , quatre fois
foixante-quatre ou deux cents cinquante-fix pieds
cubes de bois.
Cette méthode de mefurerle bois a duré jufqu’en
16 41, qu’il fut ordonné de fe fervir d’une membrure
de charpente qui retint le nom de corde.
Dans les chantiers de la v ille, le bois de corde
fe mefure donc dans un affemblage de charpente,
compofé de deux membrures ou pièces de bois de
quatre pieds de haut, maintenues à huit pieds de
diftance l’une de l’autre par une autre pièce de
traverfe qui les affemble par le bas.
Les marchands de Paris fe fervent, pour leur
débit, d’une membrure qui ne contient qu’une demi-
corde ; c’eft ce que l’on appelle une voie de bois
dans l’iifage ordinaire. Cette membrure a la même
hauteur que celle de la corde, mais elle n’a que
quatre pieds de large.
On ne reçoit pas ordinairement dans les membrures
le bois tortillard, à caufe des vides qtfi|
laifle & du tort qui en réfulte pour le public.
On rejette aufli le bois boucan ou les bûches qui,
par vétufté, ne font plus de mefure.
Le bois taillis eft tout bois qui n’a que cinq ou
fix pouces de tour.
Le menu bois eft, ou cotteret, ou fagot, ou bourré;.
Les concrets font plufieurs morceaux menus de
bâtons courts, liés enfemble par les deux bouts
avec des harts.
On les diftingue en cotterets de ùùllis faits de
menus morceaux de bois, & en cotterets de quar-
tiers fabriqués de gros morceaux ou rondins de
bois, refendus en plufieurs autres plus menus.
Les meilleurs & les plus eftimés font ceux de
quartiers, étant ordinairement de hêtre, fans mélange
d’autres bois.
Ils doivent avoir les uns & les autres deux pieds
de long, fur dix-fept à dix-huit pouces de tour. On
les mefure avec une petite chaînette.
Les fagots font faits de branches d’arbres menues.
Ils doivent être garnies de leurs paremens, remplis
au dedans de bois & non de feuilles , & avoir
trois pieds & demi de long, fur dix-fept à dix-huit
pouces de tour.
Les fagots & cotterets doivent être vendus par
compte , par cent, fournis des quatre au cent.
La bourrée, qui eft une efpèce de fagot, eft faite
de brouffailles, d’épines & de ronces, &c.
La falourde eft un gros fagot lié par les deux
bouts, fait de perches coupées ou de menus rondins
de bois flotté. On en fait aufli de harts &
rouets qui attachent & lient les perches des trains :
toutes ces falourdes doivent avoir trois pieds &
demi de- long , fur dix-fept à dix-huit pouces de
groffeur.
Les bois blancs, légers & peu folides, font fi peu
eftimés, qu’il eft défendu d’en mettre dans les membrures
au-delà d’un tiers.
Le bois pélard eft du chêne qu’on a dépouillé de
fon écorce pour la convertir en tan. Ce bois eft
menu & rond.
Les rôtiffeurs , boulangers & pâtifliers s’en fer*
vent parce qu’il donne un feu clair.
Réglemens concernant les Marchands de bois à brûler.
Parmi les marchands de bois flotté, les uns font
bourgeois, les autres font forains. Il y a beaucoup
plus de bourgeois que de forains qui font le commerce
du bois qui vient du pays d’amont. Au contraire
, il y a beaucoup plus de forains que de
bourgeois qui font le commerce du pays d’aval.
Les marchands de bois neuf font un tiers de
la provifion du bois qui fe confomme à Paris.
Les marchands de bois flotté font les deux autres
tiers.
Les marchands font tenus de faire couper &
fortir les bois des ventes dans les temps qui leur
auront été fixés ; eu égard aux lieux & à la qualité
desarpens. I .
Il eft défendu de fejourner en chemin fans ne-
ceflité, & de décharger ailleurs qu’à Paris.
L’ordonnance concernant la jurifdi&ion des prévôt
des marchands & échevins de Paris, donnée
en 167a, enjoint aux marchands de bois flotté de
faire triqver leurs bois , & les faire empiler dans
leurs chantiers féparément, félon leurs différentes
qualités, à peine de confifcation de leur marchan-
dife, & que chaque pile fera mife à telle diftance
qu’elle puiffe être entièrement vue & vifitée par
les officiers à ce prèpofés.
Pour éviter le mélange des bois de différentes
qualités qui en pourroient caufer la furvente, il
eft enjoint aux marchands qui font arriver du bois
neuf de differentes qualités en même bateau , de
les y faire mettre par piles féparées, à peine de
confifcation.
Auffitôt après l’arrivée de leur bois, les marchands
font tenus de fe tranfporter au bureau des jurés
mouleurs, & de leur exhiber des lettres de voitures
dont il fera tenu regiftre, pour y avoir recours
quand befoin fera.
Les marchands ne peuvent mettre leur bois en
vente, qu’après que la taxe en a été faite par le
prévôt de marchands & échevins ; & ils ne peuvent
vendre le bois à brûler à plus haut prix que
la taxe, fous peine de punition.
La même ordonnance leur défend d’avoir des
courtiers ou commillionnaires pour la vente de leur
marchandife.
Ils ne peuvent acheter le bois des autres marchands
pour le revendre, & ils ne doivent fe mêler,
eux ni leurs gens, de mefurer ou compter le
bois qu’ils vendent.
Il eft enjoint aux marchands de bois de chauffage
, de les faire mettre en chantier, en piles ,
qu’on nommé théâtres. Ces bois ne peuvent être
vendus ailleurs que dans les chantiers.
Le temps de la vente eft réglé par la police ,
depuis fept heures du matin jufqu’à cinq heures
du foir, à compter du premier oâobre jufqu’au
dernier février ; & depuis fix heures du matin juf-
qu à fept heures du foir pour le refte de l’année.
La ville de Paris commet des officiers mouleurs
de bois, pour veiller dans les chantiers à la distribution
& au mefurage du bois de chauffage.
Le bois de chauffage forme un objet auffi important
que le bois de conftruâion & de charpente.
Cependant, il étoit à craindre qu’il ne devint rare
o* trop coûteux. La difette s’eft déjà fait fentir dans
• capitale, où le luxe a tellement multiplié les feux,
3ue la confommation augmente prefqu’en raifon
de la diminution du bois , & de la difficulté des
m°yens de s’en procurer. Il faut avoir recours aux
provinces les plus éloignées ; mais faute d’eau &
aute de chemins , il eft encore impoflible de tirer
e k°ls des forêts qui font défendues par des mon-
a,gnes ou par de grands intervalles de pays inac.-
ceflibles. Il eft vrai que le gouvernement s’occupe
d’ouvrir des routes, & de faire conftruire des canaux
qui donneront un jour la facilité d’exploiter
ces forêts lointaines.
En attendant il eft fage d’y fuppléer par le charbon
de terre , par les tourbes , par de nouveaux
combuftibles tirés de la terre franche, de la boue
de Paris , & de matières végétales. On a fait diffé-
rens effais en ce genre qui ont réufli ; on eft du
moins parvenu à fubftituer des charbons fofliles
pour le. chauffage de grandes manufaâures de fonderie
, de verrerie , de poterie , de plâtre , de
chaux , & d’autres qui abforboient une quantité
prodigieufe de bois. On a auffi beaucoup multiplié
les plantations d’arbres le long des grands chemins ;
& la France offrira dans la fuite aux.yoyageurs de
grandes & fuperbes avenues dans toute fon étendue
, & des reffources abondantes pour le bois de
conftruéfion & de chauffage.
Ports ou toutes fortes de bois arrivent à Paris.
Au port au plâtre, le bois de charpente & le bois
flotté à brûler..
Au port au deffus du mail, le bois flottéi
A l’île Louvier, le bois neuf à brûler.
Au quai de l’E cole, garent les bateaux chargés
de bois neuf de la forêt de Compiègne, Villers-
Gotterets, & autres, des fagots , de cotterets, &c.
Dans le port de la Conférence, fe décharge le
bois flotté.
Au port de l’Hôpital-Général ou de la Salpêtrière,
débardent les bois de charpente.
Le port au deffous du pont de la Tournelle
fert en partie à la vente du bois neuf à brûler.
Au port & quai des Auguftins, garent des bâteaux
chargés de bois neuf à brûler.
Au port de la Grenouillère ,, garent les trains
de bois flottés.
A l’île des Cygnes eft le chantier public du bois
flotté à brûler, des bois de charpente & de me-
nuiferie. Tous les bateaux hors de fervice s’y déchirent.
Divers réglemens de police concernant le commerce
des bois.
Dans les provinces, il y a des offices de mefu-
reurs de bois à bâtir , qui font exercés par des
perfonnes affermentées devant le juge de police.
On obferve à cet égard' qu’ils ne foient pas en
même temps marchands de bois, afin que fous
prétexte de fe trouver fur les ports ou dans les marchés
pour mefurer, ils ne puiffent devancer l’heure
des marchands au préjudice des bourgeois , ainfi
que celle des charpentiers & menuifiers, lefquels
doivent avoir un temps de préférence pour faire
leurs provifions de cette efpèce de marchandife ,
fans être obligés de paffer au regrat.
A. P a r is le s maîtres charpentiers & menuifiers »