font les plus rebelles & les plus invétérées difpa-
roiffent fouvent lorfque l’on abandonne l’animal
dans les prairies, & qu’il eft réduit au vert pour
tout aliment ; les plantes différentes qu’ il y rencontre
& dont il te nourrit excitant d’abord des
évacuations copieufes & falutaires, & fourniffant
enfuite à la maffe des fucs plus doux , capables
d ’amortir l’âcretè des humeurs.
L a plupart des maréchaux ne font que trop fou-
v en t un ufage très-mal entendu des topiques, fans
doute parce qu’ils n’en connoiffent pas le danger r
i l eft inutile néanmoins de chercher dans Agen-
dornius , dans Hoechftellerus & dans une foule
d’auteurs qui traitent des maladies de l’homme ,
quels en font les funeftes effets. La matière morbifique
répercutée & pouffée de la circonférence
au centre , produit dans le corps de l’animal des
défordres terribles , & dont ils ont sûrement été
les témoins fans s’en appercevoir & fans s’en douter
: j’ai vu enfuire d’une pareille répercuflion , des
ch evau x frappés d’apoplexie, de phthifie, atteints
d ’un abcès dans les reins , & de plufieurs autres
maux qui les conduifoient à la mort. O n ne doit
donc recourir aux remèdes extérieurs qu’avec prudence
, & qu’après avoir combattu la caufe.
Je ne ferai point une ample énumération des
on guen s, des lo tio n s , dès linimens que l’on peut
employer ; il fuffira de remarquer ici que le foufre
& les préparations font d’une éfficacité non moins
merveilleufe en cofmètiques que donnés intérieurement.
O n peut faire un mélange de fes fleurs avec
la chaux , & incorporer le tout avec fuffifante
quantité d’huile d’olive : ce mêmes fleurs , l’onguent
de nicotiane, Yaquila alba, & l’huile d’hypê-
r ic o n , compoferont un lîniment dont on retirera
de très-grands avantages ; l’æthiops minéral mêlé
avec du fain-dou x, ne fera pas moins falutaire, & c .
on en met fur toutes les parties que les exanthèmes
occupenr.
O n doit encore avoir attention que le cheval
ne fe frotte point contre les corps quelconques qui
l ’environnent; ce qui exciteroit-une nouvelle inflammation
, obligeroit le fang de s’infinuer dans
les petits canaux lymphatiques, & donneroit bientôt
lieu à une fuppuration. D u reftè , fi le temps &
la faifon font propices , on mènera, après la difpa-
rition des puftules, l’animal à la rivière ; les bains
ne pouvant que relâcher & détendre les fibres
cutanées ; & il importe extrêmement de l’ éloigner
par un régime convenable , de tout ce qui peut
fufciter & reproduire en lui cette maladie.
Embarrure•
L 'embarrure eft tout accident qui fuit l’a&ion de
s’embarrer : l’effet ou la maladie eft donc ici dé-
figné & reconnu par le nom même de la caufe
qui la produit.
Ce s accidens ne fe bornent pas toujours à de
fimples écorchures ; ils confiftent fouvent dans
des contufions plus ou moins dangereufesj fel0ft
qu’elles font plus ou moins fortes & plus ou moins j
profondes , & félon aufli la nature de la partie
contufe & affeftée.
L ’écôrchure eft une légère folution de conti-1
nuité , une érofion qui n’intéreffe que les poils I
l’épiderme , les fibres & les petits vaiffeaux cutanés.
Il eft certain que l’embarrure limitée à ce feul 1
év én emen t, ne peut jamais être envifagée comme j
une maladie grave ; elle eft cependant quelquefois
accompagnée d’inftammation, ce que l’on reconnoît
aifément à la fenfibilité que témoigne l’animal J
lorfque nous portons la main fur cette plaie fu-1
perficielle , à la chaleur & au gonflement qui fe
manifefte dans fes en v iron s , & alors elle exige plus
d’attention de la part du maréchal.
Il ne fuffit pas en effet de recourir à des pora-
mades ou à des liqueurs deflicatives ; il s’agit premièrement
de détendre & de calmer. L’application
prématurée de ces topiques qui- ne conviennent
que dans le cas de l’abfence de tousses fignes
dont je viens de parler, augmenteroit inévitablement
le mal : on oindra donc d’abord le lieu où
le fiége en eft é tab li, avec un mélange de miel
& d’onguent d’ althæa, jufqu’à ce que la douleur
s’évanouiffe; à mefure q u e lle fe diflipera, onlup-l
primera infenfiblement l’althaça pour lui fubftituerj
l’onguent pompholix ou l’onguent de cérufe toujours
mêlée avec le miel ; & la plaie étant ennn
defféchée par ce m o y en , on procurera la régénération
des poils : il n’eft point de voie plus Mm
pour y p a rv en ir , que celle d’oindre la partie qui
en eft dépourvue avec l’onguent fuivant.
« Prenez pampres de vigne que vous pilerez dans
un mortier de fonte ; après en avoir broyé une petite
quantité , a jou tez-y du m ie l; broyez de nouveau
le to u t , reprenez des pampres, pilez-les &
ajoutez encore du miel ; continuez jufqu a ce que
vous ay ez préparé affez de cet onguent , que vous
garderez foigneufement pour le befoin , & q«e
vous aurez attention de renouveller chaque année.
« f îVVï t‘-î , , ]
Il peut arriver aufli que l’inflammation foit 1res*
confidérable , alors on faignera l’animal : de plus!
s’il furvient des fon gofités, on emploiera, lorlj
qu’il n’y aura plus d’inflammation, de foibles cm- j
fomptifs pour les détruire , tels que l’alun brûlé >1
mêlé avec le miel,. & même avec rægyptiaciices
fongofités font d’un certain volume. Enfin, M j
le cas de l’écorchure Ample & fans complication,
de chaleur & de d ou leu r , on fe contentera
. laver la partie malade a vec du v in chaud, e 1
faupoudrer avec de la cé rufe, ou de la flotte aV-
les mélanges defiiccatifs & adouciffans don J *1
fait men tion, & c . J
Les contufions occasionnées, par l’ embarrui h
ne diffèrent de celles qui font le produit de 1 impr J
fion fubite & du heurt de quelques corps dur
' o b tu s , qu’en ce que communément le frotte»
partie fur là b a r re, fufcitant une érofion, elles
s’annoncent par une tumeur av ec folutiou extérieure
de continuité. Il n’eft pas néanmoins abfo-
lument rare que cette tumeur foit fans déperdition
de fubftance , & fans ouverture à la peau.
Lorfque la contufion fe borne au tégument ou
au corps graiffeux, elle eft regardée comme une
jneurtriffure, & n’eft fuivie d ’aucun accident fâcheux
: l’eau fra îche, l’eau-de-vie & le favon font
des remèdes capables d’en opérer l’entière gué-
rifon ; il n’en eft pas de même lorfqu’elle s’étend
dans les parties charnues, ou qu’elle eft accompagnée
de la foulure des tendons ou des ligamens,
de la dilacération du tiffu interne , du froidement,
de la compreffion des vaiffeaux, de la ftagnation
des liqueurs dans leurs can au x, de leur extrava-
fipn , &c.
Ces différentes complications nous follicitent à
un traitement plus méthodique, & dans lequel
nous devons toujours nous guider par la variété
des fymptômes & des circonftances. i° . D e fortes
contufions, fur-tout dans la partie la plus élevée
[ de l’extrémité, s’enflamment le plus fouvent &
fuppurent. J’ai ouvert beaucoup d’abcès provenans
I de cette feule & unique caufe. 20. Les tendons ou
| les ligamens font-ils contus & foulés ? la douleur
vive à laquelle l’animal eft en p ro ie , la difficulté
qu’il a de fe mouvoir , nous l ’annonceront ; & ces
I mêmes fignes réunis &--joints à celui qui réfulte
du volume & de l ’étendue de la tumeur, nous
indiqueront encore tous les autres accidens qui ont
eu lieu dans l’intérieur du membre embarré.
Dans les uns & les autres de ces cas , la faignée
à la jugulaire eft indifpenfable. Selon l’ardeur de
l’inflammation & la vivacité de la douleur , on
appliquera des cataplafm.es anodyns faits a v ec de
lamie de pain bouillie dans du la it, à laquelle on
I ajoutera des jaunes d’oeufs , du fafran & de l’on-
1 guent populeum ; par le fecours de ces m édicamens,
| on fatisfera aux premières intentions que l’on doit
I avoir, puifqu’on s’oppofera d’une part à l’âffluence
| des humeurs fur la partie tuméfiée , & de l’au tre,
I aux progrès de l’inflammation qu’il faut abfolument
j s efforcer d’appaifer.
Ces deux objets étant remplis, on n’oubliera rien
I pour délivrer la partie des humeurs qui s’y feront
[ accumulées. On débutera d’abord par les remèdes
[ jf.. » te^s que les cataplafmes faits avec racines
Idiris, de bryone , de chacune deux on ce s; fom-
mites d’abfynthe & d’ auronne , fleurs de camo-
[ & de fureau, de chacune une poignée ; fenienees
d’aneth, fénugrec & cumin en poudre , de
chacun un once ; fel ammoniac, quatre dragmes :
on fera cuire le tout dans du gros v in , on pilera
n‘Uite le marc, on y mêlera de l’axonge humaine,
[ ou de l’axonge de cheval & du fafran, de chacun
eux dragmes pour le calàplafme que l’on appli-
?,u®ra chaudement fur la partie , ou telle autre fem-
able qui aura ies mêmes yertus & la même effi-
cacué.
En frottant encore la tumeur avec les réfolutifs
fpiritueux, ou avec de l’efprit de matricaire Çc le
baume nervin , ou en mettant en ufage les bains
réfolutifs aromatiques, on pourra opérer la réfo*.
lution.
S ’il y a enfin épanchement ou infiltration d’humeur
& que cette voie que l’on doit préférer à
toute autre foit impoffible, on facilitera la fuppu-
tation par l’onéfion de l’onguent bafilicum, enfuite
on ouvrira la tumeur.
Souvent’ les éparvins , les cou rb es, les furos i
font provoqués par les embârrures. J’ai v u de
p lus, enfuite d’un pareil ac ciden t, un gonflement
énorme & une obftruâion confidérable du tiffu
vafculaire qui compofe la maffe des tefticules.
Pendant l’adminiftration des remèdes que je
viens de prefcrire, on doit tenir l’animal à un régime
e x aé f, à l’eau b lan che, au fon , lui admi-
miniftrer des lavémens émolliens , &c. & félon le
dépôt qui en fera réfultê, le purger pour terminer
le traitement.
Ebullition.
Maladie légère que l’on nomme encore dans
l’homme échauboulures, puflules fado raies.
Elle fe manifefte dans les chevaux par des éle-
vures peu confidérables, & qui font Amplement
accompagnées de démangeaifon. Ces élevures
font plus ou moins multipliées, & femées dans
une plus ou moins grande étendue de la furface du
! corps. Quelquefois aufli elles arrivent feulement
à de certaines parties , telles que l’en c o lu re , les
épaules, les b r a s , les c ô t e s , & les environs de
l’épine.
Il eft jaifé de les diftinguer des boutons qui
défignent & qui caraâérifent le farcin, i° . par la
promptitude avec laquelle elles font formé es, &
la facilité avec laquelle- on y remédie ; 2°. elles
ne font jamais aufli voluminèufes ; 30. elles n’en
ont ni la dureté ni l’adhérence ; 4®. elles font cir-
confcrites, n’ont point entre elles de communication
, & ne paroiflent point en fufées ; 50. elles ne
s’ouvrent & ne dégénèrent jamais en puftules >
6°. en fin , elles n’ont rien de contagieux.
Cette maladie fuppofeprefque toujours une lym-,
phe faline & g rofliè re, dont les parties les plus
aqueufes s’échappent fans aucun obftacle par la
voie de la tranfpiration & de la fueur , tandis
que la portion la moins fubtile & l'a moins ténue
ne peut fe faire jour & fe frayer une iffu e , lorfqu’elle
eft parvenue vers les extrémités des vaiffeaux
qui fe terminent au tégument. Ces dernières
particules pouffées fans celle vers la fuperficie par
celles qui y abordent & qui les fu iv en t , font contraintes
d’y féjournér. D e leurs arrêts dans les
tuyaux capillaires qu’elles engorgent & qu’elles
obftruent, réfultent les tumeurs nombreufes qui
font difperfées à l’extérieur, & un plus grand degré
d’acrimonie annoncé par la démangeaifon int;
B b b b ij