
Autrement, les vibrations des parties s’entrechoquent',
& forment un fon qui eft proportionné
à leur mouvement, & qui met la confufion dans
toute leur harmonie : cè font donc ces parties ali-
quotes qui, félon M. Roberts, font les véritables
touches, qui forment les notes des trompettes.
Tympanifchifiz*
C’eft une efpèce de trompette marine, dont on
fe fervoit ci-devant.
La tympanifchifa étoit une caiffe pyramidale de
bois , longue d’environ fept pieds ; la bafe étoit
un triangle équilatéral, dont chaque côté avoit
fix à fept pouces, & le fommet fe terminoit par
un autre triangle équilatéral, dont chaque coté
avoit deux pouces.
On tendoît fur cet inltrument quatre,cordes (de
boyau probablement ) qui faifoient l’accord ut ,
ût , f o l , ut ; on jouoit fur la plus baffe de ces
quatre cordes, comme l’on joue fur la trompette
marine.
On prétend que quand on exécutoit fur cet
infiniment des pièces convenables , on aurôit cru,
à une certaine diftance , entendre quatre trompettes.
• V.
INSTRUMÈNS A CORDES , DONT ON JOUE EN
PINÇANT OU FRAPPANT.
L y r é;
Les Grecs attribuent l’invention de la lyre à
Apollon, à Mercure, à Orphée, à Amphion, à
Linus.
On dit que Mercure ayant trouvé une écaille
de tortue, la couvrit d’une peau très-fine, & qu’il
y fit un manche. Il y joignit un rofeau divifé en
deux parties , auquel étoient attachées fept cordes
tendues de haut en bas.
On jouoit de cet infiniment à vide & des deux
côtés, à peu près comme nous jouons de la harpe.
Pythagore y ajouta une nouvelle corde d’un
demi-ton, pour en rendre l’harmonie plus parfaite.
On enchérit fur cette augmentation, au point que
la lyre fut compofée de cinq tétracordes.
Enfin, Epigonius, au rapport d’Athénée, inventa
la lyre nommée epigonium, qui avoit quarante
cordes.
On voit fur les monumens antiques , des lyres
de toutes les formes, de diverfes grandeurs , ayant
plus ou moins de cordes. Il y a des lyres d’une
forme carrée, d’autres triangulaires.
La lyre de Pythagore de Zarathe, s’appelloit le
trépied, & en avoit la figure. Pythagore s’en fervoit
comme de trois guitares , & jouoit ainfi fur trois
modes, le Dorien, le Lydien, & le Phrygien. Il
fe tenoit afiis fur une chaife faite exprèstendoit fa
main gauche pour la pulfation, & de la droite fe
. fervoit du pleürum.
H a r p e .
L’antiquité la plus reculée fait mention de la
harpe, comme d’un infiniment fupérieur aux autres
à tous égards. L’hiftoire facrée dit qu’elle étoit
l’inftrument favori du prophète-roi , & les Hébreux
de ce temps la eonnoiffoient fous les noms
de nable, cythare , haqur & de kinnor, qui avoit
alors la forme d’urf triangle acutangle ou d’un A ,
portant Amplement neuf'cordes.
Les Grecs , c’eft-à-dire, les Syriens, les Phrygiens
, employèrent la harpe fous le nom de tri*
gonon, à caufe de fa figure, & la montèrent d’un
plus grand nombre de cordes , lefquelles étoient
relatives à leur fyftême de mufique.
Cet infiniment étoit appelé cyhnira par les Latins.’
Gn dit que les Myfiens l'inventèrent.
Enfuite les Celtes , pères des Gaulois & des
Germains, ainfi que les Anglo-Saxons, fe diftin-
guèrent par leur goût pour la mufique, & principalement
par la manière de pincer cet infiniment
; & fi pendant phifieurs fiècles écoulés la
harpe paroît avoir été oubliée , elle a cela de commun
avec tous les arts en général, qui n’ont pris
vigueur qu’après la renaiffance des lettres.
En Italie, on voit des harpes de cinq pieds avec
trois rangées de cordes; ce qui fait en toiit foi-
xante-quinze, que l’on pince avec les deux mains,
l’une oppofée à l’autre. Vers le quatorzième fiècle,
il y avoit des harpes à vingt-cinq cordes.
On lit dans un manufcrit du cabinet du r o i,’
( n°. 721, folio 163.) une pièce intitulée le dit: de la
Harpe. Le poète y compare fa maîtreffe à la harpe,
q u i, dit-il, a vingt-cinq cordes ; & après avoir
fait l’éloge de cet infiniment, dont, fuivant lu i,
jouoient David, Orphée & Apollon, il ajoute que
la première corde eft honte; la fécondé, gaieté ; la
troifième, douceur ; la quatrième, humilité, &c.
Là-deffus le poète fait des differtations fur toutes
les vertus de fa maîtreffe.
Voici le commencement de cètte pièce-:
Je ne puis trop bien ma dame comparer 1 -
A la harpe , et son corps gent payer
De vingt-cinq cordés que la harpe ha, '
Dont roi David par maintes fois harpa.
I l étoit enfin réfervé à nos jours, de voit cet
infiniment porté à un degré de perfeélion qu’il n’a
jamais pù avoir.
C ’eft par cette raifon que nous croyons nécefi
faire de nous étendre ici iin peu, tant fur fa çonf-
truélion , fon mécanifme, que fur fon étendue,
& fur la manière de.le pincer.
Nous penfons d’autant mieux le devoir faire ,
que cet inftrument devient l’objet de l’amufemen't
d’un fexe né fenfible, qui, loin de fe refufer aux
émotions que la harpe fait exciter, dans nos âmes
par la douceur de fon harmonie & la fiiayité de fes
fons , lui prête encore des fecours, favorables ,
afin d’en augmenter les charmes.
Defcription abrégée de la Harpe organifée.
Cet inftrument, haut d’environ quatre pieds ,
eft de la figure à peu près d’un triangle fcalène ,
c’eft-à-dire , à trois côtés inégaux.
La harpe eft compofée de trois parties. Le
corps principal, celui qui réfléchit le fon des cordes
& qu’on appelle , par cette raifon ,> le corps
foriore , fe cônftruit de huit pans de bois affem-
blés & collés les uns près des autres , fur lef-
quels la table eft pofée. Poye^ pl. I I I , fig, 10 des
Inflrumens de Mufique, tome 3 dès gravures.
Cette table eft de fapin, & a fix ouies ou fix
ouvertures faites en forme de treffle , de rofette ,
ou autrement.
Le corps fupérieur , qu’on appelle en Allemagne
clavier, & en France confole, à caufe de fa
figure, eft percé d’autant de trous, & porte autant
de chevilles de fer qu’il y a de cordes.
Le trÆfième corps appelé bras, qui n’eft con-
fidéré, relativement à la conftruélion de la harpe,
que comme un arc-boutant néceffaire au foutien
des autres corps , renferme intérieurement fèpt
tringles mobiles, correfpondantes a autant de ref-
forts pratiqués dans le clavier, lefquelles font dirigées
dans l’angle le plus aigu ou le pied de
l’inftrument, par des léviers attenans à fept pédales
de fe r , deftinées à l’aélion des pieds.
Par ce mouvement mécanique, les refforts agif-
fent dans le clavier , & font mouvoir des crochets
par le moyen defquels les cordes font attirées
& fixées fur de petits fillets, enforte que
par la diftance proportionnée de ces fillets aux
jcfievilles , les cordes de même nom, oélaves les
unes des autres , & par ce moyen raccourcies
d’un feizième de leur longueur, deviennent plus
aigues lorfqu’on les pince : delà les demi-tons.
Ce mécanifme très - ingénieux , a été inventé
afin de rendre cet inftrument fufceptible de toutes
les modulations poifibles.
Les harpes organifées ont à peu près l’étendue
d’un clavecin à grand ravalement. Elles font montées
ordinairement de 33 ou de 3 5 cordes diver-
fement colorées, dont la plus grave eft à I’uniffon
du premier f i bémol des baffes du grand clavier,
& la plus aiguë à l’uniffon du dernier fa ou du
dernier la dans les deffus : c’eft ce qu’indiquent
dans la table générale du rapport de l’étendue des
voix & des inftrumens comparés au clavecin ,
(pl. X X I de la Lutherie. ) les nombres 33 & 1 ,
termes extrêmes qui ; renfermant tous les intermédiaires
, répondent aux autres cordes.
Quelques harpes ont une corde au grave de
plus, laquelle répond au la des baffes du clavier :
c’eft ce qu’on indique dans la même table par une
aftérifque. D’ailleurs, cette addition n’eft pas générale.
Quant à la diverfité des couleurs qui règne
entre les cordes, elle eft telle que toutes les cordes
qui fonnent Vut font rouges, & que toutes celles
qui fonnent le fa font bleues; les autres relient
blanches, c’eft-à-dire, de la couleur qui leur eft
naturelle.
Ce qui devient une autorité de plus pour l’opinion
que cet inftrument étoit en ufage chez les
Grecs; car ceux qu’ils employoient fous lé nom
de trigonon & de fimichon, étoient montés du temps
de Timothée le Miléfien félon fon fyftême, c’eft-
à-dire , chromatiquement, & les cordes répon-
doient aux caractères peints , colorés ou marqués
du mot chroma.
Or , ce fyftême portoit donc alors les cordes
appelées mobiles, de différentes couleurs. Celui de
la harpe détermine exactement ces mêmes cordes
de quatre en quatre : donc il ne diffère aucunement
à cët égard de l’ancien fyftême des Grecs.
Ainfi , puifque les. ut & les fa , appelés chez
ces peuples hypaton chromatiquè, méfon chromatique ,
fynemmenon chromatiquè, die^eugmenon chromatiquè,
hyperboléon chromatiquè , font encore, les mêmes
cordes chromatiques ou colorées qui fubfiftent actuellement
dans la harpe, cela fert à prouver plutôt
l’ancienneté de cet inftrument , que les moyens
d’en faciliter la pratique, ainfi que le prétendent
la plupart ; car il importeroit fort peu d’ailleurs,
pour l’exercice des doigts, que ces cordes fuffent
d’une feule couleur , ou qu’elles le fuffent de pîu-
fieurs.
Ne voit-ôn pas même encore des claviers d’orgue
& de c la v e c in d on t les touches ou marches
font aux uns de couleurs oppofées à la couleur de
celles des autres ? Ce qui fert à prouver'qu’il y
a dans ce fait plus d’arbitraire que de néceflité.
L’accord général & diatonique de toutes les
cordes à vide de cet inftrument, eft toujours dans
le ton de b-fa-fi. bémol , comme celui qui eft le
plus commode, eu égard à la fonction dés pédales
qui eft de hauffer toutes, les cordes , ah moyen
defquelles tous les f i & les mi bémols deviennent
naturels , & montent la harpe au ton de c -fb lfit,
lorfqu’il s’agit de jouer dans ce ton , & ainfi du
refte à l’égard des autres tons, quand il eft né-,
ceffaire.
La manière d’accorder la harpe , eft la même
que celle dont on ufe pour accorder les clavecins
c’eft-à-dire , en altérant un peu chaque quinte
jufqu’à ce que là dernière fe trouve naturellement
d’accord d’elle - même ; ainfi , par ce moyen 8$
celui des fept pédales, la harpe fe trouvé exactement
accordée^ relativement à tous Tes fons ou
modes poffibles.
La harpe fe pince des deux mains. La main
gauche eft principalement deftinée aux baffes, &
,1a droite aux deffus.
On tient cet inftrument entre les jambes.,' le
corps fonore appuyé contre f épaulé droite, pour
avoir la facilité d’agir de l’un & de l’autre coré,
en obferyant toujours de pincer les cordes le plus