
rayons vifuels s’entrechoquent, comme aux per-
fonnes qui ne peuvent fupporter l’éclat de la lumière.
Foyer d’une lunette.
On nomme foyer de la lunette, le point ou les
rayons réfléchis par le verre de la lunette fe réunifient
, foit exaélement, foit phyfiquement.
M. Bouguer a remarqué, dans fon ouvrage fur
la Figure de la Terre, que le foyer des grandes lu- ,
nettes eft différent, i°. félon la conftitution des
yeux de l’obfervateur, z°. félon qu’on enfonce ou
retire l’oculaire, 30. félon la conflitution aéluelle
de l’atmofphère, & il donne les moyens de fe
précautionner contre ces variations.
Champ d’une lunette.
Le champ d’une lunette eft l’efpace que cette
lunette embraffe; c’eft-à-d ire, ce qu’.on voit en
regardant dans la lunette.
C’eft une perfeélion dans une lunette d’embraf-
fer beaucoup de champ, mais cette perfeélion nuit
fouyent à une autre, c’eft la netteté des objets. Car
les rayons qui tombent fur les bords du verre objeélif
& d’où dépend le champ de la lunette, font rompus
plus inégalement que les autres ; ce qui produit des
couleurs & de la cônfufion.
On remédie à cet inconvénient par un diaphragme
placé au-dedans de la lunette, qui, en interceptant
ces rayons, diminue le champ, mais rend la vifion
plus diftinéfe.
Diaphragme.
On nomme diaphragme une féparation en forme
d’anneau, de métal ou de carton , qu’on place au
foyer commun de deux verres de lunette, ou à
quelque diftance du foyer , pour intercepter les
l'ayons trop éloignés de l’axe , & qui pourroient
rendre les images confufes fur les bords.
On met fouvent plufieurs diaphragmes dans une
lunette ; celui qu’on place au foyer de l’objeélif,
détermine le champ de la lunette ou l’étendue des
objets qu’elle peut voir. (Art. de M. de Lalande.)
Objeélif & Oculaire.
U objeélif ou le verre objeélif, fe dit de celui des
verres d’une lunette ou d’un microfcope à plufieurs
verres, qui eft tourné vers l’objet :■ on l’appelle ainfi
pour le diftinguer AeYoculaire^t\\Ti eft tourné vers l'oeil.
Dans le télefcope, I’objeétif doit être d’un plus
grand foyer que l’oculaire; c’eft tout le contraire
dans les microfcopes.
Pour s’affurer de la régularité & de la bonté
d’un verre objeélif, on décrira fur un papier deux
cercles concentriques, tels que le diamètre de l’un
foit égal à la largeur dy verre objeélif, & le diamètre
de l’autre, égal à la moitié de cette largeur.
On divifera la circonférence intérieure en fix parties
égales, & on y fera ftx petits trous avec une
aiguille; enfuit# on couvrira, avec ce papier, une
des faces du v erre, & I’expofant au folcil, on
recevra les rayons qui pafferont par chaque trou
fur un plan qui foit à une diftance jufte du verre-
en reculant ou approchant le plan, on doit trouver
un endroit où les fix rayons qui paffent par les
fix trous , fe réunifient exaélement : s’ils fe réunif-
fent en effet ainfi, c’eft une marque que le verre
objeélif eft bien fait, & le point de réunion eft le
foyer de ce verre.
Mais il n’y a peut-être pas de meilleur moyen de
s’affurer de la bonté d’un verre objeélif, que de le pfo.
cer dans un tube & de l ’effayer avec un petit verre
oculaire fur des objets placés à différentes diftances-
car le verre objeélif eft d’autant meilleur , qu’il
repréfente les objets plus diftinélement & plus clairement,
& qu’il embraffe un plus grand champ,
& fouffre un verre oculaire, plus concave ou plus
convexe, fans colorer & obscurcir les objets.
Pour s’affurer fi un verre objeélif eft bien centré,
il faut tenir le verre à une diftance convenable de
l’oe il, & obferver les deux images d’une chandelle
réfléchies par fes deux faces ; l’endroit où les images
fe réunifient ou fe confondent eft le vrai centre:
fi ce point répond au milieu ou au point central
du verre, il eft bien centré.
Lorgnette.
C’eft une lunette compofée d’un feul verre, &
qu’on tient à la main pour regarder avec un oeil
feulement; c’eft pourquoi cette efpèce de lunette
a été aufli appelée monocle.
Les lorgnettes deftinées pour les presbytes ou
pour ceux qui ont la vue longue, font formées
d’un verre convexe.
Et celles deftinées pour les myopes ou les vues
courtes, ont un verre concave.
On nomme aufli lorgnette, lunette d’opéra, petite
lunette, &c. une lunette-à tuyau, compofée de
plufieurs verres , & qu’on tient aifément à la main.
Choix & préparation du verre pour les lunettes d approche.
Comme la lsonté des lunettes d’approche dépend
de celle des verres qu’on emploie dans leur conl-
truélion, il faut parler du choix que l’on doit faire
de la matière du verre, aufli-bien que de la manière
de le préparer.
On doit choifir-le verre pur, net & bien égal
dans fa fubftanee , fans flatuofités ni bouillons
confidérables, le moins coloré qu’il eft poflible»
& fur-tout fans ondes, finuofités , nuages, m
fumées qui le rendroient , quelque bien travaille
qu’il fû t , abfolument inutile à la conftruélion de
l’oculaire. Mais, comme on ne peut connoître file
yerre à les qualités requifes lorfqu’il eft brut, 1 af‘
tifte doit avoir foin de le découvrir & de le polir au
moins groffièreriient des deux cotés , s’il ne vert
s’expofer à un travail inutile.
On fuppofe donc le verre régulièrement tranfpa*
rent, découvert & poli des deux côtés; on l a minera
de la manière fuivante.
Premièrement, on l’expofera au foleil, recevant
fes rayons au travers fur un -papier blanc , qui fera
clairement paroître les filets , les fibres finueufes &
les autres inégalités qui peuvent y être.
On regardera enfuite au travers quelque objet
médiocrement proche & élevé fur l’horizon, comme
peut être quelque pointe de clocher, hauffant &
baiffant le verre devant l’oeil, & confidérant avec
attention fi, dans ce mouvement, l’objet ne pa-
roit point ondoyant au travers du verre ; car, fi
cela étoit, il ne pourroit point fervir à l’oculaire ;
& le verre pour être bon , doit, nonobftant ce
mouvement, rendre toujours l’apparence de l’objet
parfaitement ftable & fans aucun mouvement.
On confidérera en fécond lieu fa couleur, qui
doit être entièrement légère & fans corps ; les
bonnes couleurs font celles qui tirent fur l’eau vi-
née, fur le bleu , fur le v e r t, ou même fur le
noir, mais toujours fans corps.
Le vert ou la couleur d’eau marine, eft la plus
ordinaire : on connoît la bonté de toutes ces couleurs
, en mettant tous ces diftérens verres fur un
papier blanc ; car celui qui le repréfentera bien
nettement & naïvement, fans colorer, fa blancheur,
fera le meilleur.
Il faut enfuite examiner, fi le verre qu’on veut
travailler eft également épais par-tout; ce que l’on
connoîtra avec un compas à pointes recourbées.
Cette précaution eft fur-tout néceffaire aux verres
dont on veut faire des objeâifs, à la préparation
& au travail defquels on ne fauroit apporter trop
d’exa&itude.
Suppofé que le verre n’ait pas une égale épaif-
feur par-tout, il faut l’y mettre avant que de lui
donner aucune forme fphérique, la chofe étant
impoffible après, fur-tout lorfqu’on le travaille à la
main libre & coulante.
Après avoir examiné les verres, comme on vient
de dire, on les coupera d’une grandeur proportionnelle
au travail qu’on en veut faire, obfer- 1 Vant s’il s’y trouve quelques petits points ou fouf-
; dures, de les éloigner toujours du centre le plus
qu’il fera poffible ; 1’ on mettra pour cet effet un
peu de maftic fur ces pièces dé verre dans un lieu
convenable, pour y pofer la pointe d’un compas
avec lequel on tracera une circonférence , avec
une pointe de diamant , pour le couper enfuite
plus rondement.
L’ou tiendra les objeélifs affez grands , pour
qu ils aient plus de conduite fur la forme.
A l’égard des verres de l’oe il, il faut en faire
quelque diftinélion; car pour les grands oculaires
. dciix verres, on les fera aufli larges que l’é-
paifleur du verre & fa diaphanéité pourront le I
^A/r6t-tre ’ ^es us *ar8es font les plus commodes.
Mais pour les oculaires compofés de plufieurs
convexes, la grande largeur n’y eft point utile ,
encore moins l’épaiffeur, fans laquelle on ne
auroit leur donner une grande largeur.
11 fuffira communément, félon la différente loa»
guenr des oculaires , qu’ils aient de largeur en
diamètre , depuis 8 lignes pour les petits jufqu’à.
18 lignes pour les plus longs de 10 à i z pieds.
Il convient aufli de les rogner au grugeoir ou à
la pincette , bien rondement fur le trait du diamant
fait au compas ; car cette rondeur fervant de
première conduite à l’ouvrage, eft le fondement de
l’efpérance qu’on peut avoir de bien réuflir au travail.
La fécondé chofe dans laquelle confifte la préparation
du verre au travail, eft de le bien monter
fur la molette. Pour cet effet, on fera fondre le
maftic dont on veut fe fervir; & pendant ce temps-
là , l’on mettra les molettes de cuivre ou de métal fur
le feu, pour leur donner quelque médiocre degré de
chaleur, afin que le maftic s’y attache plus fortement.
L’on dreffera enfuite ces molettes, leur plateforme
en deffus, & l’on remplira leur canal tout
à l’entour de ce maftic fondu , qu’on y laiffera à
demi refroidir, pour y en ajouter du mou, autant qu’il
fera néceffaire pour égaler la fuperficie de leur plateforme
, fur laquelle il ne doit pas y en avoir du tout.
On l’accommodera donc proprement à la main ,
à l’épaiffeur d’un demi-pouce tout à l’entour, en
y laiffant un efpace v id e , comme un petit foffé
d’environ deux lignes, tant en largeur qu’en profondeur
, entre le bord de la plate-forme, pour
empêcher qu’il ne la touche. Le maftic doit cependant
toujours furmonter la plate-forme de la
hauteur d’une bonne ligne.
Pour y appliquer maintenant le verre, on le
chauffera médiocrement, de même que le maftic
fur lequel on l’affeoira enfuite bien adroitement,
l’y preffant également avec la main, jufqu’à ce que fa
fuperficie touche exaélement celle du bord de la plateforme
de la molette, & qu’elle paroiffe bien jufte.
Cela fait, on renverfera la molette fur une table
bien droite, & on laiffera refroidir le verre & le
maftic fous fon poids.
On remarquera que la largeur du verre pourra
bien excéder quelque peu celle du maftic de la
molette ; mais la molette ne doit jamais excéder
la largeur du verre au dedans de fon bifeau^
Le maftic doit aufli toujours recouvrir toute la
circonférence extérieure du verre bien uniment, afin
que le grès ou mordant ne puiffe point s’y arrêter,
& qu’on puiffe entièrement s’en débarraffer en la
lavant.
Pour travailler néanmoins avec affurance, &
ne point expofer les bons verres aux premières
atteintes trop rudes du mordant, on prépare aufli
des verres de rebut , que l’on montera fur des
molettes femblables , de cuivre ou de métal. Et
quoique ces verres ne doivent fervir que d’épreuves,
comme pour égaler le mordant fur la forme avant
que d’y expofer le bon verre , & lorfqu’ayant
difeontinué pour un temps, l’on veut fe remettre
au travail pour connoître s’il n’eft point tombé de
faletés fur la forme qui le pût gâter, ils doivent
cependant être montés proprement fur le maftic ,
pour qu’il ne s’y attache aucune faleté que l’on
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