
Les outils de moulures, tant fimples qu arbitraires
, doivent avoir des joues ou conduits des
deux côtêsT c’eft-à-dire, tant en dedans qu en dehors
, afin que portant également par-tout, ils ne
defcëndent pas plus dans un endroit que dans
l’autre.
Ces outils étant très-courts, il elt à propos
que leurs conduits (oient garnis de f ç j , afin qu ils
ne s’ufent point par le frottement, qui devient
confidérable.
A l’égard des outils, dont la joue entre^ et
porte dans les rainures, comme elle ne peut être,
que tfès»mince, elle doit être toute de fer.
On a d it, que les outils des menuifiers en car-
rofles , doivent être très-courts, quand on eft
arrêté par^quelque angle , ou quelque reffaut ;
mais ceux qui .peùyent être pouffes tout le long,
de la pièce, doivent être longs de fix pouces au
moins , '.afin ' d’en rendre ,1’ufage plus doux, et
qu’ ils, foient plus aifés à pouffer. 11' ne faut point
faire ces outils trop cintrés , parce qu alors ils
broutent autant que s’ils étoient trop courts.
Quant à la difpofition .des outils de moulures
des menuifiers en^carroffes., c’eft.à.peu^près la
même chofe que pour,ceux des menuifiers d al-
femblages , tant pourlia* manière de lies*, faire ,
que pour ;la pente.deTleur^lumière, & pour la
façon d’en .affûter., les fers.*.-*
Les profils des-voitures étant pour l’ordinaire
compofés - de * beaucoup.»- de membres , * lefquels
font fouvent^renVfaillie les uns | fur les autres ,
ou-iùr* le^nu; de^laf earcaffe, on les prépare à
recevoir les moulures, en y faifant ou des feuillures
ou des rainures, fur lefquelles on fait paf-
fer5 les outils de moulures.
Lesjravalemens fe font avec des bouvets de
deux pièces cintrées foit fur le plan, foit fur 1 é-
lévation, en obfervant de ne les faire defcendre
qu’à une bonne demi-ligne près du fond, que
l’on atteint enfuite avec une guimbarde , que
l’on .a foin de mener toujours à bois de fil.
On a foin en pouffant les pieds corniers, de
laiffer toujours t trois à quatre lignes de bois à
l'angle, afin dé"fervir de point d’appui à la
guimbarde.^ * I ."*“** * . x . . . .
Au lieu de bouvets de deux pieçp pour faire
les'ravalemensT on" fe fert ’aufli'quelquefois de
bouvets fimples, auxquels■ ori^ôbferve'Une joue
par’ devant'— ' Y ’ ’ *7 .
Quantraux 'rainures^propres, a recevoir les
panneaux, elles doivent avoir au moins deux
lignes d’épaiffeur, & on les fait avec des bouvets
fimples à languettes de fe r , très-courts ,
fe , lefquelles fervent pour recevoir l’extrémité
de l’étoffe , dont les felliers les revêtiffent.
Pour les autres outils, comme guillaumes,
mouchettes & rabots ronds , il n’y a point de différence
afin qu’ils*' aillent par-tout, tant dans les parties
droites, que dans celles qui font çreufes ou
bouges.^ à ;j,-_
Les‘menuifiers en carroffesjont encore ufage
d’un fiôuvéf à foie, lequel fert à faire de petites
rainures ou nervures dans l’intérieur de la vmtu
d’avec ceux des menuifiers de batiment,
fi ce n’eft qu’ils font plus courts et quelquefois
cintrés. -, - „ , ,
Quant aux outils propres à pouffer a la main,
comme les râpes, les gouges, &c. ce font les
mêmes que ceux dont on a déjà parlé.
Des panneaux des voitures.
Les panneaux des voitures fe font ordinaire;
ment de bois de noyer noir, appelé noyer mal,.
Comme il faut que ces panneaux foient tres-min-
’ ces, non feulement pour être plus légers, mais
encore pour ployer plus aifément ; les joints qu on
y .feroit à rainures & languettes ferment peufo-
lidçs, et fe cafferoient, lorfqu’on vouaroit taire
revenir, les panneaux au feu , afin de lps^ cintrer.
Quant aux panneaux, qui font droits a lordi- I
naire, comme ceux des cuftodes & ceux de derrière
, on peut les faire de plufieurs pièces, pourvu
que le bois foit bien le c , &. que les joints
foient1 faits avec foin.
Il faut que les panneaux foient ecarns, re*
planis, & mis au molet avant de les cintrer, afin
qu’on puiffe les mettre dans les bâtis, auflitoi
qu’ils font bombés. x - . ,
Lorfque les panneaux font tout-a-rait chantournés
, on achève de les réplanir, de lorte
qu’il n’y refté point d’onde , ni aucune efpece de
bois de rebours, afin que les peintures & les
vernis puiffent s’appliquer parfaitement delius.
Les panneaux étant tout-à-fait replams , on
les met au molet à environ deux lignes depaii-
feur, & l’on fe contente d’y faire un chantrein,
lequel étant pris de coin, ne diminue pas confi-
dérablement l’extrémité de la languette, et con-
ferve davantage de force au panneau. t .
Il faut que les languettes foient tres-jultes,
parce que pour peu que les panneaux fe trouvent
courts, il y auroit du jour entre ces derniers «
la joue du bâtis. , . . . .
Il y a plufieurs manières de faire revenir les
panneaux, félon qu’on veut les cintrer à bois de
f il, ou à bois de travers.
Les panneaux des voitures fe cintrent ordinairement
fur la largeur du bois. . ,
On ne doit employer les panneaux a bois
fil, que quand les voilures n’ont point de cintre
fur l’élévation, ou du moins affez peu p°u
qu’on ne-craigne pas qu’ils fe redreffent,
La meilleure manière de faire ployer les p
neauxTeft de les creufer à bois de travers, c e*
à dire fur Ta largeur^ parce que les pores du m
de travers* fe refferrent ou fe dilatent beaucoup
mieux que ceux du bois de fil-^j. .
Quand les panneaux font cintrés en b ,
choifir le plus beau côté du bois, pour en faire
le parement de l’ouvrage, à moins qu’il n’y ait
une partie plus cintrée d’un côté que de l’autre ;
parce qu’alors il faut mettre le côté le plus creux
du côté de la doffe, ainfi qu’aux panneaux cintrés
d’un feul côté.
Les panneaux étant difpofés comme il convient
, on les fait revenir de la manière fuivante.
On allume un feu clair v if ; puis, après avoir
mouillé avec une éponge le côté du pa'nneau
qu’on veut faire bougir, on préfente le côté op-
pofé au feu, jufqu’à ce que le panneau foit fuffi-
famment cintré, en obfervant toujours de mouiller
le panneau à mefure qu’il chauffe & qu’il
creufe , & d’y préfenter le calibre de temps en
temps, pour voir s’il creufe affez & également,
tant fur la largeur que fur la longueur, c’eft-à-
dire , fi un des bouts n’eft pas plus ou moins
creufé que l’autre.
Quand on s’apperçoit qu’il creufe plus d’un
côté que de l’autre, foit parce que le feu eft de
côté, ou que le bois eft d’une inégale denfité,
on écarte du feu le côté qui Creufe trop vite, ou
même on le cache avec une barre de fe r , large
de trois à quatre pouces, que l’on tient prête à
cet effet.
S’il chauffe plus d’un bout que de l’autre, ce
qui arrive prefque toujours à celui d’en bas, on
y rémédie en retournant bout pour bout.
Comme il arrive quelquefois, que les panneaux
font d’une forme mince , & qu’il y auroit
à craindre qu’ils fe cintraffent trop, on fait d’abord
un feu d’une médiocre étendue, puis on
prend des barres de fe r , ou même de bois, que
l’on met devant le panneau, à l’endroit que l’on
veut empêcher de fe cintrer. En effet ces barres,
empêchent l’a&ion du feu, & confervent le panneau
dans fon état naturel.
On peut aufli augmenter ou diminuer l’aéHon
du feu, en mouillant plus ou moins le derrière
du panneau, c’eft-à-dire, le côté que l’on veut
faire bougir.
Ce qu’on vient de dire pour tout un côté d’u n .
panneau, peut aufiî s’appliquer pour des parties
du même panneau.
Il faut éviter que le feu , qui doit être clair,
ne foit trop violent pour faire bien cambrer ou
cintrer le bois. Une chaleur trop vive nê donne-
roi^ pas le temps à l’humidité de pénétrer, &
feroit fendre le bois.
Les panneaux étant cintrés en S , il eft aifé de
leur faire prendre leur forme, s’ils ne font cintrés
que fur un bout, ou s’ils font gauches ,
on fe fert toujours de la même méthode , en obfervant
de faire entrer le bout qui doit être droit
dans un morceau de bois rainé à cet effet ; on
a foin aufli de ne mouiller & de ne chauffer le
panneau, qu’à l’endroit où l’on veut cintrer et
gauchir.
Il eft à propos d’éloigner du feu le bout du
panneau , qui doit refter droit, foit en le penchant
en dehors, foit en faifant en forte que le
feu ne monte pas plus haut qu’il eft néceffairé.
Si les panneaux font d’un cintre inégal par
les deux bouts , on les fait d’abprd cintrer jufqu’à
ce que le côté le moins cintré foit revenu;
enfuite on met ce côté dans la rainure de la
pièce où il doit aller, ou dans toute autre d’un
contour femblable, & on achève de le cintrer
de l’autre bout. .
On fait revenir les panneaux un à un , c’eft-
à - dire que d’abord qu’un panneau eft cintré ; il
faut le mettre dans fon bâtis , ce qui lui con-
ferve fa forme, en l’empêchant de fe redreffer*
d’ailleurs cela donne le temps aux barres de fer
de fe refroidir, ce qui ne pourroit être, fi l’on
faifôit revenir plufieurs panneaux de fuite; cette
précaution eft d’autant plus effentielle, que les
barres de fer venant à s’échauffer, feroient un
effet tout contraire à celui qu’on en attend, puif-
que par leur chaleur elles augmenteraient l’action
du feu, au lieu de l’empêcher.
Pour cintrer les panneaux fur le bois de f il,
on SV Prend de la manière fuivante.
Après avoir préparé les panneaux, c’eft-à-dire,
les avoir replanis & mis au molet, on fait chauffer
une barre de fer d’un mdiocre dégré de
chaleur , afin qu’elle foit affez chaude pour
faire cintrer le bois, fans pour cela y faire aucune
marque ; enfuite on arrête le bout du panneau
fur Pétabli avec le valet, en obfervant de
mettre fous ce dernier une barre de toute la
largeur du panneau , laquelle l’empêche de fe
creufer à bois de travers ; puis on paffe la barre
de fer entre l’établi & le panneau, à Hendroit-
où on veut le faire ployer, en obfervant de le
■ mouiller en même temps, d’appuyer fur l’autre
bout, pour lui faire prendre fa forme, & en
avançant ou reculant la barre de fer, félon qu’il
eft nécèffaire. -
Une autre manière pour cintrer les panneaux
à bois de fil, eft d’en affurer.le bout furie bord
de l’établi, de forte qu’il paffe tout-à-fait en dehors
; enfuite on fait porter le milieu fur une
barre de fer foutenue par deux montans de bois
que l’on avance ou recule au befoin ; puis on
met au deffous du panneau un fourneau plein
de feu, qu’on approche ou qu’on éloigne du panneau
, félon qu’il eft néceffaire : on appuie fur
l’autre bout du panneau pour le faire ployer, &
on a foin de le mouiller en même temps qu’on
le chauffe.
Il y auroit cependant à craindre qu’en appuyant
fur le bout, on ne le fît fendre ; c’eft pour-;
quoi il eft plus convenable de le faire entrer dans
un morceau de bois rainé.
Comme la barre de fer qui fupporte le panneau
, pourroit s’échauffer & brûler le panneau
on, peut y fubftituer une pièce de bois.