
Toife cube, folide Ou majjive ; toife qui eft me-
furée en longueur , largeur & profondeur : elle
contient 216'pieds cubes.
Toifc d* échantillon : on appelle ainfi la toife de
chaque lieu où l’on mefure, quand elle eft différente
de celle de Paris, comme la toife de Bourgogne
, par exemple, qui eft de fept pieds & demi.
Toife de roi ; c’eft la toife de Paris, dont on fe
fert dans tous les ouvrages que le foi fait faire,
même dans les fortifications, fans avoir égard à
la toife d’aucun lieu.
Toife carrée ou fuperficielle ; toife qui eft multipliée
par fes deux cotés , & dont le produit eft
de 36 pieds. • '
Toifé, eft l’art de calculer les dimenfions des
ouvrages d’architeélure civile & militaire y c’eft-à-
dire , les furfaces 8c les folidités de ces ouvrages ;
ainfi la première partie de cet art eft la multiplication*
& la fécondé les règles qu’il faut fuivre
pour toifer les differentes parties cle l’édifice, fui-
vant les figures de ces parties ; ce qui doit être
rapporté aux articles où l’on donne la manière de
trouver la furface & la folidité de différens corps,
tels que le prifme, la pyramide , &c.
Il eft vrai qu’il y a un cas particulier, c’eft le
toifé de la charpente qui a une mefyre particulière.
Cette mefure eft la folive contenant trois pieds
cubes de bois ; de forte que fi l’on a une pièce
de bois dont la longueur foit de 6 pieds , la largeur
de 12 pouces & l’épaiffeur de 6 pouces ,
cette pièce compofera une folive , parce qu’elle
vaut 52 pieds cubes. Mais comme la toife cube
vaut 216 pieds cubes , & que 216 divifé par 3
donne 7 2 , il fuit que la folive eft la foixante-
douzième partie d’une toife cube ; ce qui, pour le
refte du toifé de la charpente, devienc une fimple
règle de multiplication.
Toifé fignifie donc le dénombrement par écrit
des toifes de chaque forte d’ouvrages qui entrent
dans la conftruftion d’un bâtiment, lequel fe fait
pour juger de la dépenfe, ou pour eftimer & régler
l’elprit & les quantités de ces mêmes ouvrages.
Toifer ; c’eft mefurer lin ouvrage avec la toife
pour en prendre les dimenfions, ou pour en faire
l’eftimation. Et retoifer > c’eft toifer de nouveau,
quand les experts ne font pas convenus du toifé.
Toifer à toife bout avant ; c’eft toifer les ouvrages
fans retour ni demi-face, & les murs tant plein
que vide , le koüt carrément, fans avoir égard aux
faillies*, qui doivent néanmoins être proportionnées
au lieu qu’elles décorent.
Toifer aux us & coutumes ; c’eft mefurer tant
plein que vide, en y comprenant.les faillies; en-
forte que la moindre moulure porte demi-pied ,
& toute moulure couronnée un pied, lorfque la
pierre eft piquée & qu’il y a un enduit, &c.
Toifer la couverture ; c’eft mefurer la fiiperficie
d’une couverture , fans avoir égard aux ouvertures
ni aux croupes, & en évaluant les lucarnes, ceiîs-
de-boeuf^ areftières, égoûts, faîtes, &c. en toifes
ou pieds, fuivant l’ufage.
Toifer la taille de pierre ; c’eft réduire la taille de
toutes les façons d’une pierre aux paremens feulement
, mefurés à un pied de hauteur fur fix pieds
courans par toife. Lorfque ce font des moulures,
chaque membre couronné de fon filet eft compté
pour un pied de toife , dont les fix font la toife,
'c’eft-à-dire, que fix membres couronnés fur une
toife de long, qui ne font comptés que pour une
toife à l’entrepreneur, font comptés pour fix toifes-
au tailleur de pierre qui travaille à fa tâche.
Toifer le bois c’eft réduire & évaluer les pièces
de bois de plufieurs groffeurs , à la quantité de trois
pieds cubes , ou de douze pieds de long fur fix
pouces de gros, réglée pour une pièce.
Toifer le pavé ; c’eft mefurer à la toife carrée fuperficielle
, fans aucun retour. Le prix eft différent,
lèlon l’ouvrage. Les ouvrages de fortification fe
toifent à la toife cube, dont 216 pieds font la toife.
Des droits de Bâtiment.
Les nivellemens & plantations des bâtimens
quelconques, doivent être précédés , avant tout,
de l’acquit des droits établis, fans quoi l’on s’ex-
pofe à des frais & amendes taxés par les ordonnances.
f ;
Le premier eft le droit d’alignement ; le deuxième
eft celui de placer des barrières ; le troifième eft
celui des faillies.
On ne peut planter ni édifier fur le devant des
rues & places publiques des villes ou villages, fans
la permifiion du roi & de fon voyer. En payant
pour la ville vingt-une livres fix deniers, on reçoit
la permiflïon de bâtir, & un alignement relatif
à la dire&ion des rues ou aux vues publiques
projettées.
La permifiion & l’alignement reçus , 1 on paie
neuf livres pour le droit de placer des^ barrières
pour clorë l’emplacement deftiné à bâtir , afin
d’éviter les accidens qui pourroient arriver pendant
la nuit, & le prèferver des gens mal intentionnés.
- - . ,
Ces barrières fe placent ordinairement à fix pieds
du mur de face , & font compofées de châflis en
charpente de neuf à dix pieds de hauteur , recouverts
de planches féparèes:, de portes charretières
pour la facilité du fervice. . :;-r
Les faillies fe paient quatre livres pour chaque
efpèçe de petite faillie, & plus pour chaque efpece
de grande.
Des Ouvriers.
Le premier 8c le chef des ouvriers eft l’architeffe ■
fon emploi eft défaire les plans & les élévations des
bâtimens, d’en diriger tous les détails , de drefc1er
les devis-& marchés, & dérégler les prix, loriqu
les ouvrages font terminés. Dans les grandse
ffces, U eft ordinairement aidé des contrôleurs,
infpefîeurs, fous-infpe&eurs, &_autres architeâes
inférieurs.
Après l’architefte , le premier ouvrier eft le
maître maçon. Son emploi eft de conduire la maçonnerie
du bâtiment, fuivant les plans & élévations
qui lui. font donnés par l’architeéle ou fes
prépofés, de fournir tous les matériaux, de les
employer, & d’en diriger l’économie ; ce qu’on
appelle entreprife.
Le deuxième ouvrier eft le maître-compagnon,
homme de confiance & inftruit dans l’art, qui agit
pour les intérêts du maître maçon & en fon ab-
ience. Son emploi eft de donner tous fes foins à
la main d’oe uvre, à faire l’appel des ouvriers le
matin & le foir , & le rôle pendant la journée ;
à donner récépiffé des matériaux à mefure qu’ils
arrivent, à emmagafiner & prendre foin des équi-
pages/ & uftenfiles ; en un mot, à l’économie générale
du bâtiment.
Le troifième ouvrier eft l’appareilleur. Son emploi
eft de conduire les épures d’après les détails
du maître maçon , d’appareiller les pierres , &
d’en fixer les dimenfions. Le prix de fa journée
eft d’environ trois livres à Paris. Il eft quelquefois
aidé par des compagnons ou garçons du tas , ap-
pareilleurs inférieurs. Le prix de leur journée eft
moindre.
Le quatrième ouvrier eft le tailleur de pierre.
Son emploi eft de tailler la pierre & de lui donner
les formes qu’elle doit avoir, fuivant les dimenfions
que lui a données l’appareilleur. Le prix de
fa journée eft depuis trentre-cinq jufqu’à quarante-
cinq fous*.
Le cinquième ouvrier eft le pofeur. Son emploi
eft de mettre en place les pierres, de les pofer de
niveau & à-plomb, & d’en fcier les joints lorf-
qu’il eft néceffaire. Le prix de fa journée eft d’en-
Yiron quarante-cinq fous.
Le fixième ouvrier eft le fcieur de pierre dure.
Son emploi eft de fcier les pierres dures à la fcie
lans dents, à raifon de quatre à cinq fous le pied
carre, pour les pierres ordinaires, & jufqu’à dix
fous pour les pierres de liais.
Le feptième ouvrier eft le fcieur de pierre tendre.
Son emploi eft de fcier, avec fon aide , les pierres
tendres à la fcie à dents. Le prix de la journée eft
d environ trente-cinq à quarante fous.
Le huitième ouvrier eft le compagnon maçon,
on emploi eft de conftruire les ouvrages en plâtre.
e prix de fa journée eft d’environ quarante fous.
Le neuvième ouvrier eft le limoufin. Son emploi
c t de conftruire les ouvrages en mortier. Le prix
de, la journée eft d’environ trente-fix fous.
Le dixième & dernier ouvrier eft. le manoeuvre.
e™ploi eft de faire les ouvrages bas & rudes ,
de fervir les autres. Le prix de fa journée eft
e vingt-cinq à trente fous.
Leux qui fervent les maçons, un feul pour chacun,
battent le plâtre, le paffent, le gâchent, &
le portent aux maçons pour l’employer.
Ceux qui fervent les pofeurs , au nombre de
deux ou trois pour chacun , les aident à porter,
lever & rouler les pierres dans leur place.
Ceux qui font employés aux chariots, font fix
pour le traîner, & un ou deux fuivant par derrière
, qu’on appelle bardeurs, chargés chacun d’une
pince pour aider à la roue.
Ceux qui font employés à barder les pierres ,
c’eft-à-dire , à les mettre en chantier 8c à les remuer
, appelés bardeurs, font par bandes de trois
ou quatre chacune, s’entre aidant mutuellement;
un d’eux conduifant la bande.
Ceux qui font employés aux engins , font plus»
ou moins; fuivant les befoins.
Un douzième ouvrier , employé par le maître
maçon., & qui n’eft appelé que lorfque le bâtintenr
eft fini, eft le toifeur. Son emploi, & fou vent fon
feul talent, eft de favoir toifer toutes les parties
du bâtiment fuivant les ufages & la loi , d’en-
dreffer les mémoires, & d’y mettre des prix relatifs
aux marchés & à l’efpèce d’ouvrage. Le prix
de fon travail eft ordinairement de dix pour mille
du montant des mémoires , & moins- dans les
grands édifices.
Des outils & machines dont fe fervent les maçons■
& tailleurs de pierre dans les bâtimens.
Une régie de bois plate, de fix pieds de long
qui fert aux maçons pour tirer des lignes fur des
planchers, murs, &c. Il s’en trouve de cette efpèce
qui ont jufqu’à douze pieds de long.
Une régie de bois de fix pieds de long, mais
carrée, qui fe place dans les embrâfures des portes
& croifées, pour en former la feuillure.
Une règle Je bois de quatre pieds de long, carrée
comme la dernière, & fervant aux mêmes ufages.
Ces trois efpèces de règles fe pofent fouvent &
indifféremment à des furfaces fur lefquelles on pofe
les deux pieds du niveau , afin d’embraffer un
plus long efpace, & par-là prendre un niveau plus»
jufte.
Une équerre de fer mince, depuis dix-huit pouces
jufqu’à trois pieds de longueur chaque branche,,
à l’ufage des tailleurs de pierre.
Infiniment de bois appelé faujfe - équerre, faute*
relie ou beuveau droit, fait pour prendre des ouvertures
d’angle.
Inftrument aufli de bois, appelé beuveau concave \
fait pour prendre des angles mixtes.
Inftrument appelé beuveau convexe , fait anfiî
pour prendre des angles mixtes. Ces trois inftru-
mens fe font depuis un pied jufqu’à deux pieds
de longueur chaque branche, & la longueur à proportion.
Ils peuvent s’ouvrir & fe fermer tout à
fait par le moyen' de charnières & de doubles-
branches. '
Faujfe équerre ou grand compas, qui fert à prendre.