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-Nouvelle Guittare.
Guittare des Nègres'..
M. Wanhecke , de l’académie royale de mufique
de Paris , a inventé une nouvelle guittare , dont
voici, la defeription.
' Cet inftrument, qui , vu de face, prèfente a
peu près la forme d’un luth , a le dos fte 1 epail-
feur de la guittare ordinaire, avec cetté différence
qu’il eft convexe, & n’admet point de cotés tran-
çhans, capables dè bleffer la poitrine des perfonnes
qui le foütiennent.
Douze cordes , qui font en tout trois oftaves
& demie, compofent cette guittare ; elles eu occupent
le milieu , dans un moindre efpace que
l’oéfave du clavecin, pour ne pas gener la main
droite par un trop grand écart ; elles font néan-
moins affez éloignées l’une de l’autre, & ne peu-
Du côté de la main gauche, les cinq premières
cordes fe trouvent fur le manche , qui eft aufli
large que dans les guittarès ordinaires, mais beaucoup
plus court, afin que les touches dé 1 infiniment
fçient moins longues , & qu’elles donnent
plus de facilité à la main gauche»
Les fept autres cordes, avec leurs femi-tons ,
font à vide hors du manche ; mais comme cette
dernière pièce fe trouve un peu de cote , cet arrangement,
loin de rien ôter a la forme agréable
de l’inftrument, donne à la main gauche la facilite
d’aller jufqu’à la rofette.
On compte vingt touches depuis le ftllet; ce
qui donne une étendue àuffi. cOnfiderable à cette
guittare , qu’à l’inftrument le plus complet ; cependant,
comme M. Wanhecke a obfervé que tous
ceux auquêls on a voulu donner une trop grande
fuccefîion de tons, n’ont à leur extrémité que des
fons aigus , il a préféré d’en retrancher huit , &
de ne laiffer aller fa guittare que jufqu’à foir octave,
ce qui fait encore douze touches.
A l’égard des'cordes à vide, l’inventeur n’a pu
en faire fonner que cinq de celles qui fe fuivent
fous la corde du la , qu’on nomme f o l , fa , oii,
rè, ut.
Les deux dernières cordes qui reftoient encore
à defeendre, ne produifoient plus par leur grof-
feur qu’un fon foible & peu fonore, femblable a
celui des cordes les p’us graves de la harpie; cette
raifon a déterminé M. Wanhecke à les. ôter , &
à leur fubftituer deiix autres cordes plus minces
que l’on monte, l’avant dernière jufqu’à Yut, qui
fait l’oéteve d’en haut de la corde qui la précède,
& la dernière à f i bémol. Par ce moyen, toutes
les cordes à vide fonnent également bien; & l’on
trouve neuf cordes de baffe qui fe fuivent diatoniquement
, en commençant par la quatrième corde
du manche, qu’on nomme rè, & en finiffant par
Ht fous fon o$ave,
Les Nègres ont aufli leur guittare; c’eft une
grande gourde recouverte d’une planche , fur. laquelle
font tendues quatre ou fix cordes.
Ils ont encore une forte de guittare ou luth,
compofé d’une pièce de bois creufe, couverte de
cuir, avec deux ou trois cordes de crin : cet inf-
trument eft orné de petites plaques de fer & d anneaux.
Angélique.
C’eft une forte de guittare qui a dix touches &
dix-fept cordes accordées de fuite , félon 1 ordre
des degrés diatoniques du clavecin. La dix-fep-
tième corde eft à l’uniflon du huitième pie , ou
du Crfiol-ut des baffes du clavecin; & la chante-,
relié ou première , eft à l’uniffon du mi du clavecin
qui précède la clé de g-ré-fol. r
Cet inftrument eft de krclaffe de ceux quon
appelle infirumens à pincer , comme le luth, la
guittare, &c. dont il diffère peu par fa figure.
' Strumfirum..
C ’eft une efpèce de guittare des Indiens ; c’eft
ordinairement une moitié de citrouille, couverte
d’une petite planche mince, fur laquelle ils tendent
des cordes.
Chiterna.
C ’eft une efpèce de guittare à quatre oii cinq
I rangs de cordes ; cet inftrument eft plat comme
la pandore.
Rote.
Ducange parle d’un inftrument de mufique
nommé rote, & cite quelques auteurs qui le nomment
dans leurs écrits ; il paraît, par quelques
paffages, que ce devoit être une efpèce de guittare.
L u t h ,
Le corps du luth & celui du théorbe, font à
peu près les mêmes. Son manche eft plus large &
garni de dix touches & de onze cordes , dont
neuf font doubles , trois à l’uniffon, & fix à l’octave
; ce qui fait vingt en tout.
Les deux premières ou chanterelles , font fim-
ples.
La tête de l’inftrument eft renverfée ; ce qui le
rend difficile à accorder.
Les baffes exigent qu’on les accorde fuivant les
tons dans lefquels on. joue, inconvénient qui peut
être fauve plus facilement que fur le théorbe, par
la conftru&ion-du manche.
Des trois principaux inftrumens pinces (le luth,
le théorbe, la guittare) , le luth eft le plus étendu
| dans les deffus ; les fons en font tendres & touchans,
lorfqu’on obfërve la façon d’en bien jouer ,
qui vient de l’à-plomb de la main gauche , & de :
beaucoup de moelleux dans le pincé de la main
droite ; car fi l’on force , ce n’eft plus le même
inftrument! Il eft plein de reffources pour les :
pièces & pour l’accompagnement.
La tablature eft aufli néceffaire pour le luth,
que pour le théorbe & la guittare.
Il y a plus de fix cens ans que cet inftrument
eft connu en France. Voyez pl. I I I , fig• 8 , des
Infirumens de Mufique, tome q des gravures. {Effiai
fur la Mufique. )
Pandore.
C’eft un inftrument reffemblant au luth, & dont
le chevalet eft oblique , de façon que les cordes
font inégales dans leur longueur.
On prétend que cet inftrument tire fon nom de
Pandore fon inventeur , ou de Pan à qui on en
attribue aufli l’invention.
- Le nombre de fes cordes eft le même que celles
du luth ; ces cordes font de laiton : fes touches
font de cuivre comme au fiftre , fon dos eft plat
comme*celui de la guittare ; & les bords de fa table,
aufli bien que les côtés , font taillés en plufieurs
figures de demi-cercle. 0 v
La pandore étoit nommée trichordum, lorfqu’elle
n’avoit que trois cordes.
Pandure.
C ’eft un inftrument qui eft nommé dans Athénée,
tantôt pandore, tantôt pandure (pandura) , & même
pandurum ; cependant il ne paroît pas mettre de
différence entre ces inftrumens : feulement il dit
que Pythagore rapporte., dans un Traité de la Mer
rouge, que les Troglodites font la pandure ( pandura)
de cette efpèce de laurier qui croît dans là
mer. En ce cas , ce pourroitbien être la flûte appelée
hippophorBe par Pollux.
Plufieurs auteurs appellent pandure (pandura )
ou pandore ( pandorium ) , la fyringe ou fifflet de
Pan, à caufe de fon inventeur. -
D’autres enténdent par pandore , l’inftrument
appelé autrement trichorde.
Au refte, on eft affez porté à croire que l’inf-
trument à corde , appelé anciennement pandora ,
pandura, pandurum, reffembloit à notre pandore,
iV parce que le monocorde prouve que les anciens
avoient le principe de cette efpèce d’inftru-
mens à cordes ; 2°. parce que tous les inftrumens
de ce genre ont commencé par être garnis de très-
peu de -cordes , & qu’ainfi la pandore pourroit
être furnommée par quelques-uns trichorde, à trois
cordes.*.
Penorcon.
C’eft une efpèce de pandore dont on fe fervoit
au XVIIe fiècle.
Le corps du penorcon eft plus large que celui
delà pandore, de même que le manche, qui l’eft
affez. pour poiter neuf rangs de cordes, ou dix-
huit cordes accordées deux à deux à l’nniffon.
Le penorcon eft un peu plus court que la pandore.
Voyez pl. X V I I , fig., io , des Infirumens de
Mufique, tome q des gravures.
Colac ho n.
C ’eft un inftrument de mufique qui n’eft: plus
d’ufage : il n’a que trois cordes, quelquefois deux ;
il a quatre à cinq pieds de long. .
L’accord à vide en eft d’o&ave en quinte, quoi-,
qu’il y ait d’autres manières de l’accorder.
Il a la forme du luth.
Son manche eft & doit être-fort long ; car il
faut compenfer par la longueur des cordes , ce
qu’on n’a pas du côté du nombre : ceux qui n’ont
que deux cordes, s’accordent à la quinte.
Il y en a qui font la table du colaehon, moitié
de bois, moitié de parchemin ; le père Merfenne
ajoute qu’on la pourroit faire de verre & d’autres
matières , mais qu’il vaut mieux qu’elle fait de
fapin.
Le colaehon a été inventé en Italie. Voy, pl. I I I ,
fig.,. 6, des Infirumens de Mufique , tome q des, gravures.
Mandore.
La mandore eft un inftrument à cordes qu’on
pince.
La mandore-des anciens étoit montée de quatre
cordes, dont la chanterelle fervoit à jouer le Tu-,
jet. On la pinçoit avec l’index, auquel on attà-
choit une plume au lieu de pleStrum ou petien.
Les trois autres cordes étoient deux oclaves de
la quinte en deffus, & l’oétave de la tonique.
U t, chanterelle.
Sol', première oéfave en deffous de la quinte
en deffus.
U t , oftave de la toniqué.
S o l, fécondé oftave de la quinte*
On les frappoit feulement avec , le pouce , &
autant de fois qu’il y avolt de temps dans la me-
fure , c’eft-à-dire , quatre fois dans la mefure à
quatre temps, & trois fois dans la mefure à trois
temps , quand même le chant de la chanterelle
n’auroit fait fonner qu’une note dans la mefure.,
La mandore , dont on joue maintenant, eft une
efpèce de luth , longue d’un pied & demi, &
montée de quatre cordes.
Quelquefois on y ajoute une ou plufieurs cordes;
ce qui change ou varie la manière de l’accorder.
Voyez pl. I I I , fig. i ,- des Infirumens de
Mufique, tome q des gravures.
La première corde eft la plus déliée , & fe
nomme ' chanterelle ; les autres qui la fuivent vont
toujours en augmentant de groffeur.
Son accord eft de quinte en quarte, c’eft-à-dire,
que la quatrième corde eft à la quinte de la troi