
donné une prem ière teinture, on y yerfe, dis-je,
de la nouvelle eau, autant qu’à la première fois.
On l’agite trois fois le jour , & au bout de deux
fois vingt-quatre heures on opère comme auparavant.
On répète cette opération fept à huit fois fans
y remettre de chaux. Il fuffit d’y ajouter de l’alun
après le mélange avec le blanc, dans les proportions
décrites.
Lacque de Venife,
La lacque plate qui fe fait à Venife, n’eft autre
chofe que de la tonte & les coupons de l’écarlate
& du drap rouge, moulus à l’eau ôc réduits en
pâte fort fine, à laquelle on ajoute une partie de
blanc d’Efpagne , aufli en pâte déliée pour lui faire
prendre corps; & après les avoir exactement incorporées
, on fait fécher cette couleur de la manière
preferite.
Si vous brûlez cette lacque à la flamme d’une
chandelle, vous fentez diftinétement la laine brûlée.
Lacques jaunes.
Pilez très-groffièrement une ou plufieurs livres
de graine d’Avignon nouvelle; faites-la bouillir
fur le feu pendant une heure, chaque livre de
graine dans deux féaux d’eau.
Paffez cette teinture à travers un linge affez
ferré, & faites rebouillir la même graine pour la
deuxième fois dans la moitié autant d’eau que la
première.
Ajoutez à cette fécondé opération deux gros
d’alun pour chaque livre de graine , pour aider
à F extradion ; laiffez bouillir une bonne demi-
heure.
Paffez cette teinture fur la première, & laiffez-
les repofer au moins pendant quatre heures ; tirez
pour lors cette teinture à clair par un fipbon 011
autre moyen.
Vous trouvez au fond un précipité couleur d’o.
liv e , qu’il faut abfolumeut féparer fi vous voulez
avoir une belle lacque claire & vive.
Quand vous aurez cette teinture bien clarifiée
faites-la évaporer de moitié fur un feu doux, fans
la faire bouillir ; paffez-la encore une fois par un
linge, il s’en féparera une petite fécule olive.
Prenez alors une certaine quantité de corps
blanc en pâte épaiffe, verfez deffus votre teinture
préparée de graine d’Avignon ; plus vous en mettrez
, plus la lacque fera foncée.
Battez & incorporez bien le tout avec une
cuiller de bois ; puis paffez le tout fur une toile
tendue à travers un tamis de crin , qui féparera
les petits grumeaux du corps blanc qui pourroient
avoir relié indiffous, & par conféquent fans teinture.
Quand l’eau fera dégouttée & que la pâte fera
en bonne confiftance, vous pourrez trochifquer,
comme il fe pratique aux autres, & vous aurez
par ce moyen une lacque jaune très-belle, tranf
parente, & propre à glacer. *
Lorfque le corps blanc eft teint en jaune avant
de le verfer fur la toile, fi vous voulez le réduire
en lacque verte , ajoutez-y une certaine quantité
de bleu de Pruffe en pâte liquide.
La quantité ne peut pas fe déterminer, puifque
cela dépend de la force de la teinture jaune, &
du foncé du bleu que vous emploierez. Toutefois
vous êtes le maître, par le plus ou le moins,
de faire telle nuance de vert que vous defirez
avoir. On fait écouler enfuite fur une toile en
trochifques, & on fait fécher.
Cette lacque éft fort eftimée par les grands
peintres ; elle eft très - folide , tranfparente, &
propre à glacer comme le jaune.
VOCABULAIRE’
VO C A B U L A I R E de l’Art de préparer la Lacque.
B résil (b o ls d e ) ; c’efl un bois dont o n tire I
[un rouge qui fait de belles lacques. |
I Ch in e (la c q u e rouge de l a ) ; c’eft une belle
[lacque artificielle tirée d u rouge de la cochenille.
L Colombine ( lacque ) ; c’eft une lacque artifi-
[cielle d’un rouge violet.
I C o r p s b l a n c ; c’eft u n e terre blanche préparée
[pour fervir de bafe à la couleur des lacques.
[r La c q u e p l a t e ; celle q u ’on a fondue & ap-
Iplatie. ■ ;
I Lessive ; c’eft une liqueur faite avec de la foude
|& de la chaux m édiocrem ent fo rte , p our extraire
la partie colorante des fleurs ou des bois de tein-
Iture.
I- Ja une ( lacque ) , ' c’eft une lacque jaune extraite
[de la graine d’A vignon.
I Kermès ; c’eft un gallinfeéte qu’on tro u v e par-
|ticulièrem ent en P ro v en ce, fur une petite efpèce
|d e chêne vert : on tire du kerm ès une lacque d’un
■ beau rouge.
I La c q u e ; fubftance colorée & colorante.
I Lacque naturelle; efpèce de cire que des fo u rmis
ailées ramaffent fur des fleiirs , aux Indes
orientales.
Lacque artificielle ; fubftance coloree, extraite
d’autres fubftances colorées , comme les fleurs,
la cochenille, les bois de teinture. La bafe de la
lacque artificielle eft ordinairement une terre , foit
de craie, foit d’alun.
Lacque en bâtons ; lacque naturelle qui eft e n core
attachée aux branches fur lefqueües les in-
fe&es l’o n t dépofèe.
Lacque en grains ; lacque naturelle qu’on a fait
paffer entre deux meules, pour en extraire la fubftance
la plus précièufe. ^ -
M a n il l e s ; braffelets que les Indiens font avec
leur lacque colorée.
R o s e t t e ( la c q u e ) ; c’eft u n e lacque artificielle
d o n t la c o u le u r eft d ’un rouge approchant de celui
de la ro fe .
T r e c ; nom dè la lacque naturelle d’Afie, qu’on
tire du Pégu & de Martabam
V en is e ( lacque de ) ; c’eft une lacque faite en
partie avec la tonte & le? coupons de l’écarlajei
Arts & Métiers. Tome IV, Partie I, Ce