
Le chêne appelle merin, crejon ou courfon, qui «
n’eft pas fendu à la fcie, mais au coutre , fert principalement
pour faire des panneaux de parquet.
Le châtaignier feroit propre à la menuiferie s’il
n’étoit pas fi rare. Sa couleur eft d’un jaune clair ;
fes fils font droits & parallèles ; on prétend qu’il
n’eft pas fujet aux vers.
Il y a deux fortes de noyers, le blanc & le noir.
Le noyer blanc ou noyer femelle eft moins eftimé
que le noir ; on l’emploie à des ouvrages d’affem-
blage, parce qu’il èft de fil & d’un travail facile, ?
Le noyer noir eft ferme & plein, quelquefois•
même très-dur ; il eft peu de f i l d ’une couleur
grifâtre.avec des taches ou veines tirant fur le noir.
L'orme eft liant ; fon grain eft ferré & veiné,
fa couleur rougeâtre ou d’un jaune tirant fur le
vert : il a peu d’aubier , encore eft-il dur & d’un
bon emploi ; il eft allez de fil quand on le prend
d’une largeur médiocre.
Le hêtre eft plein & d’un grain ferré & de fil ;
fa couleur eft d’un blanc rouflatre ; il a très-peu
d’aubier , mais il eft fujet à être piqué de vers &
à fe tourmenter ; on ne l’emploie guérès que
dans le meuble.
Le fapin eft léger, tendre & de fil ; fa couleur
eft blanchâtre avec de petites veines' vertes qui
deviennent jaunes en fé chant. Les défauts de ce
bois , font d’être- d’une dureté inégale, d’être fujet
aux vers 8c,à s’échauffer : on l’emploie" ordinairement
à de légers ouvrages, comme tablettes , cloi-
fons , petites portes.
L e tilleul eft plus uni & plus plein que le
fapin ; il eft employé à des ouvrages de fculpture.
Le peuplier eft un bois mou , difficile à tra- -
vailler & de peu d’ufage dans la menuiferie.
Bois déchantillon.
Les bois à'échantillon pour-la menuiferie , font
fciés 8c débités dans les forêts, en groffeurs 8c longueurs
convenables.
Ceux pour'fervir à faire des battans de portes
cochères ont ordinairement douze , quinze & dix-
huit pieds de longueur fur un pied ou quinze
pouces de largeur & fur quatre à cinq pouces:
d’épaiffeur; ils doivent être d’un bois dur,-qui ne
foit noueux ni fendu.
Les membrures font de fix , neuf, douze &
quinze pieds de longueur fur fix pouces de largeur
8c trois pouces d’épaiffeur.
Les chevrons portent à peu près la même largeur
que les membrures, fur trois à quatre pouces '
carrés d’épaiffeur & de largeur.
Les planches ont fix , neuf, douze , quinze ,
jufqu’à dix-huit pieds de longueur, fur un pouce ,
quinze & dix-huit lignes , jufqu’à un pouce neuf
lignes 8c deux pouces d’épaiffeur, depuis neuf
pouces jufqü’à un pied de largeur.
Le bois françois nommé entrevoux, a neuf à
dix lignes d’épaiffeur fur fix, fept, .à neuf pieds
de longueur.
Quant au bois de- Vofge, il y en a de toutes
les longueurs & épaiffeurs fpécifiées ci-deffus ; il
y en a auffi de trois pouces d’épaiffeur fur douze
pieds de long ; 8c pour la largeur, il y en a depuis
fix ou fept pouces jufqu’à dix-huit, vingt, vingt-
fix & même trente pouces.
Le b ns de Hollande a de longueur fix, fept,
neuf ou douze pieds, fur fix ou neuf lignes dé-
paiffeur. . !. . . .
Le plus épais de ce bois fe nomme trois-quarts,
parce qu’il doit avoir aux environs de neul lignes
d’êpaiffeur : le plus mince fe nomme feuillet, &
n’a que quatre à cinq lignes d’épaiffeur.
Le fapin n’eft pas affujetti aux mêmes règles de
groffeur, du moins pour celui qu’on emploie en
menuiferie de bâtimens.
Celui à’Auvergne porte ordinairement douze
pieds de long fur quatorze à quinze pieds d’épaiffeur
, 8c depuis dix jufqu’à quatorze à quinze
pouces de largeur.
Celui dé Lorraine a onze pieds de longueur au
plus fur dix à douze lignes d’épaiffeur, oc la largeur
eft à peu près de même que l’autre.
Le feuillet de Lorraine a quelquefois la même
longueur que les planches, & depuis fix jufquà
huit lignes d’épaiffeur.
Le noyer 8c Corme ne font pas fciés en planches;
les menuifiers en carroffe font débiter ces bois fui- j
vant leurs befoins. L'orme eft communément par
tables de cinq pouces d’épaiffeur , 8c le noyer par
tables de trois pouces.
Le hêtre eft ordinairement débité par planches
de quinze à dix-huit lignes , & même de deux
pouces d’épaiffeur fur fept , neuf 8c douze pieds
de longueur.
Le hêtre fert auffi à faire des établis de menuifiers
, des - tables de cuifiné, des etaux de bouchers.
Ces tables portent de longueur depuis fept
jufqu’à douze 8c quinze pieds , fur dix-huit a trente
pouces de largeur, 8c cinq à fix d’épaiffeur.
Le bois de menuiferie devant être employé tres-
fe c , il eft bon que les menuifiers foient approvi-
fionnês de bois de tout échantillon 8c conferves
en piles dans des chantiers qui ne foient pas expo
fés à l’humidité.
Du débit des; bois
On débite les bois de menuiferie fur le champ
ou fur 1 e plat. 0 - ,
Le bois débité fur le champ eft celui refendu
par des traits' de- fcie en une ou plufieurs feuilles,
fuivant l’épaiffeur de la planche ; il fert à.fane
des panneaux 8c autres ouvrages de peu d’épaifletir.
Les planches qu’on fait refendre fur le champ
doivent être.droites, fans fentes & fans noeuds
ni gales ; ori choifit auffi celles qui font d une
belle couleur, ce qu’on reconnoît en fondant ƒ
bois , ce qui fe fait en découvrant avec la demi-
varlope un peu de la fuperficie. ^
On préfère encore celles qui font fur la maille
du bois, c’eft-à-dire, celles dont la furface eft parallèle
aux rayons qui s’étendent. du centre à la
ciconférence , parce que le bois en ce fens eft
moins fujet à le tourmenter. Cependant le bois
fur la maille, fe polit plus difficilement, parce
que les rayons de l’arbre font alors coupés fur
leur êpaiffeur ; mais le bois ainfi travaillé produit
un bel effet dans le s ouvrages qui ne font que
vernis.
Les bons menuifiers ont foin d’avoir des bois
refendus fur le champ de toutes les épaiffeurs convenables
, foit pour le befoin, foit pour qu’ils
foient bien fecs.
Le bois débité fur le plat eft celui qu’on fait
refendre fur fa largeur pour la divifer en battans,
en montans, en traverses 8c autres pièces de menuiferie.
On a foin de débiter les bois de trois lignes
plus larges qu’il ne faut, parce que le trait de la
fcie en emporte deux lignes au moins.
Il faut établir les bois avant de les débiter ; c’eft-
à dire, qu’on doit les marquer de certains fignes
convenus pour en indiquer l’emploi 8c les côtés
où .fe font les affemblages, & ceux où fe pouffent
les moulures.
Le côté le plus tendre du bois fera réfervè pour
la moulure , en obfervant que le bois fe trouve
défit en le pouffant.
Le débitage du bois courbe demande fur-tout
beaucoup d’attention. Il y a deux fortes de courbes
; les unes font pour les ouvrages ceintrés fur
l’élévation, 8c les autres pour ceux ceintrés fur le
I plan.
Les courbes fur l’élévation fe prennent dans
, des planches de largeur convenable, que l’on chan^
j tourne félon les différens ceintres que l’on veut
j faire. Lorfque les cintres font tracés en deffus 8c
èn deffous , 8c que la retombée demande trop de
I largeur, on commence par l’évider, puis, on colle
deffus la levée qui en fort. Cette levée qui fe nomme
veau, eft très-folide , 8c épargne beaucoup de bois.
Pour les courbes en plan, on commencé par
[ faire des calibres, qui font des morceaux de bois
[ milices chantournés conformément au plan , 8c qui
fervent de réglés pour débiter le bois. On tâche
de prendre les courbes les unes dans les autres
autant qu’il eftpoffible, ou bien en fe chevauchant.
Des fcieurs-de-long.
1 Lorfque le bois eft débité , on fait venir les
feieurs-de-long pour le refendre. Ces feieurs font
| toujours deux enfemble, 8c font fournis de feies
| de toute efpèce. Les menuifiers leur prêtent
| deux tréteaux 8c deux fortes pièces de bois qu’on
E nomme coulottes , pour porter le bois qu’ils ont à
[ refendre.
I Les tréteaux .doivent avoir quatre pieds de large
| hir cinq à cinq pieds 8c demi de haut. Leur tête a
I environ quatre pouces d’épaiffeur fur fix pouces
Arts 6* Métiers. Tome IF . Partie II.
de largeur ; les pieds ont trois pouces quarrés avec
une traverfé par le bas : de deffus 8c au milieu de
cette traverfe s’élèvent deux autres pièces de bois ,
lefquelles viennent butter contre la tête du tréteau,
à environ quatre pouces du milieu de chaque côté.
Entre ces deux montans, 8c à un pied de deffous
la tête du tréteau, il y a une traverfe, laquelle
fert à les retenir.
Deffus 8c au milieu de chaque tréteau, eft une
pièce de bois d’environ dix-huit pouces de long fur
deux à trois pouces d’épaiffeur ; ces deux pièces
portent les bouts des coulottes, lefquelles ont douze
à quinze pieds de longueur fur trois pouces d’é paiffeur
8c cinq à fix de largeur.
Sur les coulottes du côté de la tète eft un bout
de planche de deux à trois pieds de longueur ,
qui eft retenu fiir les coulottes par une forte corde.
Cette planche fert à porter le feieur-de-long lorf-
qu’on change la planché à refendre , ou que le trait
eft au bout. Il y a un pouce ou un pouce 8c demi
de jour entre les coulottes, pour laiffer du paffage
à la fcie. -
Les coulottes; ainfi difpofées, fervent à refendre
le bois fur fe plat.
Pour le bois fur le champ, on retourne les coulottes
8c on les met fur leur largeur, en les efpa-
çant de manière que le bois qu’on doit refendre
foit pris jufte entre elles. On fait porter le bout
. des planches fur le tréteau , où on les attache
avec la corde, de forte que les planches à refendre»
les deux coulottes & le tréteau tiennent enfemble.
L’autre bout des planches eft porté par un morceau
de bois , lequel eft de la hauteur des tréteaux,
8c que l’on change félon que la fcie avance.
La fcie ordinaire des fcieurs-de-long eft com-
pofée d’un chaffis de vingt-fix pouces de largeur
entre les montans , 8c de quatre pieds huit pouces
de haut entre les traverfes ou fommiers.- Il y a
encore des feies dont la monture a trois pieds de
largeur 8c plus, lorfque le bois qui eft à refendre
eft très-large.
Ce châffis eft pour l’ordinaire en fapin ; les montans
ont deux pouces de large fur un pouce & demi
d’épaiffeur, & font affemblés à goujon dans les fom-
miers qu’ils -traverfent. Ces fommiers ont trois
pouces à trois pouces 8c demi de largeur par les
bouts , 8c quatre pouces à quatre pouces 8c demi
dans le milieu.Ils font courbes en dehors pour av°^r
plus de force. Ils ont deux pouces d’ép aiff &
débordent deux montans de trois pouces de chaque,
côté.
Un petit châffis, nommé renard, eft affemblè
en retour d’équerre dans le fommier d’en bas ; ce
petit châffis eft faillantdu fommier d’environ quatre
pouces , 8c a environ vingt pouces de long. Le
renard fert à tenir la fcie par le bas.
Il y a un autre chaffis nommé chevrette, qui s’af-
femble fur le fommier au haut de la fcie , 8c dont
il eft diftant de douze à treize pouces. Les deux
montans de la chevrette font inclinés en dedans,
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