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Il faut remarquer que dans toutes ces opérations,
l'eau collée doit être un peu ch au d e, fans quoi
le plâtre prendroit trop vite & ne donneroit pas
le temps de manoeuvrer.
Si c’eft fur un fond de couleur qu’on veut re-
prèfenter des o bjets , comme des forê ts, d e sp a y fa -
g e s , ou même des v a fe s , des fruits & des fleurs,
il faut les deffiner fur le papier, piquer enfuite
les contours des figures du_deffin , les appliquer
fur le fo n d , après qu’il aura été prefque achevé
de polir , & les poncer a v ec une poudre d’une
couleur différente du fon d , c’eft-à-dire, du noir fi
le fond eft b lan c , & du blanc fi le fond eft noir.
O n arrête enfuite tous les contours marqués par
le ponc if, en les enfonçant profondément avec la
pointe d’une alêne dont fe fervent les cordonniers;
après q u o i , a vec plufieurs alênes dont - on aura
rompu la pointe , pou r, en les aiguifant fur une
m eu le , en former de petits cifeaux , on enlèvera
proprement toute la partie du fond qui fe trouve
dans les contours du deffin qui eft t ra c é , ce qui
formera r fur le fond , des cavités à peu près d’une
demi-ligne de profondeur.
Lorfqne tout ce qui eft contenu dans l’intérieur
des contours du deffin fera ainfi ch amplevé, on
aura plufieurs petits pots ou gode ts, dans lefquels
on tiendra fur du fable ou de la cendre chaude
de l’eau co llé e , dans lquelle on aura délayé différentes
couleurs ; on mettra un peu de plâtre dans
la paume de la m a in , que l’on colorera plus ©u
moins en y mêlant plus ou moins de cette eau
colorée ; on remuera bien- le tout fur la paume de
la main , avec un couteau à couleurs dont les
peimres fe fe rven t, jufqu’à ce que l’on s’apperçoive
qu’il commence à prendre un peu de confiftance ;
alors on prendra avec le couteau la quantité que
l’on jugera à propos , que l’on placera dans un
côté de l’intérieur du creux de la figure que l’on
v eu t repréfenter, en preffant avec le couteau &
unifiant par deflus la partie du plâtre coloré que
l ’on vient de mettre qui touche les contours de
la figure.
O n détrempera enfuite promptement dans la
main un autre plâtre c o lo r é , mais d’une nuance
plus c la ire, qu’on placera dans le même creux à
côté de celui qu’on vient de mettre.
O n aura quatre ©u cinq aiguilles enfoncées parallèlement
par la tête au bout d’un petit bâ ton ,
comme les dents d’un peigne , avec lefquelles on
mêlera un peu la dernière couleur avec celle qu’on
a pofée la première , afin que l’on n’apperçoive
pas le pafiage d’une nuance à l'autre, & que la
dégradation en foit obfervée.
O n continuera ainfi à pofer des nuances plus
claires du côté de la lumière , jufqu’à ce que le
creux de la figure que l’on veu t repréfenter foit
exa&ement rempli. Après on applatira légèrement
le tout a v e c le <. outeau, & on iaiffera fécher.
Si on s’apperçoit , après avoir p o l i , que les
nuances ne font pas bien obfervées dans quelque
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endroit, on pourra , avec une pointe , faire des
hachures dans cet en d ro it, & faire entrer dedans
un plâtre coloré , plus brun & fort liquide.
Il faut que ces hachures foient affez profondes;
pour ne pouvoir être tout-à-fait emportées par le
poli qu’on fera obligé de donner fur tout l’ouvrage.
O n fe fert de cette dernière manoeuvre
pour découper les feuilles des arbres & celles des
plantes , & c .
En général, les figures indéterminées, comme
les ruines, les rochers, les ca vernes, &c. réuflif-
fent toujours beaucoup mieux dans cette façon
de peindre , que les figures qui demandent de
l’exaélitude dans les nuances & de la c©re<ftion de
deffin.
O n polit les peintures de la même façon que
l’on a dit pour les fonds ; & fi l’on s’apperçoit
en poliffant qu’il fe foit formé quelques petits trous,
on les remplit avec du plâtre délayé très-clair
a v e c de l’eau collée & de la même couleur.
Il eft même d’ufage , avant d’employer l’huile
pour le p o l i , de paffer une teinte générale de plâtre
coloré & d’eau colorée très-claire fur toute la fur-
face , pour boucher tous ces petits trous.
Il faut choifir , pour toutes ces opérations, le
meilleur plâtre & le plus fin ; celui qui e ll tranf*
parent paroît mériter la préférence.
Ces marbres de compofition font fort beaux,’
Iorfque les mélanges en font bien, entendus &
qu’ils font bien polis. .
On peut non-feulement en former des tables ;
mais encore toute autre chofe , même des fallons
entiers* ce qui eft cependant fort coûteux, àcaufe
du temps qu’on emploie à polir-
Il faut avoir attention de ne pas laiffer tomber
d’eau fur les tables lorfqu’elles font polies, attendu
qu’elle les tach e, & qu’il eft fort difficile de leur
rendre le poli lorfqu’elles l’ont ainfi perdu.
Comme il doit paroître fingulier que dans cette
façon de peindre , on ait prefcrit de fe férvir de
la paume de la main pour palette en voici la
raifon»
Lorfqu’on détrempe îe plâtre avec l’eau eoloree,
on eft obligé de mettte une certaine quantité d’eau,
qui s’écouleroit fi on la mettoit fur une palette;
au lieu que l’on forme un creux dans la main qui
la contient, & qu’en étendant les doigts à mefure
que le plâtre vient à fe prendre cette Singulière
palette , qui était creufe d’ab o rd , devient plate
quand il le faut. O n pourroit ajouter à cela que
la chaleur de la main empêché le plâtre de le
prendre trop v ite .
Pour les couleurs , toutes celles qu’on emploi
dans la peinture à frefque, y font propres.
Ce s couleurs font généralement toutes les terres
colorées.
L e blanc de chaux.
L e blanc de coquilles d’oeufs»
Le vitriol, brûlé.
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La terre rouge.
L’ocre jaune.
- L’ocre brûlé.
Le vert de Véronne.
La terre d’ombre.
L e noir de Venife.
Le noir de charbon.
L’outremer. . , .
On peut auffi emp lo y e r, mais avec p récaution ,
Le blanc de marbre.,
Le cinabre.
L’émail.
Blanc de chaux.
Ce blanc fe mêle aifément avec toutes les autres
couleurs.
L’ufage en eft bon & facile , pourvu qu’il foit
compofé d’excellente chaux étein te, depuis un an
ou lix mois tout au moins. O n la délaie avec de
l’eau commune ; enfuite on la verfe doucement
dans un vafe; on y laifle dépofer ce blanc , qu’on
emploie après avoir ôté l’eau qui le couvre.
Blanc de coquilles d'oeufs»
Pour faire le blanc de coquilles d’oe u fs , on raf-
femble une grande quantité de ces coquilles , on
les pile, on les nettoie en les faifant bouillir dans
de l’eau avec un morceau .de chaux-vive ; on les
met dans la chauffe, 8c on les lave avec de l’eau
de fontaine ; on recommence enfuite à les piler pour
en compofer une poudre encore plus f in e , qu’on
fait tremper de n ou ve au , jufqu’à ce que l’eau avec
laquelle on lave cette poudre foit fi claire, qu’elle
n’ait aucune empreinte de malpropreté : lorfqu’elle
eft à ce point , on fe fert de la pierre & de la
molette pour broyer cette pou dre, avec de l’eau
commune autant qu’ il eft nèceffaire , & l’on en
forme de petits pains qu’on laiffe fécher au foleil.
Il faut remarquer que fi ces coques reftoient trop
longtemps dans la même e a u ; elles exhaleroient
une odeur fétide & infupportable , qu’on ne pour-
toit diffiper qu’en les faifant cuire dans un fourneau,
après les avoir enfermées dans un vafe de
terre bien luté.
Le cinabre»
Prenez du cinabre p u r , c’eft-à-dire , qui ne foit
point falfifié ; réduifez-le en poudre. Après l’avoir
nus dans un vafe de te r re , v e r fe z -y de cette eau
qui bouillonne lorfqu’on éteint de la chaux-vive ; 3yez foin que cette eau foit la plus claire qu’il
fera poffible; jetez-la enfuite en la verfant douce-
ment ; réitérez plufieurs fois cette opération ; le
cinabre ainfi la v é , retiendra de l’eau de chaux une
«npreffion qu’il gardera long-temps.
Le vitriol brûlé.~
Le vitriol romain cuit au fo u r , ce qu’on appelle
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brûlé, & b rô y é enfuite à l’efprit * de - v in , réuffit
très-bien. Il réfulte de cette opératioii un rouge
qui approche de celui qne donne la lacque.
La terre rouge»
Ce tte couleur eft ex ce llen te, ainfi que toute©
celles qui font formées avec des terres.
U ocre brûlée»
L’ocre jaune mife au feu & brûlée dans une boîte
de f e r , produit un rouge pâle.
L ’ocre brune, a v ec la même préparation, devient
jaune.
Toutes les ocres fourniffent en général d’excellentes
couleurs.
Le vert de Véronne.
C ’eft une terre v e r te , qu’on nomme affi vert de
montagne ; cette couleur eft d’un très-bon ufage.
La terre d'ombre.
Cette couleur brune & obfcure devient plus
b e lle , lorfqu’.on l’a fait calciner dans une boîte de
fer. Elle eft bonne & folide. On doit cependant
obferver qu’elle devient plus foncée avec le temps,
& qu’on fera bien de m ê le r , en, l’employant, quelques
nuances de blanc de ch au x, pour empêcher
cet inconvénient.
Le noir.
Le noir de Venife, ainfi que la terre noire de
R om e , donnent une bonne couleur.
O n compofe le noir de charbon avec du farment
ou des noyaux de p êch es, ou avec des coquilles
de n o ix , de la lie de v in , ou même du papier.
Tou s ces noirs font b o n s , mais il ne faut pas fe
fervir de celui qu’on nommme noir d'os.
L’outremer»
L ’outremer eft une excellente couleur ; de quelque
manière qu’on l’emploie , elle ne change
-point ; elle empêche même les cou leurs, avec lef-
quelles on la m ê le , de changer.
A u t r e espece de S tu ci
O n fait encore une autre efpèee de ftuc qui fe
colore & fe pétrit comme celui dont nous venons
de parler , mais qui eft compofé de recoupes de
marbre b lan c , bien pulvérifées & mêlées avec de
la chaux éteinte dans une fuffifanté quantité d’eau*
Droits de douane.
Le marbre paie en France les droits d’entrée du
royaume , à raifon de 3 fols le pied carré , & feulement
2 fols pour les droits de fortie, conformément
au tarif de 1664.