
dans un endroit fec , la foie fe feche ferre &
comprime la foie charnue, & fait boiter le cheval.
i8°. Il ne faut point attendrir la foie de corne,
ni fe fervir d’un fer rouge avec lequel on la brûle ;
par cette manoeuvre, on l’échauffe, & on rend par
conféquent le cheval boiteux.
1.90. Un fer fort, que l’on fait porter à chaud,
nuit tant par fon épaiffeur que par fa chaleur, qui
échauffe tellement le fabot, que la chair cannelee
qui fe trouve deffèchée, fe détache par la fuite de
la corne cannelée, & fait un vide entre la foie &
la müraille ; ce qui .oblige fouvent le cheval à :
boiter.
2.00. Pour former un pied qui plaife à la v u e , \
on le rogne fi fort qu’il eft paré jufqu’à la foie
charnue, & que la chair fe faifant jour à travers
la foie de corne, la furmonte, c’eft ce qu’on ap- (
pelle une cerïfe ; ce qui fait boiter le cheval.
a i0. Le pied paré eft principalement caufe que
le pied en dedans fe refferre , c’eft ce qu’on appelle
quartier foible ou quartier ferré ; ce qui fait
boiter le cheval. Il arrive auffi quelquefois que le
fabot fe refferre, gêne toutes les parties intérieures
du pied.; ce qui' eftropie le cheval : en outre,
quand le quartier fe refferre, il fait fendre le fabot
dans fa partie latérale ; ce qui s’appelle feime,
& le cheval devient boiteux : tous accidens qui
viennent de la parure du pied.
L’habitude de parer les pieds & fur-tout les talons
qui en font les arcs - boutans, fait ferrer les
deux talons , & les pieds s’encaftellent ; ce qui
rend le cheval boiteux. Enfin, à force de parer,
fi le cheval vieni à fe déferrer plufieurs fois en
un jour, comme cela arrive, on lui réduira le pied
prefqu’à rien ; delà mille inconvéniens.
22°. C ’eft un abus de râper le pied des chevaux;
le fabot eft altéré, & il fe forme des feintes.
230. Un autre défaut, c’eft d’étamper & de con-
trepercer les fers avec des poinçons trop gros,
lefquels font un trou trop large ; enforte que fitôt
que les clous ou que les fers font un peu ufés,
le fer bat & ne tient prefque plus à rien.
; 240. La méthode de mettre des fers forts en
branche aux chevaux qui fe coupent eft inutile,
parce qu’elle n’a d’effet que lorfque le pied eft à
terre ; dès qu’il eft levé il fe met d’à-plomb, &
l ’épaiffeur du fer l’attrape.
259. La plupart des maréchaux, dans la vue
de mieux parer , pouffent le boutoir jufqu’au
fang , & pour arrêter l’hémorrhagie de la fourchette
, ils y mettent le feu ; çe qui rend le cheval
boiteux.
26°. Il y a des maréchaux qui croient remédier
aux talons encaftelés, & qui mettent des fers qu’ils
appellent à la pantoufle. Ils font forgés & difpofés
de façpn que le bord du dedans qui regarde la
fourchette eft extrêmement fort , & le bord du
dehors très-mince ; ils les ajuftent enforte que le
cheval appuyant deffus, l’épaiffeur du dedans de
l’éponge rencontrant le talon fur les arcs-boutansj I
le bord du dehors ne touche que peu à la mu-
raille , à caufe que l’éponge forme un talus de ce I
côté-là.
Le -but des maréchaux eft d’écarter , par ce I
moyen, les talons ; mais c’eft en quoi ils fe trom-
pent, parce que loin de les écarter, l’épaiffeur de I
l’éponge comprimant les arcs-boutans, les empê-
che de profiter & les refferre encore davantage. I
Il ne faut pas croire, comme le penfent les mu-1
letiers, qu’il faille que le mulet pour bien mar«
cher, foit ferré avec des fers grands & larges, qui I
débordent en dehors & en pince de quatre à cinq
pouces.
i°. Les fers des mulets font beaucoup plus pe-
fans que les fers des chevaux , parce qu’on les I
fait une fois plus grands & plus larges qu’il ne I
faut.
2°. Ils font fujets à fe déferrer, tant à caufe de I
la largeur, que de la longueur & de la pefanteur I
du fe r , fur-tout quand ils marchent dans des terres I
fortes & grades, ce qui les fatigue beaucoup. I
30. Quand ils fe trouvent dans des chemins ra*l
boteux, des ro c s d e s terres gelées, ils ont de la I
peine à marcher avec ces fers larges, attendu que I
le pied eft beaucoup plus petit, & que fi cette 1
furface de fer ne porte pas précifément fur le mi-1
lieu d’un caillou ou d’une motte de tverre gelée,l
le fer fait la bafcule & occafionne un faux-pas. I
Il n’y a qu’une ferrure à mettre en ufage pour!
les chevaux qui ont bon pied & qui n’ont pas de I
défaut, c’eft celle de ferrer court, de ne jamais I
parer le pied : il ne faut pas confondre les termes I
parer & abattre ; parer, c’eft vider le dedans du I
pied; abattre, c’eft rogner la muraille.
Les fers pour ces pieds doivent être minces d’é-1
ponge, de manière que les talons & la fourchette!
pofent à terre ; bien que la foie foit dans fon en-1
lie r , elle n’acquerra pas pour cela plus d’épaiffeur; I
elle fe débarraffe elle - même de ce qu’elle a de J
! trop, car dans les chevaux qui n’ont point eu leI
I pied paré, fi on gratte cette même foie, on trouve I
i une fubftance farineufe , ce qui prouve que cettl
un fuperflu prêt à tomber.
S’il en étoit de même de la muraille, on ne le* I
roit pas dans le cas de l’abattre. p .. I
Les fers ne doivent point être couverts, 1 epan-1
feur ne doit pas être confidérable ; un fer mince
eft plus léger. .
Quoiqu’il y ait des chevaux qui ufent plus dul
derrière que du devant, l’étampure doit être terree 1
également du pied de devant ; le fabot en eft mom*
fatigué : à l’égard du derrière, cela doit être a pe“
près de même, .fi ce n’eft qu’on laiffe en pinceU
écartement de la valeur d’un clou, vu le pin<s°.|
que l’on eft obligé d’y mettre, & le point d-app.
confidérable que le cheval eft obligé de pren
avec tout fon train de derrière. * J
La courte perçure doit être faite du meme ^ l
de i’étampure ; l’ajufture doit être douce & un peu
relevée en pince, le corps des branches à plat.
Les clous, à leur tête, doivent être coniques,
repréfentant la figure de l’étampure ; il arrive delà
que quand ils font bien ufés, ils paroiffent ne faire
qu’un feul & même corps avec le fer.
De pareils fers s’uferont minces comme des lames
de couteau, & tiendront auffi bien que s’ils
étoient neufs ; il n’en fera pas ainfi avec les clous
à tête carrée, les fers doivent garnir tant du devant
que du derrière aux chevaux de trait, mais
il faut qu’ils foient juftes pour les chevaux de felle ;
les pieds de derrière feront de même ferrés court,
& de la même façon : on évitera, par' ces moyens,
tous les accidens que caufe la ferrure aâuelle.
1 Celui qui veut être maréchal, doit commencer
! par connoître tous les outils d’une forge, & apprendre
à diltinguer un fer de devant d’avec celui
de derrière; celui du montoir d’avec un dehors le^
[montoir, ainfi que les différentes fortes de clous. '
Il doit favoir la manière de forger & de ferrer,
I ainfi que les précautions qu’il y a à prendre pour
[ferrer un cheval malin.
Nous allons paffer à la ferrure qu’on doit mettre
I en ufage.
On le répète, la bafe du chirurgien vétérinaire
eft la ferrure ; c’eft elle qui l’occupe davantage :
[on doit donc plus s’attacher à cette partie qu’à
[touteautre; car, comme on l’a dit plus haut, fur
[cent chevaux boiteux, quatre-vingt-feize le feront
[ du pied : o r , la ferrure étant le moyen d’y remé-
idier, comment preferire celle qui convient, fi on
[ne la connoît pas dans toute fon étendue ? com-
[ment pourra-t-on fe déterminer pour telle ou telle,
[ fi on en ignore les avantages & les inconvéniens ?
[comment, après en avoir choifi une, l’appliquer,
[fi l’on n’a perfonne qui foit en état de l’exécuter ? Il
[faut donc avoir manié le marteau pour être capable
IdWonner, & fouvent de forger foi-même.
F En général, il n’eft pas abfolument néceflaire
[qu’un maréchal poffède la fine anatomie : il fuffit
Iqu’il eonnoiffe la ftru&ure des parties fur lefquelles
[il doit porter le biftouri, afin qu’il ne coupe que
[ce qui doit être coupé , & qu’il évite de toucher
[aux vaiffeaux, aux nerfs, &c. en un mot, il fera
[hon maréchal pourvu toutefois qu’il eonnoiffe à
[fond le pied du cheval.
[ Avant d’entrer dans le détail des différentes ef-
[pecede ferrures qu’on doit mettre en ufage, nous
lallons dire deux mots des propriétés de la four-
luette du cheval, & des avantages qu’il en retire.
[ 1 • Elle conferve les talons bas & foibles : pour
[ ‘Uppléer'à ce défaut, la nature a formé une groffe
[ fourchette , fur laquelle les chevaux marchent &
[qui leur fert de point d’appui.
[ 2 • Les pieds plats & les talons bas ‘ont tous
[ u£e groffe fourchette qui foulage les talons : en
[ettet , tout le poids du corps tombe fur la four-
I chette & non fur les talons.
[ Ee contraire arrive aux bons pieds ; car pour
Arts 6* Métiers. Tome IF. Partie 11.
l’ordinaire ils ont une très-petite fourchette , mais
en revanche de forts talons qui font la fonâion
de fourchette, & qui par conféquent foutiennent
tout le poids du corps du cheval.
La ferrure qui convient pour aller folidement
fur le pavé fec & plombé, tant pour les chevaux
de trait que pour les chevaux de carroffe, de felle
& autres , eft celle qu’on a indiquée pour les bons
pieds : c’eft la ferrure courte, qu’on appelle en
croijfant, c’eft-à-dire , un fer dont l’étampure eft
également femée , & dont les éponges minces
viennent fe terminer au bout des quartiers, de
manière que le bout des éponges foit de niveau
avec les talons.
On peut même, aux chevaux qui en ont beaucoup,
faire des crampons de corne, de la hauteur
d’un tiers de pouce & plus ; ce qui les retiendra
plus fermement, non-feulement fur le pavé fec &
plombé , mais fur toutes fortes de terrains. Ces
crampons de corne.ne s’ufent pas : cela eft fi vrai,
que, quand on ferre le cheval, on eft obligé d’en
abattre une partie.
Ces fortes de crampons ne peuvent fe faire
qu’aux pieds qui ont de petites fourchettes , autrement
il faudroit s’en tenir à la ferrure courte,
à celles dont les éponges feroient égales à la muraille
des talons, & dont la fourchette poferoit à
à terre , & c’eft celle qui donne le plus d’appui au
cheval ; cette ferrure s’exécute de même aux quatre
pieds.
Comme la ferrure précédente ne fauroit empêcher
le cheval de gliffer dans le premier temps qu’il
pofe fon pied fur le terrain plombé , vu que la
pince porte la première, & qu’elle eft totalement
garnie de f e r , on fe fervira du fer à demi-cercle
pour les chevaux de carroffe.
Il doit être mince du côté de l’étampure, plus
jufte que le pied , & pofé de manière que toute la
muraille déborde de la moitié de fon épaiffeur dans
tout fon pourtour.
Après avoir raifonnablement abattu le pied , on
cernera le dedans de la muraille, cette partie qui
avoifine la foie de corne; on fera enfuite porter
fon fer à chaud , puis on l’attachera avec de petits
clous dont la tête fera enfoncée moitié dans l’é-
tampure.
On rapera les bords de la muraille en rpnd ,
afin qu’elle ne puiffe pas s’écarter lorfque le cheval
marchera. Au moyen de cette ferrure, il marchera
fur toute fa muraille , foit en montant , foit en
defeendant.
La ferrure pour les chevaux de felle doit être à
demi-cercle , le fer de deux ou trois lignes de largeur
fur une & demie d’épaiffeur ; il doit avoir dix
étampures , également femées & contrepercées du
même côté ; les clous doivent être par conféquent
tVès petits.
On le placera de la'même manière que le précédent
, dont il ne différé que par fa largeur &
par deux trous de plus. Le cheval ainfi ferré eft
G g g g