
Lorfque ces pièces font fuffifamment chaudes,
ce qu’on connoit, quand le c^té oppofê au feu
devient fec et ceffe de fumer, on 'les retire, &
on les paffe fur un moule arrêté fur le bout de
rétabli, autour duquel on les fait ployer, apiès
avoir pris la précaution de les envelopper à l’extérieur
d’un morceau de peau , qu’on mouille de
temps en temps , pour mieux appliquer la pièce
fur le moule, qui n’eft autre chofe qu’un morceau
de bois arrondi , félon que la forme des
pièces l’exige.
Il faut obferver que les moules foient toujours
plus cintrés que la pièce ne doit l’être, parce
que quand on l’a retirée de deffus, & qu’elle
eft entièrement refroidie, elle fe redreffe toujours
un peu.
Comme les bois que les treillageurs employent,
ne font pas toujours d’une longueur fuffifante ,
ils les ralongent par le moyen d’une efpèce d’af-
femblage , ou pour mieux dire de joint, qu’ils
nomment habillure ; ce n’eft autre chofe que deux
chanfreins ou bifeaux, qu’ils font à l’extrémité
de chaque pièce, à contre-fens l’un de l’autfe,
& qu’ils affujettiffent enfemble, par le moyen de
deux coutures ou liens de fil de fer.
Cette efpèce d’affemblage eft celui dont ils font
plus d’üfage dans prefque toutes les occafions,
& ils le préparent à la plane , fans y prendre
beaucoup de précaution ; Mr. Roubo confeille,
dans les pièces d’une certaine force, au lieu des
habillures ordinaires, d’y fubftituer des joints
difpofés en entailles doubles, ce qui feroit plus
folide, fans être plus difficile.
Des différentes efpèces de treillages
On doit diftinguer les treillages fimples , qui
ne font cenftruits qu’avec des échalas, & autres
bois de cette nature; & les treillages, compofés,
dans la conftruâion defquels on fait ufage des
bâtis de menuiferie.
Les pièces de bois qu’on emploie pour la con-
ftruâion des treillages fimples , font affujetties
avec le fil de fer ou le fil d’archal, dont les
treillageurs diftinguent deux fortes, favoir : le fil
à coudre, & le fil à pointe.
Le fil à coudre, qu'ils nomment aufli fil nul9
doit être doux, d’une qualité .liante &élaftique,
& recuit, c’eft-à-dire rendu flexible par le moyen
du feu.
Il y a du fil à coudre de différentes groffeurs,
qu’on emploie félon la nature de l’ouvrage; le
plus gros n.e paffe point le N° 8 , qui a environ
une demi-ligne de diamètre.
Quand le fil à coudre eft bien rond , & d’une
bonne qualité, on le ploie de telle façon qu’on
le juge à propos fans le rompre, & il refte dans
la fituation où on l’a mis.
Le fil à pointe , nommé aufli fil normand par
les treillageurs, parce qu’on le fabriqueen Normandie
\ né doit pas être recuit ; il faut qu'il
foit d’une qualité liante, mais ferme & roide 1
pour réfifter aux coups de marteau, & entrer
dans.le bois fans fe rompre.
On l’appelle fil à pointe ,. parce que les treillageurs
le coupent-‘par bouts de différentes longueurs
, pour faire des clous ou pointes avec
leiquels ils* attachent leurs ouvrages. Ces clous
s’appellent pointes de frifages & c , félon les divers
ouvrages où ort ies emploie.
Pour réduire ce fil en pointes, on prend les
tenailles de la main droite, & de la gauche le
fil, dont on fait entrer l’extrémité entre les mords
de ces tenailles, félon la longueur que l’on veut
donner à la pointe ; puis on ferre fortement les
branches des tenailles, peur couper une partie
du fil qù’on rompt enfuite de la main gauche,
avec laquelle on le tient lé plus proche des tenait-
les qu’il elt poflible, afin de le caffer net, &
de ne point faire ployer le refte du fil de fer,
qu’il faut toujours conferver bien droit.
Le bout de ces pointes n’eft point diminué
comme aüx clous ordinaires ; on laiflfe le fil tel
qu’il elt coupé, afin qu’en le pouffant dans le
bois/, il le défonce au lieu de l’écarter.
Les treillageurs font encore ufage d’une forte
de petits clous qu’on nomme femence, ou bro-
quettes à tête plate.
Cette femence eft de deux efpèces , favoir:
celle qui eft la plus grande qu’ils nomment de
la demi livre alongée, & qui a la'pointe“longue
& déliée d’environ quatre à cinq lignes .de longueur;
l’autre efpèce eft celle nommée tout Amplement
femence , dont la pointe n’a pas plus de
deux à trois* lignes de longueur au plus.. La tête
de ces deux fortes de -clous eft'plate en deffus,
& d’une forme à peu près ronde.-
Les treillageurs employent aufli d’autres fortes
de clous ordinaires., & dont il eft inutile
de parler.
Des mailles.
Les jours que' forment les divers çomparti-
mens de treillages , fe nomment mailles.
Lorfque le treillage eft conftruit avec des écha-
las, la rencontre de chaque échalas perpendiculaire
avec les échalas horizontaux , eft arrêtes
par un lien de fil de fe r , qu’on nomme couture >
lequel eft noué fur l’arête de l’échalas perpendiculaire
, & par conféquent fur la face de l’ouvrage.
L’opération de coudre le treillage eft une des
plus ufitées dans cet art, & quoique très-fimplc>
elle demande une. certaine adreffe , pour etre
faite avec diligence & folidité.
Pour coudre une maille die treillage, on prend
du fil de fer recuit, & d’une groffeur convenable
à l’ouvrage ; on le fait paffer diagonale-
ment derrière, la maille de bas en h a u t ,.& 'e
bout le plus court en deffus ; on faifit ce bout
avec des tenailles qu’on tient de la main droite ,
& on le fait redefeendre diagonalement , en paf-
fant par-deffus l’autre bout du fil dé fer, qu’on
tient ferme de la main gauche, en obferwnt de
les bien ferrer tous deux fur l’arête de rechalas
montant. Enfuite on les fait reployer l’un fur
l’autre, en faifant faire aux deux mains un mouvement
oppofé , c’eft-à-dire , en reportant la
main gauche, de gauche à droite, & la main
droite avec laquelle on tient les tenailles , de
droite à gauche.
Les deux bouts du fil de fer étant ainfi re-
ployés l’un fur l’autre , on fait redefeendre celui
qu’on tient de la main gauche, pour venir
joindre celui qui eft faifi par les tenailles ;
après quoi on ouvre ces tenailles , pour reprendre
les deux bouts de fil de fer , un peu
au deffus du noeud qu’ils commençent à former
, on fait une pefée, en. appuyant un des
mords des tenailles fur l’arête de l’échalas montant,
pour alonger le fil de fer autant qu’il eft
poflible, & lui faire prendre la forme des angles
des échalas; puis fans quitter les tenailles, on
les fait tourner de droite à gauche en montant,
pour achever de ferrer le noeud , & pour rompre
les extrémités du fil de fe r , ou pour mieux
dire les couper , parce qu’en achevant de tourner
lés tenailles , il faut les ferrer f ortement, pour
qu’elles coupent le fil de fe r , fans quoi on cour-
roit rifque de le rompre au deffous du noeud ; ce
qui occafionneroit la perte du temps & du fil
dé fer.
Il y a des treillageurs, qui font le noeud de
la couture en deffus , d’autres en deffous, mais à
gauche, ce qui ne change rien à. la manière d’opérer
; au refte , la manière la plus ufitée & la
plus facile, eft de le faire à droite & en deffous.
- Quand les compartimens font diagonaux, on
fait les coutures horizontalement ou perpendiculairement
, ce qui eft égal ; cependant lorfque
. les lofanges font très alongées , il eft bon de
difpofer les coutures, horizontalement.
Quand les treillages font en frifages, c’eft-à-
dire , conftruits avec des lattes, on n’y fait point
de couture, mais on arrête la rencontre de chaque
latte, avec une broquette à tête plate.
La plupart des treillageurs ne mettent pas des
clous à chaque rencontre de latte, mais de deux
en deux & en liaifon , ce qui eft fuffifant, quand
les mailles font petites ; mais quand elles font
grandes, il faut en mettre par-tout, pour que fourrage
foit plus folide.
Il eft bon que les broquettes foient affez longues
, non feulement pour paffer au travers de
d’épaifleur des deux lattes, mais encore pour les
déborder par derrière , afin de pouvoir en repayer
les pointes, pour empêcher qu’elles ne fe
retirent de dedans les lattes, où elles ne peuvent
guère tenir , vü le peu d’ép ai fleur de ces dernières.
Quand on veut river, ou pour mieux dire , reployer
les pointes des broquettes , il faut , fi
l’ouvrage fe fait fur l’établi , appuyer leur tête
fur un tas de fer, & avec le marteau faire ployer
la pointe en frappant deffus, à petits coups , &
obfervant de ne les faire ployer que fur la largeur
du bois , afin qu’elles entrent dedans fans
le faire fendre; ce qui ne manqueroit point d’arriver
, û on faifoit ployer le clou fur le fil du
bois.
Lorfque l’ouvrage eft de nature à ne pouvoir
être placé fur l’établi pour river les clous , un
ouvrier appuie contre la tête des clous avec un
fort marteau , pendant qu’un autre les rive par
derrière, ainfi qu’on eft obligé de faire pour les
enfoncer, à l’exception qu’il faut dans ce dernier
cas fe fervir d’un morceau de bois préfenté à
bois de bout pour foutenir le coup du marteau,
& donner partage à la pointe de la broquette.
Quand on fait des treillages en frifages pu avec
des lattes , on les fait paffer les unes fur les au-
i très à l’ordinaire : on peut aufli les affembler en
liaifon , c’eft-à-dire , les faire paffer alternativement
l’une fur l’autre.
L’extrémité des frifages eft arrêté de deux manières
différentes ; favoir , dans des bâtis ou bien
fur des échalas, ce qu’on fait par le moyen des
pointes des frifages. Ces pointes s’enfoncent du
côté des lattes ; & quand elles font entrées juf-
qu’aux trois quarts de leur longueur, on les reploie
fur les lattes en travers de leur largeur, pour les
empêcher de fe coffiner.*
ConfiruElion _du treillage fimple.
Le treillage fimple eft de deux efpèces ; favoir,
Celui qui eft appliqué contre les murs ; & celui
qni eft ifolé.
La première de ces deux efpèces fe nomme
efpalier , parce qu’il femble deftiné à fupporter
les branches des arbres d’efpaliers.
Les treillages de la fécondé efpèce prennent
différens noms , félon leur forme & leur ufage ;
on les nomme treillages en paliffades , tant d’appui
que de hauteur, berceaux 9 cabinets, &c.
Les treillages fimples fe conftruifent avec des
échalas, dreffes au deffoir, ou bien réparés à la
plane; ce qui eft très-rare pour ces fortes d’ouvrages.
On les coud à l’ordinaire & on les arrête
de différentes manières , félon que l’exige leur
forme.
Avant de conftruire des treillages d’efpaliers,
il faut d’abord fe rendre compte de l’étendue de
la furface du mur qu’il faut revêtir, afin de déterminer
le nombre de carfëaux ou de mailles
qu’il doit y avoir tant fur la hauteur que fur la
largeur, fuivant la grandeur des mailles.
Alors on prend un échalas d’une longueur convenable
> fur lequel on trace la divifion de la