
de refoirer, on ne peut frayer un paffage à l’air, j
auquel la glotte n’en permet plus, qu’en faifant une
ouverture à la trachée-, c’eft-à-dire, en ayant recours
à la bronchotomie ; opération que j’ai pratiquée
avec fuccès, & que j’entrepris avec d’autant
plus de confiance, 'qu’elle a été premièrement tentée
for ]es animaux : car Avenfoër parmi les Arabes,
ne la recommanda for l’homme qu’après l’expérience
qu’il en fit lui-même for une Nchèvre.
Faim canine.
Ce fentiment intime & feçret qui nous avertit
de nos befoins, ce v if penchant à les fatisfaire ;
cet inftinét qui, quoiqu’aveugle , nous détermine
précifément au choix des choies qui nous conviennent
; toutes ces perceptions, en un mot, agréables
ou fâcheufes , qui nous portent à fuir ou à
rechercher machinalement ce qui tend à la con-
fervation de notre être, ou ce qui peut en hâter
la deftruéKon, font abfolument communes à l’homme
& à l’animal : la nature à accordé à l’un & à
l’autre des fens internes & externes ; elle les a
également affujettis à la failn, à la foif, aux mêmes
néceflités.
L’eftomac étant vuide d’alimens, lesmembran.es
qui conftituent ce fac , font aftaiffées & repliées'en
fens divers : dans cet état, elles oppofent un obftacle
à la liberté du cours du fang dans les vaiffeaux qui
les parcourent. De la lenteur de la marche de ce
fluide refulte le gonflement des canaux, qui dès- 1
lors font follicités à des ofcillations plus fortes ;
& des ofcillations augmentées naiffent une irritation
dans les houppès nerveufes , un fentiment d’inquiétude
, qui ne ceffent que lorfque le ventricule dif-
tendu, les tuyaux fanguins fe trouvent dans une
direction propre à favorifer la circulation du fluide
qu’ils charrient. Les reftes acrimonieux des matières
diffoutes dans ce vifeère , ainfi que l’açiion des liqueurs
qui y font filtrées , contribuent & peuvent
même donner lieu à une fenfation femblable, Dès
que leurs fels s’exerceront fur. les membranes feules,
les papilles fubiront une impreffion telle , que l’animal
fera en proie à une perception plus- ou moins
approchante de ' la douleur , jufqu’à ce qu’une
certaine quantité d’alimens s’offrant, pour ainfi dire,
à leurs coups, & les occupant en partie,.fauve l’organe
, de l’abondance funefte des particules falines ,
à l’adivité defquelles il eft expofé.
Nous n’appercevons donc point de différence
dans les moyens choifis &mis en ufage pour inviter
l’homme & le cheval à réparer d’une part des déperditions
qui font une fuite inévitable du jeu redoublé
des reflbrts ; & à prévenir de l’autre cette falure al-
kalefcente que contraâent néceffairement des humeurs
qui circulent, fans de nouveaux rafraîchif-
femens , & qui nè peuvent être adoucies que par
un nouveau chyle.
Nous n’en trouvons encore aucune dans les caufes
de cette voracité, de cette faim infatiable & contre
nature dont ils font quelquefois affeâés. Suppofons
dans les fibres du ventricule une rigidité confidéra*
ble , une forte élallicité ; il eft certain q u e les digef..
tions feront précipitées, l’évacuation du facconfé*
quemment très-prompte , & les replis q u i forment
les obftacles dont j’ai parlé, beaucoup plus fenfibles
vu l’a&ion fyftaltique de ces mêmes fibres. Imagil
nons de plus une grande acidité dans lès focs diflbl-
vans, ils picoteront fans ceffe les membranes:en
un mot, tout ce qui pourra les irriter fofeitera infailliblement
cet appétit dévorant dont il s’ag it, & ,
dont nous avons des exemples fréquens dans l’homme
& dans l’animal, que de longues maladies ont
précipités dans le marafme. Alors les fu c s glaireux
qui tapiffent la furface intérieure des parois de l’ef-
tomac, n’étant point affez a b qn dan s pour mettre à
couvert la tunique veloutée, & leur acrimonie répondant
à l’appauvriffement de la maffe, iis agiffent
avec tant d’énergie for le tiffu cotonneux des houppes
nerveufes , que ce fentiment e x e e fîif fe renouvelle
à chaque inftant, & ne peut être modifié que
par des alimens nouveaux, & pris modérément. I
Il faut convenir néanmoins que relativement à la
plupart des chevaux faméliques que nous-voyons,
nous ne pouvons pas toujours accufer les unes où
les autres de ces caufes ; il en eft une étrangère, qui
le plus fouvènty produit tous ces effets. Je veux
parler ici dé cès vers qui n’occupent que trop fréquemment
l’eftomac de l’animal. Si le ventricule I
eft dépourvu de fourrage, & s’ils n’y font pas enveloppés
en quelque façon, les papilles fe reffentenl
v iv em e n u d e leur a&ion. En fécond lieu, leur agitation
fufeite celle du vifeère ; & le vifeère agité fe dé*
livre & fe débarraffe des alimens dont la digeftionJ
lui e ft confiée , ayant que le foc propre à s’af-
fimiler aux parties, en ait été parfaitement extrait. I
Enfin ces inie&és dévorent une portion de ce même
fuc, & en privent l’animal; ce qui, joint à l’acrimonie
dont le fang fe charge néceffairement, les digef-
tions étant vicieufes , occafionne une amaigrit
ment, une exténuation que l’on peùt envifager
comme un fymptôme confiant & affuré de la ma- j
ladie dont il eft queftion , de quelque fource quelle]
provienne. .,
La voracité du cheval qui fe gorge d’une quantité j
exceffive de fourrage, fa trifteffe, fon poil hérifféot I
la v é , des déjeâions qui ne préfentent que des ali" |
mensprefqu’en nature, mêlés de certaines férofites
en quelque façon indépendantes de la fiente; l’odeur
aigre qui frappe l’odorat, & qui s'élève des excre*
mens ; le marafme enfin, font les lignes auxquels1
eft ailé de la reconnoître. Lorfqu’elle eft le refultat
de la prêfence des vers dans l’eftomac, elle s annonce
par tous les fymptômes qui indiquent le«1'
féjour dans cet organe, & elle ne demande que les
■ mêmes remèdes. ■ . * & • J
Ceux parle feeours défquels nous devons combattre
& détruire les autres caufes , font les eva'
cuans , les abforbans , les médicamens am>e.r,s'<-J
peut, après avoir purgé le cheval, le mettre à 111 a|eJ
’ffes pilules abforbantes, compofées avec de la craie
de Briançon, à la dofe d’une demi-once, enveloppée
dans une fuffifante quantité de miel commun. L’aloès
macéré dans du fuc d’abfynthe ; les trochifques d’a-
earic, à pareille dofe de demi-once, feront très-
falutaîres : la thériaque de Venife, l’ambre gris, le
fafran adminiftrés féparément, émoufferont encore
le fentiment trop vif de l’eftomac , corrigeront la
qualité maligne des humeurs, & rétabliront le ton
des organes digeftifs. Du refte il eft bon de donner
de temps en temps à l’animal atteint de la faim
canine, une certaine quantité de pain trempé dans
du vin, & de ne lui préfenter d’ailleurs que des afi-
mensd’une digeftion affezdifficile, tels que la paille,
par exemple , afin que l’eftomac ne fe vuide point
auffiaifément que fi on ne lui offroit que des
matières qu’il diffout fansL peine , & qu’il n’élabore
point alors pour le profit du corps. L’opium dans
l’eau froide, calme des douleurs que caufe quelquefois
dans ce même cas l’inflammation de ce
vifeère. .
Faim-vale,
L’explication que nous avons donnée des caufes
& des fymptômes de la maladie connue fous le
nom An faim canine, & l’expofition que nous ferons
de celle que nous appelions faim vale, prouveront
que l’une & l’autre ne doivent point être confondues
; & que les auteurs qui n’ont établi aucune
différence entr’elles, n'ont pas moins erré que ceux
qui ont envifagé celle-ci du même oeil que l’épi-
lepfie. "
I riens fur l’étymologie du terme faim-vale, & de
remonter à la première impofition de ce mot, pour
découvrir la raifon véritable & originaire des no-
J tions & des idées qu’on y a attachées. Je dirai
«mplement que la faim-vale n’eft point une maladie
habituelle : elle ne fe manifefte qu’une feule
o0is,? ^ par un feul accès, dans le même cheval;
j s’il en eft qui en ont effuyé plufieurs dans le cours
de leur v ie , on doit convenir que le cas eft fort
rare.
Il arrive dans les grandes chaleurs , dans les
grands froids & après de longues marches , & non
dans les autres temps & dans d’autres circonftances.
Nous voyons encore que les chevaux vifs y font
plus fujets que ceux qui ne le font point, & que
les chevaux de tirage en font plutôt frappés que
les autres. Le cheval tombe comme s’il étoit mort:
alors on lui jette plufieurs féaux d’eau fraîche fur
; Ja tête, on lui entait entrer dans les oreilles , on
lui en fouffle dans la bouche & dans les nafeaux ;
. *îfjifi champ il fe relève, boit, manee, & connue
fa route.
. peut attribuer cet accident qu’à l’interruption
du cours des efprits animaux, produite dans les
grandes chaleurs par la diffipation trop confidérable
► çs humeurs, & par le relâchement des folides; &
dns & Métiers» Tome IV, Partielle
en hiver par l’épalffiffement & une forte de conden-
fation de ces mêmes humeurs. Souvent auffi les chevaux
vifs, & qui ont beaucoup d’ardeur', fe donnent
à peine le temps de prendre une affez grande quantité
de nourriture ; ils s’agitent, & diffipent plus. Si à
ces difpofitions on joint la longue diète , les fatigues
exceffives , l’aôivité & la plus grande force des
fucs diffolvans, un défaut d’alimens proportion-
nément aux befoins de l’animal, la circulation du
fang & des efprits animaux fera inconteftablement
rallentie.
De-là une foibleffe dans le fyftème fterveux i
qui eft telle, qu’elle provoque la chute du cheval.
Les afperfions d’eau froide caufent une émotion
fubite, & remettent for le champ les nerfs dans leur
premier état ; & les fubftances alimentaires qu’on
donne enfuite. à l’animal, les y confirment.
Quant au marafme , que quelques écrivains
préfentent comme un figue affuré & non équivoque
de la faim-vale , on peut leur objeéfer que la maigreur
des chevaux qui en ont été atteints, eft
telle que celle que nous reprochons à ceux que
nous difons être étroits de boyau, & qui ont ordinairement
trop de feu & trop de vivacité.
Il eft vrai que fi les accidens dont il s’agit éroient
répétés & fréquens,.ils appauvriroient la maffe ,
& rendraient les fucs régénérans âcres & incapables
de nourir, & donneroient enfin lieu à l’atrophie
: mais il eft facile de les prévenir en ménageant
l’animal , en ne l’outrant point par des travaux
forcés , & en le maintenant dans toute fa vigueur
par des alimens capables de réparer les pertes con».
tinuelles qu’il peut faire.
Fourbure.
Maladie d’autant plus aifée à reconnoître, qu’elle
fe manifefte à tous les yeux par la roideur de
l’animal, par la difficulté avec laquelle il manie fes
membres , par la forte de crainte & de peine qu’il
témoigne quand il pofe les pieds fur le terrein ,
par l’attention avec laquelle il évite alors de s’appuyer
fur la pince , par la foibleffe du train de derrière
qui, lorfqu’il eft entrepris , flotte continuellement
quand l’animal chemine, fes jambes pofté-
rieures $’entre - croifant alternativement à chaque
pas ; par le dégoût qui f affeâe , par une trifteffe
plus ou moins profonde ; enfin, par un battement
de flanc & une fièvre plus ou moins forte, félon
les caufes, les degrés & les progrès du mal.
Ces caufes font ordinairement un travail exceffif
& outré ; un refroidiffement (ubit, foccédant à une
violente agitation, foit que l’on ait imprudemment
abreuvé le chçval au moment qu’il étoit en fueur,
foit qu’on l’ait expofé dans cet état à un air v if
& humide-* foit qu’on l’ait inconfidêrément conduit
à l’eau ; une douleur q u i, attaquant un des
membres, & ne permettant à l’animal aucune efi
pèce d’exerciçe , le contraint de féjourner îone- W Ê Ë ô