
néanmoins de ne jamais les dévoyer dans les murs
mitoyens.
La décoration des cheminées eft devenue une
partie importante pour l’ornement des pièces, principalement
depuis que les glaces ont pris la place
des bas-reliefs de fculpture & des membres d’ar-
chiteâure de plâtre, de marbre ou de fluc, qui les
décoroient auparavant.
M. Decotte, premier architeéfe du Roi, eft celui
à qui l’on doit l’ufage des glaces fur. les cheminées.
D ’abord on fe révolta contre cette nouveauté; on
eut peine à s’accoutumer à voir un vide que les
glaces repréfentent fur une partie qui ne pourroit
le foutenir fans être un corps opaque & d’une
folidité réelle ; mais enfin, la mode a prévalu au
point que la plus grande beauté de la décoration
d’une cheminée, confifle aujourd’hui, félon quelques
uns, dans la grandeur des glaces.
Il n’en eft pas moins vrai cependant que les bordures
qui les environnent, que les parties qui les
couronnent, & les pilaftres qui les accompagnent
& qui occupent ce qu’ôn appelle le manteau de la
cheminée, doivent être d’une proportion & d’une
richeffe relative à l’ordonnance qui préfide dans
la décoration de la pièce en général : l’on doit
même obferver que les glaces qui repréfentent un
v id e , comme nous venons de le marquer, foient
d’une hauteur & d’une largeur proportionnée à
l’élégance qu’on aura dû uneéter dans la baie ou
vide des portes & dés croifées. Il faut encore faire
attention que la largeur du manteau & fa hauteur,
foient d’une proportion relative à celles des panneaux
qui revérifient la furface des murs de la
pièce, lorfqu’elle eft lambriffée.
A l’égard du chambranle de ces cheminées, dont
la matière doit être de marbre ou de pierre de
liais, leur largeur entre deux jambages dépend,
comme nous l’avons déjà dit , du diamètre des
pièces ; mais il faut faire enforte que cette largeur
égale celles du manteau de la cheminée, de manière
que l’épaiffeur de ces jambages faffe retraite
de chaque côté, afin que la tablette qui couronne
ce chambranle, forme des retours dans fes deux
extrémités égaux à fa faillie fur le devant, afin
qu’il paroiffe fervir de foubaffement à la partie
fupérieure. La hauteur des ces chambranles dépénd
de l’ufage des pièces.
Dans les galeries , dans les fallons & grandes
falles d’affemblées , où la largeur des foyers eft
au moins de fix ou fept pieds, & où l’on fait un
feu extraordinaire , il faut leur donner de hauteur
depuis cinq jufqu’à fix pieds ; mais dans les appartenons
de fociétés, où les plus grandes cheminées
ne doivent pas furpaffer quatre pieds & demi ou
cinq pieds de largeur, il faut réduire leur hauteur
à trois pieds & demi ou trois pieds huit pouces,
afin que ceux qui forment cercle autour du foyer
y étant affis , puiffent fe voir dans les glaces &
remarquer ce qui fe pàffe.
Nous ajouterons ici les obfervations que fait Mi
Patte dans fes Mémoires d’archite&ure.
La meilleure manière, dit cet habile architefte
de conftruire les cheminées, eft celle en briques
avec mortier de chaux & fable paffé au panier.
On les exécutoit autrefois en pierre de taille, mais
on n’en fait plus guère de cette façon, attendu
qu’elles coûtent beaucoup fans avoir davantage de
folidité.
On donne- quatre pouces/ d’épaiffeur aux languettes
en briques : il eft d’ufage de tremper la
brique dans l’eau à mefure qu’on la pofe fur le
mortier, de la faire liaifonner dans le mur doflier
& d’enduire le dedans des tuyaux avec le moins
d’épaiffeur, foit avec du plâtre, s’il y en a dans
le lieu où l’on bâtit, foit avec du mortier de chaux
& fable bien fin. Plus cet enduit eft uni, moins la
fuie peut s’y attacher.
On doit mettre des barres fous tous les manteaux,
ainfi que de trois pieds en trois pieds dans les languettes,
des bandes de fer, dites côtes de vache,
fendues par les bouts, relevées en forme d’équerre
& fcellées dans les murs doffiers, lefquelles fervent
de harpons pour retenir les tuyaux.
Dans les endroits où le plâtre eft commun,'
comme à Paris & dans fes environs, on fait d’ordinaire
les languettes des tuyaux de cheminée en
plâtre pur pigeonné à la main , avec un enduit
de plâtre paffé au panier, tant en dedans qu’en
dehors, auxquelles on donne au moins trois pouces
d’épaiffeur.
Il ne faut point fouffrir que l’on pofe les languettes
, tant rampantes que droites, fur des planches
, attendu qu’elles font fujettes à fe gercer ou
fe fendre, & qu’elles ne font pas auffi folides que
faites à la main.
Dans la hauteur des tuyaux, on met des chaînes
de fantons, au moins de trois pieds en trois pieds,
pour unir enfemble les languettes de face, celles
de refend & le mur qui leur eft adoffé. On Icelle
ces fantons au fond des tranchées pratiquées pour
lier les languettes de plâtre avec le mur, dans des
trous faits exprès , plus profonds que lefdites
tranchées.
Les tuyaux doivent avoir trois pieds de long,
fur dix pouces de large intérieurement : quelquefois
cependant, on ne donne à ceux des cabinets
que deux pieds huit pouces de lo n g , fur neuf
pouces de large.
Quelle que foit la conftruétion des cheminées, on
fait leur fermeture par dedans en portion de cercle,
à laquelle on donne quatre pouces d’ouverture
pour l’iffue de la fumée ; & leurs plinthes fe font
en pierre tendre ou en plâtre, fuivant que lefdits
tuyaux font en briques ou en plâtre.
Les jambages de cheminées fe maçonnent de
cinq ou fix pouces d’épaiffeur, foit en briques avec
! mortier de chaux & fable, foit en moellons, foit
en plâtras avec plâtre.
On doit garnir le contre-coeur d’une cheminée
d’une plaque de fonte, au droit, foit d’un mur de
refend, foit d’un mur mitoyen, finon il faut faire
un contre-coeur en tuileaux ou en briques dans le
premier cas, & dans le fécond un contre-mur de
lix pouces d’épaiffeur aulfi en tuileaux & en briques,
pour fe conformer à la coutume.
Dans le vide ménagé fous chaque âtre à travers
un plancher, on met deux bandes de trémie de
I fer coudé, dont les deux bouts pÔrtent fur les fo-
>' lives d’enchevêtrure , & dont le bas defcend à un
pouce près defdites folives.
Lorfque lês bandes de trémie excèdent fix pieds
| de longueur, on place par deffous leur milieu une
autre bande de trémie en travers pour les foulager,
I portant d’une part fur le chevêtre & de l’autre
i fcellée dans le mur.
Tous , lès âtres fe font de toute l’épaiffeur du
plancher, jufques fous les carreaux, &febandent
I avec des plâtras taillés en vouffoirs, d’une folivé
I d’enchevêtrure à l’autre.
On fupporte toujours la gorge & le manteau
I d’une cheminée fur fes jambages, à l’aide d’une
K barre de fer coudée d’une groffeur proportionnée
| à la longueur , que l’on fcelle par les bouts dans
I le mur où elle eft adoffée. Il n’y a que les che-
K minees de cuifine faites en hotte, dont le manteau
I étant d ordinaire en bois, revêtu de plâtre , on
I n a pas befoin d’un femblable foutien.
Il faut bien fe garder d’enclaver, lors de leur
I ^on^ u& on , les tuyaux de cheminée de toute leur
I epaiffeur dans les murs de refend ; & quand on s’y
I trouve obligé, il eft effentiel de les faire monter
I a plomb , fans les dévoyer jufqu’au deffus des
I combles, fans quoi le mur, au deffus du dévoie-
■ ,m®nt y porteroit en l’air, & n’auroitaucune folidité.
I Lorfqu’on veut engager les tuyaux feulement de
I lix pouces dans les murs , il eft encore à pçopos
B de ne les pas dévoyer chacun dans toute leur hau-
I teur au-delà d’un pied & demi, c’eft'à-dire , de
I plus de la moitié de la longeur d’un tuyau.
Entre - fol.
Petites pièces pratiquées au deffus d’un ap-
{ partement au rez - de - chauffée , ou au premier
B etage d un bâtiment , pour fe procurer quelques
K garde-robes ou cabinets de plus dans un château
I 0uJnaif°n de plaifance.
I Ces entre-fols font quelquefois deftinés auifi à
I aire “ e Petits appartenons d’hiver pour les mai-
I î,reSi’ or“ !ue la “ ge du bâtiment eft peu fpacieufe ;
E quelquefois au (fi l’on y pratique des bains, des
I cabinets de toilette, &c.
[ fes entre-fols doivent être dégagés par des ef-
E ca lers qui rendent leur communication facile avec
63 aPpartemens d’en bas & avec ceux d’en haut
i n° obîe.rvant qu’ils foient éclairés, foit en lanter-
es, (oit en abajour ou autrement.
née Ir -1l ï au^ 011 Pratique des entre-fols fans
; e lte ue logement, mais feulement pour corriger
la trop grande élévation des planchers, q u i,
dans une pièce d’un petit diamètre, deviendroient
defagréables ; ce qu’on ne peut fouvent éviter à
caufe de la grandeur des pièces de fociété, de parade,
&c.
Cuifine
C ’eft une pièce du département de la bouche ^
ordinairement au rez-de-chauffée d’un bâtiment, &
quelquefois dans l’étage fouterrain.
En général, les cuifines doivent être fpacieufes,’
bien éclairées, avoir une grande cheminée pour le
rot , lorfqu’il n’y a pas de rôtifferie particulière,
une autre pour les potages , des fourneaux ou
potagers pour les ragoûts; un four , quand on
n a pas un lieu deftiné pour la pâtifferie en particulier
; une paillaffe pour entretenir les viandes
chaudes , des tables pour le fervice des cuifiniers ,
un billot pour hacher & couper la viande, &c.
Les cuifines doivent être voûtées pour éviter le
feu , ou au moins plafonnées de plâtre , & leur
plancher doit être tenu fort élevé ; elles doivent
avoir de l’eau abondamment , foit par des conduits
amenés de dehors , ou par le fecours d’une
pompe pratiquée dans la cuifine.
Des Lieux,
Lieux , terme fynonyme à aifance , commodités;
privés. '
On pratique ordinairement les lieux au rez-de-
chauffée , au.haut d’un efcalier ou dans les angles.
Dans les grands hôtels & dans les maifons commodes
, on les place dans de petits efcaliers, jamais
dans les grands ; dans les maifons religieufes
& de communauté , les aifances font partagées
entre plufieurs cabinets de fuite, avec une cuiller
de pierre percée, pour la décharge des urines.
Elles doivent être carrelées, pavées de pierre ou
revêtues de plomb, & en pente du côté du fièee >
avec un petit ruiffeau pour l’écoulement des eaux
dans la chauffée, percée au bas de la devanture.
On place préfentement les aifances dans les
garderobes, où elles tiennent fieu de chaifes percées
: on les fait de la dernière propreté & en
forme de baguette, dont le lambris fe lève & cache
la lunette. La chauffée d’aifance eft fort large &
fort profonde, pour empêcher la mauvaife odeur:
on y pratique au fît de larges ventoufes ; le boif-
feau qui tient , à la lunette eft en forme d’entonnoir
renverfé, & foutenu par un cercle de cuivre
à feuillure , dans lequel s’ajufte une foupape de
cuivre., qui s’ouvre & fe 'ferme en levant & fermant
le lambris du deffus ; ce qui empêche la
communication de la mauvaife odeur.
On pratique dans quelque coin de ces lieux,
ou dans les entre-fols au deffus , un petit réfervoir
d’eau , d’où l’on amène une conduite, à l’extrémité
de laquelle eft un robinet qui fert à laver
les urines qui pourroient s’être attachées au boif-
feau & à la foupape»