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Il eft compofé de deux branches de fe r , eu
plutôt d’une branche pliée en deux, entre lesquelles
eft une languette d’acier attachée par un
bout pour faire reffort ; elle ell coudée par l’autre
bout.
On tient cet inftrument avec les dents , de manière
que les lèvres ni autre chofe ne touchent
à la languette.
On la fait remuer en paffantla main promptement
par-devant, & frôlant le bout recourbé ,
fans autre art que la cadence de la main : la modification
de la langue & des lèvres achevé le refte ;
enfuite la refpiration donne un fon frémiffant 8c
affez fort pour faire danfer les bergers.
Cet inftrument s’appelle dans quelques endroits
épinette, dans d’autres-trompe ; mais fon plus ancien
nom eft rebute, peut-être parce que celui qui en
joue. Semble rebuter continuellement la languette
de cet inftrument.
Semantérion.
Efpèce d’inftrument de bois à percuflion.
La Chauffe décrit ainfi cet inftrument. n C ’eft
» une planche de bois avec des manches de fer
» mobiles, & on s’en fert en Italie, où on l’ap-
» pelle ferandola, pour convoquer le peuple à l’é-
n glife , dans les temps où les cloches fe taifent. «
Le même auteur ajoute, un peu plus bas , qu’au-
jourd’hui les Grecs modernes s’en fervent, & frappent
le femanterion fuivant de certaines règles
muficales, enforte qu’on peut avec raifon mettre
cet inftrument au nombre des inftrumens de mu-
iique. Enfuite la Chauffe ajoute la defcription Suivante
du femanterion, defcription tirée de Léon
Allatius par le cardinal Bona.
» Les prêtres grecs fe fervent d’un inftrument
s> de bois pour appeler le peuple à l’églife. C ’eft
» une pièce de bois longue de vingt pouces,
» épaiffe de deux pouces, & large de quatre.
» Un prêtre , ou un autre, tient cet inftrument
« de la main gauche par le milieu, & il le frappe
» de la droite avec un maillet du même bois, en
» le parcourant avec vîteffe, & le touchant de fon
55 maillet, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre; tantôt
5* près de la main gauche , tantôt loin, de façon
55 que les coups rendent un fon plein , grave ou
55 aîgu, font précipités ou lents, & frappent l’o-
55 reille d’une mélodie agréable, u *
Le même cardinal dit aufli qu’il y avoit des fe-
manterions très-grands, enforte qu’ils étoient larges
de fix palmes, épais d’une, & longs de trente ; on
les pendoit dans des tours par des chaînes de
fer, & on les frappoit pareillement avec un maillet.
Balafo, Balafeu , ou Balard.
Ceft une efpèce d’épinette dont les Nègtes
d’Afrique font ufage.
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Cet î'nflrument eft élevé d’un pié au deffus de H
la terre & creux par defious.
Du côté fupérieur il a fept petites clés de bois I
rangées comme celles d’un orgue, auxquelles I
font attachées autant de cordes ©u de fils d ar* I
chai de la groffeur d’un tuyau de plume, & de I
la longueur d’un pié , qui fait toute la largeur I
de l ’inftrument. A l’autre extrémité font deux I
gourdes fufpendues comme deux bouteilles, qui I
reçoivent 8c redoublent le fon. .
Le muficien eft affis par terre vis-à-vis le centre I
du balafo , & frappe les clés avec deux bâtons I
d’un pié de longueur, au bout defquels eft atta- I
chée une balle ronde couverte d’étoffe, pour era- I
pêcher que le fon n’ait trop d’éclat. Au long des I
bras il y a quelques anneaux de fer d’où pendent I
quantité d’autres anneaux qui en foutiennent de I
plus petits, & d’autres pièces du même métal.
Le mouvement que cette chaîne reçoit de 1 exer- I
cice des bras , produit une efpece de fon mufical I
qui fe joint à celui de l’iuftrument, 8c qui forme I
un retentiffement comme dans les gourdes. Le I
bruit en eft fort grand. ( Extr. de l EJfai fur U I
Mufique par M. de L. B. )
Cloches.
Il faut mettre les cloches au nombre des inf- I
trumens de perculhon, puifqu’on peut leur^ faire I
' jouer des airs, 8c les faire accorder entr elles. I
Nous avons traité de l’art de la fonte & de la I
conftruôion des cloches avec affez d’étendue dans I
le Tome 1 de ce diâionnaire, page 709, pour y ren- I
voyer avec confiance nos leéleurs , 8c pour nous I
difpenfer de nous répéter dans cet article.
L U T H E R 1 E.
Nous venons de détailler les procèdes de 1 art I
des luthiers , faifeurs des inftrumens de mufique,
en rapportant dans les articles précédens tout c<j
qui concerne ces inftrumens 8c leur fabrique. 11
nous refte à parler de quelques outils propres a
la lutherie, oc à faire connoître le régime de la
communauté des luthiers.
La vignette de la pi. 1 de l’art du luthier,
tome 3 des gravures, repréfente l’atelier M
luthier, où fontplufieurs compagnons occupes a la |
conftruélion d’inftrumens de mufique.
Les outils propres à cet art font des marteaux
de différentes formes, deftines pour le fer
pour le bois.; des perçoirs à main de divers calibres
; des cifeaux pour couper le bois ; des becs-
d’âne pour fouiller dans les canelures; des lcies
de différentes grandeurs , fur-tout des foies à tnam>
des équerres, des happes en bois garnies de vis
pour refferrer les pièces rapportées & collées d»
inftrumens , les pièces, montées 8c non montées
différens calibres ; des emailloirs courbes & droits,
des évidoirs, des rabots de toute efpèce, des ne.
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tiffoirs , des moules de certains inftrumens, des
patrons des principales pièces qui compofent ces
inftrumens-, des compas d’épaiffeur, des tire-filets ,
des emporte-pièces, 8c une infinité d autres outils
[ communs à beaucoup d’arts, qui fe trouvent décrits
, ou que nous aurons ©ccafion de décrire dans
j le cours de ce Di&ionnaire.
i Nous allons feulement faire connoître dans un
-certain détail la filière, outil compofé , qui eft: d un
grand ufage dans la lutherie.
I Nous dirons aufli un mot du tourniquet, qui eft
[line forte de foret pour percer les trous des fau-
[tereaux ou clavecin.
[ La filière repréfentée fi g. 48, 49 , S° > S1 9 S2 >
| pl. XIXj art du luthier, tome y des gravures 3 eft
[une machine qui fert à mettre d’épaiffeur les pe-
[ tites planches de hêtre, de tilleul, ou d’ivoire ,
[ avec lcfquelles on fait les filets qui entourent 8c
[ bordent les tables des inftrumens , comme violions,
baffes, violes, 8cc. auxquels ces filets fervent
I d’ornemens.
[ Pour former les filets, on prend de petites
[planches d’an pouce environ de large , & d’une
. longueur à diferétion, que l’on refend comme du
[bois de placage, 8c dont on égalife l’épaiffeur en
E les paffant plufieurs fois dans la filière.
E La filière eft compofée de deux parties : l’infé-
[ rieure, que l’on appelle bafe, & que ,l*on affu-
I jettit dans un étau , lorfque l’on veut s’en fervir,
I a une mortaife qui reçoit un fer de guillaume de
lia forme de la lettre T , que l’on ferre dans la
ï: mortoife par le moyen d’un, coin de bois , enforte
E que le tranchant du fer n’excède que très-peu la
I furface fupérieure de la b afe, dans laquelle eft
[encore pratiquée une ouverture laréraîe, qui eft
E la lumière de cet outil, & par laquelle s’échappent
fies copeaux ou raclures que le fer emporte, en
I àgiffant fur les petites planches.
[ Les extrémités de la bafe font, l’une fendue
l pour recevoir l’oeil d’une Vis , qui traverfe la pièce
I fupérieure que l’on appelle la tête de la filière :
■ l’autre extrémité de la bafe eft traverfée par une
■ vis à laquelle cette partie fert d’écrou, & dans
I laquelle cette vis peut être fixée par la contre-vis , 1 & qui traverfe une des faces latérales.
i La tête de la filière eft traverfée par une vis
■ fur laquelle paffe un écrou à oreille.
s Cette vis & une autre terminée par un rivet
l à tête ronde, fervent à approcher ou à éloigner
■ les deux parties de la filière l’une de l’autre ;
■ toutes ces pièces font de cuivre.
K La partie de la filière qui fait face au fer de
|| guillaume, eft doublée intérieurement d’une plaque
» d ’acier, fur & entre laquelle & le fe r , paffent les
lames de bois que l’on veut égalifer, & que l’on fl cgalifè en effet avec cette machine, en les y paf-
■ :a pfofieurs fois fucceflivement; & en refierrafit
H U filière, on les réduit au degré d’épaiffeur con-
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venable, qui eft d’environ une demi-ligne; réduction
à laquelle on ne fauroit parvenir en fe
fervant feulement d’une varlope , vu que des
planches aufli minces plier o. eut fur l’établi ; &
d’ailleurs la patte de l’établi n’auroit pas de prife
fur Leur petite épaiffeur : c’eft fans doute ce qui a
rendu cette machine néceffaire.
On pourroit en faire une beaucoup plus fimple ,
mais moins commode, & qui fuffiroit cependant
pour plufieurs ufages ; elle ne confifte qu’en une
Ample fourchette ae bois, dans un des fourchons
de laquelle on adapte un for de varlope que l’on
affujettit avec un coin : l’autre fourchon eft revêtu
intérieurement d’une plaque de fe r , qui oppofe
plus de réfiftance que ne feroit le bois aux planchettes
que l’on veut égalifer, 8c que l’on paffe
à différentes reprifes entre le fer de varlope 8c la
plaque, comme dans la filière précédente.
Après que les petites planches de bois font
égalifées , on les refend à deux ou trois lignes
de largeur , avec un trufquin, & on s’en fert
pour former les filets, ainfi que nous allons l’expliquer.
L’inftrument auquel on veut adapter cet ornement
étant prefqu’entièrement achevé, on prend
le trace-filet, fig. 42 ,4 3 & 44 , même pl. , qui
n’eft autre chofe qu’un petit trufquin , dont on
applique la joue è ou G , fig. 4 4 , contre la circonférence
de la table de l’inltrument : on conduit ce
trufquin , enforte que le fer fourchu E D trace
fur la table deux lignes parallèles entr’elles & au
pourtour de là table : cela fa it , on évuide l’intervalle
compris entre les deux traits parallèles, avec
de petits becs-d’âne 8c autres outils femblables aux
pointes à graver des graveurs en bois.
Cette opération achevée , on reprend les petites
règles de bois ou d’ivoire que l’on a paffées à la
filière, on les colle fur le champ dans. la rainure
que l’on a pratiquée, en leur faifant fuivre le contour
de la table, à la forme de laquelle leur flexibilité
fait qu’elles fo prêtent aifément. On affleure
enfuite ces réglettes à la table de l’inftrument, &
les filets font achevés.
Le tourniquet reprèfenté fig. 10 , pl. X X de l'Art
du Luthier, tome y des gravures, eft une forte de
petit foret pointu , monté fur un arbre a b , qui
traverfe deux poupées A B , comme l’arbre du
tour à lunette ; au milieu de cet arbre eft une
poulie E , autour de laquelle la corde de l’archet
c d eft entortillée ; par le moyen de cet archet, on
fait tourner l’arbre a b qui fait tourner la meche
ou foret d , contre la pointe duquel on appuie
les fautereaux garnis de leurs languettes, que l’on
perce tout enlemble : on met enfuite une petite
épingle dans le trou du foret, qui doit être très-
menu , pour que l’épingle le rempliffe exa&ement’;
il n’y a que le trou de la languette qui doit être
plus grand, afin qu’elle puiffe tourner librement:
c’eft pourquoi on l’accroît avec l’outil appelé voie,
de fautereaux.