
Les autres remèdes font indiques dans te traite ci-
dejfus des maladies.
I I Ie P A R T I E .
Observations sur la Ferrure.
Il manqueroit une partie effentielle à cet extrait
îd’hippiatrique, fi l’on n’y ajoutoit pas des obfer-
tions fur la ferrure.
Elle intéreffe les maréchaux, les écuyers & ceux
qui veulent exercer l’hippiatrique. Aucun d’eux
n’ignore que, fi une mauvaife ferrure expofe le pied
à une foule d’accidens, une bonne ferrure les réparé
& re&ifie même certains défauts de conformation.
Mais pour mettre à portée de bien entendre tout ce
que nous avons à dire for cet article, nous avons
cru devoir commencer par une description abrégée
du pied du cheval.
Il n’eft point de partie dans le cheval qui foit
Sujette à autant de maladies. On place ordinairement
dans la jambe, dans l’épaule ou dans d’autres
parties, une infinité de maladies qui n’ont leur fiége
que dans le pied : parce qu’on ne voit ni plaie , ni !
tumeur apparente, on dit que le mai n’eft pas dans
le pied , & on va chercher la maladie ailleurs : c’eft
une erreur encore commune aujourd’hui.
Le pied du cheval eft compofé de parties dures
& de molles. Les dures font les os , & les molles
font les chairs.
Toutes ces parties font contenues dans une boite
de corne qu’on appelle fabot à deux faces : l’une
antérieure & fupèrieure, pour l’ordinaire convexe,
qu’on appelle muraille : elle fetrouve concave dans
certains chevaux, c’eft ce qu’on appelle pieds-plats.
L ’autre face eft inférieure & fe nomme foie proprement
dite , laquelle eft concave, mais convexe
dans certains chevaux, ce que l’on appelle pieds
combles.
Ces deux exceptions font des défauts , dont le
premier eft naturel & héréditaire , lé fécond ne
devient comble que par la ferrure.
La muraille fe divife en trois parties ; celle qui
fe préfente en avant, eft nommée muraille de la
pince ; celle des dotés , muraille des quartiers ; celle
de derrière, muraille dés talons.
La partie qui paroît la première, en levant le
pied du cheval, fe nomme foie de corne proprement
d ite, cette foie fe divife en quatre parties.
La première répond à la .muraille de la pince ,
& s’appelle foie de pince ,* la fécondé fe nomme foie
des quartiers, & répond à la muraille des quartiers :
la troifième , qui répond à la muraille des talons-,
retient le nom de foie des talons ,* la quatrième eft
.ce corps en forme de V , fitué au milieu, & qu on
appelle fourchette.
Les parties, tant dures que molles, renfermées
dans le fabot, font, la chair de la couronne , la chair
Cannelée, la foie charnue, la fourchette charnue1
l’os du pied, une partie de l’os coronaire f l’os de
la noix ; des ligamens ; des vaifleaux veineux, artériels
, lymphatiques ; des nerfs , des glandes, des
cartilages, &c.
La chair de la couronne eft dure , grifâtre I
extérieurement , blanchâtre intérieurement ; &
forme un bourrelet qui recouvre le tendon exten- j
feur
Elle eft logée dans la demi-gouttière de la mu-
raille, à l’infertion du poil ; elle a très-peu de
vaifleaux fanguins, mais beaucoup de houppes ner-
veufes.
Cette partie fe tuméfie aiféntent dans l’extenfioa
du tendon éxtenfeur, dans les javarts encornés,
& dans le cas-où la matière à foufflé au poil.
La chair cannelée eft une fubftance bien différente
de la chair de la couronne. Entre ces couches
parallèles, elle reçoit les'prolongemens de la corne
cannelée. Elle eft parfemée de vaifleaux fanguins,
elle a beaucoup de houppes nerveufes, ce qui la
.rend très-fenfible. Elle eft adhérente à toute la convexité
de l’os du pied.
C'eft cette partie qui fouvent, à la fuite d’une I
enclouure ou d’un fil qui a gagné les quartiers,
fe fépare de la corne cannelée. La foie charnue recouvre
toute la furface inférieure de l’os du pied ,
à laquelle elle eft très-unie, excepté à l’endroit où
s’attache le tendon flèchifleur du pied.
Elle recouvre aufli la fourchette charnue ; elle
eft cannelée à Pendroit de la foie des talons ; dans
le refte de fon étendue, elle eft coriace, grenue
& vergettée. Les filets nerveux n’y paroifl'ent pas
en aufli grand- nombre que dans la chair de la couronne
& la chair cannelée. Elle eft cependant très-
fenfible.
La fourchette charnue recouvre poftérieurement j
le tendon flèchifleur à Pendroit de fon attache, &
s’étend latéralement jufqu’aux cartilages ; elle eft
d’une fubftance mollaffe, fpongieufe & blanche;
elle a très peu de vaifleaux fanguins & peu de
nerfs,car elle n’eft pas fenfible. Ce qui le prouve,
c’eft que les fies ou crapauds , quelque volumineux
qu’ils foient, pourvu qu’ils n’aient pas gagné la
chair cannelée, ne font jamais boiter le cheval.
En effet on remarqué tous les jours que le cheval
qui a pris un clou de rue dans cette partie , ne fait
aucun mouvement quand une fois on a coupe la
portion de la foie charnue qui la recouvre.
L’os du pied a la figure d’un croiffant ou d’un talon
de foulier de femme renverfé. On y d iftin g u e diffé
r e n t e s ém in e n c e s & différentes, qualités.
L’os coronaire approche d’une figure quarreei
il eft fitué en partie fur l’os du pied & en partie u
l’os de la noix. <
L’os de la noix reffemble affez, par fa figure,
une navette de tifferand : il eft fitué derrière
du p ie d & l’os Coronaire fur le tendon d Actu
Tous ces os font contenus & liés enfemblepar
des ligamens ; la plupart font j outre cela, enveloppés
de membranes capfulaires , qui contiennent
la finovie deftinée à lubréfier les furfaces des os
dans les articulations avec mouvement.
Les cartilages du pied font au nombre de deux,
leur figure eft à peu f rès triangulaire ; ils font fitués
fur la partie latérale de l’os du pied , s’étendent depuis
le tendon extenfeur du pied, jufqu’au repli de
la muraille des talons, &Tont attachés par des fibres'
ligamenteufes aux apophyfes latérales de l’os du
pied. Ils ont quelques trous par lefquels paffent
deux veines confidérables ; ils font moitié dans le
fabot, mbitié dehors.-
La partie de dehors eft mince , celle qui eft dans
le fabot eft épaiffe. La partie antérieure du carti-
! lage eft liffe, polie & compofée d’une feule pièce ;
celle qui eft vers les talons eft compofée de plu-
fieurs petits paquets joints par des fibres ligamen-
l teufes; c’eft ce qui fait que dans les atteintes de la
| pointe du talon , ou à îa fuite des bleimes, il fe
détache des bourbillons qui procurent une prompte
guérifon au cheval.
La ferrure eft cette opération par laquelle un
[ maréchal applique lin fer fous le pied du cheval,
j La ferrure a&uelle a bien des défauts que nous’
[ ne pouvons nous difpenfer d’indiquer, afin qu’on
[ puiffe les éviter.
i°. Les fers longs & forts d’éponge font fujets,
j par leur poids, à ne point tenir fermement & font
K péter les rivets.
I 20. Il faut de gros clous , à proportion de la
j force des fers, pour les tenir; ce qui fait éclater
I la corne, ou fouvent les groffes lames de ces clous
I preffent la chair cannelée & la foie charnue, &
I obligent le cheval à boiter.
I 30. Les chevaux font fujets à fe déferrer par la
■ longueur des fers; favoir , lorfque le pied de der-
I rière ou quelque autre chofe attrape l’éponge du
I pied de devant.
I 4°. Les fers pefans fatiguent le cheval, qui alors
I marche lourdement.
I 5°. Les fers longs & forts d’éponge, éloignent la
I fourchette de terre, & empêchent le cheval de
I marcher fur elle ; alors s’il y a de la matière
K dans la fourchette, il lui viendra un fie ou crapaud ,
Icaufé par le féjour de l’humeur; ce qu’on évite
I en ferrant court. Le cheval étant forcé de mar-
|cher fur la fourchette, l’humeur fe broie , fe divife
I « fe diflipe, fur-tout aux pieds de devant ^ parce
■ que l’animal s’y appuie plus que fur les pieds de
derrière.
K $ * Les fers longs & forts d’éponge aux pieds
I ?Ul 0nt les talons bas , les écrafent, les renverfent,
[ es, «°iflent & font boiter le cheval ( attendu
iHU u a toujours le même point d’appui ) , quoiqu’on
I >.eve^eP°ngè & le talon en levant le pied ; mais
es *1 eft à terre, le talon va rechercher l’éponge,
parce que le fabot eft flexible : ce qui fe voit en le déferrant
, par une gouttière remarquable de la branche
qu’a produit le talon.
7°. Les fers longs & forts d’éponge, lorfque le
pied eft paré , là fourchette étant éloignée de
terre , occafionnent plufieurs accidens , comme
la rupture du tendon flèchifleur de l’os du pied
ou l’extenfion même du tendon, & la compref-
fion de la foie charnue , accident plus commun que
l’on ne penfe.
8°. Les fers longs font glifler & tomber les che*
vaux ; ils les bleflent au coude , lorfqu’ils fe couchent
fur l’éponge ; ce qui s’appelle fe coucher en
vache.
90. Les crampons font à fupprimer fur le pavé,
& ils ne font bons que fur les glaces ou fur une
terre graffe. Pour peu que le cheval marche, les
crampons ne peuvent durer plus de fept à huit
jours ; donc il eft un mois ou cinq femaines fans
avoir de crampons , puifque la ferrure doit durer
fix femaines.
io°. Les crampons en dedans font fujets à estropier
le cheval en croifant fes pieds fur la couronne
; ce>qui forme des atteintes encornées.
1 1°. Le cheval qui n’a qu’un crampon en dehors
n’a point le pied à plomb , & ce crampon gène
l’articulation de l’os coronaire qui porte fur l’os du
pied , fe trouvant alors de côté.
ia°. Si le cheval a le pied paré, & qu’il vienne
àfe déferrer, il ne peut pas marcher qu’il ne s’écrafe
& que la muraille ne s’éclate , qu’il ne foule la
foie charnue, attendu que la muraille fe trouve
fans foutien.
130. Si les fers font longs & les talons creufés
les pierres & les cailloux fe logent entre le fer &
la foie, & font boiter le cheval.
140. Les pieds plats deviennent combles, en
voûtant les fers pour foulager les talons & la fourchette
, parce que plus les fers font voûtés, & plus
aufli la muraille s’écrafe & fe renverfe, principal
lement le quartier de dedans, comme étant le plus
foihle ; pour lors la foie charnue bombe, c’eft ce
qu’on appelle oignons ; ce qui met prefque toujours
le cheval hors de fervice. .
150. Si la muraille eft mince & qu’on voûte les
fers , ils preffent tellement les deux quartiers, que
les os du pied & ce qui en dépend, fe trouvent
comprimés ; cette méthode achève de perdre les
pieds plats des chevaux.
i6°. Les pieds parés font expofés. à être plus
"confidérablement bleffés par les clous de rue, les
taiffons, &c.
170. La foie parçè, prend plus facilement là terre
ou le fable-, qui forment une efpèce de maftre
entre le fer & cette foie, ce qui foule le pied 8c
fait boiter le cheval. Il arrive encore que lorfque
ia foie eft bien parée, & que le cheval fe trouvé