Salomon en fit faire 2.00 fur m même modèle,
comme nous l’apprenons de Jofeph, liv. t I I I >
ce qui fait affez connoître l’antiquité de cet înt-
trument. . .
Les anciens avoient divers inftrumens quietoient
des efpèces de trompettes , comme tuba, cornua ,
litui.
La trompette moderne confifte dans l’embouchure
, qui eft un bocal large d’environ un pouce,
quoique le fond n’ait qu’un tiers de cette largeur.
Les deux canaux qui portent le v en t, s’appellent
les branches ; lès deux endroits par ou
elle fe recourbe & fe replie, s’appellent potences ;
& le canal qui eft depuis la fécondé courbure juf-
qu’à fon extrémité , s’appelle le pavillon ; les endroits
où les branches fe peuvent'brifer & féparer,
ou fouder, s’appellent les noeuds, qui font au nombre
de cinq, & qui en couvrent les jointures.
Quand on ménage bien le fon de la trompette,
il eft d’une fi grande étendue, que l’on ne fauroit
la déterminer au jufte, puifqu’elle va aufti haut
que la force du louffle la peut porter ; une bonne
poitrine pouffera le fon de la trompette au-delà des
quatre oftaves qui font l’étendue des claviers des
épinettes & des orgues.
A la guerre, il y a huit manières principales de
fonner la trompette.
La première s’appelle le cavalquet, dont on fe
fert quand l’armée approche des villes , ou quand
elle paffe à travers dans une marche. I
La deuxième eft le boute-felle, qui eft fuivi de
la levée du boute-felle ; on le fonne quand on veut
déloger, ou fe mettre en marche.
La troifième eft quand on fonne à cheval, & puis
a Vétendard.
La quatrième eft la charge.
La cinquième, le guet.
La fixième, le double cavalquet.
La feptième , la chamade.
• La huitième, la retraite.
On fonne aufii avec la trompette, des airs & des
fanfares dans les réjouiffances.
On trouve des gens qui fonnent fi délicatement
de la trompette, & qui en tirent un ton fi doux,
que cet inftrument tient fa place, non - feulement
dans la mufique d’églife, mais aufti dans la mufique
de chambre ; de farte que dans la mufique italienne
& allemande, nous trouvons fouvent des parties
intitulées tromba prima , fegonda , ter^a, c eft-à-
dire ,■ première, fécondé, troifieme trompette, &
que ces parties doivent être exécutées par ces inf-
trumens. ,
M. Roberts, dans les Travaillons philosophiques,
remarque que la trompette a deux défauts con-
fidérables ; le premier, que dans fon etendue elle
ne peut former ou exprimer qu un certain noni-
bre de notes , que.l’on appelle communément notes
de trompette; le deuxième, que quatre des notes
qu’elle exprime, ne font point d’qn accord parfait.
Les mêmes défauts fe trouvent dans la trompette
marine , & c’eft la même raifon qui les fait naître.
Cet inftrument eft ordinairement en mi; c’eft
communément fon ton le plus haut. Si on le veut
d’un ton plus élevé, il faut alors qu’il foit fait
exprès.
Toutes les fois qu’on doit l’employer dans les
tons au deffous du ton de mi, on doit y ajouter
des tons, c’eft-à-dire, alonger l’inftrument comme
on feroit des anciens cors. -
On fait actuellement des trompettes avec des
couliffes , dans le genre des nouveaux cors ; ce
qui les rend plus faciles à être employées dans les
orcheftres.
La manière de copier pour cet inftrument eft 1
la même que celle dont on fait ufage pour' les
cors , c’eft-à-dire , qu’il faut toujours le copier en
ut, foit qu’on l’emploie dans les tons de fol ou
d'ut y ou autre, en obfervant feulement d’indiquer
au commencement le ton dans lequel on l’emploie.
Le ton de mi eft celui dont ©n fe fert dans les
marches ou cérémonies militaires, parce qu’il eft
plus aigu.
. Trompette.
Les Romains connoiflbient trois fortes de trom*
pettes, la trompette droite ( tuba dire Ha') ,. étroite à
fon embouchure, s’élargiffant infenfiblement, &fe
terminant par une grande ouverture circulaire. |
La trompette courbée ( tuba curva ou lituus ) ,
plus petite que l’autre, & faite à peu près comme
un bâton augurai.
La trompette entièrement courbée ( bufina ou
buccinum ) ; elle reffembloit à un cercle.
Sous le jeune Valentinien, du temps de Végèce,
il y avoit une quatrième efpèce de trompette faite
de cornes de boeufs fauvages d’Allemagne. Cette
corne, garnie d’argent à Ton embouchure , ren-
doit un fon aufti éclatant que celui d’aucune autre
forte de trompette.
Trompette double.
Elle avoit un double canal qui lui donnoit un
fon plus agréable & plus harmonieux.
Cette trompette eft à peu près celle des modernes.
-
Trompette rompue.
Inftrument moderne , compofé d’un double canal
entrelacé l’un dans l’autre. On la tient avec la
main gauche, & la droite foutient la partie fupe-
rieure.qui eft mobile, & qu’on peut alonger ou
raccourcir à volonté.
Le P. Merfenne dit que les François l’appellent
faquebute , & que fi les voûtes étoient placées en
ligne droite, elle auroit quinze pieds de long.
Trompette droite rompue.
Inftrument dont on fe fert dans les villages, I & qui accompagne ordinairement la cornemule.
On infèreplus ou moins une partie dans 1 autre,
ce qui rend le fon plus doux ou plus rude.
Trompette de canne.
Efpèce de chalumeau fait d’un morceau de rc-
feau fendu.
Trompette de courge.
Après avoir percé une courge par en bas & par
en haut, on y infère la partie la plus étroite de la
chalmie. Le fon en eft affez agréable. Les payfans
de Gaëte s’en fervent à la chaffe & dans leurs
! fêtes.
Chat^otçeroth.
Efpèce de trompette des Juifs ; fa longueur étoit
prefque d’une coudée ;■ fon tuyau étoit d environ
de la groffeur d’une flûte , & il n’avoit d’ouverture
que ce qu’il en falloit pour l’emboucher. Le
bout en étoit femblable à celui d’une trompette
'ordinaire. Les Hébreux la nommoient afofra.
Moyfe en fit faire deux , dont l’une fervoit
pour affembler le peuple ; & l’autre, pour affem-
bler les chefs quand il falloit délibérer des affaires
de la république ; mais quand elles fonnoient
toutes les deux, tous généralement s’affembloient.
Puifque chacune de ces trompettes fervoit à un
ufage différent, elles dévoient avoir un ton différent;
& puifqu’on-les fonnoit aufti fouvent en-
fenible, leurs tons dévoient être confonnans, au
moins probablement ; ainfi, elles étoient naturellement
à l’oftave, qui eft la confônnance la plus
fimple & la plus naturelle. Au refte il paroît, par
la defeription que donne Jofephe, que le chatzot-
: zeroth étoit tres-femblable à la trompette des Romains.
Voye^ fig. ii , pl. X IV des lnfirumens de
Mufique , tome III des gravures.
Trompettes des Nègres.
Les Nègres, de tous les pays où l’on trouve des
[ éléphans , ont une forte de trompette compofée
?■ d’une des dents intérieures de cet animal.
Us poliffent cette dent en dedans & en dehors,
j pour la réduire à la groffeur convenable.
Ces trompettes font de grandeurs-différentes,
pour produire différens tons ; cependant on n’en
I tire qu’un bruit confus Sc très-peu agréable.
Ces trompettes d’ivoire pèfent quelquefois juf-
[ qu’à trente livres ; elles font ornées de plufieurs
1. figures d’hommes & d’animaux, mais mal defii-
I nées ; au plus petit bout eft un trou carré qui fert
I d’embouenure ou de bocal, & à l’autre bout eft
I une petite corde teinte de fang de poule ou de
t brebis , apparemment pour fervir d’ornement:
K; les Nègres en règlent les fons par une efpèce de
1 mefure.
Trompette de la Floride.
Elle eft faite d’écorce d’arbre. Sa longueur eft
Arts & Métiers, Tome IV. Partie I.
d’environ trois palmes, & n’a d’autre ouverture
que par les deux bouts.
Dans toute fa longueur, on attache à des fils
plufieurs petites lames d’o r , d’argent ou de métal,
dont le bruit augmente l’harmonie de l’inftrument.
Autres trompettes.
Les habitans de Congo ont une autre forte de
trompette , à l’ufage particulier du roi & des
princes : elle eft compofée de plufieurs pièces d’ivoire
bien percées, qui s’emboîtent l’une dans
l’autre, & qui toutes enfemble font de la longueur
du bras. L’embouchure ou le bocal eft de la grandeur
de la main ; on y applique les doigts , & le
fon fe forme par leur refferrement ou leur dilatation
; cet inftrument n’a point de trous latéraux
comme nos flûtes, & il eft du nombre de ceux
que les Congois appellent embaukis.
Les Indiens ont aufti une forte de trompette
appelée kerrena ; elle eft longue de quinze piés,
& rend un fon très-éclatant.
Lapa.
Trompette dont fe fervent les Tartares pour
fonner la charge. Ce font de grands tubes de
cuivre, longà de huit à neuf p ié s ,,& fe terminant
comme nos trompettes. Le fon du lapa eft
fourd & défagréable, mais il fe fait entendre de
fort loin : un leul homme ne peut .pas manier cet
inftrument commodément, vu fa longueur, & un
autre tient le lapa en l’air avec une efpèce de
fourche ou de croc.
Saint Jérome, dans fon épitre à Dardânus, parle
d’une trompette qui fe réfléchiffoit vers l’embouchure
par quatre branches, & il ajoute qu’elle
avoit un fon très-fort, & que ces quatre branches
repréfentoient les quatre évangéliftes.
Trompette Singulière.
Cette trompette, citée dans les mémoires de
Breffe, eft extraordinaire; elle a trois trous, &
s’enfle prodigieufement : l’enflure eft tailladée de
tous les côtés, & le bas qui eft fermé fe termine
par une pointe. Il paroît que cet infiniment ren-
doit fes fons par les trous & par fes longues taillades.
. Trompette harmonieufe.
C ’eft un inftrument harmonieux, qui imite le
fon de la trompette, & qui lui reffemble, hormis
qu’il eft plus long, & qu’il a plus de branches.
Il s’appelle ordinairement facquebutte>
Clairon.
/
Inftrument à vent ; c’eft une efpèce de trompette
dont ©n fe fervoit autrefois. Le canal du
clairon eft plus étroit que celui de la trompette,
& le fon conféquemment plus aigu, enforte que
la trompette peut former la baffe du clairon.
Cet inftrument étoit fort en ufage chez les Maures,
H