
près, le Ton que l’on tire eft défagréable, & quand
on touche plus loin, on eft en danger de toucher
plufieurs cordes enfemble , & même il eft très-
difficile de l’empêcher, parce que les cordes flé-
cliiffent trop fous l’archet.
Il y a un choix à faire entre tirer & pouffer
l ’archet ; ce qu’on doit foigneufement obferver,
parce que certaines notes doivent être touchées
en tirant, & d’autres en pouffant. Tout le monde
fait ce que c’eft que tirer & pouffer l’archet ; mais
cependant, pour ne point laiffer rien à defirer à
ceux qui pourroient l’ignorer, on va en donner
la définition : d’abord, il faut favoir que l’on touche
les cordes de tous les inftrumens à archet,
avec le crin de l’archet, comme fi on vouloit les
fcier.
En fécond lieu, on appelle pouffer, lorfqu’on
commence à pofer l’archet fur les cordes par fon
extrémité ou fa pointe, & qu’on le gliffe fur elles ,
enforte que la main s’en approche de plus en plus ;
au contraire, on appelle tirer, lorfqu’on applique
d’abord l’archet fur les cordes , enforte qu’elles le
touchent près de la main, que l’on éloigne des
cordes en traînant l’archet.
Il faut favoir auffi qu’il y a deux manières de
tenir les inftrumens à cordes & à archet : favoir,
comme la baffe de viole, ainfi qu’il a été expliqué.
C ’eft de cette forte qu’on tient les baffes de violo
n , contre-baffes, & autres grands inftrumens:
l ’autre manière eft de tenir les inftrumens comme
on tient le violon, & tous ceux qui n’çxcèdent
pas l’étendue du bras.
C ’eft une règle générale qu’il faut tirer fur ces
derniers inftrumens, ce qu’on pouffe fur les autres ;
ainfi, fur la baffe de viole & la baffe de violon,
on pouffe les longues & on tire les brèves.; au lieu
que fur le violon & les autres inftrumens que l’on
tient de même, on tire les longues & on pouffe
les brèves ; la raifon de cètte différence eft qu’au
toucher des baffes, la force du bras eft en pouffant,
& qu’au violon elle eft en tirant ; ce qui
vient de la différente manière de tenir ces inftrumens.
Quelques-uns donnent pour règle du coup d’ar-
. chet , de fe régler fur le nombre de notes de
même valeur , dont le nombre eft pair ou impair
: quand il çft paii, ils veulent que l’on commence
en pouffant , & quand il eft impair , ils
veulent que l’on tire :m comme auffi lôrfque dans
la fuite de la pièce, il fe rencontre des croches
ou doubles croches , dont la première eft en tirant,
& dont le nombre eft pair, ils veulent que
l’on tire la première & la fecon.de ; & s’il eft non
pair, ils veulent que l’on continue le coup d’ar-
çhet ; mais comme le nombre des notes n’eft pas
toujours facile à diftinguer auffi promptement qu’il
eft néceffaire , & que fouvent les règles font fu-
jettes à quelque embarras ou erreur, il eft beaucoup
plus sûr & facile de fe régler fur la valeur
des notes & des temps de la mefure, dont voie!
les préceptes.
A la mefure de quatre temps , quand on trouve
des noires dont la premièré eft la première ou la
troifième partie de la mefure, il faut pouffer la
première , tirer la fécondé, pouffer la troifième ,
& tirer la quatrième. Exemple. I ^ 3 4j 0 8 g » 1
f t F * I
Quand on trouve des croches , que la première
eft la première partie d’un temps, il faut pouffer ;
fi elle eft la fécondé partie, il faut tirer. Exemple.
J 4 .
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(,Jaand on rencontre des doubles croches Sc
que la première eft la première ou la troifteme
partie d un temps , il faut pouffer; & fi elle eft la
fécondé partie d’un temps ou 1? quatrième, il faut
tirer. Exemple. ^ V » 9 ‘
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Lorfque dans la fuite d’une pièce de mufique
on rencontre des croches en tirant, dont la pre-r
mière eft la première partie d’un temps, U fàuç
tirer la première &. la fécondé. m
Si on rencontre des doubles croches en tirant ;
dont la première eft la première ou troifième partie
de la mefure, il faut pareillement tirer la première
& la fécondé ; cette règle doit être obfervée dans
toutes les mefures.
Quand dans la fuite d’une pièce il fe trouve
quelque chûte de chant, ou quelque cadence finale
, dont la dernière note eft allez longue pour
reprendre le coup d’archet, il en faut obferver les
règles, comme fi on commençoit la pièce.
Lorfque l’on coule une oétave ou quelque pai-
fage , en tirant d’un feul coup d’archet, il raut
toujours pouffer la note qui fait la chûte de l’octave
ou du paffage.
Il faut remarquer qu’il y a de la- différence entre
couler deux notes ou les tirer ; • quand on veut
couler, il n’y a que les doigts qui doivent agir.,
& l’arçhet ne doit point quitter les cordes ; mais
quand on tire deux notes, il faut foulever l’archet
à moitié de fon coup , & le remettre auffitôt, en
continuant le même coup, & non pas en recommençant
à tirer, quand on trouve des croches
ou doubles croches , dont on eft obligé de tirer
la première & la fécondé , fuivant la règle ci-
devant. Si le mouvement eft fort v ite , il ne faut
point lever l’archet, mais le couler d’un feul coup.
Dans les pièces de mufique où le. mouvement
eft fort léger, on fuit ordinairement le coup d’archet,
quand on. a obfervé les règles en commençant^
car par la fuite on n’obferve point lçs règles,
à moins qu’on ne rencontre des notes affez longues
pour favorifer le coup d’archet.
A'ia mefure à trois temps, fi la première mefur.e
eft compofée de trois notes valant chacune un
r
temps, il raut commencer en tirant \----- - — ;
' H . - / .fM 'L '
fi la première vaut deux temps ou fi elle eft pointée
, il faut commencer en pouffant..
Quand la pièce eft de mouvement, & qu’il fe
marque fur la première note de chaque mefure ,
fur des notes qui valent chacun un temps , fi les
deux premières font fur un même degré , il faut
pouffer la première, & pouffer les deux fuivantes
fans lever l’archet, c’eft - à -d ire , qu’il faut à la
moitié.du coup.en marquer un fécond, en continuant
le même coup ; mais fi la première & la
fécondé de la mefure font fur différens degrés, il
les faut pouffer d’un feul coup , C’eft-à-dire , qu’à
la moitié du pouf féi l faut marquer la fécondé
note, en continuant le même coup.
Cette règle doit être obfervée, particuliérement
quand les notes montent ou defcendent par degrés
conjoints.
Lorfque le mouvement ne fe marque fur aucun
temps de la mefure , & qu’il marche toujours également,
il faut fuivre le coup d’archet’, à moins
qu’il ne fe rencontré quelques paufes.ou quelque
cadencé finale, ou quelqu’autre note affez longue
pour favorifer le coup d’archet, fans intéreffer le
mouvement, au même ligne ou triple de mouvement
; lorfque l’on trouve une note valant deux
temps au commencement de là mefure , -dans le
courant d’une pièce & en tirant, s’il fuit une noire
d’un feul temps, il la faut encore tirer , c’eft-à-
dirè, du même coup, en fouleyant un peu l’archet.
|
Quand chaque mefure eft compofée de noires
& de blanches qui fyncopent err levant, il faut
fuivre l’archet ; & quand ce mélange ceffe , on
recommence à obferver les règles.
A la mefure de f ou trois pour huit, il faut obferver
le,coup d’archet fur. les croches, comme on
l’ôbferve. fu r . les noires dans la mefure à trois
temps.
Dans toutes les mefures, quand on trouve une
noire ou croche pointée en tirant, il faut tirer la
fuivante du même coup, autant que la mefure le
permet.
A la mefure de fix, pour quatre, J, il faut obferver
les mêmes préceptes que pour le triple' fim-
ple , & faifant deux mefures d’une , la mefure
étant compofée de fix noires, fur les trois pre-1
mières & fur les trois dernières defquelles on observera
les règles du triple.
A la mefure de fix pour huit , f , & dans tous
les mouvemens de gigue, il faut fuivre le coup
d archet , quoique fouvent les notes pointées fe
trouvent en tirant ; il faut feulement obferver que,
dans cette mefure, il faut tirer du même coup la
croche fuivante.
Arts 6* Métiers, Tome IV, Partie /,
Aux airs de mouvement de la mefure à deux
temps fur les noires , il faut pouffer la première
partie du premier & du fécond temps , &-fi la
note qui commence la mefure vaut un temps, il
faut tirer les deux fuivantes d'un feul coup, &
les marquer également; mais fi la première note
eft la fécondé ou quatrième partie d'un temps, il
faut commencer en tirant.
A la mefure de quatre pour huit, | jl faut obferver
les règles du coup d’archet fardés croches ,
comme on les obferye aux autres fignes de deux
temps ; quand les croches font beaucoup mêlées
de doubles.croches , il faut fuivre le coup d’archet.
■
Dans toutes les mefures où le mouvement n’eft
point marqué, & où il n’y a point de chûte de
chant, il faut fuivre le coup d’archet fur les notes
égales, particuliérement dans tous les mouvemens
vîtes.
Quand on trouve une note fyncopée en tirant,
-il faut tirer la fuivante du même coup, fi ce n’eft
que cette fuivante fût une fécondé fÿncope ; car
alors il faudrokfuivre le coup d’archet ; cette
réglé doit être particuliérement obfervée aux airs
de mouvement.
A la mefure à quatre temps, les croches doivent
être touchées également, c’eft-à-dire, qu’il
n’en faut pas marquer une : mais pour les doubles
croches, il faut un peu marquer la première , troifième
, &c.
A la mefure en deux temps, dans les airs de
mouvement fur des croches , il faut un peu marquer
la première, troifième, &c. de chaque mefure
; il faut prendre garde de les marquer un peu
trop rudement.
À la mefure à trois temps fur les croches , il faut
un peu marquer la première de chaque mefure ,
•& fuivre les autres également; il faut obferver la
même chofe au triple double fur les noires aux
airs de mouvement.
Toutes ces règles peuvent fervir pour le violon
, & les autres inftrumens qui lui reffemblënt
c’eft - à - dire, que l’on tient comme lui pour en
toucher, en changeant feulement le' mot tirer en
poujfer, & le. mot pouffer en tirer.
Il y a quatre genres de pièces qu’on peut jouer
fur la viole : i° . les pièces de mélodie, autrement
de beaux chants.
2°. Les pièces d’harmonie ou par accords, dont
les parties fatisfont agréablement l’oreille quand
elles font bien ménagées dans la compofition, &
bien touchées dans l’exécution.
3°. Lé jeu de s’accompagner foi-même, lorfqu’on
fait bien conduire fa voix & toucher la baffe
agréablement. -
4°. Le jeu d’accompagnement dans les concerts
de voix & d’inftrumens. ,
On pratique fur la viole les mêmes agrémens que
fait la v o ix , qui font la cadence ou tremblement,
le port de yoix, l’afpiration, la plainte, la chûte,