fère du premier, que parce qu’il diminue à me-
fure qu’il approche de Ton extrémité, & qu’il eft
tellement tendu dans fa^lôngueur & dès fa naif-
fance , qu’il préfente lin de fes ongles dans la
dire&ion de la longueur de la branche dont il
émane.
' Il eft encore des crampons poüiches, terminés
iupèrieurement en une v is , dont la longueur n’excède
pas l’épaiffeur de l’éponge. Cette partie de
fer eft percée d’un trou taraudé, qui, comme écrou,
reçoitxette vis. Parce moyen le-crampon eft affez
fermement affemblé avec le fe r , Sc facilement mis
en place quand il eft utile.
On l’en fépare aufli fans peine en le dévidant:
mais comme l’écrou qui reiteroit v id e , lorfqu’on
jugeroit à propos de fupprimer le crampon, ne
pourroit que fe remplir de terre ou de gravier qui
s’oppoferoit à une nouvelle introduction de la vis
du crampon, on fubftitue toujours à cette vis une
autre vis femblable , à cela près qu’elle ne débordé
aucunement l’épaiffeur du fer dans laquelle elle eft
noyée , & qu’elle eft refendue pour recevoir le
tourne-vis, au moyen duquel on la met en place ou
on l’ôte avec aifànce.
Quant aux pinçons , on les tire de la pince fur
la pointe dç la bigorne , au moyen de quelques
coups de ferretier.
S’il eft queftion d’appliquer aux fers quelques
pièces par foudure, il faut de nouvelles chaudes.
Les encoches fe travaillent à la lime , &c.
Un ouvrier feul pourroit forger un fer ; mais ce
travail coûteroit plus de peine , & demanderoit
plus de temps.
Il eft nombre de boutiques ou de forges oii l’on
en emploie deux , & même quelquefois trois, à
frapper devant , fur-tout quand les loppins font
d’un volume énorme.
F e r r u r e d u c h e v a l .
La ferrure eft une aéiion méthodique de la main
du maréchal fur le pied du cheval, c’eft-à-dire ,
une opération qui confifte à parer, à couper l’ongle
, & à y ajimer des fers convenables. Par elle
le pied doit être entretenu dans l’état où il e ft, fi
fa conformation eft belle & régulière ; ou les dé-
feâuofités en être réparées , fi elle fe trouve vi-
cieufe & difforme.
A la vue d’un paflfige qui fe trouve dans Xénophon,
de re equejlri, .& par lequel les moyens de
donner à l’ongle une confiftance dure & compacte,
nous font tracés , on a fur le champ conclu que l’o :
pération dont il s’agit n’étoit point en ufage chez
les Grecs.
Homère & Appien cependant parlent 8c font
mention d’un fer à cheval. La conféquence que l’on
a tirée , en fe fondant fur l’autorité de Xénophon,
paroît donc très-hafardée.
On pourroit en effet avancer , fur-tout après ce
que nous lifons dans les deux autres auteurs grecs,
que ce même Xénophon ne prefcrit une recette
pour durcir 8c refferrer le fabot, que dans le cas
où les chevaux auroicnt. les pieds extrêmement
mous & foibles ; 8c dès-lors cette prétendue preuve
que les chevaux n’étoientpas ferrés de fon tems,
s’évanouit avec d’autant plus dé raifon , que quoique
nous nous fervions nous-mêmes de topiques
aftringens dans de femblables circonftances, il n’en
eft pas moins certain que., la ferrure eft en ufage
parmi nous.
.On ne fait fi cette pratique étoit générale chez
les Romains. Fabretti , qui prétend avoir examiné
tous les chevaux repréfeptés fur les anciens mo-
numens , fur les colonnes 8c fur les marbres ; déclare
n’en avoir jamais vu qu’un qui foit ferré.
Quant aux mules & aux mulets , nous ne pouvons
avoir aucun doute à cet égard.
Suétone , in Nerone y-cap. xxx. nous apprend que
le luxe de Néron étoit te l, qu’il né voyagéoit jamais
qu’il n’eût à fa fuite mille voitures au moins,
dont les mules étoient ferrées d’argent. Pline affure
que les fers de celles de Poppée , femme de cet
empereur , étoient d’or ; & Catulle compare un
homme indolent & pareffeùx, à une mule dont les
fers font arrêtés dans une boue épaiffe & profonde
, enforte qu’elle ne peut en fortir.
O r , fi la ferrure , relativement aux mules, étoit
fi fort en vigueur, pourquoi ne l’auroit-elle pas été
relativement aux chevaux, 8c pourquoi s’éléveroit
on contre ceux qui feroient remonter cette
opération .jufqu’à des fiècles très-reculés ?
Ces queftions ne nous intéreffent pas affez pour
nous livrer ici à la difcuflion qu’elles exigeroient
de nous, dès que nous entreprendrions de les
éclaircir.
La fixation de l’époque & du temps auquel les
hommes ont imaginé de ferrer les c h e v a u x , nefau-
roit nous être de quelque utilité, qu’autant que
nous pourrions , en partant de ce f a i t , comparer
les idées des anciens & les nôtres, en établir en
quelque façon la généalogie , & découvrir, en revenant
fur nos pas à la faveur d’un enchaînement
& d’une fucceflion confiante de lumières’, des principes
oubliés, & peut- être enfevelis dans des écrits
détaillés ; mais eu ce point, ainfi que dans tous ceux
qui concernent l’hippiatrique il n’eft pas pomD>e
d’efpérer de tirer de pareils avantages de l’etude
dès ouvrages qui nous ont été tranfmis.
Sacrifions donc, lans balancer, des recherches
qui concourraient plutôt à flatter notre‘•curiofite,
qu’à nous in f t r u ir e , & ne nous e xpo fo n s point au
reproche d’avoir, dans une indigence telle que »
nôtre , & dans les befoins les plus preffans, abandonné
le néceffaire & l’utile, pour ne nous attacher
qu’au fuperflu. . .
De toutes lés opérations pratiquées furl’aniiua,
. iten eft peu d’aulîi commune & d’aufli répétée
celle-ci ; or , l’ignorance de la plupart des artnans
auxquels elle eft confiée , 8c q u i, pour preuve e
leur favoir , attellent fans ceffe-une longue
tique, nous démontre affez que le travail des main
ne peut conduire à rien, s’il n’eft foutenu par l’étude
& par la réflexion.
Toute opération demande en effet de la part de
celui qui l’entreprend , une connoiffance entière de
la partie fur laquelle elle doit être faite : dès que
le maréchal-ferrant ignorera la ftruélure y la formation
,& les moyens de l’accroiffement & de la
régénération de l’ongle, il ne remplira -jamais les
différentes vues qu’il doit fe propofer , & il courra
toujours rifque de l’endommager & d’en augmenter
les imperfections, bien loin d’y remédier.
Le fabot ouïe pied n’eft autre chofe que ce même
ongle, dont les quatre extrémités inférieures du cheval
font garnies. La partie qui règne directement
autour de fa portion fupérieure, eft ce que nous
nommons précifément la couronne ; fa confiftance
eft plus compaCte que celle de la peau par-tout
ailleurs : les parties latérales internes & externes en
forment le quartier ; la portion antérieure, la pince ;
la portion poftérieure , les talons ; la portion inférieure
enfin contient la fourchette 8c la foie :
celle-ci tapiffe tout le deffous du pied.
La forme naturelle du fabot & de l’ongle entier,
eft la même que celle de l’os qui compofe le petit
pied ; elle nous préfente un ovale tronqué , ouvert
fur les talons, 8c tirant fur le rond en pince.
Dans le poulain qui naît, l’ongle a moins de force
■ & de foutien ; la foie eft molle 8c comme charnue ;
la fourchette n’a ni faillie, ni forme ; elle n’eft exactement
vifible & faillante en dehors , qu’à mefure
que la foie parvient à une certaine confiftance, 8c fe
durcit. r ‘
• li en eft à cet égard comme des os mêmes , c’eft-
à-dire , qu’ici l’ongle eft plus mou que dans le cheval,
parce qu’il y a plus d’humidité, & que les parties
n’ont pu acquérir leur force & leur folidité.
Quelque compaCle que foit, dans l’animal fait, la
fubltance- du fabot, il eft confiant que l ’ongle dépend
des parties molles, & reconnoît le même
principe. Il n’eft réellement dans fon origine, ainfi
que nous l’obfervons dans le foetus & dans le poulain
naiffant, qu’une fuite & une production du
fyftême général des fibres & des vaiffeaux cutanés,
& n’eft formé que par la continuité de ces fibres,
& par l’extrémité de ces mêmes vaiffeaux.
Ces fibres , à l’endroit de la couronne, font infiniment
plus rapprochées les unes des autres, ;
quelles ne l’étoient en formant le tiffu des tégu-
mens ; & elles fe refferrent & s’uniffent toujours
davantage à •mefure qu’elles fe prolongent, &
qù elles parviennent à la pince & aux extrémités du
pied : de-là la dureté & la confiftance de l’ongle.
Quant aux vaiffeaux, leur union plus-étroite &
Plus intime contribue à cette folidité ; mais ils ne
retendent pas auffi loin que les fibres : arrivés à une
C€rtaine portion du fabot, leur diamètre' eft telle-
? ent diminué, que leurs liqueurs ne circulent plus,
,ne Peuvent s’échapper que par des porofitès forces
par l’extrémité de ces tuyaux,
ha liqueur échappée par „ces porofitès , nourrit
A r t s 6* M é t ie r s . T om e IV * P a r t ie I I *
la portion qui en eft imbue; mais comme elle n’eft
plus foumife à l’aCtion fÿftaltique , elle ne peut
■ être portée jufqu’à la partie inférieure de l’ongle ;
. aulfi cette partie ne reçoit-elle point de nourriture.
Diftinguons donc trois parties dans le fabot ; la
partie fupérieure fera la partie vive ; la partie
moyenne fera la partie demi-vive , fi je peux in’ex-
primer ainfi ; & la portion inférieure fera la partie
morte.
La partie fupérieure, ou la partie vive, fera aufli
la partie la plus molle, parce qu’elle fera tiffue de
vaiffeaux 8c de fibres qui feront moins ferrés à l’origine
de l’ongle , qu’à fon milieu & à fa fin : aufli
voyons-nous que le fabot à la couronne 8c à fon
commencement, eft moins.compaCte qu’il ne l’eft
dans le refte de fon étendue, foit par le moindre
rapprochement des fibres, foit parce que les liqueurs
y circulent & l’abreuvent, malgré l’étroiteffe des
canaux, dont le diamètre, quelque petit qu’il foit,
laiffe un paffage à l’humeur dont il tire & dont il
reçoit fa nourriture.
La partie moyenne ou la partie demi-vive, fera
d’une confiftance plus dure que la partie fupérieure,
parce que les fibres y feront plus unies; & que d’ailleurs
les vaiffeaux s’y terminant, ce n’eft que par
des filières extrêmement tenues, ou par des poro-
fités imperceptibles , que la partie la plus fubtile
de la lymphe qui fert à fon entretien & à fa nutrition,
pourra y être tranfmife & y pénétrer.
Enfin , la partie inférieure , que j’ai cru devoir
appeler la partie morte, fera d’une fubftance encore
plus folide que les autre», parce que la réunion des
fibres fe’ra plus intime ; & que quand même on
pourroit y fuppofer des vaiffeaux, ils feroient tellement
oblitérés qu’ils n’admettroient aucun liquide
; ce qui eft pleinement démontré par l’expérience.
En effet, lorfqu’on coupe l’ongle en cet endroit
& que l’on pare un pied , les premières couches
que l’on enlève , ne laiffent pas entrevoir feulement
des veftiges d’humidité : o r , dès que les liqueurs
ne peuvent être charriées jufqu’à cette
partie, elle ne peut être envifagée que comme une
portion morte, & non comme une portion jouif-
fante de la vie.
Le mécanifme de la formation 8c de l’entretien
du fabot, eft le même que celui de fon accroiffe-
ment. Nous avons reconnu dans la couronne &
dans la partie vive , des vaiffeaux deftinés à y
* porter la nourriture , de manière que les lois de la
circulation s’y exécutent comme dans toutes les
autres parties du corps ; c’eft-à-dire, que la liqueu?
apportée parles artères, eft rapportée par des veines
qui leur répondent.
Nous avons obfervé , en fécond lieu, que les
extrémités de ces mêmes vaiffeaux qui donnent la vie
à la partie fupérieure, font terminées directement à
la partie moyenne ; & que conféquemment le fuc
nourricier fuintant dans cgtte partie , 8c y tranflu-
Q î î