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partie que Ton lavera chaque fois que l’on réitérera
î ’o n â io n avec une décoétion émolliente , étant d étendue
, on examinera fi l’on peut appercevoir
quelque fluctuation ; en ce ca s, on fera ouverture
dans le point le plus mou , pour procurer l’iffue à
la matière fuppurée.
Mais fi cette vo ie ne s’offre p o in t, on y paffera
un féton ou une ortie ; car il faut abfolument dégager
& débarraffer le membre d’une humeur qui
lui ravit fon aftion & fon jeu.
Le pus ainfi écoulé , on peut revenir aux réper-
cuflifs , non moins propres lorfque les dépôts font
prêts à être diftipés , que lorsqu'ils commencent
à fe former ; après quoi on n’oublie point de purger
l’animal, & l’on termine ainfi la cure.
L e régime qu’obfervera l e . cheval pendant le
traitement, fera tel qu’on le tiendra à l’eau blanche,
au fon ; que le fourrage ne lui fera pas donné en
grande quantité , & qu’on lui retranchera l’avoine.
D e plus on lui accordera du repos , il ne fortira
point de l’écurie, il y fera entravé ; & fi l’on crai-
gnoit le defféchement de l’ép a u le , on pourra attacher
au pied de l’extrémité affe&ée , un fer à patin
, mais feulement à la fin de la maladie , & pour
ne l’y laiffer que quelques heures par jour.
Ce s fortes d’écarts ou d’entr’ouvertures anciennes
ou mal traitées, ne font jamais radicalement
guéries ; l’animal boite de temps en temps. Les Maréchaux
tentent les fecours d’une roue de feu ; mais
je puis affurer en que les boues des eaux minérales
chaudes font un fpécifique admirable & préférable,
& qu’elles procurent l’entier rétabliffement du
cheval.
Fève ou Lampas, maladie de la bouche.
L a fève confifte dans un tel degré d’épaiffeur de
la membrane qui tapiffe intérieurement la mâchoire
fupérieure, & qui revêt le palais, que cette membrane
excède confidérablement la hauteur des pinces
; fouvent auffi elle fe propage de manière qu’elle
anticipe fur ces mêmes dents. Je ne fais pourquoi
les auteurs qui ont traité de l’art vétérinaire , n ’ont
point parlé de ce dernier cas.
C e prolongement ou ce volume contre nature
n’a rien qui doive étonner , lorfque l’on confidère
que la mucofité filtrée & féparée dans la membrane
de Schneider , fe répandant fur celle dont
il s’a g it , par les ouvertures que lui préfëntent les
fentes inc ifives, l’hume&e & l’abreuve fans ceffe.
C ’eft précisément dans le lieu de ces ouvertures
qu’elle s’étend ou s’épaiffit au point de rendre
l ’a&ion de manger difficile à l’animal, & celle de
tirer le fourrage encore plus laborieufe & même
impoffible, vu la douleur qu’il reffent â chaque
inftant où fe joignent les extrémités des dents antérieures
, entre lefquelles cette membrane fe trouve
prife & ferrée.
Dans la pratique, on remédie par le moyen du
cautère aéhiel à cette maladie.
MA R
Le maréchal, après avoir mis un pas-d’âne dans
la bouche du ch e v a l, & s’être armé d’un fer chaud
tranchant & recourbé à l’une de fes extrémités *
confume cette partie gonflée précisément entre les*
deux premiers de ces filions tranfverfes qui, très-
évidens dans l’animal & fort obfcurs dans l’homme
s’étendent d’un bord de la mâchoire à l’autre.
O n obferve que le fer ne foit point trop brûlant
, & ne porte pas atteinte à la portion offeufe de
la voûte palatine ; ce qui néceffairement occafion-
neroit une exfoliation & de véritables accidens.
Q u elq u ’ancienne , quelque commune que foit
cette opération, je ne la crois point indifpenfable.
S ’il n’eft queftion que du gonflement de la memb
rane , gonflement qui ne furvient ordinairement
que dans la- bouche des jeunes chevaux , & qui
fouvent ne les incommode p o in t, il fuffira, pour
le diffiper, d’ouvrir la veine palatine avec la lancette
ou avec la corne.
Si la membrane s’efl: prolongée jufque fur les
pin ces, on pratiquera la même fa ign é e , après avoir
coupé avec des cifeaux ou avec un biftouri cette
partie excédante ; & lorfque l’animal aura répandu
une fuffifante quantité de fa n g , on lui lavera la :
bouche avec du vinaigre , du poivre & du fel, &
on lui fera manger enfuite du fon fec.
Ces précautions réuffiffent toujours : ainfi on peut
envifager l’application du cautère comme une ref-
fource confacrée plutôt par l’ufage que par la né-
ceflité.
Fofme.
Tumeur calleufe , ind olente, de la nature de
celle qui dans l’homme eft connue fous le nom de j
ganglion. Son fiége eft fixé dans les ligamens même j
de l’articulation du pied ou de la couronne, avec !
le pâturon ; auffi fe montre-t-elle toujours fur un j
des cô té s , ou fur les deux côtés de cette dernière |
p a rtie, foit qu’elle attaque le d e van t, foit qu’elle !
attaque le derrière de l’animal.
Les caufes en font ordinairement externes ; elle
peut être l’effet d’une, contufion , d’une piqûre:
elle eft le plus fouvent la fuite des efforts auxquels
le cheval a été contraint dans des courfes
v io len te s , ou en maniant à des airs qui exigent
beaucoup de force.
T ou t ce qui peut infulter les fibres ligamenteuses
en les tirant, en les alongeant , en les meurtrir-
faut, en les dilacérant, doit néceffairement produire
ou une dilatation , ou une obftru&ion des vaineaux
qui charrient la lymphe dans ces ligamens , ou
une extravafion de cette humeur : delà une tumeur
légère & molle dans fon or ig in e , mais qui augmente
infenfiblement en volume & en confiftance,
au point d’offenfer d ’une part les ligamens en les
gênant, & de rendre de l’ autre la circulation au»*
cile dans les vaiffeaux qui l’avoifinent : c’eft aim
que le defféchement de l’ongle & la claudication,
deviennent des accidens infêparables de cette ma
ladie.
MA R
On la reconnoît à la préfence de la tumeur, &
le figne univoque eft l’indépendance totale de cette
même tumeur, qui ne tient en aucune façon au
tégument fous lequel -elle eft fituée.
Je ne propoferai pour la détruire ni l’opération
de deffoler , ni l’application inutile d’un cautère
aftuel, dont l’effet ne s’étend pas au-delà de la peau ;
j’indiquerai des topiques capables de la réfoudre ,
tels que la pommade mercurielle , que l’on doit
faire fuccéder à des fri&ions sèches. -
On peut en core, après avoir frôiffé la tumeur &
l’avoir fortement comprimée fous le d o ig t , dans
l’intention de brifer l’humeur qui la forme, y placer
un emplâtre d’onguent de vigo au triple de
mercure, ou du diabotanum mercurifé, & recouvrir
le tout d ’une plaque de p lom b , que l’on af-
fujettira fur la partie par le moyen d’un bandage.
Il eft même à propos, lorfque la tumeur eft très-
confîdérable, de la battre avec une petite palette de
bois avant de tenter de la difîiper par ces réfolutifs,
que l’on emploiera toujours avec fuccês, fur-tout
s’ils font accompagnés des médicamens internes ,
qui peuvent atténuer & liquéfier la lymphe.
Ces médicamens font le crocus metallorum, donné
à la dofe d’une once chaque jour ; l’aquila a lb a ,
à la dofe d’une dragme & plus ; la poudre de v i père
, &c.
Si les f rip io n s , les frottemens, les comprenions
occafionnent une inflammation, on ne continuera
pas les applications des emplâtres prefcrits ; on
recourra à des topiques émolliens, qui feront fuivis
de l’ufage de ces mêmes emplâtres , lorfque la
. partié ceffera d’être enflammée.
"Chute du fondement.
Des ténefmes, une toux longue & violente , la
loibleffê des m ufcles q u i, dans le corps de l’animal,
répondent aux releveurs de l ’anus du corps hu-
mam., l’abondance des humeurs qui abreuyent ces
parties, peuvent occafionner la chûte du fondement.
Cet événement, qui eft néanmoins affez rare,
arrive encore enfuite de la trop fréquente intro-
>^!on k ma*n & du bras du maréchal , qui
*1 agit point a vec toute la précaution qu’exige l’ac-
tion de vuider le cheval pour le difpofer à recevoir
un lavement.
La cure de cette maladie confifte non-feulement
a.remettre l’inteftin, mais à le maintenir dans fa
Pla£e- La rédu&ion en doit être tentée fur le champ,
affiriez-le d’abord a vec du vin chaud ; faites eri-
uite, avec un linge trempé dans ce même v in ,
es comprenons légères fur les côtés de la por-
0Iî qui fe trouve près de l’an u s, & foutenez-le
toujours avec attention en le repouffant doucement,
P0,!1* peu-à-peu dans fa fituation natut.
ffie* Lette opération ne p réfente pas beaucoup de
^ culté , lorfque l’enflure & l ’inflammation ne
1 pas confidérables : mais dans le cas où elles
4 °Ppoferoient au replacement, faignez l’animal
MAR 52$
& employez des fomentations digeftives jufqu’à ce
que l’inteftin foit difpofé à la réduction. Auflitôt
qu’elle fera fa ite , appliquez des compreffes trempées
dans du v in aftringent compofé avec les racines
de biftorte , de tormentille, l ’écorce de grenade
, de chêne , les noix de galle , l’alun , les
balauftes, & c .
Si l’inteftin retomboit conféquemment aux efforts
auxquels l’animal, qui fe décharge de fes excrémens,
eft obligé ; baflinez-le avec ce v in compofé ; fau-
poiidrez - le même avec parties égales de bitume
& de noix de galle pulvérifées : réduifez - le de
nouveau ; appliquez encore des compreffes trempées
dans le même v in , & foutenues par un bandage
en double, non moins praticable relativement
au cheval que relativement à l’homme.
Atteinte.
U atteinte eft un mal qui arrive au derrière du
pied d’un cheval quand il s’y b leffe, ou qu’il y eft
bleffê par le pied d’un autre cheval.
Atteinte encornée , eft celle qui pénètre jufque
deffous la corne.
Atteinte fourde, eft celle qui ne forme qu’une
contufion fans bleffure apparente.
Un cheval fe donne une atteinte , lorfqu’avec la
pince du fer de derrière il fe donne un coup fur
le talon du pied de devant : mais plus communément
les atteintes proviennent de ce qu’un cheval
qui en fuit un au tre, lui donne un co u p , foit au
pied de d e v a n t , foit au pied de derrière, en marchant
trop près de lui.
L ’atteinte ou le coup qui fera donné fur le talon
auprès du quartier, de l’une ou de l’autre de ces
deux fa çon s , fera meurtriffure ; ce qui s’appelle
une atteinte fourde, ou bien une plaie, ou un trou
en emportant la pièce ; & fi ce trou pénètre juf-
qu’au cartilage du pied , & que ce cartilage fe corrompe
, alors le mal eft confidérable, & s’appelle
une atteinte encornée , qui devient auffi dangereufe
qu’un javârt encorné.
Une atteinte encornée peut provenir auffi de
ce qu’un cheval fe fera bleffé fur la couronne a v ec
le crampon de l’autre pied : elle devient de même
encornée , lorfqu’on la néglige dans les commen-
cemens, quoiqu’elle ne foit pas confidérable d’abord
, & que le cheval n’en boite guère : car fi
l’on continue à le tra vailler, fans fonger à fon attein
te, la partie fatiguée fera plus fujette à fe corrompre
& à venir en matière.
Les ch e v au x, dans les temps de g e lé e , quand
on leur met des crampons fort longs , & des clous
à glace , fe donnent des atteintes plus dange-
reufes.
O n coonoît l’atteinte par la plaie : on v o it dans
l ’endroit où le ch e v al a été attrapé , foit au deffous '
de la couronne ou même dans le paturon/, le fang
qui fo r t , & un trou , ou bien la pièce ëmportéé.
A l’égard de l’atteinte fou rd e , je v eu x dire celle
V v v ij