
détails de ce projet,lors de fon entiers exèc'ution.Il
eût été imprudent de vouloir prévenir le jugement
du public fur cet édifice, qui a eu 7-dans l’ô rigise,
des approbateurs & des contradi&eurs ; mais il
paroît aujourd’hui réunir le fuffrage des Artiftes &
des gens dégoût.
L’Académie d’architeâure , invitée à venir vi-
fiter ce nouveau genre de conftruélion , lui a
donné l’approbation la plus diftirguée : rien de
plus impofant en effet que cette coupole, dont le
diamètre eft de cent vingt pieds, & diffère de celui
du Panthéon de douze pieds environ.
La naiffance de Monleigneur le Dauphin eft ce
qui a donné lieu à l’exécution de ce projet.
Parmi les fêtes deftinées à célébrer cet heureux ■
événement, on diftingua celle donnée au peuple
dans l’intérieur de cette même halle. Le monument.,
dégagé des hangars qui l’obftruoient, recouvert
d’une banne & illuminé , parut prendre
une forme nouvelle , & offrir un fpe&acle pitto-
refqiie, dont les Artiftes far-tout faifirent l’effet.
MM. le Grand & Molinos , architectes, conçurent
l’idée de couvrir le très - vafte diamètre de
cette enceinte.
A un projet d’embelliflement s’en joignoit un
d’utilité publique. Les hangars qu’on propofoit de
reConftruire d'une manière plus durable , auroient
augmenté lé défaut d’efpace reproché à cet édifice
; mais tdus les moyens n’étoient pas propres
à élever, une telle coupole, fans rien ajouter à la
contruétion primitive. La dèpenfe énorme que l’ouvrage
fait en maçonnerie & en charpente eût oc-
caiionnéë, arrêtoit l’exécution de tout projet fur
ce monument.
Il étoit refermé à Philibert de Lorme, architecte
de Henri I I , de renaître en quelque forte pour
cet objet, & de fournir fon ingénieufe méthode,
oubliée à Paris depuis plus de 200 ans : cette méthode
confifte dans la fubftitution des planches
de fapin aux bois de confiruCtion.
MM. lé Grand & Molinos en connoiflhi'ent
l’heureux emploi dans différentes Provinces de la
France; & frappés de fes avantages, ils venoient
d’en faire exécuter un modèle applicable à la couverture
d’une grange.
Ces deux artiftes firent part de leurs vues à M.
le Lieutenant-Général de Police. L’économie dont
on flatta ce Magiflfat, lui fit accueillir favorablement
un projet devenu indifpenfable ; ce projet ne
tarda pas à être arrêté.
La jufte réputation dont jouit le fieur Roubo fils,
•menuifier, lui en fit confier l’exécution par MM.
le Grand & Molinos.
Ce choix a été juflifié par l’intelligence & la
précifion que le fieur Roubo y a mifes, & qui ajoutent
à l’idée qu’on avoit de fes ta!en?.
On lui doit encore cette juftice d’avoir été au
devant des vues d’économie que dîrigoient le ma-
giftrat , en renonçant aux bénéfices auxquels il
avoit droit de prétendre , comme Entreprenneur,
& fe bornant à une fomme fixée pour la conduite
de cet ouvrage.
C ’eft d’après les mêmes principes d’économie
que les échafauds ont été Conftruiis. On y a employé
du bois de bateaux en fapin , en place de
bois carrés ; il n’exifte pas de charpente plus légère
& moins coûteufe..
La dire&ion en a été confiée au fieur Albouy,
maître charpentier, qui a mis toute l’intelligence
poflible dans la conftru&ion, la pofe & la démolition
de tous ces échafauds : aiifïi le public a-t-il
applaudi à cette nouveauté, & MM. le Grand 6i
Molinos j à qui on en eft redevable, jouiffent avec
d’autant plus de fatisfa&ioh des fuffrages du pu-
» blic , que cette conftru&ion, en apparence fi frêle,
n’a coûté la vie à aucun ouvrier.
Cette manière nouvelle dé conftruire, l’utilité !
de ,1’établiflêment, fembloient exciter la plus vive
émulation parmi ceux qui étoient choifis pour concourir
à fa perfection.
La lanterne en fer qui couvre l’ouverture à jour
au fommet de la coupole, & qui eft un de plus
grands ouvrages de ferrurerie en ce genre , a été
exécutée dans la cour même- de la halle, fous les
yeux du public & fur les deflins des mêmes artiftes,
par le fieur Contou , ferrurier, qui a également
droit à des éloges par la légèreté & la précifion
de cette efpèce de charpente en fer.
Le fieur Tournu, fondeur & doreur, apropofe,
pour la couverture de ce monument , une com-
pofition métallique qui a obtenu l’approbation de
l’Académie royale des Sciences. Mais les retards
qu’auroit.fait éprouver l’établiffement des machines
néceflai tes à laminer Ce qu’il auroit fallu de
cet alliage économique pour toute la . fuperficie
de la coupole, en a reftreint l’ufage aux bandes
qui recouvrent les bords des châflis vitres dans I
toute la hauteur de cette voûte. On a fubftitué 1 ar* j
doife & le plomb dans les autres parties.
N. B. On s’occupe en ce moment, au mois de
juillet 1786 , de remplacer l’ardoife par des lames
de ce nouveau métal blanc.
La lanterne eft couverte avec des verres doubles
de trois lignes d’épaifleur , de la manufaébure de
Saint - Quirin ; ce qui a pour objet d’éviter un
grillage, moyen embarraffant &- dont l’entretien eit
coûteux.
On a profité de cette circonftance pour ragreer
l’intérieur de cet édifice.
On s’eft occupé des moyens les plus heureux
d’éclairer cette enceinte , arnfi que de placer fit
cette édifice , qui n’auroit à redouter que le leu
du çie>, un paratonnerre. MM. le Grand & Molinos
ont confulté à cet effet M. Francklin, qi*e
la vue de cê fuperbe monument a intéreffé u *l
confervation. - - - . T'-fiv-i
Au haut de la coupole eft un pneumamometre
ou cadran à vent ; e’eft le prolongement de
de la girouette, lequel porte une aiguille deltme
j à marquer, dans l’intérieur, le vent qui foufli«»
fur un cercle où font en lettres découpées , les
initiales des vents principaux ; un foc de charrue
fornie la girouette.
La totalité de la charpente étant actuellement
couverte , il feroit difficile de prendre une idée
de fa contruéfion ; mais MM. le Grand & Molinos
ont établi un pont qui fert à communiquer de la
tour à la galerie pratiquée fur la corniche. Ce
pont qui eft dans l’étage fupèrieur, offre- l’affem-
blage du plancher, tel qu’il eft dans la totalité de
la charpente , enforte que les perfonnes qui n’auront
pu voir les modèles ou fuivre la conftruélion,
n’auront d’après cela rien à defirer.
Nous ne pouvons point entrer dans des détails
auffi circonftanciés que nous le defirerions fur cette
ingénieufe méthode, qui offre un objet de plus à
la curiôfité de l’étranger , dans cettejtapitale; c’eft
un vrai monument, caraâère que n’ont pas tou- j
jours nos établiffemens publics.
Les artiftes ont droit d’attendre du zèle de MM.
le Grand & Molinos , un mémoire détaillé fur c.ette
efpèce de charpente, puifque c’eft à eux que l’invention
de Philibert de Lormê doit fa perfeétion.
Nous nous bornerons donc à remarquer une partie
des avantages qu’on a droit d’en attendre.
Avec des planches de fapin ou de tout autre
bois blanc, il eft poflible de couvrir les plus grands
diamètres d’une manière tout à la fois aufli folide
& aufli durable qu’avec la charpente ordinaire.
Cette conflruéfion eft applicable à toutes les formes
de toitures pour les maifons particulières.
Elle offre dans l’intervalle que laiffe l’affemblage
des planches , un efpace propre à nombre -de
deftiiiations ; c’eft une armoire jmmenfe coupée
par des rayons & des cafés, qui fe trouve fubftituée
à cet embarras énorme de charpente , qui rend
inhabitables les étages fupérieurs.
Cette conftruélion appliquée aux grands édifices,
non-feulement procure une économie de plus de
moitié fur la charpente ordinaire ; mais comme
elle eft infiniment plus légère, & qu’elle a très-
peu de pouffée, elle exige des murs moins forts ,
& conféquemment moins coûteux.
On ne peut pas fe diflimuler la difette des bois
de charpente. Néceffaires. pour'la marine & pour
d autres objets où leur emploi eft indifpenfable ,
il importe de les économifer , & il y a lieu de
préfumer que les artiftes s’emprefleront d’adopter
une méthode qui a le double avantage de ména-
| ger la chofe publique, & de favorifer l’intérêt particulier.
On a le trifte exemple de la nèceflité
. ns laquelle on a été d’employer des bois verds,
inconvénient ruineux auquel ce moyen remédie.
Sa Majefté, qui a daigné accueillir favorable-
’ ment le projet de MM. Te Grand & Molinos , & 9Ul en a examiné les modèles avec intérêt, leur
a accordé la permiflion de placer fon médaillon
| marbre blanc , en face de celui de Louis XV.
s ont également obtenu du Roi ce que la moeltie
de M. le Lieutenant - Général de police
leur avoit conftamment refùfé, de placer fon portrait
dans cette enceinte.
Il fait pendant avec celui de Philibert de Lorme,
à qui MM. le Grand & Molinos ont été jaloux de
rendre cet hommage public. Ces deux médaillons
ont été exécutés par M. Rolland. Une infcriptio«
en marbre , placée dans l’intérieur de ce monument
, indiquera l’époque de la renaiflance de cette
conftruélion à Paris.
Nous croyons devoir fixer l’attention fur un
phénomène que préfente cette coupole , phénomène
q u i, fans être nouveau pour la phyfique,
le fera fans doute pour plufieurs de nos le&eurs.
Il importe d’abord de ■ fixer l’acception des mot*
dilatation & condenfation»
La dilatation elt l’effet que la chaleur produit
fur les corps ; ils prennent alors plus de volume;
ils occupent conféquemment plus d’efpace. Prenons
pour exemple une barre de fer de quatre pieds de
long & de deux pouces de circonférence ; fi on
la fait chauffer, elle s’alonge & prend du diamètre.
Voilà ce qu’on appelle la dilatation..
La condenfation eft l’état contraire, c’eft-à-dire ,
que le froid comprime , refferre & conféquemment
diminue l ’efpace , le volume du corps qui y eft
expofé. Auffi notre barre de fer refroidie reprend-
elle fa longueur & fa circonférence. Plus le chaud ,
plus le froid font çonfidérables , plus la dilatation
& la condenfation font fenfibles.
Ces principes clairs & précis , une fois pofés ,
revenons à la coupole. Elle eft conftruite de bois,
de fer, de plomb laminé, d’un alliage métallique,
d’ardoife, de verre , toutes fubftances foumifes aux
lois de là dilatation & de la condenfation ; lois communes
à tous les corps de la'nature , mais dans
des degrés différens.
Le matin, au lever du foleil, l’enfemble de la
machine éprouve un déplacement, fi on peut s’exprimer
ainu , d'orient-;au nord , à 45 degrés du
rayon du cercle. C’eft l’effet du foleil dont la chaleur
dilate la portion de la coupole fur laquelle
’ il darde fes rayons. Cette portion occupant plus
de volume , plus d’efpace , réagit fur les parties
voifines,. qui, toutefois oppofant de la réfiftance ,
bornent ce déplacement. Dans l’origine, il étoit
aflez considérable maintenant que la lanterne
charge la machine, il eft moindre.
Cet effet a déforienté, pendant un 1:emps , le
fieur Roubo ; il preijoit le marin fes aploiribs ;
venoit-il à les vérifier dans la journée, il y aV fit
quelquefois jufqu’à quatre pouces d’err-sur, c;’eftà
dire , que te:i point donné de la machine s’étoit
écarté d’orien t au nord, de quatre pour:es ; 1’effet
en étoit plus fenfible dans les for.es châleurs ;
enforte qu’on ;peut conudéïer cette nue h! rnr.i'e
s’ébranlant au lever du foleil, & tend ant à fe porter,
par l’effet de la dilatation, d’orient au nord.
La difparition de cet aftre rappelle la malle aux
Lois de la condenfation ; alors chaque point tend
Q q q q ij