
Je remarquerai encore qu’il ne s’agit pas dans
toutes les fractures de tenter d’abord la rêdu&ion ;
une tumeur, une inflammation v io len te , nous prescrivent
la loi de ne poigt paffer fur le champ à
l ’extenfion & à la contre-extenfion, & de calmer
l ’accident avant d'y p ro céde r, par des faignées ,
des lavemens & des fomentations légèrement ré-
folutives. \ J ; ' c .
Une hémorrhagie nous indique l’obligation de
nous occuper dans le moment du foin de réprimer
l ’eflufion abondante du fang; des efquilles qui s’op-
pofent conftamment à tout remplacement & qui
ne peuvent que nuire à la cure , exigent que nous
commencions premièrement à les enlever ; une
luxation jointe à la fra& ure, demande que nous
*h’ayons dans l ’inftant égard qu’à l a . néceiiité é v idente
de la réduire, & c .
Nous comprenons fous le terme d'appareil, les
bandes, les comprefles, & les attelles.
Les bandes que nous emploierons feront des
rubans de fil plus ou moins larges , & qui auront
plus ou moins de longueur , félon la figure du
membre fra&uré. Les circonvolutions de ce ruban
autour de la partie , forment ce que nous appelons
bandage. Nous avons l’avantage de ne mettre en
ufage que celui que l’on nomme continu, c’eft-à-
dire , celui qui e f t ’ fart avec de longues bandes
roulées, & qui èft le plus fouvent capable de contenir
l’os réduit*: cardans les fra&ures compliquées,
nous pouvons nous difpenfer de recourir au bandage
à dix-huit chefs , püifque nous pouvons dérouler
nos bandes & les replacer fur le membre
fans rien changer à fa fituatîOft, 8c fans lui caufer
le moindre dérangement.
On doit fe foüvenir au furplus qu’un bandage
trop ferré peut gêner la circulation , & produire
un gonflement, une inflammation ; & qu’un bandage,
trop lâche favoriferoit la défunion des fragments
remplacés : a in fi, le maréchal doit être fcru-
puleufement en garde contre l’un oü lîautre de ces
inconvéniens.
Les comprefles font des morceaux de linge pliés
en deux ou en plufieurs doubles ; on en couvre les
parties fra&urées , on les tient plus épaiffes dans
les endroits vides ou creux quelles doivent remplir.
Les attelles ne font autre chofe que des efpèces
de petites planches , faites d’un bois mince &
p lia n t , mais Cependant d’une certaine force &
d ’une certaine confiftance, avec lefquellesoii écliffe
le membre cafle ; elles doivent être par conféquent
adaptées & afforties à fa force 6c à fa groffeur.
A l’égard de la manière dont on doit fituer l’ animal
enfuite de l’application de l’appareil, il pa-
r o it , félon le rapport 8c le témoignage de M. -de
S o le y fe l, qu’il eft très-pofiible de l’abandonner fans
crainte que par un appui indifcret fur le membre
fra&uré, il porté la moindre atteinte à la rédu&ion
faite. Le cheval & le mulet dont cet auteur p a rle ,
& qui S o ie n t été jetés dans des prairies, offrent
un exemple de l’attention que lui fuggère l’inftinff •
& j’en trouverois encore une preuve dans une
jum en t , qu’ une perfonne très - digne de foi m’a
affuré avoir vu traiter avec fuccès d’une fraâure
fans autres fo in s , apfès que les bandages furent
affurés, que celui dé la tenir. Amplement & à l’or,
dinaire dans une écurie. Je ne fais cependant fi je
ne préférerois pas là fufpenfion de l’animal dans
le travail jufqu’à l’entière formation du calus, pour
prévenir plus sûrement les accidens qui peuvent
arriver en le livrant à lui-même, & pour être plus
à portée de vifiter mon appareil, de l’ôte r , de le
replacer dans une foule de circonfiances qui nous I
y invitent & qui nous y obligent.
Terminons toutes ces difcuflions qui n’éclairent I
encore le maréchal que fur la cure générale des I
fra&ures, par l’expofition de la méthode particu- I
lière qu’il doit fuivre dans le cas d’une fra&ure à I
l’un des membres, & dans celui d’une fra&ure à I
l’une des côtes.
Suppofons en premier lieu une plaie oblique I
& contufe , de la longueur de quatre travers de I
doigt , à la partie moyenne fupérieure du canon I
de l’une des extrémités poftérieures , avec une I
fra&ure en bec de flûte à ce même os.
L ’opérateur difpofera d’abord fon appareil ; il I
préparera un pliimaceau de charpie, une compreffe I
en double d’environ un demi-pied de largeur, fur I
huit ou neuf polices de longueur ; deux bandes de I
quatre aunes de longueur, & larges d’environ trois I
travers de doigt ; 8c des attelles, qu’il enveloppera I
chacune dans un linge é g a l, & dont la largeur & I
la longueur feront proportionnées au volume os I
à l’étendue de l’os fra&uré. |
Il procédera enfuite aux extenfiôns. M. de Gar-1
fault dans fon Nouveau parfait Maréchal, propofe I
à cet effet de renverfer le ch e v a l, & d’employer I
les forces oppofées de plufieurs hommes. Je doute I
que ces forces foient toujours fuffifantes ; j’imagine I
dé plus qu’il eft affez difficile que les tra&ions I
foient en raifon égale ; qu’elles foient opérées dans I
une dire&ion jufte 8c précïfe ; qu’elles foient exac- I
tement.infenfibles & par degrés; & d’ailleurs il I
me femble que l’animal, dans l’a â ion de fe rele* I
v e r , étant néceflairement aftreint à faire ufage de I
fes quatre membres, fe blefferoit inévitablement
en tentant de l’ effe&uer, & ne pourroit que détruire
par cet effort tout ce que le maréchal an-1
roit fait pour replacer les pièces divifé es, & P®ur
lès maintenir unies. Je confeillerai donc de le fn '
pendre dans un travail ordinaire , mais fufceptibfê
des additions fuivantes. ‘ >;î f/. . . . ;
Soient deux rouleaux ou cylindres de trois pou*
ces de diamètre au moins, dont la longueur tra
verfe toute la largeur du tra v a il, l’un au tiers 11
périeur, 8c l’autre au tiers inférieur, de la liante^
des montans, & qui s’engagent par les deux ex
trémités par deux collets portés fur la face ex
rieure de-ces mêmes montans. Soit l’une des e
• trémités dé chaque rouleau afferablèe carréioefl ’
3vec un rochet tel que ceux qui conftituent com-
niunément les crics de, berlines. Soit un fort c liquet
attaché par un clou rond au montant, & fur
la face latérale pôur le bec de ce même c liq u e t ,
s’engager dans les dents du rochet.
Soient encore deux poulies, dont les chapes terminées
en crochet puiffent être ac crochées, l’une
à la traverfe fupérieure du t ra v a il, l’autre à une
traverfe à fleur de terre. Soient ces mêmes tra-
verfes garnies de divers anneaux folidement attachés
, 8c entre lefquels l’opérateur pourra choifir
ceux qui répondront le plus exa&ement à la direction
de la partie qu’il eft queftion de réduire. Alors
le maréchal placera trois entravons rembourrés ;
i le premier précifément au dèfllis du jarret ; le fécond
dire&ement au de flou s, c’eft-à d ire , à l'e x trémité
fupérieure de l’os cafle ; 6c le troifième à
,l’extrémité inférieure de ce même o s , c’eft-à-dire ,
j au deflus du boulet. Ces trois entravons feront
ferrés , de manière qu’ils ne pourront gliffer du
côté où les tra&ions feront faites. D e l’anneau de
fer fitiié à la partie poftérieure de l’entravon qui
I enveloppe le tibia , partiront deux cordages affez
[forts, qui feront attachés à une traverfe immobile
là l’effet de fixer le membre. Des anneaux fitués,
[latéralement dans le fécond entravon , partiront
K encore des cordes , qui pafferont dans la poulie:
[ fupérieure, chargée de former le retour en contre-
Ibasde ces mêmes cordes , qui s’enrouleront fur le
Irouleau fupérieur, tandis que celle de la traverfe.
^inférieure recevrâ îles cordages qui viendront des.
■ deux anneaux du dernier entravon , 6c favoriferà
i leur retour en contre-haut, 6c leur enroulement
: fur le cylindre inférieur. Ces cylindres mus en-
! fuite fur leur axe par une manivelle appropriée à
I cet ufage, il eft vifible que l’extenfion 6c la contre-
lextenfion pourront avoir lieu félon toutes les conditions
requifes, 6c dans le même temps.
I Le maréchal examinera le,chemin que feront les
Ipièces fra&urées : dès qu’elles feront parvenues
■ au niveau l’ une de l’au tre, il fera la coaptation ;
|& dans la crainte qu’une, extenfion trop longue
|nait de fâcheufes; fu ite s , il ordonnera à fes aides
Ide fe relâcher légèrement, 6c d’introduire le bec
Ide chaque cliquet dans les dents du rochet qui lui
tepond. L ’un d’eux tiendra l’endroit fra&uré, pen-
Idant qu’il panfera la, pla ie ; il y mettra le pluma-,
■ ceau qu’il a préparé ,• après l’avoir imbibé d’eau-
■ Që-vie, il trempera la compreffe dans du vin chaud,
ly en couvrira citculairement le lieu de larfràâure ;
en uns il prendra le globe de la b and e, qui fera
rjnbue du même vin ; la main droite en étant faifie ,
I 11 en déroulera environ un demi-pied. Il commen-
|cera le bandage par trois circulaires .médiocrement
[ nés fur ce même lien : de-là il defcendra jufqu’à
j. extrémité dé Los par des doloires ; il remontera
il^quà l’endroit par lequel, il a. d ébu té; i l 'y pra-
I iquera. encore lè. même nombre'de circulaires , 6c
P agnera enfin la partie fupérieure du 'c a n o n , où
| ande fe trouvera eritièrement. employée.
Ce tte partie ayant plus de volume que l’inférieure,
le maréchal fera à celle-ci quelques circonvolutions
de plus n’oubliera point les renver-
fé s , par le moyen defquels on évite les godets ,
6c l’on fait un bandage plus propre 8c plus exa&.
C e i f eft pas tout ; il fe munira d’une fécondé
bande qu’il trempera dans du v in chaud . ainfi qu’il
y a trempé la première ; il l’arrêtera par deux circulaires
à la portion fupérieure , où le trajet de
cette ptemière bande s’eft terminé. Après quoi il
pofera deux ou trois attelles qu’un aide affujettira,
tandis qu’il les fixera par un premier tour de bande ;
il les couvrira en defeendant par des doloires juf-
qu’au boulet, 6c remontera en couvrant ces premiers
tours jufqu’au deffous du jarret.
Cette opération finie., il laiffera le cheval fuf-
pendu ; il le faignera deux heures après , 8c il le
tiendra à une diète humeâante 8c rafraîchiffante.
Dans les commencemens , on arrofera l’endroit
fra&uré avec du v in chaud ; 6c fi l’on apperçoit
un gonflement inférieur à l’appareil , 6c que ce
gonflement ne foit pas tel qu’il puiffe faire préfumer
que le bandage eft trop fe r ré , on fe contentera
d ’y appliquer des comprefles trempées dans
un v in aromatique. Il ne feroit pas hors de propos
de réitérer la faignée le fécond jo u r , 6c de
lever l’appareille huitième à l’effet de s’affurer de.
lé ta t de la plaie , qu’on fera peut-être obligé de
panfer d’abord tous les trois jours , 6c enfuite à
des diftances plus éloignées.
Lorsqu’elle fera dans la vo ie de fe cicatrifer ,
8c les pièces d’os .de fe réu n ir , on pourra interrompre
tout .panfement pendant un efpace de temps
affez lo n g , pour que la nature puiiîe nous fecon-»
der ; & il y à tout lieu d’efpérer qu’au bout de
quarante jours , 6c au moyen de ce traitement m é thodique,
accompagné d’un régime con fian t, i’a-
nimàl fera, totalement rétabli de cette fraâu re comr
pliqueé. & çompofée,;.car les petits peronnés font
trop intimement unis *au canon dont on peut les
regarder comme lés épines , pour n avoir pas. été
rqnipus eux-mémes. 11 peut arriver encore que le
mouvement' du.jarret du membre afle&é foit in-
tèreepté en quelque façon , 6c que l’articulation en
foit même fi fort gênée que nous foyons dans le
cas de redouter une ankilofe ; mais un exercice
modéré 8c des applications de quelques linges trempés
dans la moelle devbcèuf fondue daiis clii v in ,
ou dans des graiffes de cheval 8c d’autres animaux,
fuflùïont pour rendre à cette partie fa liberté, fon
a&ion; .& fon j'eü.
Inu .ginons à préfent une fra&ure avec déplacement
à l’une des côtes , 6c non une de (ces
fra i! lires qui pourroient s’agglutiner fans notre fe -
cours , & que nous ne pouvons découvrir que par
bafard .d^ns l’animai les fragmens n’éta'nt point
fortis de-leUr fituatibn nàturellé', ôc l’égalité de la
partie n’étAnt-’point'altérée ; fuppofons que cette
fra&ure ë f t ê n dedans, c’e f t - à -d ir e 1, que le bout
caffé f é ;porte' du côté de la poitrine , ou qu’elle