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Tous les remèdes qu’on preicriroit pour ces défauts
de conformation feraient inutiles. La mai-
•greur qui vient à la fuite de quelque maladie, fe
guérit par le repos, la bonne nourriture, &c.
Rupture du diaphragme.
La rupture du diaphragme arrive a la fuite de
quelques tranchées.
Lorfque cet accident eft arrivé , le cheval fe
tourmente beaucoup, fe couche, fe debat, & a
une grande difficulté de refpirer ; le ventre monte
avec la poitrine en refpirant ; la mort furvient
bientôt.
Etranguillon ou Efquinancie.
Maladie qui dans le cheval eft précifément la
même que celle que nous çonnoiffons, relativement
à l’homme , fous le nom à.’ efquinancie. Quèlque
groflière que paroiffe cette expreffion , adoptée par
tous les auteurs qui ont écrit fur l’Hippiatrique,
ainfi que par tous les maréchaux, elle eft néanmoins
doutant plus fignificative, qu’elle présente
d'abord l’idée du fiège & des accidens de cette
maladie.
On doit regarder l’étranguillon comme une maladie
inflammatoire, ou plutôt comme une véritable
inflammation ; dès-lors elle ne peut être que
du genre des tumeurs chaudes1, & par conféqüent
de la nature du phlegmon , ou de la nature de
l’éryfipèle. Cette inflammation faifit quelquefois
toutes les parties de la gorge en même temps,
quelquefois aufli elle n’aifeâe que quelques-unes
d’entre elles.
L’engorgement n’a-t-il lieu que dans les glandes
jugulaires, dans les graiffes, & dans le tiflu cellulaire
qui garnit extérieurement les mufcles ; «lors
le gonflement eft manifefte, & l’étranguillon eft
externe.
L’inflammation au contraire réflde-t-elle dans
les mufcles mêmes du pharynx, du larynx, de
l ’os hyoïde , de la langue ? le gonflement eft moins
apparent, & l’étranguillon eft interne.
Dans les premiers cas, les accidens font légers,
la douleur n’eft point confidérable, la refpiration
- n’eft point gênée , la déglutition eft libre ; & les
parties affe&éés étant d’ailleurs expofées & fou-
mifes à i’a&ton des médicamens que l’on peut y
appliquer fans peine, l’engorgement a rarement
des fuites funeftes , & peut être plus facilement
diflipé.
Il n’en eft pas de même lorfque l’inflammation
eft intérieure ; non-feulement elle eft accompagnée
de douleur, de fièvre , d’un -violent battement
de flanc, d’une -grande rougeur dans les yeux ,
d’une excrétion abondante de matière écumeufe ;
mais l’air, ainfi que les alimens. ne peuvent que
difficilement enfler les voies ordinaires qui leur
fontouvertes ; & fi le mal augmente , & fe répand
fur la membrane qui tapiffe l’intérieur du larynx
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& du pharynx , & fur les glandes qu’elle renfe
rm e , l’obftacle devient te l, que la refpiration
& la déglutition font totalement interceptées ; 8t
ces fondions effentielles étant entièrement fuf.
pendues , l’animal eft dans le danger ,1e plus
preflant.
Notre imprudence eft communément la caufe
première de cette maladie.
Lorfque nous expofons à un air froid un cheval
qui eft en fueur, nous donnons lieu à une fup.
preffion de la tranfpiration : or les liqueurs qui
furchargent la maffe, fe dépofent fur les parties
les moins difpofées à rèfifter à leur’abord; & les j
portions glanduleufes de la gorge, naturellement
affez lâches, & abbreuvées d’une grande quan- |
tité d’humeur muqueufe, font le plus fréquemment
le lieu où elles fe fixent. 2°. Dès que nous abreuvons
un cheval auffi-tôt après un exercice violent,
& que nous lui prèfentons quelque eau vive &
trop froide ; ces mêmes parties en fouffrant immè-
diatèment l’impreflion, la boiflon occâfionne d’une
part le refferrement foudain de toutes les fibres
de leurs vaiffeaux, & par une fuite immanquable, I
celui des pores exhalans, & des orifices de leurs
tuyaux excrétoires.
D ’un autre cô té , elle' ne peut que procurer
l’épaifliffement de toutes les humeurs contenues
dans ces canaux, dont les parois font d’ailleurs
affez fines & affez déliées pour que les corpuf-
cules frigorifiques agiffent & s’exercent fur les
liqueurs qui y circulent. _ *
Ces premiers effets, qui produifent dans l’homme
une extinétion de voix ou un enrouement, fe I
déclarent dans le cheval par une toux fourde,à
laquelle fouvent tous lés accidens ne fe bornent
pas.
Les liqueurs étant retenues & arrêtées dans les
vaiffeàux, celles qui y affluent font effort contre
leurs parois , 'tandis "qu’ils n’agiffent eux-mêmes
que fur le liquide qui les contraint : celui-ci preffé
par leur réa&ion, gêné par les humeurs en Me
qui s’oppofent à fon paffage, & pouffé fans celle
par le fluide qu’il précède, fe fait bientôt jour dans :
les vaiffeaux voifins.
Tel qui ne reçoit, pour ainfi dire, que les globules
féreufes, étant forcé, admet les globules rouges;
& c’eft ainfi qu’accroît l’engorgement, qui
peut encore être fuivi d’une grande inflammation)
vu la diftenfion extraordinaire des folides, leur
irritation, & la perte de leur foupleffe enfuite de.
la rigidité qu’ils ont àcquife.
Ces progrès ne furprennent point, lorfqu’on i‘p
fléchit qu’il s’agit ici des parties garnies & pane*
mées de nombre de vaiffeaux prépofés à la ftpf*
ration,des humeurs, dont l’excrétion empêcnee
& fufpendue, doit donner lieu à de plus énormes
ravages ,c •- '
En e ffet, l’irritation des folides ne peut que
s’étendre & fe communiquer des nerfs de la par'
tie à tout le genre nerveux ; 11 y a donc dès-lors une
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augmentation de mouvement dans tout le fyftême
des fibres & des vaiffeaux.
De plus, les liqueurs arrêtées tout-à-coup par
le reflerrement des pores & des tuyaux excrétoires
, refluent en partie dans la maffe , à laquelle
elles font étrangères; elles l’altèrent incontefta-
blertient, elles détruifent l’équilibre qui doit y
régner. En faut-il davantage pour rendre la circulation
irrégulière, vague & précipitée dans toute
fon étendue ; pour produire enfin la fièvre, & en
conféquence la dépravation de la plupart des fonc-
fions, dont l’excrétion parfaite dépend toujours
de la régularité du mouvement circulaire ?
Un funefte enchaînement de maux dépendant
les uns des autres, & ne reconnoiffant qu’une
feule & même caufe, quoique légère, entraîne
donc fouvent la deftruâion & l’anéantiffement
total de la machine, lorfqu’on ne fe précautionne
pas contre les premiers accidens , ou lorfqu’on a
la témérité d’entreprendre d’y remédier fans con-
noître les lois de l’économie animale , & fans-
| égard aux principes d’une faine thérapeutique.
Toutes les indications curatives^ fe réduisent d’abord
ici à favortfer la réfolution. Pour cet effet,
on videra les vaiffeaux par d’amples faignées à la
I jugulaire, que l’on ne craindra pas de multiplier
dans les efquinancies graves.
On prefcrira un régime délayant, rafraîchiffant :
l’animal fera tenu au fon & à l’eau blanche : on
[lui donnera des lavemens émolliens régulièrement
deux ou trois fois par jour; & la même décoâion pré-
[ parée pour ces lavemens , mêlée avec fon eau
blanche, fera une boiffon des plus falutaires.
[ Si la. fièvre n’eft pas confidérable , on pourra
[lui adminiftrer quelques légers diaphoniques, à
II effet de rétablir la tranfpiration , & de pouffer en
[dehors, par cette voie, l’humeur furabondante.
i Les topiques dont nous uferons, feront, dans le
[cas d’une grande inflammation, des cataplafmes de
[plantes émollientes; & dans celui où elle ne feroit
[queJoible & légère:, & où nous appercevrions
plutôt un fimple engorgement d’humeurs vifqueu-
| fis, des. cataplafmes réfolütifs.
Lors même que le mal réfidera dans l’intérieur,
Ion ne ceffera pas les applications extérieures ; elles
[agiront moins efficacement, mais elles ne feront
[pas inutiles , puifque les vaiffeaux de toutes ces
parties communiquent entre eux , & répondent les
[uns aux autres.
I Si. la fquinancie ayant été négligée dès les com-
jniencemens , l’humeur forme extérieurement un
| dépôt qui ne puiffe fe terminer que par la fuppu-
|ration, on mettra en ufage les cataplafmes matu-
pafifs; on examinera attentivement la tumeur, &
[On l’ouvrira avec le fer auffirôt que l’on y apper-
[cevra de la fluctuation.
i h n’eft pas poifible de foulager ainfi l’animal
ans la circonftance où le dépôt eft interne; tous
es chemins pour y arriver, & pour reconnoître
Precifément le lieu que nous devrions percer, nous
59* font interdits : mais les cataplafmes anodyns fixé
extérieurement, diminueront la tenfion & la dou*
leur,
Nous hâterons la fuppuration, en inje&ant des
liqueurs propres à cet effet dans les nazeaux de
l’animal, & qui tiendront lieu des gargarifmes que
l’on préfcrit à l’homme ; comme lorfqu’il s’agira
de réfoudre, nous injeéterons les- liqueurs réfolu-
tives.
Enfin , la fuppuration étant faite & le dépôt
abcédé , ce que nous reconnoîtrons à la diminution
de la fièvre, à l’excrétion des matières mêmes
qui flueront en plus ou moins grande quantité de
la bouche du cheval, à une plus grande liberté de
fe mouvoir, &c. nous lui mettrons plufieurs fois
par jour des billots enveloppés d’un linge roulé
en plufieurs doubles , que nous aurons trempés
dans du miel rofat.
Toute inflammation peut fe terminer par-là en
gangrène , & l ’efquinancie n’en eft pas exempte.
On conçoit qu’alors le mal a été porté à fon plus
haut degré. Tous les accidens font beaucoup plus
violens.
La fièvre, l’excrétion des matières vifqueufes,
qui précède la féchereffe de la langue & l ’aridité
de toute la bouche ; l’inflammation & la rougeur
des yeux, quifemblent fortir de leur orbite; l’état
inquiet de l’animal, Timpoflibilité dans laquelle il
eft d’avaler, fon oppreffion, tout annonce une dif-
pofition prochaine à la mortification.
^ Quand elle eft formée, la plupart de ces fymp-
tômes redoutables s’évanouiffent, le battement de
flanc eft appaifé, la douleur de la gorge eft calmée
, la rougeur de l’oeil diffipée , l’animal , en
un mot, plus tranquille; mais on ne doit pas s’y
tromper, l’abattement occâfionne plutôt ce calme
& cette tranquilité fauffe & apparente, que la diminution
du mal.
Si l’on confidère exactement le cheval dans cet
état, on verra que fes yeux feront ternes & lar-
moyans, que le battement de fes artères eft obf-
cur ; & que du fond du fiège de la maladie s’échappent
& fe détachent des efpèces de filandres blanchâtres
, qui ne font autre chofe que des portions
de la membrane interne du larynx & du pharynx,
qui s’exfolie : car la gangrène des parties internes ,
principalement de celles qui font membraneufes ,
eft fouvent blanche.
Ici le danger eft extrême. On procédera à la cure
par des remèdes modérément chauds , comme par
des cordiaux tempérés : on injeâera par les nazeaux.,
du vin dans lequel on aura délayé de la
thériaque , ou quelques autres liqueurs fpïritueu-
fes : on appliquera extérieurement des cataplafmes
faits avec des plantes réfolutives les plus fortes ,
& fur lefquels on aura fait fondre de l’onguent
ftyrax ; & l’on préviendra l’anéantiffement dans
lequel la difficulté d’avaler précipiteroit inévitablement
l’animal, par des lavemens nutritifs.
Quant à l’obftacle qui prive l’animal de la faculté