
petits ouvrages. Elles emploient aufli-, au même
ufage , du papier argenté 8c des cartons dorés fur
tranche , fabriqués par petites bandes , avec le f-
quelles elles exécutent tous ces petites rouleaux
dorés , qui font dans les reliquaires qu’elles fe plaident
à orner. Ces papiers, tant dorés qu’argentés ,
aufli-bien que les cartons dorés fur tranch e, fe
fabriquent à Paris.
A l’égard du papier doré d’Allemagn e, on ne
l’imite point en France , par la raifon que tirant
le cuivre en feuille de cette contrée, il deviendroit
trop cher.
C e papier fe fait avec des planches de cuivre
jaune évidées , bien en fo n d , autour des maffes
& des contours gravés. Les feuilles de cuivre appliquées
par-tout fur la feuille de couleur qu’on
veu t dore r, font pofées fur la planche dè cuivre
qui doit être ch aude, comme à peu près le font
les fers dont fe fervent les doreurs de couvertures
de livres quand ils les emploient. Puis paffant le
tout entre deux rouleaux cylindriques , tels que
peuvent être ceux de la prefle en taille-douce, la
planche en gauffrant le papier fait attacher l’or
ou l’argent deffus ; alors la feuille eft étalée pour
la laiffer refroidir & fécher. Enfuite on l’époufte ,
afin d’ôter tout l’or des endroits où n ’ont pas marqué
les ornemens , figures & traits de planche de cuiv
re . C e qui la perfeâionne & la met en état d’être
employée.
Papier argenté.
Les Chinois ont des papiers argentés , fur le s quels
ils tracent toutes fortes de figures de fan-
taifie.
La préparation de ce papier fe fait à peu de
frais ; car pour l’argenter, ils ne fe fervent point
d’argent. Le procédé eit fort Ample., on le tient
du père Duhalde. L e voici.
O n prend deux fcrupules de glu faite de cuir
de boe u f , un fcrupule d’alun , une pinte d’eau.
O n met le tout fur un feu lent , jufqu’à ce que
l’eau Soit prefque toute évaporée : on étend en-
fuite des feuilles de papier fur une table , & avec
lin pinceau on y applique deux ou trois couches
de cette glu : on prend enfuite une poudre faite
d’une certaine quantité de talc bo u illi, & mêlé
avec le tiers de cette quantité d’alun ; après les
avoir bien b ro y é s , on les palfe au tamis ; on la
fait enfuite bouillir de nouveau dans l’eau ; puis
on fait fécher cette poudre au foleil , & on la
broie enco're de nouveau. Alors on faffe cette
pou dre, qui eft très-fine, à travers un tamis très-
fin , fur les feuilles de papier préparées. Cette
poudre de talc s’y colle ; on les tait fécher à l’ombre
, après quoi on les liffe avec un morceau de
coton pour enlever le fuperflu du talc.
Papier brillant ou. à fleurs, & figures brillantes.
C ’étoit une forte de papier q^e lo u eu r Papillon
avoit trouvé le Secret de rendre très - agréable
fou qu’il l’eût inventé ou qu’il ne l’eût que per.’
fe&ionné. V o ic i fon procédé.
A deux onces de colle de poiflon qu’il mettoit
tiédir & fondre, il a joutoit le double d’amidon qu’il
délayoit bien en tournant, jufqu’à ce qu’il n’y eût
point de grumeaux 8c que le tout fût bien mêlé-
il laiffoit repofer jufqu’au lendemain que, voulant
s’ en Servir, il faifoit encore tiédir.
Puis ayant poncé légèrement ayec du charbon
prefque impalpable, le defiîn piqué qu’il vouloit
faire, avec un pinceau & de cette colle ci-deffus
& t iè d e , il deflinoit toutes les fleurs du deffin
piqué.
Enfuite, il femoit deflus du brillant d’une feule
cou leur, qui ne s’attachoit qu’aux endroits où avoit
paffé le pinceau ; 8c ayant laide fé ch e r , en épouf-
tant la feuille le brillant ne reftoit qu’au deflin:
mais pour mettre fur une feuille plufieurs brillans
de couleurs différentes , il fe fervoit de patrons
découpés par parties Séparées , couchant à travers
la colle avec une broffe ou gros pinceau,
fur la fe u ille , chaque partie ; Semée enfuite du
brillant de la couleur qu’il vouloit , féchée &
épouftée, il procédoit à coucher la colle à travers
un autre patron , & à mettre enfuite un brillant
d’une autre cou leu r , faifant ainfi fucceflivement
jufqu’à ce que tous les brillans de différentes couleurs
fùffent tous appliqués fur la feu ille, laquelle
achevée devenoit extrêmement riche : mais il
fa llo ir, pour employer ce papier, le coller très-
proprement; car la colle ordinaire qu’on mêloit
par derrière pour le pouvoir p o fe r , détrempoit
affez vite la colle des brillans, ce qui faifoit barbouiller
tout l ’ouvrage.
Il faifoit aufli de la toile avec les mêmes brillans
& de la même façon.
Papier de couleur uni,-
C e papier eft très - aifé à faire ; il ne s’agit que
d’avoir une groffe broffe, que l’on détrempe dans
la couleur que l’on veu t donner au papier.
Le papier que l’on choifit d’ordinaire pour mettre
en couleur eft du papier bulle, parce que ce papier
étant bien collé , les couleurs y paroiflent
plus belles, plus v iv e s , & il ne s’y forme point
de taches.
Pour faire le noir, délayez dans de l’eau gommée
du noir d’os ou du noir d’ivoire , mais rarement
du noir de fumée , parce qu’il ne' s’applique pas
bien.
L e jaune fe fait avec la graine dAvignon.
L e bleit avec le tournefol ou l’indigo.
Le rouge avec le bois de Fernambouc.
On fait le vert avec celui de veffie1, qui eft corn-
pofé de jus de nerprun.
Le bois d’Inde fert à faire le violet, qui pren(J
un oeil rougeâtre en y mêlant un peu de rouge
de B réfil*
La couleur de bois fe fait avec le biftre.
Le vert clair avec le vert-de-gris.
Les différens rouges avec la la cq u e , le vermillon
,• &c.
Papier en mofaique 8* autres.
Pour imiter la mofaïque, les fleurs & même le
payfage , on a des planches gravées en bois où
le trait eft bien é v id é , large 8c épais, & dont le
fond a un pouce ou environ de profondeur. Le
tapis de couleur étant formé fur l’eau du baquet,
on applique la planche fur la furface : les traits
faillans de la planche emportent les couleurs qu’ils
atteignent, 8c forment un vide de couleurs fur lë
baquet; alors on y étend par deffus une feuille
qui fe colorie par-tout , excepté aux endroits dont
la planche a enlevé précédemment la couleur , 8c
qui prend le deflin qu’on a voulu lui donner.
Vernis,
Il y a des perfonnes qui ont voulu mettre du
vernis fur le papier marbé ; leurs effais n’ont point
réufli, parce que le vernis a détrempé jufqu’à pré-
fent les couleurs de la marbure 8c a tout gâté. Il
faudroit trouver un vernis q u i , fans endommager
l’ouvrage, fe fixât fur le papier, comme celui dont
on fe fert pour fixer le paftel.
Telle eft , par exemple , cette liqueur employée
avec fuccès pour cet ufage.
Elle fe prépare en faifant fondre de l’alun en
poudre dans deux verres d’eau. Lorfque l’eau s’eft
chargée de la quantité d’alun qu’elle peut diffou-
dre, il faut la décanter de deflus l’alun qui peut
refter au fond du vafe.
Dans cette eau bien imprégnée d’a lu n , on met
pour quatre ou cinq fols de colle de poiflon bien
claire & bien nette. Lorfque cette colle a trempé
- vingt-quatre ou trente heures, on fait bouillir l’eau
pour que là colle achève de fe fondre entièrement.
On paffe enfuite cette liqueur à travers un linge,
pour oter le peu de réfidu qu’il peut y avoir : on
verfe cette eau ainfi,; imprégnée de fel alumineux
& de colle dans une bouteille de verre , où l’on
a mis auparavant trois chopines d’eau-de-vie non
coioree, à laquelle on a ajouté un bon verre d’ef-
pnt-de-vin.
On fait chauffer au bain-marie cette liq u eu r ,
quand on veut s’en fervir , prenant bien garde fi
a. co lle de poiflon s’eft bien d iffou te.O n met cette
•queur dans un grand baflin ou fur une toile cirée.
I P'onger la feuille de papier 8c l’en ô te r , doit
etre 1 opération d’un clin d’oeil. O n la retire horiétalement
8c on la place dans cette même po-
fcaon , pour la foire fécher..
Un peut encore, avec une brofl'e d o u c e , ap-
jV^uey deffus la feuille marbrée une ou deux coues
de colle de poiflon fondue , 8c affez forte
Pour quelle forme comme une efpèce de gelée.
Lorfqu’elle eft refroidie , on y mêle environ un
tiers d’efprit-de-vin ou de bonne eau-de-vie non
colorée. Qu and cette préparation eft sè ch e , on
y applique du vernis dont on fe fort pour les découpures.
Papiers peints.
C e font aufli les dominotiers qui font ces ef-
pèces de papiers peints , qu’on a pouffés à
Paris à un tel point de perfe&ion, qu’on s’en fert
pour meubler 8c orner des appartemens, 8c qu’on
en fait des envois confidérables dans les pays
étrangers.
Pour faire ces fortes de papiers peints , qui font
préfentement le principal objet du commerce de la
dominoterie , on commence par tracer un deflin
de Amples traits fur plufieurs feuilles de papier
collées enfemble, de la hauteur 8c largeur que l’on
veu t donner à chaque pièce de tapifferie.
C e deflin étant a c h e v é , fe coupe en morceaux
aufli hauts 8c aufli longs que les feuilles de papier
que l’on emploie communément pour ces fortes
d’impreffions ; 8c chacun de ces morceaux reçoit
enfuite féparément , une empreinte fur des planches
de bois de poirier, travaillées par un graveur
en bois.
Pour imprimer avec ces planches ainfi g ra v é e s ,
on fe fert de preffes affez femblables à celles de
l’imprimerie, à la réferve que la platine n’en peut
être de métal, mais feulement de b ois, longue d’un
pied 8c dem i, large de dix p ou ces , 8c que ces
preffes n’ont que de grands tympans.
L ’on fe fert aufli de l’encre 8c des balles des
imprimeurs , 8c de même qu’à l’imprimerie : on
n’effuie point les planches après qu’on les a noircies,
à caufe du relief qu’elles o n t , qui les rend
plus femblables à une forme d’imprimeur qu’à uns
planche en taille-douce.
Lorfque les feuilles ont été imprimées 8c fé-
ch é e s , on les peint 8c on les rehauffe de divêrfes
couleurs en détrempe, c’eft ce qu’on appelle enluminer
; 8c lorfqu’on veut les emp lo y e r, on les
affemble pour former dés pièces d’une grandeur
convenable pour l’endroit où on veut les placer.
Images de Dominoterie,
On appelle aufli dominoterie, certaines grandes
images gravées en bois, au bas 8c à côté desquelles
font des légendes , des proverbes, des rébus, 8c
autres femblables bagatelles.
Règlement pour les Dominotiers.
Les ouvriers marchands dominotiers font appelés
dominotiers, marbreurs de papiers, imagers &
tapifliers.
Par l’article LX I du réglement de 1686 , il eft
dit que les fyndic 8c adjoints des libraires 8c imprimeurs
iront en vifite chez e u x , pour voir s’ils
ne contreviennent pas aux réglemens.