
renient de F Aragon. On voit de grands'champs, le
long de la rivière d’Ebre , tout couverts de cette
plante, principalement au-deffous de SaragofTe. L a
racine s’étend loin da maître brin , quelquefois
jufqu’à 30 à 40 pieds , mais à peu de profondeur.
Nous traitons ic i de cet article , parce que les
Aragonois envoient la plus grande partie de la
réglifle'qu’ils recueillent à Bayonne , où ils font
fùrs de s en procurer le débit ; & comme c’eft à
B ayonne que les étrangers s’adreffent ordinairement
pour faire acheter & charger'cette racine , c’eft Î6i
le lieu d’en donner un compte fimulé.
30 Balles de re'glijje de SaragofTe , pefant enfemble 6}6oO, ifc
? a le q,uihtal, ......................... ..... L.
• F r a is â 3expédition.
Droits de fortie à 12 'f. le quintal, .► . ..............................> . L . 35 I2
Pour refaire lés balles , tirer de la balance & portera bord., a 20 f.
la ballejL-.. • ..................................................#
Emmagafinage s 1 par balle, pefage à 1 f. le q1. . . • . ......... 10 16
Courtage de change. & ports de le t t r e s ,................................... 4 a
Cpmniiiïîon fur L . 1,074 à 2 p.f . . . ............................. • « • . a i 10
55>o
10 6
L a graine de lin de B ayo n ne eft d’une très-
bonne eîpèce , fur-tout pour faire de l’huile , vaut
de 3 à 4 1 . la conque , mife a bord du navire franche
de tous frais , excepté la commiffion.
Indépendamment du commerce maritime- de
B a yo n ne avec toutes les nations de l’Eu rope, cette
ville en fait un très-étendu par la voie de terre avec
les Aragonois , les Navarrois , les Bifcayens~& les
habitans de quelques autres provinces d’Efpagne,
qui viennent fréquemment a B a yo n ne , non-feulement
pour, y vendre leurs marchandifes , mais pour
y acheter celles dont ils ont befoin. L a régiiffe n’ eft
pas le feul article que fournifTent les Espagnols à
la ville de B ayo n ne ; ils y envoient une grande
quantité de balles de laine , objet de fpéculation
très-lucratif pour les négocians Bayonnois , qui la
font acheter par les commiflionnaires qu’ils o n t ,
ou par dés fadeurs qu’ils envoient dans la Ca ftille,
l ’Aragon, la Navarre & la Bifcaye. Ces fadeurs
fe répandent dans les différens cantons de ces, provinces
pour, faire eux-mêmes l’achat des laines,
foit lavées , foit en fuin ou furge -, & les envoient
enfuite à B a yo n ne , tant par mer, Dar les ports
de Bilbao & Santander , que par terre, fur le dos
des mulets,. Les Efpagnols, qui font le commerce
de laines , en font fouvent auffi des envois à
B a yo n ne , o ïl ils les font vendre pour leur compte.
L e s ufages de la vente des laines d’Efpao-ne à
B a yo n n e font de régler le prix des laines de fécondé
qualité à 6 f. par livre moins que celui de la première
for te , & la laine de troifiéme qualité à 6 £
par livre, moins que le prix de la fécondé forte :
îuppofons que les R fe payent à Bayonne à 48 f.
la ; les F vaudront 41 f. & le s S ou T 36 f. la it>.
On accorde à l’acheteur pour la tare , le poids du
ballin ou de l’enveloppe de la balle , qui pèfe de
de 11 â 14 ib & quelquefois plus , & enfin 3 ifc
par balle de bon poids, qu’on npmmç doji%
L . 1,056
Les envois confîdérables d’argent que les Efpagnols
font à B ayonne , rendent le commerce de
change de cette ville un des plus confidérables de
France.
L e commerce d’importation maritime de B a yo n ne
n’eft pas bien grand ; il y vient cependant , tant
des ports de Hollande que de beaucoup d’autres
d Europe, des chargemens compoiés de chanvre ,
bleds , épiceries, cacao, fromages & autres articles.
S.. J e a n -d e - L u z , ville appellée en langue Baf-
que L u y ou L o itxu n , eft fituée fur le bord de la
mer. Elle eft formée des. bourgs de «5*. Jean de
L u £ & de Sibou rre, qui ne font féparés que par
la rivière de Nihete fur laquelle on a jetté un pont
de réunion. Les habitans de S . Jean de L u ^ ont
montré une activité furprenante tant qu’ils n’ont pas
été gênés dans leurs opérations 3 aujourd’hui encore
S. Jean-de-Lu^ eft de toute cette partie de la
France l ’endroit, après Bayonne , où fe fait le plus
grand commerce, quoiqu’il y foit infiniment déchu
de ce qu’il fut autrefois. Plufieurs caufes ont contribué
a fa décadence, mais la principale eft l’éti-
bliflement des régies , dont le feul nom remplit d 1
frayeur les habitans du Labour , q u i , de temps immémorial
, étoient en poffeffion de prérogatives &
privilèges précieux. I l eft incroyable combien ce
pays-la s’eft dépeuplé depuis l ’époque de cette politique
mal entendue de ht France , & combien cette
couronne a perdu par la décadence du commerce à
S. Jean-de-Lu% , qui faifoit autrefois des arméniens
très-confidérables pourla pêche de la baleine &
notamment pour celle de la morue. I l fuffit de dire
que les habitans du pays de Labour , conjointement
avec ceux de Guipufcoa & de Bifcaye , deux provinces
d’Efpagne ,, ont été les premiers qui aient fait
ces deux fortes de pêche.
A n d a ye ou A n d d ia , dernier bourg de France ,
fitué fur. la rive droite du B id a o j f a , rivière qui
lépare ce royaume de celui d’Efpagne, eft renomme
par l’eau- de-vie qu’on y fabrique. On le nomme,
en langage du pays , M ifielà.
B o r d e a u x , l’une des plus belles, des plus marchandes
& des plus floriffantes villes de .France ,
capitale de la Guyenne, eft bâtie en arc ou demi-
lune fur la rive gauche de la Gardhne, à 16 lieues
deux tiers fud-eft de fon embouchure dans l’Océan.
L à commodité & la fureté de fon port y attirent
des navires de toutes les nations de l’Europe , qui
trouvent en tout temps de l’année des chargemens
des principaux articles de cette ville , dont nous
parlerons ci-après. Les édifices & les établiffemens
relatifs au commerce les plus remarquables font, la
douane & la bourfe. L a nouvelle falle de comédie eft
un fuperbe bâtiment qui a coûté des fouîmes confidérables.
L a ville de B ord eau x av dans fon enceinte,
& dans fes fauxbourgs du Chartron , de J 1. Su rin
& du Chapeaur-rouge, des chays, des caves & ma-'
gafins en fi grand nombre , qu’il ne feroit pas pof-
uble d’en faire l’énumération : les manufactures & J
les fabriques font en petit nombre à B ord eau x ^
l’on y fait cependant quelques couvertures bien apprêtées.
U n établiflement fort utile dans cette ville,
eft une manufacture de dentelles , dont le produit
fait fubfifter beaucoup d’habitans.
L e commerce de B ord eau x eft alimenté de deux
fortes de marchandifes ; celles que produifent le pays
même & fes environs , comme vins, eaux-de-vie &
autres 5 & celles qui viennent dans cette ville des
colonies Françoifes , telles que le fucre , le café ,
l ’indigo , &c. Nous allons entrer dans un détail
convenable fur ces articles , & nous nous contenterons
de nommer les autres marchandifes qui fe trouvent
à B ord eau x & que les étrangers y font acheter.
On eftime que dans la fénéchauffée de Bordeaux
il peut fe recueillir, année commune, 100,000 tonneaux
de vin, dont 80,000 fe confomment à B o r de
a u x meme & aux environs. Il vient en outre dans
cette ville , environ 5,000 tonneaux de vin du haut-
pays, c’eft-à-dire des cantons au-deftus de S. Macaire,
à feptlieües de B ordeaux ; 10,000 tonneaux de la
haute Guyenne , & quelques mille tonneaux du
Languedoc. Ces derniers ne font guère que des vins
d’E{pagne ,, notamment de Catalogne 5 on s’en fert
a B ordeaux pour fortifier les petits vins qui n’ont
pas allez dé corps pour fupporter le trajet de la mer.
Ces vins viennent de Barcelone, de Benicarlo , de
Saloii & de quelques autres ports de Catalogne, à
Cette , où ils payent pour droit d’entrée i livres
par pipe. L à , on tire des officiers municipaux de
la ville un certificat que ces vins font du. cru de
la province de Languedoc , moyennant quoi ils font
exempts de certains droits aupaffàge d’une province
dans une autre & à leur entrée à B ordeaux. Ces
vins defeendent de Cette par le grand canal de Languedoc
& les rivières qui font la communication
de 1 Océan avec la Méditerranée. L e canal royal
de Languedoc prend fa fource proprement à l’étang
de T h a u , qui communique J à la Méditerranée par
le port de Ce tte, au moyen,d’ua autre canal. On
lui donne 32, lieues de longueur d’une extrémité
à l’autre , c’eft-à-dire depuis l’étang de Thau jufqu’â
la jonction du canal avec la Garonne au - deflous
de Touloufe. Le s vins qu’on charge à B o rd ea u x ,
font des blancs de Langon , de Prignas, dé Barfac,
de Sauternes & de Bommes. Dans les années d’une
récolte commune, ils fe vendent depuis 180 jniqua
zoo 1. le tonneau. Les vins.de Pondenfac & de
Caftres font de deux fortes 3, les blancs, qu’on vend
20 à 30 écus 3 & les rouges, qu’on vend 35 à 40.
Les vins de Graves de Bordeaux font tous vins,
rouges 3 leur prix eft depuis 40 jufqu’à 86 écus le-
tonneau, mais il y en a peu à ce dernier prix &
•beaucoup depuis 150 jufqu’à 200 1. Les vins dé
Graves de Médoc fe vendent diverfement fuivant
les divers terroirs où ils croiflent : ces Graves , qui
contiennent dix lieues de p a y s , ne produifant pas
des vins d’une égaie bonté , il y a quelquefois cinquante
pour cent de différence & même plus. De
ces vins , les uns fe vendent depuis 50 jufqu’à
iqo 1.3 d’autres depuis 100 jufqu’à 150 1. 8c quelques
autres , mais peu , depuis 180 jufqu’à io o 1. le
tonneau. Tous ces prix s’entendent des vins nouveaux
que les marchands de vin & les négocians
de Bordeaux achettent après les vendangés 3 mais
ces mêmes vins, après qu’ils ont été traités & qu’ils
ont demeuré quelques années dans les chays ou caves
des négocians & marchands de vin , font vendus
fuivant leur qualité & fuivant les circonftances plus
ou moins favorables, à la vente , 2 , 3 ,5 & 6a© écus
le tonneau 5 il y en a même qui fe payent jufqu’à
500 & 1,000 écus le tonneau. Ce font les Anglais
qui font la plus forte confommation de ces grands
vins , dans le choix defquels, il y a fouvent peut-
être plus de caprice que de goût. A u furplus , les
prix de tous ces vins varient fuivant que les cueillettes
en font plus ou moins abondantes , & fuivant
auffi que les qualités de chaque cru font bonnes ou
médiocres. D’ailleurs un même vin a différens prix
fuivarit fon âge & la manière dont il -a. été traité.
L ’âge des vins fèfuppute par feuilles.: on dit un vin
de deux , de quatre , de fix feuilles, pour fignifier
un vin de deux , de quatre '& de fix ans , prenant
pour une année chaque nouveau pampre dont la
vigne s’eft couronnée depuis que le vin eft fa it ,
c’eft-à-dire , depuis qu’il eft vendangé 5 car à proprement
parler , aucun vin n’eft fait qu’après dix-
huit mois ; c’eft le temps qu’il faut à une certaine
matière craiïè pour s’en réparer totalement & s’attacher
à la barrique 3 il eft vrai qu’on a trouvé le
fecret d’obtenir la féparation de ces parties craffes
dans douze à quinze jours , quand meme le vin ne
feroit qu’être extrait de la grape, mais cela ne peut
fe faire fans qu’il perde de fa force. On donne
divers noms au vin , fuivant la manière dont il a été
traité : on appelle vin n atur e l, celui qui eft tel qu’ il
vient de la" vigne , fans mélange ni mixtion 3 vin
fr e la t é , celui où on a mêlé quelque drogue pour
lui donner de la fo r c e , da montant, de la douceur ,