
arable à "Rouen,' & elle y occupe plus de foixante &
#ix métiers, fous trente à quarante maîtres toiliers,
c ’eft ainfî qu’on y appelle ce qu’on nomme ailleurs
des tifferands. Les fortes de toiles qu’on y fabrique,
font des blancards, des fleurets, des toiles brunes &
des- toiles de coffre; On peut voir à l’article des.
réglemens des toiles, ceux de 1 6 7 6 , 1683, 1684
& 1716 , donnés pour les toiles de Rouen & des
environs»
Toutes ces toiles fe vendent fur les lieu x , d’où
elles font envoyées partie à P aris, & partie dans les
pays étrangers, entr’autres en Efpagne.
• L a grande quantité qui s’y en fabrique & dans
toute la géné ralité, a fait établir à Rouen un des fîx
jnfpeéfceurs des manufactures pour les toiles qui font
dans le royaume.
Il fe fa it , année commune, dans la chapellerie
de Rouen & des villages çirconvoifins, près dé trois
mille cinq cent douzaines de chapeaux de la in e , &
julqu’à fîx cent douzaines de chapeaux à poil j cette
grande quantité d’ouvrage fe fait par quatre-vingt
maîtres chapeliers établis, tant dans la ville & fes
fauxbourgs, qu’aux environs. Partie de ‘ces cha-
eaux fe débitent dans Rouen même, le refte va à
aris.
I l fe fait dans plufîeurs moulins établis dans quelques
vallées voifînes de R o u e n , une très - grande
uantité de papier de toutes fortes,-particulièrement
e gros papier pour fervir d’enveloppes aux étoffes
& raarchandifes, & du papier pour l’imprimerie $
la fa b r iq u e du papier à écrire n’y réuffiflant pas
fî bien que ces deux autres efpèces. Chaque moulin
peut faire huit à dix rames de papier par jour, &
occupe ordinairement jufqu’à fîx perfonnes.
Enfin, les maîtres teinturiers y font au nombre
de près de quarante , partie du grand & bon tèint,
& partie du petit teint. Ils travaillent également les
uns & les autres pour les manufactures de la ville
& pour celle • de Darnetal.
I l e n tr e , année com m u n e , dans la v ille de Rouen,
n e u f mille balles de la in e s , dont i l y en a plu s de la
mo itié de laines d’Efpagne de différentes qualités j
le refte eft de c elles de France qu’ on nomme laines
communes.
D a r n a t a l o u D a r n e t a l . L a fa b r iq u e de la
draperie du bourj* de D a r n e ta l, y eft très-ancienne.
L e corps des maîtres qui y tra v a illen t, n eft pas feulement
compo fé des fabriquans de ce b o u rg ; mais
aufli de tous les v illa g es de cette v a llé e . O n les nomme
ordinairement drapiers façonniers , & c ’eft le
nom qu’ ils o n t dans leurs ftatuts.
Le s premiers de ces ftatuts font du régne de Henri
I I I , en 1587, confirmés depuis & augmentés en
1605 par Henri I V , en j 6z6 par Louis X I I I , &
en 1644 par Louis X IV . On peut voir dans l’article
des réglemens, le paragraphe où il eft parlé de ceux
dreflés depuis 1601 julqu’en 1721.
Les diverfos draperies qui fe fabriquent par les
maîtres de cette communauté, font des draps façon
d’A n g l e t e r r e & d e H o l l a n d e , q u i o c c u p e n t o r d i n
a ir em e n t a u - d e là d e q u a t r e - v in g t -d ix m é t ie r s .
4 Des draps, façon d’Elboeuf, où travaillent environ
fîx métiers.
Des draps d’Ufïèau, pour lefquels il y en a
jufqu’à vingt-cinq.
Et des droguets ou pinchinats, qui en ont quarante
ou quarante-cinq.
On eftime les draps de D a rn e ta l, d’une qualité
un peu inférieure à celle des draps de Rouen $ mais
l’expérience a fait connoître qu’il étoit avantageux
‘ au commerce des uns & des autres , qu’ils ne fufi
fent pas égaux. L e débit s’en fait par tout le royaume.
L a fa b r iq u e des couvertures de laines, eft la fe-;
conde branche du négoce de ce bourg & de fa vallée,
& ne le cède guères à celle des draps. Il s’y
fait des couvertures de toutes qualités, de grandes,
de petites, de fines, 3e communes & de grofiès ,
& en fî grande quantité, qu’elle en fournit feule
à la moitié du royaume. Près de quatre-vingt métiers
font employés pour cette manufacture.
S a in t -A u b in -l a -Ri v i è r e . L a fa b r iq u e des draperies
n’a commencé à Sa in t-A u bin , qu’en l’année
1691 j les lettres-patentes de fon établiffement, font
du mois de feptembre 1671 : elles lui donnent la
qualité de manufacture royale & privilégiée.
Ses premiers entrepreneurs ont été de riches marchands
de Rouen, entr’autres les fleurs Ango &
Cannu, qui y ont fait faire des draps façon de Hollande
& d’Angleterre, qui ont allez bien réu/Iî.
Ses métiers font préfentement au nombre de plus
de trente.
E leoe u f . L a manufacture des draps d’E lboe u f ,
eft d’un ancien établiffement, & s’eft toujours foute-
nue avec réputation, fuivant la qualité des draps qui
y ont été entrepris en différens temps.
Jufques au grand réglement de 1669 , il ne s’y
étoit fabriqué que de gros draps blancs qu’on fai-
foit teindre en diverfes couleurs , pour faire des
manteaux de pluje & des cafaques de campagne.
Mais toutes les manufactures du royaume ayant été
alors animées & foutenues par la protection que
leur avoit accordé Louis X I V , à la follicitation &
par les foins de M. Colbert, celles S E lboe u f furent
des premières qui en reflentirent les effets par deux
établiffemens confidérables, qui s’y firent de draps
fins façons de Hollande & d\Angleterre, & par la
perfection qu’y acquirent les autres fortes de draps
qui s’y fabriquèrent depuis.
Les fleurs le Mounier & le Comte, furent les
entrepreneurs de ces nouveaux établiffemens} l’un
avec quatre affociés , & l’aiitre avec fîx. Quoique
tous les deux fuflènt très-habiles, le premier fut le
plus heureux , & il donna fon nom aux draps A3E l - .
boe u f , qui furent longtemps appellés draps de
Mounier
. Comme la plupart de ces entrepreneurs faifoient
profeffîon de la R. P. R. on crut que leur retraite en
Hollande, après la révocation de l’édit-de Nantes §
cauferoit la ruine de leurs manufactures 5 mais elles
fcnt été fi heureufement foutenues par les maîtres
catholiques , qui avoient travaillé fous eux , que
les draperies S E lboe u f , bien loin d’avoir fouffert
quelque diminution en les perdant, ont augmenté de
réputation, & fe font .confervées un rang honorable
parmi les meilleures fabriques du royaume.
On compte préfentement à E lboe u f ensveon quarante
maîtres , qui occupent près de trois cent métiers
, dont la plus grande partie travaillent en draps
fins ordinaires ; n’y en ayant qu’une trentaine pour
les draps fins façon de Hollande & d A ngleterre, &
feulement quatre ou cinq pour les draps blancs.
L a manufacture des tapifferies , façon de point
de Hongrie, eft allez confîdérable. Elles font dn
nombre^e celles qu’on nomme à P a r is , tapijjeries
de la porte de P a r is . On en parle ailleurs. Voye^
TAPISSERIE.
■ Il y a à E lboe u f ‘trois marchés par femaine y fça-
v o ir , le mardi, le vendredi & le famedij & une
foire à la Saint-Gilles, où il fe trouve quantité de
marchands ; les bleds font le principal objet de
commerce de ces marchés, Sc les draperies, de fa
foire.
Une voiture d’eau , qui part tous les Jours d’E l boe
u f pour Rouen , facilite l’enlèvement de fes mar-
chandifes & de fes grains.
O r i v a l . I l ne fe fait à O r iv a l, que des draps
façon d’Elbçeuf, d’une aune & un quart de large.
Quatre ou cinq -maîtres y font travailler environ
Vingt métiers,
L o u v ie r s . I l fe fait dans cette fabrique de deux
fortes de draps $ les uns façon de Hollande & d’An gleterre
, & les autres façon d’Elbceuf. Les premiers
occupent environ vingt-cinq métiers , & les autres
jufqu’à foixante. On ^ compte onze ou douze maîtres
, entre lefquels font partagés fes quatre-vingt-
cinq métiers.
C ’eft au fleur Langlois , que la ville de Louviers
eft redevable de l ’établifïement de. ces deux fa b r iques
de draperies, j mais ce font les fîeurs Jean
Maille f î fes, affociés, André & Thomas le Mounier,
qui les ont perfectionnées. L e premier en obtint le
privilège en 1681 , que les autres comme fes cef-
fionnàires, ont exercé depuis. L a plupart des maîtres
qui travaillent préfentement dans cette manufac- .
tu r e , font enfans de la ville , & ont fait leur ap-
prentiffage fous ces trois habiles fabriquans.
Sa majefté accorda un fécond privilège en 1687 ,
aux fleurs Remalles, Hollandois; mais les étrangers
n’ont pas fî heureufement réufli que les François.
P o n t - d e - L a r c h e . Les draps de cette fabrique
ont beaucoup de réputation j elle y fut établie en
1690, par les fîeurs de la Rue & Bourdon, habiles
fabriquans d’Elboeuf, qui ont depuis étendu cet
établiffement dans deux villages voifîn$. Les métiers
du chef-lieu & de fes deux annexes , vont jufqu’au
nombre de vingt-cinq. Les'draperies qu’on y fait
font des draps façon de Hollande & d’Angleterre.
L e commerce des bois y eft aufli tres-cpnfidérab
le , & fa forêt qui s’étend jufqiles auprès de Lou viers
, en fournit quantité à Paris & a Rouen.
E v r e u x . Le s draperies qui s’y fon t , confîftent
en draps , en frocs & en ferges. Ces dernières font
des ferges blanches de demi-aune de large de tres-
bonne qualité , où l’on n’emploie que des laines du
pays. L e débit s’en fait aux marchands de la ville
& à ceux de Rouen. L a fabrique de ce s étoffes
occupe près de vingt-cinq métiers. Les eaux de la
rivière d’Iron , une des deux qui traverfent cette
v ille , font très-bonnes pour l’apprêt des laines.
On fait aufli à E vreu x une très-grande quantité
de toiles, & il fe débite beaucoup de grains dans
fes marchés.
G i z o r §. Il fe faifoit autrefois à Giyors , quantité '
de draps communs ; mais comme on n’y employait
que des laines du p a y s , qui font d’une très-mauvâife
qualité, cette fabrique eft prefque tombée.
On y établit en 1693 , une manufacture de draps
façon de Hollande & d’Angleterre , qui fe foutient
avec affez de réputation : cet établiflement fut fait
par le fleur Buflief, marchand de R ou en, en vertu
de lettres-patentes ; les quatre métiers qui commencèrent
d’abord cet établiffement, ont été depuis augmentés
de plufîeurs autres.
G o u r n a Y . . Les manufactures de cette ville
confîftent toutes en ferges façon de Londres, qui
font très-bien travaillées, & qui pourroient paffer
pour parfaites, fi les facturiers pouvoient y employer
de meilleures laines.
L ’établiffement de cette fab riq ue a,commencé en
1673 , par ordre exprès du r o i ,~qui en chargeales
fermiers-généraux j deux manufacturiers; de Beauvais,
en avoient la conduite en mais toutes -
les avances fe faifoient par les fermiers. Elle continue
toujours à peu près fur le même pied, & occupe
environ foixante métiers..
On tient à Gournay, tous les mardis de chaque
femaine , un marché célèbre par les bons beurres
de Bray , qu’on y vient chercher de tous côtésï
B olbeo. Ce bourg, un des plus confidérables du
pays de Caux , eft célèbre par la fabrique des étoffes
de laine, qu’on nomme fr o c s qui font eftiméés les
meilleures de toutes .celles qui fe travaillent en Normandie.
I l s’en fait de deux fortes ; les unes, de deux
tiers de large j & les autres, de demi-aune un feize,
qui font les unes-& les autres de pure laine du pays.
Cette fab riq ue qui n’avoit d’abord été établie que
dans le bourg, s’eft depuis étendue dans plus de
vingt villages circonvoifins, où plus de cinquante
maîtres font travailler près de quatre-vingt-dix métiers.
L e produit des étoffes tant de Bolbec , que
des environs, va année commune à fîx mille pièces,
qui fe vendent partie fur lés lieu x , & partie
aux marchands de Rouen.
Les, autres fab riq ue s de B o lb e c , font des toiles,
des dentelles de f il, des chapeaux & des cuirs3 la
tannerie fur-tout, y eft tfès-confîdérable 5 il s’y fait
aufli d’affez bonne coutellerie.
L e territoire ■ produit des grains, du bois a bâtis