
au-delà du détroit -, Cadix 8c Seville. Lisbonne , capitale
du Po r tu g a l, eft auffi une des. villes fur
rO c é a n , ovl Ma rfeille porte fes marchandifes 8c Ton
négoce.
On ne fera que parcourir toutes les échelles du
Levant ou les marchands de Marjeilte envoient
leurs vaifieaux, parce qu'on en traitera ci - après
amplement.
A l’égard du commerce qu’ils ont en E {pagne, en
P o r tu g a l, en Italie 8c en quelques autres lieux
d’Europe , on y entrera dans un plus grand détail,
auffi-bien que de ce qui regarde fon commerce avec
les ifles Antilles.
En général, les principales marchandifes que les
Marfeillois portent dans les échelles du Le vant,
font le p ap ier, n’y ayant point d’échelle fi peu
confidérable qu’elle foit qui n’en demande , foit pour
fon propre ufage , foit pour fon commerce, le papier
s’envoyant de là dans tous les états du grand-
î ’eigneur 8c du roi de Perfe : les draps de différens
afTortimens, quelques-uns groffiers, de la fabrique
de Marfeille ; d’autres plus fins, de celle de Languedoc
; on en donnera les factures à l’endroit cité
ci-defliis : de la cochenille ; des étoffes de foie qui
paffent jufqu’à Ilpaham ; du corail taillé en o liv e ,
qu’on travaille à Marfeille 8c à Gènes , qu’on envoie
a la Mecque ; des piaftres ^foit Sevillanes, foit Me-
xiquanes ; de l’aquifoux , minéral qui fe tire d’Angleterre
, propre a écurer la vâiUelle ; des amandes,
8c autres fruits fecs de Provence 8c de N ice; du bois
de Bréfil 8c Campêche ; de la-veroterie , -Ou ambre
f ux de différentes couleurs 8c figures, qu on tire de
Rouen ; du vif-argent , du cinabre , du verdet, du
tartre ; quantité de quincaillerie de F orez; des épiceries
, des bonnets de laine teints en rouge , qui fe
fabriquent à Marfeille ; de la caflonnade, que les
Marfeillois rapportent des ifles , & peu d autres
marchandifes.
Les cargaifons des .vaifieaux de Marfeille pour
leurs retours ,* o u , comme ils difent, pour revenir
en chrétienté, eonfiftent en cuirds verds , qu’on
tanne enfuite à M a r fe ille , 8c dans d’autres tanneries
dé Provence 8c de Languedoc ; du lin de trois ou
quatre efpèces ; du .féne , de la gomme arabique ,
" de l’encens, de la momie , du faffranum , qu’on
nomme auffi grain e de perroquet ; des toiles teintes
& blanches , de diverfes fortes ; des cendres ; des
foies déplus de dix efpèces; des plumes d’autruche;
de la glue ; du coton filé 8c non filé ; des noix de
g a lle , des laines de chevron, des laines furges de
mouton, des piftaches , de la cire, de l’opium, des
cordouans rouges & jaunes, des peaux de chagrin,
du ftorax, de la fcamonée, des cambrefines ou .toiles
des Indes, d’autres plus communes., du mule en
veffie ou en grain; diverfes drogues médécinal,es ;,de
la femence de perles ; du la p is la ?u l i , qui vienc
de Tartarie 8c de Perfe; de la rubarbe, de l ’ef-
quine ; des tapis de Perfe ; les uns de laine , d’autres
de fo ie , ,8c d’autres moitié foie 8c moitié or 8c
argent ; des raifins de Damas, . en grapes ou e*
grains ; du fil de chèvre, dont on fait les beaux camelots
; des montcaillarts de diverfes couleurs , travaillés
avec ce fil.
Les autres nations qui trafiquent au Le vant, y
portent diverfes marchandifes, 8c en tirent quantité
d’autres , dont on n’a point fait mention ci-deffus ,
n’ayant eu deffein que d’embfaffer ici le commerce
des Marfeillois.
I l faut encore remarquer què toutes les marchandifes
du négoce de Marfeille ne font pàs propres à
chaque échelle en particulier, 8c que toutes ne four-
nifîent pas non plus les mêmes marchandifes ; mais
on a réfervé ce détail à l’endroit ou l’on traitera
du Commerce du Levant en g éné ral, 8c de
chaque échelle en particulier. f roye\ C o m m e r c e
d u L e v a n t .
Les Marfeillois portent dans l’ifle de Chypre des
piaftres, quelque peu de draps 8c des bonnets de
laine teints en roug e, les uns 8c les autres faits à
Marfeille. Ils en rapportent des foies blanches du
cru de l’ifle , qu’on nomme des Chypriotes, quelques
cordouans, mais moins bons que ceux qu’on
tire des autres échelles ; des cotons 8c diverfes fortes
de toiles faites de cette matière. Sept ou huit Marfeillois
en font le commerce. L e confui françois
demeure à Lornica.
Dans les ports des ifles de l’Archipel 8c de la
Morée , on ne porte point de marchandife , mais, de
l’argent en piaftres. Les marchands de Ma rfeille
n’ y envoy'ent que des barques, avec un fonds de
quatre ou cinq mille piaftres, qui y chargent du
bled, des fromages, des laines 8c des huiles.
Il n’y a en Candie que deux ou trois Marfeillois,
outre le confui. On y fait le commerce avec' des
barques, comme dans l’ifle de Ch yp re : il y faut
des draps groffiers 8c des bonnets rouges. L ’huile ,
lé bled, l’orge 8c l ’avoine font les marchandifes qu’on
en rapporte.
L e négoce que les Marfeillois font à Tripoli de
! Barbarie, conhfte en vins 8c en piaftres , qu’ils y en-
voyent fur des barques. Ils en tirent du féné, que
rapportent les pélerinsTurcs qui font le voyage de la
Mecque; des laines & des plumes d’autruche. Il n’y
a point de confui François, 8c feulement un ou deux
marchands de Marfeille.
T unis a. un confui de France 8c trois bu quatre
marchands Marfeillois. Cettte échelle leur fournit
du bled , des cires 8c de la caillotte , qui -eft une
graine propre à la nourriture des pifeaux. On y
envoie de M a r fe ille , dans des barques , des noi-
fettes-,-des châtaignes 8c autres fruits du cru de la
Provence ; la moitié de la cargaifon doit être en
argent.
A Alger , le commerce fe fait comme à Tun is ;
on y trouve du bled.8ç des cuirs. Il y a encore fur
cette côte deux ou trois petits ports, entr’autres
Collo 8c T o u ro u , que les barques de Marfeille fre*
quentent ; mais le commerce s’ y fait avec précaution
, 8c en donnant 8c recevant des , otages : on n’y
traite que des bleds.
On ne dira rien ici du baftion de F ra nce , dont le
commerce a toujours été entre les mains des Marfeil-
, lois; on en parle ailleurs amplement.
• , Les Marfeillois font encore le négoce de Tetouân
8c de Salé ; dans le royaume de Maroc , fitue fur la
même côte ; ils ont un confui dans chacune de cés
ville s , 8c un ou deux marchands.
Les barques qu’on y envoie fe chargent des fruits
de Provence., 8c d’un peu de papier qu’ils troquent
contre de la cire , 8c quantité de cuirs. L a cire n y
eft pas fi bonne que celle du Levant, les Mores la
falfifiant 8cla chargeant en dedans -de farine, de légumes,
de graille 8c autres villenies.
L e commerce que les Marfeillois entretiennent
avec les Italiens, fe fait principalement à Gènes, à
Livourne, à Civita-Vecchia 8c àVenife ; mais ce
dernier, auffi-bien que celui de tout le Golfe , eft
peu confidérable.
Dans les autres, endroits, le négoce confifte en
grande quantité de fruits de P ro v e n ce , comme
amandes, prunes,féches 8c raifins fecs; en mie l, en
marchandifes du Levant, en cotonines , qui font des
toiles de coton propres à faire des voiles de vaif-
feaux. On lès envoie de Marfeille fur de petits bâ-
timens,qui fe chargent pour le retour, de toutes
fortes de marchandifes . d’Italie , particulièrement
d’alun de Civita-Vecchia, 8c de foies de Meffine,
qu’on tire par Livourne, 8c que de Ma rfeille on envoie
enfuite à Lyon.
Les Marfeillois, font avec l’Efpagne un de .leurs
commerces des plus confidérables. Lorfque le bled
y manque, ( on doit entendre la même chofe de
l’ Italie , ) des barques de Marfeille en vont charger
à T unis , en Candie 8c en divers ports de l’Archipel
8c de la M orée, 8c emportent aux lieux où l’on fçait
qu’on en a davantage befoin ; d'où -, fans revenir à
M a rfe ille , ils s’en retournent en charger de nouveau
; enforte que chaque barque a coutume de
faire trois ou quatre voyages de fuite: au dernier
voyag e elles font leur cargaifon. des marchandifes
propres pour Marfeille : en Ita lie, de celles qu’on
a dit ci defîus ; 8c en Efpagne, de fourrées, de ba-
rilles , qui font des pierres d’herbes brûlées, qui
entrent dans là fabrique des favons ; mais qui n’y
fonv pas fi bonnes que les cendres du Levant : des
efparts, efpèce de jonc , dont les Provençaux font
les paniers 8c les cabats, où ils mettent leurs figues,
raifins 8c autres fruits fecs ; 8c beaucoup d’or 8c d’argent
des Indes.
Comme 1 Efpagne n’a point de correfpondance
dans le Levant, les F.fpagnols n’en reçoivent les
marchandifes que par le moyen des Maileliois ,
qui leur envoyent en droiture fur des tartanes , une
partie de ce qu’ils en ont apporté des diverfes j
échelles où ils trafiquent. j
Les principales de ces marchandifes font, des
toileries bleues de diverfes qualités, tant de celles
d’Alep que du Caire ; quantité de laines qui viennent
aùlfi de cette dernière ville , dont les Efpagnols font
des m ouchaiars, des drogues pour la médecine 8c la
teinture, 8c beaucoup d’autres de- celles dont on a
parlé ci-deffus.
L e négoce le plus confidérable que les Marfeillois
font en Efpagne , e'ft celui de Cadix. Outre les
marchandifes du Levant qu’ils y portent, ils font
une partie de leur cargaifon, de celles de France ;
comme de dentelles , qu’on travaille aü Puy en
Auvergne, des étoffes de foie , des dentelles d’or 8c
d’argent, quantité de ciré travaillée , des tapis de
Turquie ou façon ; du fucre,, du. tabac , de la cochenille
8c du bois de Bréfil 8c de Campêche.
Si les vaifTeaux n’ont pas leur charge entière pour
le retour, ils touchent, en revenant, à Alicante
8c à V a len ce, où ils prennent des barilles 8c des
foudes.
C ’eft par ce négoce que les négocians de M a r feille
attirent chez eux plus de piaftres qu’il ne leur
en faut pour le commerce du Levant ; fi bien qu’il
leur en refte encore affez pour mettre l’abondance
des efpèces dans leur ville 8c dans toute leur
province.
Lorfque la guerre avec l’Efpagne interrompt ce
trafic, les nations neutres le font fous leur nom ;
mais p o u r - le compte des marchands de M a r feille.
Ce font ordinairement les Génois qui s’en
chargent. Éj
A l’égard du commerce de Ma rfeille avec L i s bonne
, il eft à peu près fur le pied de celui d’Efpa-
gne. I l faut néanmoins obfèrver, qu’outre ce que
les MarfeiHois y font pour leur compte, ce font
leurs tartanes 8c fehitiés, qui fervent aux Nantois,
8c autres marchands de Bretagne , à y faire le leu r ;
les Marfeillois chargeant les marchandifes Bretonnes
à fret ; mais employant pour eux-mêmes , ce quî
manque à leur cargaifon.
Il y "a dans Ma rfeille 8c fur la côte de Provence,
plus de quatre-vingt barques , qui ne font autre trafic
, que d’aller en Italie, en Barbarie 8c en Efpagne,
porter 8c rapporter des marchandifes , 8c courir dé
paît 8c d’autre avec une diligence incroyable. Ce
font proprement des poftillons de mer, qui n*e mettent
jamais plus de deux ou trois jours de diftance ,
entre leur arrivée 8c leur départ, des lieux où ils
font leur négoce.
Les Marfeillois ont auffi tenté la pêche de la morue
, 8c ils y ont quelque teins envoyé jufqu’à fis
vaifieaux par an : maïs n’y ayant, pas trouvé de profit
, ils ont ccfié leurs envois.
Ils ont été plus heureux dans les voyages aux
Ifles Fr ah coi fes de l’Amérique, Sc ils en continuent
le commerce avec fuccès.,Les marchandifes qu’ils y
portent, font des vins, du vinaigre , de. l’eau-de-vie s
quelques farines, des chapeaux, des fouliers, des