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ou à la ruine de fa liberté 5c de fou- crédit ; en un
m o t , que ni l u i , ni fe-s fuçcefleufs au trône de
D anem a rck, ne s’ingéreroienc en aucune manière,
foit en temps de p a i x , foit en temps de guerre.,
ni même dans une nëcefjîte' prejjcinte, ou da?i r
d'autres circonfiances, des affaires de la banque,
tant directement qu’ in di reclam en t . Mais le roi
Chrétien V I I , actuellement régnant, jugea à
propos de prendre poneffion de cette banque le
15 mars 1773 , malgré toutes les proteftations que
firent les commiffaires gérants 5c autres intérefles,
qui s’opposèrent à cette violence avec toute la
fermeté que des fujets peuvent montrer en face a
un fouverain, dont les volontés doivent être ref-
peélées comme des loix. Ce monarque' s’obligea à
remboutfer aux aftionnaires de la banque les'fonds
qu’ils pouvoient y avoir, à.raifon de 1400 rvkdales
par action , ou 3^0 ryksdales par portion ou quart
d’action , chaque action' ayant liaufle depuis 500
ryksdales qu’elle valoit au commencement, jufqu’à
1360 ryksdales & davantage ., qu’elle Cç payoit
quand le roi prit polie filon de la banque. A cette
même époque il pou voit y avoir en circulation pour
environ quatre millions de ryksdales de papier-
monnoie, quoiqu’il n’y .eut dans tous les /états de
Danemarck 8ç de Norwëge que pour environ
deux millions de ryksdales de numéraire effectif,
tant en o r , qifen a r g e n té en cuivré. Il eft impofi*
fible de dire de combien le papier-monnoie a
augmenté depuis que le gouvernement Danois s’eft
chargé de la banque de Copenhague ; mais il eit
vraifemblable que la quantité n’en a point diminué ,
Sc qu’au contraire lé ronds réel de la banque, que
ce papier-monnoie repréfentôit, a été dépenfé parle
gouvernement dans des befoins preilans , où
l ’intérêt -de l’ctat l?emportoit fur J’inconféquence
d’une aCtion aufli contraire aux ftatuts , que i'infH-
tuteur de la banque s’ étoit fait une loi de refpeCter.
11 y a une. chambre d’alfurahce à Copenhague
qui y fut formée en 17 17 . Elle diffère de‘ celles de
quelques autres p a y s , en ce que les intéreffés n’ont
rien débourfé. Chaque aCtion eft de 1000 ryksdà-
les ; & i l fuffit pour Civ avoir une de foufcrire &
de donner caution pour cette fomme. En 1748 les
fouferiptions furent portées à 600,000 ryksdales.
Par fon inftitmjon elle ne peut afiarer fur'chaque
vaiffèâii' au-delà de 3 o,-dob ‘ ryksdales , à moins
qu’il ne s’agi fie des navires de la compagnie des
Inde s, qu’elle affine jufqu’a' la concurrence de
60,000 ryksdalês : il n’y' à au furplus que le commercé
de Çopenhague qui fe fafie afiurer par ce.tte
chambre.
- E lseneur ou Elsingoer , fécondé ville en rang
pour le commerce de 1-ifle de Séelande, eft fituée'
au milieu du détroit du Sund, à environ fîx lieues
en-deçà de Copenhague. G’eft dans cette ville que
lés navigateurs qui vont dans la mer Baltique , ou
qui en reviennent, font tenus de pa yer des droits,
tant pour leurs navires que pour les marchandifes
dt9nt î|s fout «barges au roi de Danemarck.
D A N
Comme ces droits font un objet afiTez important
pour le commerce de la mer Baltique , nous en
expliquerons l’origine dans un paragraphe féparé.
Elfeneur a deux rafineries de fucre ôc une blanchif-
ferie de toiles; & tout près de cette v ille , à un
mille ou environ de diftance, il y a une fabrique
, d’armes a'flez confidérable.
Dans le relie de rifle de Séelande il y a plufîeurs
papeteries, une fonderie • de canons , . une fabrique
de yerres, 5c plufîeurs manufactures de- chapeaux
, &ç.
O densée 6ç N yboürg, villes de l’ifle deFionie',
fabriquent des étoffes de laine propres pour le pays :
le port de Nybourg eft beaucoup fréquente à
caute du commerce de bleds quj s’y fa it , 5ç ‘qui y
attire en tout temps les peuples des environs ,
& quelquefois les Anglois & les Hollandois.
Les illes de F a lf le r , de Langetdnde , de L a a -
lande, de Mæne 8ç de Samjoe 3 iront rien qui
mérite nacre attention.
Bornholm , ille fituée dans la mer Baltique , eft
très-fertile en grains. Les habitans en font fort in-
duftrieux. R onne , ville capitale & port principal
de l ’ifle , poffede une fabrique.de porcelaine, donc,
la qualité eft goûtée, 5c qui fera recherchée quand,
elle fera mieux connue. Cette file a des mines de
charbon , qui pour la qualité ne cède pas au me il-?
leur . d’Angleterre.
L e J utland eft un pays très - étendu 5c allez
fertile. L e plus grand commerce qui s’y fa it , con-
fifte en boeufs 5c autres beftiaux : il en fort environ
cinquante mille têtes par an , dont une bonne
partie.eft deftinée pour les Provinces ? Unies 5ç
pâi-tiçulièremens pour la province de Hollande. L e
commerce du Jutland ne fe borne pas cependant a
;Ce feul objet. Celui de bled ne laiffe pas d’être confidérable
, 5c il s’en exporte tous les ans environ
huit.à.neuf mijle lafts, tant feigle?qu’orge & avoine,
•dont la majeure partie eft deftinée pour la Norwégel
Ces grains font aufli un objet de fpéculation pour
les Hollandois, q u i, en conféquence , en font dé.
temps à autre, faire des achats. L e Jutland tire par,
contre, beaucoup de fel du Portugal ou de l’Efpagile?
A alborg, ville principale de Jutlande, eft après
Copenhague, celle dont le çommerçe eft le plus
florifüànt dans touj: le D anema rck , étant l ’entrer
pot général du commerce de Norwégç. r
A arhüs , autre ville de Jutlande , fait aufli un
grand commerce , dont l’objet principal, eft - .celui-
des bleds. Elle a des fabriques d’ëau-dervie.de; grain ?
ou de genièvre , qui ont bonne réputation il s’y
fait aufli un commerce de toiles qui n’eft pa?
méprifable.
Ramiers- eft fameufe par la bonne bière qu’elle
braffe , l’excellent faumon qu’elle yend , 5c. Jes, gants
qu’elle fabrique.
U riborg a des manufactures de toiles, de gants 5c de bas.de fil : le commerce de.cuirs que fait d’ail*
leurs cette ville n’eft p is peu confidérable*-
R ip e n t . . .deux.villes de Jutlande, ne
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fiibfiftent qtie par quelques’ manufafiurcs dç toiles
groflîères. ’ | ■
Enfin, Fredericia n’a que l’ avantage dé recueillir
les droits de pa fiage, que paient au roi de
Danemarck , • lés -bâtimens qui veulent entrer ou
faire leur trajet dans la mèr Baltique par les Bêles.
Dans les duchés de Slefwick Sc de Holftein , qui
font partie 'd^s dépendances du Danema rck, on
trouve plufieurs villes de commerce, dont lès
principales f o n t Flenjboürgy Apenrade 5c JKie l,
qui ont des habit-ans allez riches pour armer de
grands vaifïeaux , 5c pour faire ainfi un commerce
de fpéculation très-étendu , tant en Europe qu’ en
Amérique. Comme ces’pays font d’ailleurs fertiles /
ils font en Dcuiemarck *êc en Norv/e'ge, un trafic
très-lucratif de denrées de toute efpècé qu*ils four-
nilfent aux deux royaumes.
• Nous n’aurions -rien à'dire de la Dithmaïche- 5C;
de la Stormariè, fi les villes d’Altoüa 5c de Gluck'-,
ftadt ne s’y trouvoierit- enclavées.
A ltona , ou A ltena , eft fituée tout proche de
Hambourg fur la rive feptentrionale de l’E lbe. L a
proximité de ces deux villes les rend rivales l’une
de l’autre pour le commerce. Celui de Hambourg
eft fans contredit-'beaucoup plus confidérable. que
celui d’A lto n a ; 'mais eiv revanche cette; dernière
ville étant un pôrt- franc , dont les' droits & frais de
tranfit font «plus modérés’ qu’à Hambourg , il-s’y
fait un commerce de l’expédition des marchandifes1
qui viennent d’Allemagne 5c de, celles qu on y envoie
en retour, Supérieur à celui qui vs’en fait à
Hambourg même. Au~furplus, le commerce de ■
ces deux villes fe faifântà peu de chofe près, de la ;
même manière , nous remettrons à en parler plus
au lo n g , lorfque nous' aurons oCcafion de traiter
du commerce de Hambourg. C’eft ici néanmoins le
lieu de dire que la ville & A lton a a plufieurs fabri-
qftes d’amidon, d’eau-de vie de grain, de toiles,
p.eintes 5c d’étoffes de foie.5c de laine, Les tanneries
y font nombréules ôc font fort renommées dans
l’ étranger.- Enfin, le commerce qui- s’y fait en bled 5c autres articles, la rend fort opulente 5c lui donne
un rang très-diftingué vparmi les villes les plus
riches 5c les plus commerçantes de l’Europe.
G lucKstadt eft fituée prefque à l’embouchure
de l’Elbe. Son port eft le rendez-vous des vaiffeaux
’d’Iflahdc , de Jutlande 5c de N o rw é g e ,- qui y dépo-
fent leurs marchandifes, pour être enfuite transportées
à Altona 5c à Hambourg, d’où on les répand
dans .toute l’Allemagne : cette ville ri*a d’ailleurs
rien qui mérite notre attention.
$. X . Nous avons déjà obfervé en parlant d’Elfe-
n eu r , que c’ eft dans cette ville que le roi de D a nemarck
fait, payer des droits aux îiavires-dè coûtes
les nations,, Ôc pour les bâtimens SC pour les marchandifes
dont ils font chargés , tant iorfqu’ils veulent
entier & naviguer dans la mer Baltique, que
lorfqu’ils en font de retour. L ’origine de ces droits
eft fondée- en partie fur une convention faite entre
lés premiers navigateurs commerçans , qui franchi- ,
rent le pafiage du Sund, ôc les -rois de Danemarck„
Par cette convention, ces fouverains fe chargèrent
de faire placer dans le categat dès fanaux 5c d’autres
marques, pour fervir de guide aux navires 5c les
préfervèr de malheur, moyennant une redevance
que ces navigateurs s’obligèrent à payer pour chaque
navire ; rien jufque-ià de plus jufte 5c de plus rai-
fotinable ; mais divers'princes abufèrent dans la fuite
des temps de leur puiflance, en impofant de noù-»
veaux droits :fur les marchandifes dont les navires
étoienc chargés, ne fe conteiitant pas de la taxe
dont étoient convenus , 5c s’etoieiit contentés leurs
prédécefièurs ; abus qui fut enfuite autorifé par des
i traités que des puiflances, encore trop peu éclairées
fur leurs vrais intérêts, Conclurent avec les
j ’ôis de Danemarck.
Quoi’, qu’il erï fo it , il' féroit difficile de rèculer l ’é»,
poque de la prétention dé ces .princes, à cet égard,
au-delà du régné d’Eric V i l , vers l’an 14x7. Voici,
ce qu’en dit M. Mallet, dans fon Hifloire de Da->
nemarck, liv. 6.
« La fortereflè (. de Cronènboùrg ) que le roi
» venoit de faire élever à Elferieur, né dohnoit pas
» moins d’ombrage aux villes 'Aiiféaciques. -Elle
» mettoir entre fçs' mains la clef de ce célèbre dé-'
» troit qui unit rOcéah 8c la Baltique , Sc qui étoit
V le premier 5: le principal canal des richefles de la
» ligue Anféatique. Eric en pouvoit ainfi ouvrir Ôç
» fermer l ’entree à fon gré i mais il ne l’ouyrb.it
» plus à aucun navire fins en exiger un tribut , &
» il n’eft point d’hoftiiité plus fenfible à des états
» marchands ». ' 1
Les Anglois ont été lès premiers , du. moins autant
qu’on fçache, qui aient fait un traité de corn- /
mer ce avec le Danemarck. 11 fat conclu en 1450 ,
encre Henri V I , roi d’Angleterre, Sc Chrétien I er. , ,
roi de Danemarck. Ce traité fut fivivi d’un autre
qui fut figné en 14^0, par Henri V I I , roi d’Angleterre,
5c, J ean , roi de Danemarck. P a r .c e
fécond traité , les deux nations’ fe donnoienc réciproquement
une entière liberté de commerce par .
terré 8c par mer dans leurs états refpeéfifs, en
payant les droits accoutumés, dont cependant étoient
expreffément exceptés ceux d’échouement ôc de naufragé.
Il étoit permis à perpétuité aux Anglois., de
commercer 5c de pêcher eu Ifiande ; mais cette,
permfifion devoir être renouvellée tous les fept ans,, s
Ceux qui youlqienc encrer dans la Baltique,- s’ enr f
gageoient a' payer les droits' du Sund , £ pafîêq .
toujours par et détroit, Scnôn par ceux des Bêles,
à moins que la tempête ne lés y forçât; 5c dans ce.
cas , ' donc la réalité devoir être ccvnftatée par le fer-
ment du patron , ou de deux matelots, ils dévoient
payer un femblable droit à là douane de Nybôrg,
Enfin les Anglois ont fait letir deriÙeivtraicé Hs, ;
Commercé avec 1 e Danemarck en 1 6 ? o , & .ils; .
font depuis ce temps reconnus .'dans c e . royaume,
fur-tout pour le paiement des droits^du Sund, comme
une des nations Vs plus favori fées.