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miràbles, le plus grand commerce du pays , confiée
en gros & menu bétail, & en chevaux quon y
élève & qu’on conduit en Efpagne. Les chevaux ne
font pas exce llens, mais Us accommodent les Ef-
pagn ols, qui en tirent bon fervice.
Les laines y font bonnes , & paffent pour laines
d’Efpagne. Les plus, fines s’enlèvent par les marchands
François de diverfes provinces : des autres,
on en fabrique quelques étoffes allez groffiêrès ,
dont le menu peuple s’hab ille, & dont' font faits
cette elpéce de manteaux avec un long & large
capuche pour couvrir la tète, qu’on appelle capes
4e Béarn.
C O M M E R C E D E L A F L A N D R E ,
et d xr B r a b a n t .
Pour plus de facilité & pour -s’accommoder à la
divifion. de la Flandre en plufieurs généralités , on
traitera d’abord de la Flandre F ran çoife , enfuite
de la Flandre F lam ing ante , comme on l’appelle,
& enfin du H a in a u lt ; & quoique l’empereur &
les Hollandois occupent plufieurs places dans les
unes & dans les autres, particulièrement depuis les
traités d’Utrecht & de Ra'ftath , on parlera de leur
commerce, comme fi elles éroient toutes entières
fous la domination de la France.
F landre F rançoise. L ijle en eft la capitale ,
& le centre de fon commerce\ Ses diverfes manufactures
& les entreprifes que font fes négocians ,
occupent & entretiennent plus'de cent mille ouvriers
, foit au dedans de la ville & dans fes faux-
bourgs , foit dans le plat p a y s , foit dans les villes
yoifines.
Les chofes que produit cette partie de la Flandre,
font les grains pour la nourriture des hommes &
des beftiaux ; dès navettes, des foins, des bois, des
fruits, dés laines * des cheveux, des lins , des befiliaux,
.du-beurre Sç des huiles de -Colzat.
Les manufactures confident en draps, en fierges,
én ràtinès & en diverfes autres étoffes de laine feu-?
l e , ou mêlées de foie & de fil : les autres font des
toiles ouvrées & unies , des cuirs diveifement p âlies,
des coutils, des camelots, des damas, des velours ,
des dentelles blanches & noiresI de fil ou de foie ;
des .ta.pifîeries, des çu-irs dorés , des pipes , des mèches
, du carton, des bas & culottes.,’ & autres ouvrages
de bonneterie, à fiaiguille & au métier ; des
paniers d’ofier fin, des chapeaux , des baurracans,
dés Fecs , des polimite.s,.des bôürats , ides crêpons,
des couvertures & quelques autres fenablâbles mz.tr
çhandifes, Toutes ces fabriques font établies dans
la ville de L i j l e , & le commerce qui s’en fait foit
dans fe province , foit au loin , ne, peuç .guêpes
r imaginer. V oici celles des autres villes. 11 fe fait 4 Orchie-s, des tripes dé velours : à
J)ouay , à proportion les mêmes cfiofes qu’à L i f e :
À Armentiers.y Ats examines , quelques draps &
quelques petites étoffes de laine, mais peu. C o i!
m(Li {Jans ççtte yi|le , que fe yendent toutes les
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toiles qui fe font aux environs. A Lanoy, & fes
dépendances, on fait aufli de petites étoffes de
laine.
On fabrique à Gorgehe , quantité de toiles unies
& ouvrées, qui fe blançhiflent dans les blanchiries
établies dans le même" lieu , & dont le blanchiment
eft excellent. L a Foire, qu’on nomme de la M ayolle,
, qui s’y tient tous les ans , le premier jour de mai
eft célèbre par le grand débit qui s’y fait de toiles
de toutes qualités, qu’on y apporte de toutes les
tifferies du pays.
I l y a plufieurs métiers d’étoffes de laine ou mêlées
de foie & la in e , à R o u la is & à Tur çoing,
qui font principalement deftinées pour l’Efpagne
& pour les autres pays étrangers , mais dont il vient
quelques-unes en France, & même jufqu a Paris,
A Menin , on fait des toile s , on y blanchit des
fils, & i l y a une fabrique de chapeaux de laine
fine fans apprêt. Enfin , à Tpurnay, on fait des bas
de laine , des moquettes ou moucades , & des
fayanees. Les bas de laine vont en Efpagne & jufi*
qu’aux Indes occidentales. Les moucades viennent
en France. Pour la fayance , elle eft peu eftimée ,
à eaufe de celle de Hollande, & particulièrement
de D e l f , qui eft infiniment plus belle.
Outre toutes ces marchand!ies , -les fils de Fayette,
qui font des laines filées à T ur çoin g, & dans le
plat pays , dont on ne peut guères fe pafler dans les
meilleures manufactures de lainage ; les lins en
mafle, ou préparés $ les fils blanchis & écrus $ les
tourbes de terre bitumineufe, qui fe tirent de quelques.,
marais ; même quantité de fleurs cürieufes &
rares , pour l’embell-iftement des jardins , qui fe de?
bitent à. Paris & ailleurs, ne font pas un médiocre
objet de commerce pour cette province.
L a ville de L ijle entretient un grand commerce ,
nom-feulement avec , les états, voifins , comme la
France , la Hollande, les pays-bas & quelques
endroits d’Allemagne j mais encore avec ceux qui
font beaucoup plus éloignés, tels que font 1 Efpagn
e , le Portugal, l’Angleterre , l’ Irlande , 1 Italie
& les pays du Nord.
Son 'commerce de proche en proche fe fait par
le moyen des canaux & des rivières , & 1 on emV
ploie le charroi pour Paris & quelque» autres pro-
j vinces méridionales' de France, C ’étoit aufli parles
i voituriers de terre , que fe faifoit le commerce d Efi-
; pagne , tant qu’a duré la guerre pour la fucceffioa
i de cette monarchie, & il y en a encore beaucoup
; qui prennent cette v o ie , en prenant des tranfits Sz
’ en donnant des acquits à caution.
L e port de V a la is & celui de D unkerqu e, fervent
au chargement des marchandifes , que les
négocians “de L ijle veulent embarquer pour la Nor-
' mandie, la Bretagne, la Guienne, la Provence &
le Languedoc.- G’eft aufli. -dans les memes ports 8c
dans celui d’Oftende, qu’ils chargent pour le N o rd ,
l’Angleterre, l’Italie , la Hollande, l’Efpagne 8c
le Portugal. ;
IL.es marchandifes ne les négocians de L fjle cavoient
en France , font des velours, des toile s, du
lin, du filet ou fil .de fayettej des dentelles duprfys
& de celles de Bruxelles, Malines 8c Louvain ,•
du beurre , des fleurs , des huiles de colzat & quantité
d’étoffes de laine.
Les envois pour la Hollande, confiftent en toiles
écrues, en fils de fayette, en huile de colzat & en
fruits crus.
Ceux pour l’Efpagne & pour le Portugal, font
diverfes étoffes de laine, des dentelles de f il, blanches
& noires , d’autres de foie des mêmes couleurs ,
des. toiles, du fil, de la quincaillerie, de la mercerie
8c des bas.
On envoie dans les pays du Nord , des vins&
des eaux-de-vie de France , des fe ls , de gros draps
& des épiceries : en Italie & en Savoie, des toiles
& des.étoffés de laine : en Angleterre, prefque
rien ; mais elle en tire beaucoup : enfin, les envois
pour les Pays-Bas de la maifon d’Autriche, font
des étoffes de laine , des vins de France, des foie-
ries & des colzats.
Les marchandifes que les marchands de L ijle
tirent en retour de celles qu’ils envoient, font pour
la France, des vins , dès eaux-de-vie , des 'confitures
, des-fruits fecs , des huiles , des étoffes de
foie , des gazes, des galons d’or & d’argent, des
foies, des rubans , des draps., des étoffes fines de
laine, différentes de celles qui fe font dans le p a ys,
de la quincaillerie & mercerie, des livres , du papier
, de la cire d’Efpagne, de la bougie, des chapeaux
, des bas , des p e r ru q u e sd e s armes , du
foufre, du falpêtre , des verres & des fayanees.
Ils tirent de Hollande , des draps, du poiflon
fale , des épiceries , des chevaux , des drogues , de
l’indigo , fes fanons de baleine , des cendres vedafiès
& potaiïès, des bois pour la teinture , d’autres à
ouvrer & à bâtir , du falpêtre, du foufre , de l’alun,
des fromages , des chairs falées, de la corne , de
l’y v o ir e d e s cires , dès chanvres , des étoffes des
Indes, des porcelaines & autres curiofités de la
Chine & du Japon ; enfin, de toutes ces fortes de
marchandifes , dont prefque aucune n’eft du cru des
fept Provincès-Unies ; mais qui s’y trouvent, fi on
l’ofe dire , plus abondamment que dans les lieux où
elles croiffent.
L ’Elpagne & le Portugal leur fourniffent de l’or
& de l’argent , des laine s, dés huiles , des fels ,
des oranges , des citrons, des olives & des fruits,
ou fecs, ou confits.
Il leur vient d’Angleterre & d’Irlande, des draps
& étoffes de laine, des beurres , des chairs falées ,
des liqueurs , des fuifs-, des cuirs , du plomb, de
l’étain , du charbon de terre , aes bouteilles, des
chapeaux de caftor, des pelleteries , des ouvrages
de canne & de jo n c , des bas de foie & de laine ,
& des 'curiofités des Indes.
Les retours du Nord fon t, des bleds, du chanvre,
dfi cuivre, du miel, des cordages, des mâts, des
potafles, des vedaffes., de la poix , des graines de
lin , des peaux & des fanons dé baleine.
L ’Italie & la Savoye leur donnent des foies , des
hu iles, des citrons, des oranges, des fruits fe c s ,
des gazes & "des liqueurs.
Enfin , ils ont des Pays-Bas cédés à la maifon.
d’Autriche, de quelques cantons d’Allemagne , &
du pays de L iè g e , des laines , des foies, des beurres
, des fromages , de la h ou ille, du verre, du
cuivre , du fer , du plomb, des fils d’archal & de
léton , des camelots , des dentelles & des toiles
blanches & bleues.
On compte que la province de L ijle fait tous
les ans pour quatre à cinq millions de commerce
avec l’Elpagne , qui paie en or & en argent une
partie des marchandifes qu’elle y envoie : cet argent
cependant ne revient jamais jufqu’à L i j le / mais i l
eft transporté en Angleterre & en Holland e, fur
les vaifleaux Anglois & Hollandois , qui y retournent
d’Efpagne en droiture , tant parce que ces matières
y font d’un meilleur débit qu’en France, qu’à
caufe qke les Iflois ont befoin <fargent' comptant,
pour y faire la balance des marchandifes qu’ils en
tirent, qui font toujours beaucoup plus confidéra-
bles que celles qu’ils y envoient.
« L a province de L ijle eft réputée étrangère à
» l ’égard de la France j 8c les marchandifes & den-
» rées étrangères qui y font amenées, paient les
» droits fuivanc le tarif de 1671 , à moins qu’on ne
» les veuille faire paffer plus avant ; auquel cas on-
» prend un acquit à caution, pour payer les droits
» d’entrée à Peronne, â Amiens , ou autres bureaux
» de France, fur le pied du tarif de 1664, & les»
» arrêts du confeil' rendus en interprétation. Il en
» eft à peu près de même des droits de fortie ,
» qui fe paient aufli fuivant ce dernier tarif».
F landre F lamingante .Ce tte partie de la Flan*
dre a pour principales ville s, G a n d , qui en eft la
capitale, Y p r e s , Bruges , YEcluJ e, O flen de,
N ieuport, Dunkerque , Gravelines , Çourtray ,
& c , partie fous la domination dé France r. partie,
fous celle de la maifon d’Autriche, & partie en
dépôt entre les mains des Hollandois , en confé-
quence du traité de la Barrière , convenu à Utrecht,
& depuis réglé par un traité particulier entre l’empereur
& eux.
L e commerce de cette province eft très-confîdé-
rable, foit pour les produirions de la- terre, foit
pour lès diverfes manufactures qui y font établies-
foit pour la grande quantité de marchandifes & dé“-
denrées qu’elle tire du dehors, & dont elle fort comme
de magafin d’entrepôt pour les provinces yoifines.
Les tabacs, qui fe cultivent à w a rvick les lins,
qui fe recueillent par to u t , particulièrement dans
le territoire de M a lin e s ; les beurres & le^ fromages
façon de Hollande, & de trois autres fortes
qui fe font dans les châtellenies de Fumes & de.
Bergues ; les huiles de colzat, propres à faire du
favon ; le houblon , qui fe tranfporte dans la Flan-.-
dre Autrichienne, & jufqu’en Angleterre.,. font- une
i partie du négoce & de l ’occupation des habiraus»