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pourroient trafiquer de marçhandifes', & non charger
du clou , à peine de confîfoation & de la vie.
Que ceux qui y àrriveroient fans pafïè-port, paye-
roient les amendes réglées par le traité.
Que pour empêcher lè commerce du clou , il
foroit loifible aux Hollandois de faire des retranche-
mens & des forts où ils jugeroient à p ropos, & que
les Ternatois fer oient obligés d’y travailler.
Que les délits de,s fujets du roi , feroient jugés
par' le gouverneur des Hollandois à Temate I comme
ayant la principale autorité ,. & le gouverneur
que le .roi nommerait.
Que le clou ne feroit livré qu’aux feuls commis
de la compagnie j fçavoir la barre de 550 livres ,
poids de Hollande , au prix de 60 réales de 8 en
efpèces , oij de 70 réales courantes , le tout bien
net & bien fec.
Enfin , qu’en cas d’inexécution de cet article ,
tous, les pays & les. habitana dépendans. du. roi de
1 ernate , qui depuis l’an 1605 , avoient pris des
cngagemens avec les Hollandois & dont les Hol-
la: uiois s’étoiènt emparés fur les Portugais, & tout
çe qui- étuit alors cédé & reftk-ùé au roi , appar-
tiendroit à la compagnie , laquelle néanmoins fe
réfervoit la liberté d’aller-faire du fagu àC eram&
autres lieux rendus aux Ternatois.
H tant ajouter ici- ce qu’on a remarqué ailleurs „
que cette paix fut. en quelque forte achetée par
les Hollandois , qui quoique victorieux & maîtres
d’une partie, des états du roi de Ternate , qui avec
fes grands & fes plus braves foldats , s’étoit retiré
dans des lieux inacceffibles, aimèrent mieux convenir
de lu i payer une efpècc de tribut annuel,
que de. rifquer le commerce du c lo u , dont ils ont
été & font encore fi jaloux : ce qu’ils firent âuffi
en faveur des Onimas & des Oroncais , à qui ils
donnent pareillement tous les ans , une forte de
penfion, pour les récompenfer' d’avoir bien voulu
faire arracher tous les girofliers de leurs terres & de
ne pas permettre que leurs vaffaux, y en plantent à
l ’avenir.
Depuis ce traité de 165,8 , les Hollandois, font
absolument reftés en pofleflion des cinq petites ifles
ploluques , dans lefquelles ils ont divers forts,' &
des magafins pour le commerce du clou.
Les forts de Ternate font au nombre de trois;
M a lo y , ou fort d’Orange ; ( ç’eft près de ce fort,
que le roi fait là réfîdence ; ) Tolu co , qu’on nomme
auffi Hollande ,, au bout orientai., de l'ifle , &
Tacomroe , que les Hollandois appellent V i l -
lemflad.
L ’ifle de Macbiam en a pareillement trois > Ta f-
fàlo ,. Noflagnia r & Tabiliola.
Motir n’a qu’un fort.
Les forts de Bachiam fon t, Labora, for la côte,
ic G emmedoura, dans les terres.
Enfin la compagnie a trois forts à Tidor.
! .Toutes ces ifles ne font guères fertiles qu’en
clou , & c’eft prefqué le foui commerce que les
Hollandois y .fajfent.
1 s E Temate fournit anné.e commune, qtlatré à cinq
cent barres de c lo u , & efivifon 1,000 dans la grande
mOiflon, qui arrive tous les fe'pt ans ; quelques mémoires
difent tous les quatre ans. ■
T id o r , 300 barres & la à 1,300 dans la bonne
moïfïbn ; Motir feulement i©o ; Maçhiam 300 ;
Bachiam guères plus que Motir : mais ces trois
augmentent aulli a proportion dans les bonnes moif-
fons ; Motir &. Bachiam en donnant environ 400,
& Machiam 15 à 16 cent. On a dit ci-deffus que
la barre eft de 550 livres , poids cje Hollande.
Outre le clou , on tire aufli quelques écailles de-
tortue , de Ternate , mais peu. On y por-te quantité-
de toiles groflîères , particulièrement de Guinee ,
d’autres toiles & mouchoirs , qu’on nomme tamet-
tes , qui viennent de Botton ; plufieurs étoffes, &
[autres marchandifes ; d’Europe pour les Hollandois;
!" qui y font en garnifon , ou habitués. -; & des vivres,
entr autres du ris & du fagu : tout cela vient de
I Batavia.
r S L E S D È B A ' N D A .
Ces ifles , les feuls endroits du monde où fe re-
!; cueillent la; mufcade & le macis , font unfc partie,
de l’ArchipeL des Moluqu.es , & font du nombre de
celles qu’on appelle p e tite s Moluques.: .
O n en compte fèp t , qui ordinairement font corn-.
1 prîtes (bus le nom de B-anda , qui en - eft la principale
: les fix autres.font L ontor , N e,ra , Pullo-
Wa-y , P ullo-Ron , Rosagein & G ornumgapi ,
autrement appelléè-G ümta-pp. .
Les Hollandois-en font préfentement lés maîtres 5
& toute la,mufcade &de macis qui s’y cultivent,,
paflent parleurs mains.- :
- Banda , qui eft le troifiéme des fix grands gou-
.vernemens des Hollandois aux Indes , eft par les 4
: degrés dé latitude fud ’, à- 400 lieues de Batavia.
Les Hollandois y parurent pour la première fois
en 1601 , & c’eft un de Leurs premiers établiffemens-
■ dans les Indes-
L e premier fort qu’ils y eurent , fut dans l’ifle
Nera ; c’ eft celui qu’on nomme encore le fo r t
Naflciu.- , i
Fn i6op , ils firent tin traité avec les Oràncais >
ou feigneurs de ces ifles , par lequel ceux-ei s’obli-
geoient d’envoyer toutes leurs mufoades & leur
m-acis au fort de N a ffa -u & de- les ■ y livrer aux
commis de la compagnie à: un prix - convenu ; les
Hollandois- s’engageant de leur part de les défendre
& protéger particulièrement .contre les Portugais.
C e traité ayant été mal exécuté & les comptoirs
Hollandois infultés , leurs commis maflacrés,
& ce qui étoit. le principal grief-, le commerce-de
la mufcade paflant ailleurs par la connivence des
: Orancais ; après des hoftilités de part •& d’autre ,
qui durèrent quelques années y on fit deux autres
traités , l’un en 161 é & l’autre l’année fui van ce ,
qui à la follicication des A n g lo is , alors en guerre
î $ L ^vec- les états généraux des Provinces-Unies , ne fuient
pas mieux obfervé^.
Enfin la paix entre les deux nations d Europe
ayant été- conclue en 161 p , les Hollandois pensèrent
l’année d’après à fe venger des .Orancais de
Banda , .& ayant offert aux A n g lo is, à ce qu’ils ont
publié depuis, de partager la conquête des ifles , &
ceux-ci l’ayant refufé , ils attaquèrent Banda au
mois de mars i t f a i , & forcèrent les bifilaires à
demander grâce ; & en livrant leurs villes , leurs
forts, leurs armes & leurs ifles, de reconnoître qu elles
appartenoient aux états généraux, tant par droit
de conquête , que par ceflion.
C ’eft depuis ce dernier traité que les Hollandois
éti font en poflelfion de f a i t , & foutiennent qu’elles
doivent aufli leur appartenir de droit, les Anglois
ayant refufé de prendre part a cette conquête,
çux .q u ip a r le traité de 1619 dévoient faire avec
les Hollandois le commerce dés Moluques, de B a n da
ôc &Amboine en commun >. & dans les places
Conïmunes aux deux nations.
Pour afliirer leur négoce de la mufcade & du
macis, les -Hollandois ont fait bâtir des forts dans
toutes les ifles de Banda ,* & pour l’augmenter,
peupler, & cultiver les terres , ils en ont partagé
le terrein en vérgers , qu’ils diftribuent aux bourgeois
Hollandois qui y font établis, â proportion
de ce qu’ils ont d’efclaves , les obligeant dé planter
tous les ans un certain nombre d’arbres de mui-
cade , & de porter au comptoir toute la récolte
des noix & du macis , où la compagnie leur paye
le macis 7 fols la livre, & la noix à un peu moins
d’un fol.
Il y a aufli des maures fournis , â qui l’on diftri-
bue des vergers fur le même pied qu’aux Hol-
landois.
T outes ces ifles ne fubfîftent que par les vivres,
les denrées, & les marchandifes qu’on leur envoie
de Batavia, le terrein n’y étant guères propre que
pour la mufcade. Il s’y fait quelque débit d’étof-
îes , de toiles & de quincaillerie ,. qu’achètent
les Hollandois foldats & habitans , aufli-bien que
les infulaires naturels.
A M B O I N E .
L *ifle SAmboine eft fîtuée â 4 dégrés , 20 minutes
de la ligne équinoxiale , à 20 lieues des
ifles de Banda. Quelques-uns la mettent du nombre
des grandes Moluques , quoiqu’elle n’ait que
14 lieues de tour : elle eft divifée en deux , en
forte que l’Iftme qui en fépare les deux parties, e-ant
très-étroit , elle femble comme deux ifles. .
Lorfque les Portugais s’en emparèrent en 15 17 ,
elle étoit au roi de Ternate. Les Hollandois la prirent
en. 16.0,3 , d’autres difent en 1605 , & ne la
gardèrent que jufqu’en 1620 ; mais l’ayant reprife
depuis , ilsT’ont toujours gardée jufqu’à préfent , &
•prétendu qu’outré le droit de conquête , elle leur
appartient encore par la ceflion que le roi de Ter-
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nate leur en a faite par le traité de 163 8 , dont on
a parlé ci-devant. . .
Outre la grande ifle à’Amboine, il y en a quelques
petites qui en font proche , que les Hollandois
font cultiver , & où ils ont planté des girofliers
, qui n’y viennent pas moins bien q uV Am-
boine même.
Ces ifles^font O ma , U le aster , N o sslaw ,
O nimé , MaSsalon , Mulana & O c t a v a , où
la compagnie a des redoutes & des comptoirs, pour
contenir les ,habitans,, & empêcher la diverfion du
commerce du clou.
A Amboinè , ies Hollandois ont trois forts , la
Viéloire , Hitou & L ow.
L e fort de la Vi&oire , qui eft à quatre battions,
eft fitué à deux lieues dans la baye. Il eft défendu
par 60 pièces de canon , & l’on y entretient toujours
une garnifon de .600 hommes : il eft au bord
de la mer & les vaiffeaux y viennent ancrer à demi*
portée.
C ’eft la réfidence du gouverneur le fécond
des grands gouvernêmens de la compagnie des Indes
, qui y entretient un confeil de quinze perfon-
nes, pour régler les affaires de l’ifle & de fou eonv
merce, mais labotdqnné à celui de Batavia.
Lorfque lès Hollandois fe rendirent maîtres de
cette ifle , il y avoit peu de clou de girofle ; mais ils
y en ont tellement fait planter, qu elle en fournit
elle feule plus que tout le refte des Moluques.
La plus grande récolte s’en fait à Hitou , Lohor ,
Cambeile & Liflèd i, Natua , Cayola, Cabear , L a -
rifque, Vafquefie, O u r i & Affelouli , partie dans
les petites ifles & partie dans les grandes qui en
dépendent.
C ’eft au fort de la vi&oire qu’eft le plus grand
magafîn de clou , & où fe raflemble tout celui des
autres comptoirs , les habitans étant obligés d’y
porter toute leur récolte , dont la compagnie a
réglé le prix comme aux Moluqu es, à 60 réales de
, huit la barre , quoique les Portugais & les autres
|| étrangers en payaflènt jùfqu’i rôo & 120.
Toute l ’ifle eft divifée en divers villages , & chaque
village en plufieurs vergers , que cultivent également
des Hollandois , des métifs & des infulaires ,
qui tous font obligés de planter chacun 10 girofliers
par an ; ce qui les a extrêmement multipliés ,
& 11e laifle guères de place pour la culture des autres
fruits , légumes & denrées propres pour la
nourriture & l’ufàge de la v ie , qui y font apportés
d’ailleurs , particulièrement de Batavia.
Les girofliers d'Amboihe & des environs, ont
d’une année à l’autre une bonne & une màuvaifè
récolte , ce qui eft different des autres Moluques ,
où la bonne récolte ne vient que tous les quatre
ans & quelquefois tous les fept.
On a voulu planter dans rifle des noix mufoades ,
& l’on en voit même dans quelques jardins , mais
qui y réuflîflent aflez mal.
A V i& o r ia , il y a de grands magafins toujours
remplis d’étoffes, d’habillemens tout faits, de toiles