
B r ia r e . Petite ville du Gâtinois , très-peu con-
fidérable par elle-même , & très-peu connue dans
le commerce ; mais devenue célébré depuis qu'on
s’en eft fervi pour commencer le merveilleux
canal qui porte Ton nom. Voye^ c a n a l d e B r i a r e .
P it h iv ïh r s . Les forges drapées 8c les ferges app
e lé e s f i l i n s , les unes & le s autres de demi-aune de
la r g e , font les feules elpèces d’étoffes qui fe font
dans cette fa b r iq u e ; i l s en fait par année environ
deux cent cinquante pièces , toutes de laine du
pays , dont il peut fournir jufqu’à douze milliers ;
le débit des étoffes eft dedans le lieu même.
Huit facturiers, douze métiers, & un moulin à
foulon travaillent pour cette manufacture ; le moulin
eft fur la rivière d’Effonne.
I l y a fix chapeliers & fept tanneurs qui travaillent
beaucoup 8c bien.
Il ne s’apporte aucune draperie de dehors dans
les trois foires qui fe tiennent tous les ans à Pi*-
thivier j.
C h a r t r e s . C’eft la plus forte fa b r iq u e £ étoffes
de laine de la géné ralité d ’Orléans après celle de
Romorantin ; on y en fait jufqu’à cinq mille pièces
toute de laine du pays , dont il fe recueille cinquante
à foixante milliers. Ces étoffes font des
forges blanches à deux eftains de demi-aune de large
qui fe débitent dans Chartres même, & à P a r is ,
Rouen & Orléans.
Cette manufacture occupe près de cent vinot-
cinq métiers , foixante & quinze maîtres facturiers,
cinq tondeurs & quatre teinturiers, dont deux font
du bon & grand teint 8c deux du petit teint , la
teinture delquels eft en réputation , à caufo qu’on
eftime que les _eaux de la rivière d’Eure y font tièsr
bonnes.
Les moulins où Pon dontie les apprêts du dé1-
graiffement & du foulage ne font pas près de
Çhartre'S , mais en font éloignés de fept a huit
lieues ;. il y en a quatre fous autant de maîtres
foulonniers,
Les bas au tricot & la fabrique des Chapeaux y
font un très-grand objet de commerce ; ils y occupent
jufqu’à vingt maîtres bonnetiers & quinze
maîtres chapeliers qui font réunis dans la même
Communauté.
Celle des tanneurs étoit autrefois toute foule p re f
qu’auffi forte que ces deux enfombfe , & elle étroit
compofée de trente tanneurs ; présentement il n’y
en a plus que fopt j mais il y aaulli vingt cojrroyeurs ;
de forte qu’il s’y prépare toujours une très-grande
quantité dé cülrs.
P o n t ç o u ïn . I l s’y ' fait les mêmes forges qu’à
Chartres , mais feulement deux cent pièces par an
qui occupent dix-fept métiers & quatorze facturiers 5
on n’y emploie que des laines du pays.
Ces ferges fe vendent en çcru aux marchands de
Chartres & d’Orléans.
IxlTe r s , Cette fab riq ue a le troifiérûe rang parmi
celles de la géné ralité pour le nombre des pièces
d’étoffes qui s’ y fout 3 auffi occupe-t-elle jufqu’à
cent métiers & quarante maîtres facturiers qui fabriquent
par an pfus de trois mille pièces.
Ces étoffés font des ferges à deux eftains de demi-
aune ' de large , toutes faites de laine du pays ,
dont i l fe recueille , année commune , depuis qua-
tante jufqu’à cinquante milliers.
Les marchands de Chartres & d’Orléans enlèvent
toutes ces ferges , 8c ne les achètent qu’en
I ecrü.
B r o u . Les laines q u i s’emploient dans cette
fa b r iq u e font toutes du pays , qui vont environ à
quinze milliers par an. Le s étoffes qui s’y font
font de deux fortes; fcâvoir, des ferges blanches à
deux eftains de demi-aune de large , & des étamines
de même largeur. L e total -des unes & des
autres monte a plus de neuf cent pièces qui font
fabriquées fur cinquante métiers , par vingt maîtres
facturiers.
Toutes ces étoffes font portées aux marchés d’Au-
thon & de Nogent qui fe tiennent chaque mercredi
de 1 annee , où elles font vendues en çcru aux marchands
d’Orléans.
A u th o n . Cette fabrique fournit jufqu’i deu*
mille pièces d’étoffes qui occupent plus de foixante
métiers & trente-cinq maîtres.
Ces étoffes font ; lçavoir, des étamines grifes &
bjanches des laines du pays , dont la récôlte va par
an à deux milliers^ mais auxquelles on ajoute des
laines du voi finage.
Des étamines de laine d’Efpagne , appelléee
lampes.
Eç d^autres étamines mufc naturel , qui fe font
for des chaînes filées qui viennent du pays du M aine,
que les ouvriers d’Authon couvrent de trémes de
laines fines de Berry.
Toutes ces étoffes fe débitent dans le lieu même ,
ou à Nogent & à Orléans.
C h a u d ü n . Il s’y fait p a r an trois cent cinquante
pièces d’étoffes qu i font des ferges à deux eftains ,
des forges drapées , des étamines d o u b le s , & dç
gros droguées. IJ y a appa rence que le produit en
au gm en te ra , s’y établifïànt ch a qu e annee de nouveaux
métiers & de nouveaux facturiers.
B a z o g h e s . Il fort tous les ans de cettt fa b r iq u e
environ cent cinquante pièces d’étoffes qui font des
ferges à deux eftains, des étamines , & de groffes
ferges drapées. L a fab riq ue eft mal fouteque 8c
diminue de jour en jëür.
Récapitulation fu r les fab riq ue s de la g énéralité
d ’Orléans,
I l fe cOnfomme dans les manufactures de latm
nage de cette généralité , deux cent milliers dç
lames , la plupart dû pays?
Il s ’y fabrique environ viûgt-cinq mille pièces dé
draps, & autres fortes d’étoffes dé laine.
I l s?y en marque de foraines , c’ eft-à-dire, qui y
font apportées des provinces voijjnçs, plus de aua*
çojrtçe mijle pièces,
C O M M E R C E D E L A T O U R A I N E . ,
d e l’A n jo u , d u M a in e e t d u P e r c h e «'
Pour plus de commodité , on fera quatre articles
de ces quatre provinces.
C O M M E R C E D E T O U R A I N E .
T O U R A IN E . Les principales manufactures
établies dans cette féconde & agréable partie de
la France , font la foierie , la draperie 8c la tannerie.
L a foierie a fon établiflement le plus confidérar
ble dans la capitale de la province ; & c’eft-là que
fé font ces belles étoffes de foie , comme velours,
moires, pannes , forges de foie , brocards, taffetas
, gros de Tours , fatins, &c. qui ne cèdent à
aucune fabrique étrangère, non pas même à celles
de Venife, de Gènes, de Florence , ou de Lacques. :
O n en p ar le ra amplement à l ’article des so ie s , oïl Von peut a voir recours.
L e débit de toutes ces tétoffes fe fait plus en
France que dans les pays étrangers. Paris , Lyon ,
Touloufo , Rouen, Bordeaux 8c la Bretagne , font
les lieux où il s’en confomrae le plus ; mais comme
à Lyon , il fe fabrique d’aufli belles étoffes qu’à
F o u rs , les envois pour cette ville ne confiftent
guères qu’en taffetas , en moires 8c en pannes.
Pour l ’étranger, le plus' grand commerce s’en
fait en Efpagne & en Portugal. Autrefois il s’en
tranfpôrtoit auffi quantité en Angleterre & en HoL-
lande ; mais ce négoce eft tombé depuis que ces
deux nations ont tâché d’imiter nos manufactures ,
& qu’elles fe contentent: des. étoffes qui fe fabriquent
chez e lle s , quoique moins belles , & de moindre
qualité.
L a manufacture de Tours confommoit autrefois
jufqu’à deux mille .quatre cent balles de foie 5 à
prélent fept à-huit cent balles-fuffifent. Les Touran- ,
geaux les tirent de Meffine & de Palerme, de N a ples
, de Milan , .de Boulogne , de Languedoc, du
cpmtat d’Avignon , d’Efpagne & même de la Chine, j
O n a dit ailleurs, que la ville de L yon étoit le-paflape
8c l ’entrepôt déroutés les foies qui entrent en France.
Jdoye\ so ie s . Chaque balle pèle depuis cent foixante
jufqu’à deux cent livres.
On prétend que c’eft à. Tours -qu’on a établi la
première calandre qu’il y ait eu en F r a n c e , pour
onder les moires , les tabis 8c les autres étoffes de
foie. On attribue l’invention à un nommé Chomey , ;
qui l’apporta d’Italie.
L e négoce de la draperie 8c des autres étoffes de
lainerie , étoit .autrefois très-confidérable à Tours ,
8c dans quelques autres villes de Touraine. L ’on a
vu long- temps dans cette capitale jufqu’à deux cent
cinquante métiers ouvrans , au lieu que préfente-
ment à peine y en a-t-il quinze ou vingt.
On marque a Tours environ neuf mille pièces!
d ’étoffes-de laine par an , qui y font apportées.de
divorfès- manufaétuj es-d u ‘royaume , pour y etre.ven- I
dues, mais il y en a peu dans- cç nombre, qui foienc
de la fabrique de la ville.
L e commerce des cuirs tannés eft auffi cpnfidéra-
biement diminué en Touraine , & à proportion autant
que celui de la lainerie ; cependant il s’en
fabrique & s’en, prépare toujours une aflêz grande
quantité dans quelques tanneries de la province.
Celles de Tours , de Loches & de Beaulieu, eu
• fouruiffent en plus'grand nombre, & de la meilleure
qualité.
Les vins de Touraine & du Blaifois, qui s'envoient
à Nantes, ou qui fe brûlent pour 1 eau-de-
vie; les fruits ou fo c s c om m e les pruneaux , les
poires 8c les pommes ; ou confits, foit liquides ou
autres, comme les g e lé e s , les abricots, les prunes,
les fleurs d’orange ; ou enfin frais, comme les poires
de bon chrétien & les prunes d’abricot , qui tous
font tranfportés à Paris, 8c dans les autres provinces
du royaume : & les falpetr.es de Chinon, & de
quelques coteaux le long de la rivière de L o ire ,
font encore un commerce dont cette belle province,
appellée par préférence, fur les autres , le ja r d in
de la France , ne tire pas un médiocre avantage.
On peut encore mettre au nombre de fes produirons
.naturelles , desquelles il fe fait quelque
trafic, les meules de moulins, dont il y a.des carrières
dans les paroiffes de Parcenay , d’Anfoillon ,
de Saint-Mars & de Mettray; & le.cu ivre, duquel-
il a été découvert une mine près de l ’Abbaye de
N oyers, fur la fia du dix-feptième fiècle.
F A B R I Q U E S des draperies 8c autres étoffes
' de laines de la province de Touraine.
T O U R S . Voye\ ce qu’on a dit ci - deffus du
commerce de cette v ille , 8c de la diminution qui
y eft furvenue par rapport à fes fabriques, ' tant
en laine qu’en foie. Chinon. Les étoffes qui s ’y fon t, font des étamines
de diveifes façons , & des forges appelle es tré-
niièrej. Elle font faites les unes 8c les.autres, partfo
de laines .du pays , & partie de laines du Poitou ,*
il s’en fabrique huit à neuf cent pièces par an. Ces
deux manufactures occupent plus de cent métiers ,
trente-huit maîtres fabriquans, 8c deux foulonniers.
Les étoffes qui en fortent fe débitent aux marchés
qui fe tiennent à Tours.
L a chapellerie y eft exercée par trois maîtres
chapeliers, & la tannerie par trois maîtres tanneurs.
R ic h e l ie u . On y fait des étamines & des ferges
des laines du pays. I l y a vingt & un métiers fous
dix-fept maîtres , qui fourniftent environ cent p ièces
d’étoffes ;, le débit s’en fait dans le pays.
L o c h e s 'Ôs B e a u l ie u . Toutes les étoffes quife
font dans ces deux endroits , font de laines du pays.
Elles confiftent en draps - d’une .aune de large ; en
étamines & en ferges d’une demi-aune. L e produit
de ces. trois fab riq ue s monte en tout à cinq cent
pièces par an. Il .y a près .de foirante & dix métier