
de la raflade- de diverfes couleurs, dont là bleue eft
la plus eftimée des infulaires, quoiqu’on y en débite
au H! de rouge 8c de jaune, mais peu de noire 8c de
violette j de l’eau-de-vie, du vin d’Efpagne & de
France ; du corail en grain , des cornalines longues
8c en olives, rouges & blanches ; du cuivré jaune en
ç;ros f il, & des chaînettes de même métg.1 ; des clous
de -tout échantillon ; enfin divers outils pour* la
forge & la menuiferie, auffi-bien que plufieurs ouvrages
de ferrurerie , conime ferrures , gons ,
peintures, 8ce.
Les marchandifes qu’on en peut avoir en échange,
confiftenrcn diverfes gommes, foit aufli pour la médecine
, foit pour la peinture , foit pour les parfums ;
comme le çancanum, ou gomme blanche de four-
mies ; le fang de » dragon de plufieurs fortes , la
gomme gutte , la tacamacha, 8c quantité d’autres :
différens bois , dont les uns peuvent fervir à la teinture
, & les autres a la marqueterie ; tëls font pour
la teinture , le vahatz , qui fait un beau nacarat, ou
couleur de feu ; & un jaune doré, en ajoutant du 1
citron dans fa déco&ion ; 8c le tambonbitfî, qui •
donne un très-parfait orangé. Et pour la marqueterie
, l’ebène noire 8c grife j lé mandrife violet-
marbré ; le menaghamette rouge - brun ; le fan-
draha plus noir que l’ébène, & qui prend mieux
le p o li; le bois d'aloës; le tarantantille , efpèce de
buis ; le lencafatrahé verd-veiné ; le mera, 8c Tendra
chendrach, tous deux jaunesj 8c quelques
autres.
On peut aufli tirer de M ad agascar , de la cire ,
dès cuirs verds, du fucre , du tabac , du poivre , du
co ton , de l’indigo, de Tambre g r is , de l’encens,
du benjoin, de-1 huile depa lm a Çhr ifii , du baume
yerd pour les plaies, du falpêtre , du foufre , de la
canelle blanche , de la civette, du criftal de roche ;
la pierre de fa n g u in e , des orfèvres } celle de
touche, pour l’épreuve dès métaux 5 la terre figillée 5
plufieurs bols bu terres de couleur pour la peinture
8c la médecine; des nattes de rofeau & de lin, & même
des foies. Mais la culture 8c la recherche de toutes
ces chofes ayant été négligées par les naturels de
rifle ; 8c les Européens, qui fe font établis parmi
eu x , n’ayant pas d’abord donné leurs foins à faire
chercher 8c préparer tant de différentes marchandifes
, ils n’ont pu aufli profiter dè ces richefles,
que quelque travail, 8c fin peu de tems pouyoient
aifément leur affiner.
Quelquesruns comptent aufli au nombre des produirions
naturelles de cette if le , dont les nations
d’Europe peuvent faire un riche commerce, l’o r ,
d’argent, 8c plufieurs pierres préçieufes , entr’autres
des topafes, des ametiftes, des grenats, des girafojs,
ides aigues-marines, & de Tambre jaune, ou fuc-
cinun.
Mais à Tégard des métaux, il eft très-incertain
qu’il y en ait des mines dans Tifle ; ce qui s’en
trouve entre les mains des naturels, y ayant été
apporté par les Rohandrians ( ce font les grands du
pays ) Jorfqu’ils y passèrent d’Arabie ; 8c le refte
leur venant du naufrage de quelques 'vaiffêaux
échoués fur leurs côtes. Et pour les pierres pré-
cieufes, quoiqu’il foit véritable qu’il s’y en trouve,
elles font fi imparfaites 8c de fi mauvaife qualité ,
qu’elles ne vaudroient pas le tems que l’on perdroic
à en faire la recherche.
Quoique les Madecaffes ( on nomme ainfi les
habitans de Madagascar) payoiflent peu difpofés a
entretenir un commerce réglé avec les nations d’Europe,
à caufe des,mauvais traitemens qu’ils en ont
fouvent reçus , il femble néanmoins, ainfi que les
François l ’ont fouvent éprouvé, qu’ils y feroient
plus propres que quantité d’autres peuples d’A frique
, ayant entr’eu x , pour la facilité du négoce ,
la plupart des chofes que les nations les plus policées
, 8c qui s’adonnent le plus au trafic , ont imaginées
pour le faire commodément 8c furement.
De ce nombre font les calculs, l’écriture, l ’encre,
le papier, des efpèces de plumes , les poids, les;
mefures ; erjfîp. les arts 8c métiers les plus néceffal-.
res à la yie,
Leur manière de compter n'eft point différente de
celle d’Europe , l ’ayant reçue des Arabes aufli-bien
que les Européens; ainfi ils font des calculs depuis
u n , jufqu’à un million, 8c ont des termes propres
pour exprimer chaque différente combinailon des
nombres qui compofent toutes fortes de fommes, oq
de quantité.
Leur écriture eft pareillement celle des Arabes y
leur papier, la moyenne écorce de l’arbre qu*ils
nomment ayo , qu’ ils réduifent en bouillie, 8c qu a-'
près avoir dreffée en feuilles , comme on fait le papier
d'Europe ? ils colent dans de 1 eau de ris ; leur
encre , une décoétion du bois appelle arandranto ç
8c leurs plumes , des morceaux de cannes de bambou
, auxquelles à M a {La gafcar , on donne 1;
nom de. voulou..
Bien que les Madecaffes aient des poids, ils ne
s'en fervent néanmoins que pouf l’or & l’argent ;
encore ne paffent-ils pas la dragme ,o u le g ro s , ne
connoiflant point l’once ni la liv re , 8c n’ayant pas
même de termes pour l’exprimer. L e gros fe nomme
fompii le demi-gros, v an ; le fcrupule ou
denier, fa ca r e ; le demi-fcrupule, ou obole, nazi-
gui ,• les fix grains, n a n g u e ; le grain n’a point de
nom parmi eux. * ,
Toutes les autres marchandises 011 denrées s e-
changent à l’eftimation , & non au poids-.
Leurs mefures font de deux fortes ; les unes de
continence, 8c les autres des longueurs.
Les mefures de continence , qui font des elpeces
de boiffeaux, font le troubahoüache, qu ils nomment
aufli moucha, qui contient fix livres de ris
mondé; le voule , qui n’en contient que ^demi-
livre ; 8c le za tou, avec quoi on mefure le ris en-
‘ t ie r , qui en contient cent voules, revient environ
à z? liv.
Ils n’ont qu'une mefure des longueurs , qu ils
nomment r e f e , 8c qui eft à peu près comme la
braffe en Europe ; c eft à la refe qu’ils me furent
r lciuf
leurs pagnes, leurs cordes 8c autres chofes fèmbià-
bles. Ils connoiffent aufli ce que c’eft que l’empan ,
8c fe fervent de l’ouverture de la main pour le me-
furer.
Les arts 8c méciefs qu’ils ont poùfles à uni perfection
qu'on doit certainement admirer dans des
fauvages , font particulièrement ceux des forgerons
qui fondent la mine de fer 8c en forgent des hachés
, des marteaux , des enclumes , des couteaux ,
des bêches , des rafoirs ; plufieurs fortes d’armes 8c
toutes fortes d’uftenfiles de ménage.
Les orfèvres, qui aprèsfavoir réduit l’or en lingot
, en font des menilles , des pendans d’oreilles 8c
autres bijoux d’or qui leur fervent d’ornement.
Les potiers de terre, qui non-feulement fçavent
fabriquer 8c tourner toute forte de poterie pour
Tufage de leurs maifons; mais qui les cuifent 8c
les verniffent comme en Europe , quoiqu’avec une
pratique 8c des drogues différentes.
• • Les tourneurs , qui font-toutes fortes d’ouvrages
de b o is , foit à la main, foit au tou r, 8c qui creu-
fènt 8c dreflent les canots avec lefquels ils navigent,
foit fur mer , ft>it fur les rivières. r
Les charpentiers 8c menuifiers, qui fe fervoient
de la rég ie , du rabot 8c du cifeau, même avant
que les Européens leur fuflent connus , 8c qui depuis
qu’ils en ont reçu les autres outils pour la charpente
8c la menuiferie , en font des. ouvrages qui
ne cèdent point à ceux d’Europe.
Enfin , les cordiers, qui font des cordes1 de toutes
fortes de grofleurs 8c de longueurs , où ils n’emploient
que diverfes écorces d’arbres, 8c qui cependant
approchent de la bonté des cordes qui fe font
avec le chanvre.. .
I l ne faut pas oublier l’art de la tifleranderie,
qui n’eft exercé que par les femmes, les hommes
le croyant au-defîous d’eux , 8c regardant comme
des infâmes ceux qui s’y feroient occupés.
Ce font donc les femmes qui filent, qui ourdif-
fent 8c qui teignent ces- fortes- d’ouvrages qu’elles
font la plupart de foie , dé coton, 8c quelquefois
des écOrcës d’àrbrës , ou des filamens de plufieurs
fortes de plantes. Ce font de ces étoffes qu’elles
font leurs pagnes , ^ u î pour la façon ,‘ les deflîns
8c les couleurs, ne cèdent guères à plufieurs ouvrages
des tiflerans 8c des teinturiers d’Europe.
C’eft de1 toutes ces fortes d’ouvrages , comme aufli
de gros 8c menu bétail, de ris, de légumes , de
fruits , de mie l, qu’ils mangent avec îa cire , de
l’huile de palma Chrijli , de coton f ilé , ou non
filé, 8c de plufieurs autres productions de leurs-
terres, ou qu’ils en tirent par la culture , ou qu’ils
y trouvent fans la cultiver, qu’ ils font entr’eux tout
leur commerce , non à la mode d’Europe, par
Tâchât 8c la vente-, mais par échange , n’ayant aucun
ufage de la monnoié d’or ou d’argent, eonver-
tiflant en menilles, ou autres bijoux , celles que
les Européens leur donnent ; bien que cependant
Ton puiffe dire, que depuis que ceux-ci ont commencé
à fréquenter leur ifle , la menue mercerie 8ç Commerce. Tome II, Part, Il,
la raflade foient devenues parmi eux comme une
monnoie courante., avec quoi ils achètent 8c paient
diverfes fortes de denrées.
Il eft remarquable qii’ils n’ont ni foire, ni marché
, pour faire tout ce négoce ; 8c que celui qui a
befoin de quelque chofe , va la chercher ou il y en
a en abondance , ou bien attend en repos , chez
lui ; qu’on y vienne prendre ce qu’il a de trop de
fes ' ouvrages , ou de fes marchandifes, 8c qu’on lui
apporte en échange celles dont il peut avoir befoin.
I s l e s M a l d i v e s , dans la mer des Indes,. Le .
plus grand commerce de ces ijles confifte en cauris
ou coquillages blancs.. . *
I s l e d e M a l t e . Cette ifle fituée dans la mer
d'Afrique ,- entre Tripoli de Barbarie 8c la Sicile ,
par le 39e.' dégré de longitude , 8c le: 3 f e. de latitude
, eft moins connue par fon commerce, que
par la réputation de Tordre militaire de Saint-Jean
de Jérufalem, qui en eft en poffeflion depuis Tannée
1^30, huit ans après que cet ordre eut été
dépouillé de Tifle de. Rhodes par le grand Soliman ,
empereur des Turcs.
Le négoce cependant y eft aflez confîdérabléV
non pas de ce que produit cette ifle, qui n’étant pref-
I que qu’un rocher, ne fournit que peu de chofes aux
habitans de ce qui eft néceffaire à la v ie , 8c encore
moins aux étrangers, de ce qui pourroit entretenir
un commerce d’échange avec les Infulaires; mais
par l’abord de plufieurs vaifleaux François, Anglois,
Hollandois 8c Italiens , qui y apportent toutes fortes
de marchandifes ; ou par ceux que les marchands'
Maltois ont coutume de fretter pour aller charger
des bleds 8c d’autres denrées , -8c chofes dont ils onr
befoin , dans différens porcs d’Ita lie, fur-tout en
Sicile.
On peut néanmoins titer de cette ifle , du coton ,
qui y croît en abondance , de la cire 8c du m ie l,'
dont ce dernier , qui eft fort eftimé , lui a donné
fon nom latin nielita; outre plufieurs rafraîchiflé-
mens, comme divers fruits , entr’autres des figues ,
des melons 8c des raifins, qui y font aufli excellens
qu'en aucun autre lieu du mondé : ces raifins pourtant
ne font bons qu’à manger frais ou fecs, 8c
Texpériencè a fait connoîcre aux Maltois qu’on n’en
pouvoit faire du vin» . §j
Monnoie de Malte.
Les monnoies qui fe fabriquent à Malte, font
• des tarins, des grains 8c des pietots.
Les tarins font de quatre fortes ; fçavoir , des ;
pièces de hu it, de fix , de quatre , 8ç d’un tarin
8c demi.
I l y a aufli quatre fortes de grains, qui font la
pièce de 15 grains, qui v au t, monnnoie de France,
7 fols 6 deniers.
L a pièce de 10 grains , qui vaut 5 fols.
L a pièce de 5 grains , qui vaut z fols 6 den*
Et le grain qui vaut 6 deniers.
Le pietot ou demi -grain, vau: 3 deniers do
l Franco*
EbbbV