
des vins dans plu fleurs autres cantons de ces deux
provinces, moins délicats à la vérité, mais cependant
très-bons ; comme ceux d’O xmery, Châtillon,
Vertus, Dormans, en Champagne j ceux de L a on ,
G uichy , Pargnant & C o u c y , dans le Soiflonnois ,
dont les derniers fe tran(portent en Picardie , en
Flandre , en Hainault 5 & les autres defcendent à
Paris , où il s’en fait une grande confommation pour
'Jes meilleures tables bourgeoifes.
D é t a i l d e t o u t e s l e s m a n u f a c t u r e s
DES G É N É R A L I T É S DE C H A M P A G N E
E T DE SOI S S ONS .
Contenant les différentes efpèces d’ouvrages qui
s ’y fa b r iq u e nt , les endroits où on les f a i t , le
nombre des maîtres qui y t rava ille n t , & les
lieu x où i l s fe débitent.
^Dé p a r t e m e n t d e l ’ i n s p e c t e u r
des manufactures de Reims•
REIMS. V ille de France en Champagne. Cette
ville fi célèbre par la beauté de fes bâtimens publics
ou particuliers, par les prérogatives de (on églife,
& par le facre de nos rois, qui a coutume de s’y
faire, l’eft encore beaucoup par fou commerce :
les principaux objets de ce commerce, font diver-
fes fabriques d’étoffes de laine, ou partie (oie &
laine : la chapellerie , la manufa&ure des couvertes
de laine , la tannerie & la mégiflerie , tant pour
les cuirs forts que pour les petits cuirs 5 enfin, la
fabrique des toiles de diverfes fortes.
Les étoffes que l’on fait à R e im s , font des étamines
Dauphines-, des razesde Maroc, des razes
de Perfe, des droguets , des ferges façon de Londres
, des ferges razes qu’on nomme cordelières
8c des draps façon de Berry.
Le s laines qu’on emploie dans toutes ces différentes
fabriques , font partie étrangères & partie
Françoifes. Les étrangères confident en quelques
laines communes d’Efpagne , comme les laines de
Caftille , les Ségoviannes , & quelques autres fem-
blabies ; on tire les Françoifes de l’Au xois, du Berry
, de Champagne, de B r ie , du Soiffonnois & de
Picardie.
Quatorze cent métiers , & environ treize cent
maîtres drapiers, fergers & étaminiers , travaillent
à ces manufaélures qui occupent outre cela quatorze
tondeurs qui fe fervent de forces de Troyes
& d’Orléans. Douze moulins à foulon , trois maî- j
très teinturiers du grand & bon teint, cinq autres
du petit teint, un teinturier privilégié pour les écar- !
lates ', & quatre ouvriers qu’on nomme vulgaire- 1
ment étaminiers bourgeois.
Paris, L y o n , Rouen, Troyes & autres-villes du
royaume 5 Lièg e , la Flandre & l’Italie-, font les
lieux, foit du dedans, foit du dehors, où fe débitent
davantage des étoffes qui fe fabriquent à R e im s. I l
s en vend aufli beaucoup aux quatre foires qui fe
tiennent tous les ans dans cette ville.
I l fe fait aufli à Reims des étoffes tout de fo ie ,
qu on nomme des blutea ux ou toiles à moulin. L e
produit de cette fabrique va jufqu’ à dix-huit cent
pièces, qui n’ayant quun quart de large, ne font
pas fujettes à la marque. Ils le débitent en Brie & en
Picardie.
Les crêpes de foie façon de L y o n , jouiflent pour
la même raifon de la même exemption. I l s’y en fabrique
huit à neuf cent pièces. Les ouvriers en foie
qui y travaillent, font au nombre de plus de vingt,
qui ont chacun un métier. Leur débit eft en Flandre
& a Paris. I l fe fait aufli à Reims des rubans de
galon.
L a fabrique des bas de foie & de laine , en fournit
plus de fix cent paires par an ; une douzaine de
maîtres y font travailler. Il fe fait aufli de la bonneterie
dans l’hôpital de R e im s , où il s’emploie
jufqu’ à cinq milliers de laines.
Le s maîtres couverturiers y (ont au nombre de
feize ; les couvertures & les mentes qui s’y fabriquent
, confomment les plits & autres mauvaifes
laines du pays. Elles fe débitent fur les lieux.
L e produit de la chapellerie va année commune ,
à quinze mille chapeaux qui font faits de laines d’agneaux
de Brie & de Champagne : vingt-cinq maîtres
chapeliers entretiennent cette fabrique. Les chapeaux
fe débitent dans la ville ou aux environs.
L e commerce des cuirs tant forts que menus, eft
très-confîdérable à Reims : douze mégifliers, huit
corroyeurs & trois tanneurs, font occupés à leurs
apprêts. Les mégifliers font environ quarante mille
peaux de moutons paffées en blanc , dont on fait des
gands & des poches. Les corroyeurs apprêterit jufqu’à
cinq cent douzaines de vaches & de veaux à la
manière d’Angleterre ; & les tanneurs dont les tanneries
font tres-fortes, y en ayant qui ont jufqu’à
dix-huit folles , y font à proportion autant de cuirs
forts, qui ne font pas moins eftimés que ceux de
Namur.
Enfin , i l fe fait à Reims une grande quantité de
toiles de lin de trois quarts de la rg e , & de chanvre
de toutes largeurs. Près de cinquante maîtres tifle-
rans, qui y font occupés, ne travaillent güères que
pour les bourgeois & pour leur ufàge. T^oye^ aufji
l ’ article des f o ir e s .
Cette ville eft le chef-lieu d’un département d’un
infpeéteur des manufactures. Les villes & lieux qui
en dépendent, fontRetel, Château-Portien, Château-
Regnault, Charleville, Sedan, Donchery , Mou-
zon , Autrecourt, Re voy, Fifmes, Damery, Châtillon,
Dormans, Vertus, Sainte-Menehould, Siuppe,
Sompy , Ville-en-Tartenois, Routz , Perte, Sun-
ville , Soiffons, L a o n , Pierrefons, Montcornet,
Guife , la F e r e , Chavry, Noyon , la Ferté-Milon,
N eu illy , Saint-Front, Fere-en-Tartenois, Château-
Thierry, Charly, Mont-Mirel,Orbaye, Saint-Mar-
tin.-d’Ablois , 8i Bremes.
R étel, On y fait environ quatre mille pièce?
d’étoffes, des laines qu’on tire de Champagne , de
Picardie & du Soiffonnois. Les étoffes qu’on y fabrique
, font des,ferges cordelières, des ferges façon
de Londres, des ferges drapées, des étamines, des
étamets & des crêpons qui fe débitent pour la plu-
Pai\ aux marchands de Reims. Cinquante facturiers
y entretiennent plus de quatre-vingt métiers. Pour
les apprêts, il y a quatre teinturiers & un moulin
à foulon.
Les autres manufactures font la chapellerie, ia
tifferanderie, la mégiflerie | la tannerie & la bonneterie.
L a bonneterie n’a que trois maîtres ; la
mégiflerie, quatre j la chapellerie , fept ; la tifferanderie
, vingt-fix & près de cinquante métiers $ &
la tannerie autant que la mégiflerie , ces deux dernières
ne font que des peaux de brebis & de moutons.
Les toiles de lin qu’on y fa it , font de demi-
aune demi-quart de large , celles de chanvre, de
toute largeur.
Les chapeliers font jufqu’à quatre mille chapeaux
par an.
C h a t e a u - P o r c ie n . On n’y emploie que des
laines du pays dont on fait des ferges ' larges, des
étamines & des ferges drapées. L e produit de ces
fabriques va à* cinq cent cinquante pièces , qui
occupent trente-cinq métiers & autant de facturiers.
L e refte , à la réferve des toiles dont il s’y en
fabrique peu , eft à peu près; comme à Retel pour
la qualité, des manufactures, mais non pour le nombre
des maîtres qui eft de la moitié moins grand.
Me z i ère s . N eu f ou dix marchands de la ville
foutiennent cette fa b r iq u e , & y font travailler une
douzaine de métiers. Les apprêts s’y font pâr deux
tondeurs & deux moulins à roulon.
Prefque toutes les teintures fe font à Reims, à
1 exception du rouge , pourjequel il y a un ou deux
teinturiers à Me^iêres. Les étoffes font , diverfes
ferg es , entr’autreS des ferges façon de Londres ,
des ferges larges , des ferges drapées , des ferges
a deux eftàins , & des carifeaux : on n’y emploie que
des laines du pays. L e produit des étoffes ne va qu’à j
cinq cent pièces.
Il s’y fait beaucoup de toiles de lin & de chanvre !
de toutes largeurs , mais feulement pour les bourgeois.
Les tifferans font au nombre de dix-fept, qui
ont chacun ün métier.
Huit bonnetiers , autant de chapeliers , & douze
tanneurs , y font quantité de bas au trico t, de chapeaux
& de cuirs : la fabrique des cuirs forts y eft
très-bonne.
Les points d’Angleterre & les angreilures y entretiennent
& y occupent beaucoup de gens.
C h a t e a u - R é g n a u l t . Il ne s’y fait que des
points façon de Sedan & de Charleville , qui fe vendent
aux marchands de cette dernière ville , qui les
envoient dans^ les pays étrangers. Les ardoifes font
aufli une partie de fon commerce.
C h a r l e v i l l e . V ille de France en Champagne r
autrefois honorée du titre de (ouveraineté , qu’elle
a perdu à la mort de Ferdinand-Charles , dernier
duc de Mantoue décédé fins enfàns. Cette ville eft
du département de YinfpeCteur des manufactures
établies à Reims. L a commodité de la Meufe fur
laquelle Charleville eft fitué , lui procure un grand
commerce avec fes voifims à qui elle envoie les différentes
fabriques qui fe font par (es habitans , entre
autres des étoffes, des armes à feu , des uftenfiles
de cuifine , des ardoifes, des dentelles, des tapifîè-
ries, de la clouterie , des cuirs de tannerie & de
mégiflerie, diverfes fortes de toiles & autres fem-
blabl es ouvrages & manufaéiures.
Il fe fait peu d’étoffes de laine dans cette ville.
Quelques années avant la mort de feu M. le duc de
Mantoue , Ferdinand-Charles , qui en étoit fouve-
rain ( 1704 ) , on parla d’y établir une manufacture
de draps, fur le pied de celles de Sedan. L e fieufr
Pagnon qui en foutient prélentement une avec tant
de réputation dans cette dernière ville , entra en
traité avec les officiers du confeil de ce prince en
France pour cet établiffement, mais des raifons de
politique en empêchèrent la conclufion.
L a manufacture des p o in ts & dentelles y eft
très-confidérable. On n’y emploie guères que des
fils qui fe font à Sedan, & qui font excellens : on
en parle dans le paragraphe fuivant.
L e débit des points fe fait en Hollande & en A lle magne.
On peut aufli regarder comme une fa b r iq u e de
Cha r leville , celle des armes qui fe font à une lieue
de cette ville. L e fieur Titon , garde des magafins
& cabinets d’armes de l’arcenal de Paris , en fît
l ’établiflenaent fous les ordres de M. de Louvois en
16....H a depuis été continué & foutenu par les
fieurs Fournier j & c’eft en partie cette célébré ma-
nufaélure qui en a fourni aux troupes Françoifes
pendant les longues guerres du régne de Louis & I V*
Elle occupe près de deux cent ouvriers.
Les toiles, les chapeaux & les cuirs font le refte
de fon commerce : cinq tanneurs & deux mégifliers
(ont employés à ceux-ci ; cinq chapeliers aux chapeaux
& fept ou huit tiflerans aux toiles.
On a parlé ailleurs de (a clouterie & de fes ardoifes.
Voye-{ ces deux articles dans le Dictionnaire.
S ed an , ville de France en Champagne. Quelque
célébré que foit cette ville par la régularité 8c
la beauté de fes fortifications , qui la font reo-ar-
der comme un des boulevarts du royaume ; on
peut dire qu’elle l’eft encore devenue davantage
par la manufacture des draps qui y a été établie
vers le milieu du dernier fiécle ( 1 66 ^ ) , & qui
y a fi parfaitement réufli , que la France n’envie
plus à fes voifins ces étoffes qu'ils lui faifoienc
acheter fi cher.
On a traité amplement à l’article des manufacturiers
& à celui des réglemens, de î’établiffement
des fabriques de draps dans la ville de S ed a n ,
& de l’éleétion en corps de jurande, des ouvriers
qui avoient appris leur métier dans la manufaéhire
du célébré M. Cadeau. On peut y avoir recours.
Préfentement les draps qu’on y fait confident eu
E e i j